Otages en Syrie: l'heure des réquisitions pour Mehdi Nemmouche et ses coaccusés

 Les ex-otages l'ont reconnu sans l'ombre d'un doute, lui a nié en bloc: c'est l'heure du réquisitoire mercredi au procès de Mehdi Nemmouche et de ses coaccusés, soupçonnés d'avoir séquestré des journalistes et humanitaires occidentaux en 2013 en Syrie pour le groupe Etat islamique. (AFP)
Les ex-otages l'ont reconnu sans l'ombre d'un doute, lui a nié en bloc: c'est l'heure du réquisitoire mercredi au procès de Mehdi Nemmouche et de ses coaccusés, soupçonnés d'avoir séquestré des journalistes et humanitaires occidentaux en 2013 en Syrie pour le groupe Etat islamique. (AFP)
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Publié le Mercredi 19 mars 2025

Otages en Syrie: l'heure des réquisitions pour Mehdi Nemmouche et ses coaccusés

  • A l'ouverture de son procès le 17 février, celui qui avait gardé le silence pendant 10 ans d'enquête a annoncé d'emblée sa position: "Je n'ai jamais été le geôlier des otages occidentaux ni aucun autre, et je n'ai jamais rencontré ces personnes en Syrie"
  • Eux l'ont pourtant reconnu formellement, "à 100%" comme dira l'ex-otage Didier François, qui a passé, comme ses confrères Edouard Elias, Nicolas Hénin et Pierre Torres, près d'un an aux mains du groupe Etat islamique naissant à l'époque

PARIS: Les ex-otages l'ont reconnu sans l'ombre d'un doute, lui a nié en bloc: c'est l'heure du réquisitoire mercredi au procès de Mehdi Nemmouche et de ses coaccusés, soupçonnés d'avoir séquestré des journalistes et humanitaires occidentaux en 2013 en Syrie pour le groupe Etat islamique.

A l'ouverture de son procès le 17 février, celui qui avait gardé le silence pendant 10 ans d'enquête a annoncé d'emblée sa position: "Je n'ai jamais été le geôlier des otages occidentaux ni aucun autre, et je n'ai jamais rencontré ces personnes en Syrie", avait dit Mehdi Nemmouche, 39 ans, au sujet des journalistes français kidnappés et présents dans la salle d'audience de la cour d'assises spéciale de Paris.

Eux l'ont pourtant reconnu formellement, "à 100%" comme dira l'ex-otage Didier François, qui a passé, comme ses confrères Edouard Elias, Nicolas Hénin et Pierre Torres, près d'un an aux mains du groupe Etat islamique naissant à l'époque.

"C'est la voix qui m'emmerdait pendant des heures", qui "me terrorisait, qui me faisait chier en cellule". Celle de celui "qui parlait trop, qui parlait tout le temps", avait décrit Edouard Elias à la barre.

La voix qui chantait Charles Aznavour ou "Douce France", se sont-ils aussi rappelé. Qui disait son admiration pour Mohamed Merah, qu'il aimerait imiter et "fumer une petite juive de quatre ans". Qui se vantait d'exactions - "Je suis un ancien délinquant reconverti en nettoyeur ethnique islamique", fanfaronnait-il. Ou leur faisait des quiz, parler de "Faites entrer l'accusé", lançait "mon p'tit Didier!" à l'aîné des otages français, Didier François.

L'interrogatoire de Mehdi Nemmouche n'a fait que confirmer leurs certitudes.

Campé sur sa position, reconnaissant simplement avoir combattu au sein du groupe Etat islamique, lui s'est lancé dans une diatribe truffée de références historiques et géopolitiques contre les armées des pays occidentaux, parlant à toute vitesse, opposant parfois de curieux "secret défense" aux questions.

"J'ai retrouvé le Mehdi Nemmouche que je connais", a assuré à la cour Didier François. "Les mêmes termes", "les mêmes gestes", "les mêmes obsessions", "les mêmes discussions".

Supplice 

Mehdi Nemmouche encourt la perpétuité, peine à laquelle il a déjà été condamné en 2019 pour l'attaque au musée juif de la capitale belge. Premier d'une longue série de jihadistes de l'EI à rentrer de Syrie en Europe pour commettre un attentat, il y avait abattu quatre personnes le 24 mai 2014.

C'est grâce à sa photo publiée quelques jours plus tard dans la presse, au moment de l'arrestation, que les journalistes - libérés et rentrés en France un mois plus tôt - l'avaient reconnu.

Tous les quatre avaient été enlevés en juin 2013, comme 25 journalistes et humanitaires occidentaux au total, souvent détenus ensemble.

Les Français avaient été libérés au bout de 101 mois de supplice, entre violences physiques et psychologiques, privations de nourriture et simulacres d'exécutions, notamment dans une prison "usine à torturer" - à mort, dans le cas des détenus syriens - qu'ils ont longuement décrite.

D'autres otages occidentaux, comme le journaliste américain James Foley et l'humanitaire britannique David Haines, avaient été exécutés dans des mises en scène macabres, à genoux, mains liées derrière le dos, en tenues oranges rappelant celles des prisonniers de Guantanamo.

Deux hommes comparaissent au côté de Mehdi Nemmouche (deux autres, présumés morts, sont jugés en leur absence): Abdelmalek Tanem, 35 ans, déjà condamné en France pour avoir rejoint la Syrie en 2012 et soupçonné d'avoir été un des geôliers, et le Syrien Kais Al Abdallah (41 ans), facilitateur de l'enlèvement de Nicolas Hénin et Pierre Torres selon l'enquête.

Malgré le grand nombre de témoins assurant qu'il était l'un des principaux responsables de l'EI à Raqqa, Kais Al Abdallah a juré - et peiné à convaincre - qu'il n'avait jamais rejoint l'organisation jihadiste.

Quant à Abdelmalek Tanem - que les ex-otages n'ont pas reconnu contrairement à Mehdi Nemmouche - et qui était le garde du corps d'un des geôliers en chef, il a assuré qu'il ne savait pas que des occidentaux étaient retenus captifs.

La défense plaidera jeudi, le verdict est attendu vendredi.

 


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
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  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.