Au Caire, le grand écran de Zawya défend le cinéma indépendant

À contre-courant des multiplexes du Caire saturés de superproductions et de comédies locales, Zawya défend dans la capitale égyptienne un cinéma alternatif, tremplin pour les jeunes réalisateurs. (AFP)
À contre-courant des multiplexes du Caire saturés de superproductions et de comédies locales, Zawya défend dans la capitale égyptienne un cinéma alternatif, tremplin pour les jeunes réalisateurs. (AFP)
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Publié le Mardi 03 juin 2025

Au Caire, le grand écran de Zawya défend le cinéma indépendant

  • Adossé à Misr International Films - la société fondée par le célébrissime réalisateur Youssef Chahine en 1972 -, Zawya bénéficie d’un financement pérenne, qui lui permet de tenir bon, dans un pays longtemps considéré comme l'"Hollywood du monde arabe"
  • "On dit souvent que l’Égypte a de la chance d’avoir une grande industrie cinématographique", explique Maged Nader, un réalisateur indépendant. "Mais la vérité est que cette industrie ne fonctionne que selon des logiques commerciales"

LE CAIRE: À contre-courant des multiplexes du Caire saturés de superproductions et de comédies locales, Zawya défend dans la capitale égyptienne un cinéma alternatif, tremplin pour les jeunes réalisateurs.

Né dans l’élan artistique qui a suivi la révolution de 2011 ayant renversé l’autocrate Hosni Moubarak, Zawya reste l’un des derniers bastions de la scène underground de cette époque. Ailleurs, elle recule face aux pelleteuses qui remodèlent le centre-ville.

Adossé à Misr International Films - la société fondée par le célébrissime réalisateur Youssef Chahine en 1972 -, Zawya bénéficie d’un financement pérenne, qui lui permet de tenir bon, dans un pays longtemps considéré comme l'"Hollywood du monde arabe".

"On dit souvent que l’Égypte a de la chance d’avoir une grande industrie cinématographique", explique Maged Nader, un réalisateur indépendant. "Mais la vérité est que cette industrie ne fonctionne que selon des logiques commerciales".

Alors, Zawya préfère les chemins de traverse.

"C’est un cinéma pour les films qui ne trouvent pas leur place dans les salles traditionnelles", résume son fondateur, Youssef Shazly, fils de la cinéaste Marianne Khoury et petit-neveu de M. Chahine.

Un écran pour devenir cinéaste 

Depuis 2014, la programmation annuelle, mêlant courts-métrages, documentaires, films internationaux et productions locales underground, a fidélisé une petite communauté passionnée.

"Ici, c’est comme notre maison", lance Lujain, une jeune comédienne de 24 ans, dans la longue file d’attente qui serpente devant le guichet. Les tarifs y sont fixes, 100 livres égyptiennes (environ 2 euros).

Ce soir, c’est "My Name is Dahab" qui est à l’affiche. Un court-métrage tourné au Kenya, où l’on suit un adolescent qui s’efforce d'honorer le dernier voeu de son petit frère emporté par la faim.

Le festival du court-métrage, organisé par Zawya chaque printemps, est aujourd’hui l’un des rares tremplins pour les cinéastes émergents, souvent écartés des circuits classiques.

"Je ne me pensais pas réalisateur jusqu’à ce que Zawya projette mon film sur grand écran", confie à l’AFP Michael Samuel, 24 ans, replié vers la publicité malgré son amour pour le cinéma.

Pour beaucoup, cette reconnaissance - de leurs pairs, mentors et du public - est essentielle. "Zawya a poussé davantage de personnes à réaliser leurs films, car il y avait enfin un endroit pour les projeter", souligne Mohamed Said, manager du lieu.

Le réalisateur autodidacte Mostafa Gerbeii, 26 ans, se souvient encore de son premier tournage. Il n’avait ni studio, ni moyens.

"Les équipes de Zawya ont été extrêmement généreuses et nous ont prêté leur salle gratuitement pour une journée entière" de tournage.

Le tarif aurait pu atteindre les 100.000 livres égyptiennes (environ 1.850 euros), "ils l'ont fait passer à zéro", sourit M. Gerbeii.

Censure 

Comme toutes les salles de cinéma en Égypte, Zawya doit toutefois composer avec la censure: une phrase trop audacieuse, une scène trop explicite, et le couperet tombe.

"Avec le temps, on apprend à deviner ce qui passera ou non", à négocier chaque plan pour qu’il puisse être vu, confie Youssef Shazly.

"Il y a tellement de talent autour de Zawya", dit-il. "Mais existe-t-il autant d’opportunités que de talents?"

Installé au 15 de la rue Emad-el-Din, Zawya perpétue dans tous les cas la riche tradition artistique développée autour de la place Tahrir.

"C’est un quartier particulier avec une saveur tout aussi particulière de vie artistique et intellectuelle", observe Chihab Al-Khachab, professeur à Oxford et auteur de l'essai "Making Film in Egypt".

Dès la fin du XIXe siècle, le centre-ville abritait les plus grands théâtres, cinémas et cabarets du pays, berceaux des grandes figures du cinéma et de la musique arabes.

Et tout au long du XXe siècle, écrivains, artistes et militants s’y sont retrouvés dans les bars, librairies ou cafés littéraires.

 


Le programme Saudi Game Champions soutient les talents locaux pour une portée mondiale

Le programme a proposé plus de 180 heures d'ateliers spécialisés et plus de 1 500 heures de mentorat, auxquels ont participé 25 studios de jeux saoudiens. (Fourni)
Le programme a proposé plus de 180 heures d'ateliers spécialisés et plus de 1 500 heures de mentorat, auxquels ont participé 25 studios de jeux saoudiens. (Fourni)
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  • Le programme comprenait plusieurs étapes : un Game Jam, des phases d'incubation et d'accélération, et une cérémonie de clôture célébrant les réalisations et les talents locaux
  • L'initiative vise à aider les participants à entrer sur le marché avec des normes élevées de qualité et de professionnalisme

RIYAD : Le Centre de l'entrepreneuriat numérique du ministère des communications et des technologies de l'information a conclu le programme Saudi Game Champions, une initiative de neuf mois visant à soutenir la croissance des studios de développement du pays.

Le programme comprenait plusieurs étapes : un Game Jam, des phases d'incubation et d'accélération, et une cérémonie de clôture célébrant les réalisations et les talents locaux.

L'initiative vise à aider les participants à entrer sur le marché avec des normes élevées de qualité et de professionnalisme.

Elle a offert plus de 180 heures d'ateliers spécialisés et plus de 1 500 heures de mentorat, auxquels ont participé 25 studios de jeux d'Arabie saoudite.

Lors de la cérémonie de clôture, Hussain Al-Safwan de LIMELESS Studio a remporté le prix du changement audacieux, tandis que Fahad Al-Jumaan de Hero Galaxy Studio a reçu le prix de l'inspiration.

Mostafa Fares a reçu le prix de la créativité et son collègue Ali Aseeri le prix du choix du public, tous deux représentant SYMMETRIC STUDIO.

Cette initiative s'inscrit dans le cadre des efforts plus vastes déployés par le centre pour renforcer le rôle du Royaume dans l'industrie mondiale du jeu.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Bella Hadid, nostalgique, plaide la cause de la Palestine

Le top model américano-néerlando-palestinien Bella Hadid a fait vibrer les médias sociaux ce week-end en partageant sur Instagram un carrousel réconfortant de photos d'enfance rares. La jeune femme de 28 ans a ravi ses fans avec des clichés de ses jeunes années. (Getty Images)
Le top model américano-néerlando-palestinien Bella Hadid a fait vibrer les médias sociaux ce week-end en partageant sur Instagram un carrousel réconfortant de photos d'enfance rares. La jeune femme de 28 ans a ravi ses fans avec des clichés de ses jeunes années. (Getty Images)
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  • La mannequin américano-néerlando-palestinienne Bella Hadid a fait sensation ce week-end sur les réseaux sociaux en partageant un carrousel attendrissant de photos d’enfance rares sur Instagram

DUBAI: La mannequin américano-néerlando-palestinienne Bella Hadid a fait sensation ce week-end sur les réseaux sociaux en partageant un carrousel attendrissant de photos d’enfance rares sur Instagram. Âgée de 28 ans, elle a ravi ses fans avec des clichés de ses premières années.

La série commence par une photo de Bella déguisée en cow-girl, coiffée d’un chapeau de paille et chaussée de bottes, lors d’une sortie sur le thème de la ferme.

En légende du carrousel, elle écrit en évoquant sa « petite Bella intérieure » :
« Je la serre dans mes bras aujourd’hui. Une enfant souriante et heureuse. Elle détestait l’appareil photo. Est-ce que ça a changé !? »

Elle ajoute : « Oh et surtout… au cas où vous auriez oublié… LIBÉREZ LA PALESTINE !!!!! Je sais que cette petite boule d’énergie l’aurait crié sur tous les toits. »

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Plus tôt ce mois-ci, Hadid a aussi collaboré avec la maison Chopard, qui a publié de nouvelles images de campagne mettant en vedette la mannequin portant des pièces de haute joaillerie, à l’approche de la Semaine de la couture à Paris.

Dans une photo, elle arbore un collier de diamants orné d’une grande pierre jaune. Sur une autre, elle porte un ensemble assorti composé de boucles d’oreilles pendantes en saphirs et diamants, d’un collier coordonné et d’une bague imposante.

« @BellaHadid incarne l’essence de la haute joaillerie : rayonnante, raffinée, inoubliable. Un hommage à l’élégance intemporelle à l’approche de la Semaine de la Couture à Paris », a écrit Chopard sur Instagram.

Hadid collabore avec la maison suisse depuis 2017, année où elle est devenue l’un des visages de ses collections de haute joaillerie. Elle est depuis apparue dans plusieurs campagnes et a porté leurs créations lors d’événements majeurs comme le Festival de Cannes, le Met Gala ou encore la Fashion Week de Paris.

L’été de Bella Hadid a été bien rempli. En juin, avec l’aide de ses proches, elle a élargi son label de beauté Orebella en lançant une gamme d’accessoires.

La mannequin s’est associée aux fondatrices de Wildflower Cases, Sydney et Devon Lee Carlson, pour une collaboration en édition limitée comprenant deux produits : une coque iPhone et un bracelet parfumé.

Sur Instagram, Hadid a écrit pour l’occasion : « Je me sens comme la fille la plus chanceuse du monde de pouvoir créer avec mes sœurs de la beauté. La vie est belle quand on peut voir ses amies réussir. Tellement fière de vous deux. Tellement fière de nos équipes. Tellement fière de nous. Je vous aime tous — merci d’avoir donné vie à cette vision. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le 100 % végétal s'invite à la table de la haute gastronomie

Le chef français Alain Passard pose dans son restaurant « L'Arpège » à Paris lors d'une séance photo le 22 juillet 2025. (Photo de BERTRAND GUAY / AFP)
Le chef français Alain Passard pose dans son restaurant « L'Arpège » à Paris lors d'une séance photo le 22 juillet 2025. (Photo de BERTRAND GUAY / AFP)
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  • Pour la première fois dans un restaurant trois étoiles en France, Alain Passard sert désormais une cuisine exclusivement végétale, signe d'un tournant encore discret, mais bien réel, de la haute gastronomie.
  • Ce virage a fait de lui l'un des premiers ambassadeurs de la cuisine végétale, sans posture militante.

PARIS : « Des émotions gustatives » incomparables : pour la première fois dans un restaurant trois étoiles en France, Alain Passard sert désormais une cuisine exclusivement végétale, signe d'un tournant encore discret, mais bien réel, de la haute gastronomie.

Depuis le début de la semaine, il ne sert plus ni viande, ni poisson, ni produits laitiers, ni œufs à l'Arpège, son restaurant du VIIe arrondissement de Paris qu'il dirige depuis près de 40 ans.

« Ça fait un an que c'était déjà dans les tuyaux », confie à l'AFP le cuisinier de 68 ans, qui poursuit une démarche entamée il y a 25 ans.

En 2001, le Breton avait déjà décidé de supprimer la viande rouge de sa carte pour se concentrer sur les légumes cultivés dans ses potagers.

Un pari audacieux à l'époque, alors que son établissement s'était bâti une réputation autour de sa rôtisserie, qui lui avait permis de décrocher trois étoiles au guide Michelin en 1996, étoiles qu'il n'a jamais perdues.

Ce virage a fait de lui l'un des premiers ambassadeurs de la cuisine végétale, sans posture militante.

« Je continue à manger un peu de volaille, de poisson... », dit-il. « Mais je me sens plus à l'aise avec le végétal. Ça me permet d'apprendre, et puis j'aime ce que ça dégage. Il y a une lumière dans cette cuisine. Il y a des émotions gustatives que je n'ai jamais eues ailleurs. » 

« Un travail colossal »

« Cette décision, je pense qu'on peut dire que c'est un événement », estime Laurent Guez, chroniqueur culinaire pour Les Échos et Le Parisien.

En renonçant à tout produit d'origine animale, à l'exception du miel de ses ruches, Alain Passard fait de son restaurant le premier établissement français trois étoiles entièrement végétal.

Claire Vallée avait ouvert la voie en 2021 en décrochant la première étoile décernée à un restaurant de « gastronomie végétale » avec ONA, en Gironde.

L'établissement a fermé l'année suivante et la cheffe de 45 ans a ensuite ouvert plusieurs tables éphémères.

Depuis, aucun autre restaurant français entièrement végétal n'a été sacré par le guide rouge.

À l'international, ils restent également rares. Le Eleven Madison Park, à New York, a supprimé la viande de sa carte en 2021 tout en conservant ses trois étoiles. Aux Pays-Bas, le restaurant De Nieuwe Winkel (deux étoiles) sublime les fermentations et les plantes oubliées dans une quête d'« umami végétal ».

« On peut faire de la création d'élite avec le végétal », affirme Laurent Guez, mais c'est « une cuisine d'exception que tout le monde ne peut pas se permettre ».

« Ça demande beaucoup plus de temps de préparation, de savoir, de recherches. C'est un travail assez colossal », confirme Claire Vallée.

- Avoir le choix -

Si le 100 % végétal reste marginal, « ça fait très longtemps qu'on propose des menus à base de légumes dans la haute gastronomie », rappelle Anne Garabedian, rédactrice en chef de la revue Le Cœur des chefs.

Dès 1987, Alain Ducasse célébrait les plats paysans et végétaux au restaurant Louis XV, à Monaco. À la fin des années 1970, Jacques Maximin faisait de la courgette fleur une star au restaurant Le Chantecler, à Nice.

Aujourd'hui, « c'est très répandu d'avoir un deuxième menu tout végétal », relève Jörg Zipprick, cofondateur et rédacteur en chef de La Liste. « Sur les 35 000 établissements référencés, nous en avons au moins 6 000 qui en proposent, y compris parmi les meilleurs. »

« Cuisine animale, cuisine végétale... C'est bien qu'il y ait un mélange », note de son côté Alain Passard.

Le chef se donne deux ans « pour asseoir cette cuisine, la travailler, la peaufiner ».

Craint-il pour ses trois étoiles ? « Je n'y ai jamais pensé. Il va falloir qu'on assure. Si on sort cette qualité-là, je suis hyper confiant », insiste-t-il.

Interrogé par l'AFP, Gwendal Poullennec, directeur international du guide Michelin, se réjouit de cette transition, « d'autant plus qu'elle est associée à une démarche positive ».

« Nous continuerons à suivre l'évolution de la table de l'Arpège, en restant fidèles à nos critères », conclut-il.

Verdict en mars prochain.