BESANCON: Le préfet du Doubs a demandé mardi à la maire écologiste de Besançon de retirer le drapeau palestinien apposé devant la mairie, au nom du "principe de neutralité".
Anne Vignot, maire EELV de Besançon, a fait dresser lundi soir le drapeau palestinien devant l'hôtel de ville.
"Nous hissons le drapeau palestinien parce qu'à Gaza et en Cisjordanie, un peuple est massacré" et "nous ne pouvons rester silencieux devant ce drame", a déclaré l'édile lors de l'installation de la bannière, dénonçant "le génocide en Palestine".
Le préfet du Doubs, Rémi Bastille, lui a adressé mardi un courrier "pour lui rappeler le principe de neutralité des services publics (et de leurs bâtiments)" et l'inviter "à se mettre en conformité dans les plus brefs délais avec la loi à défaut de laquelle, une action en justice serait engagée par l'État".
Ce principe de neutralité est "constamment réaffirmé par la jurisprudence", souligne-t-on, et il a "valeur constitutionnelle".
"Outre le fait que la Palestine n'est pas officiellement reconnue comme un État, le sujet palestinien est un objet de clivage politique et son affichage à visée partisane est systématiquement refusé par le juge administratif au nom de la neutralité du service public", estime la préfecture.
Le Conseil d'État indique dans son arrêt du 27 juillet 2005 que "le principe de neutralité des services publics s'oppose à ce que soient apposés sur les édifices publics des signes symbolisant la revendication d'opinions politiques, religieuses ou philosophiques", précise la préfecture.
La municipalité bisontine n'a pas encore "finalisé" sa décision de retirer ou non le drapeau.
Le chef de file de l'opposition municipale de droite, Ludovic Fagaut, a dénoncé la mise en place du drapeau, une décision "au caractère ouvertement partisan dans un contexte international particulièrement sensible et conflictuel", susceptible "d'attiser les tensions au sein de la population locale".
Samedi, le tribunal administratif avait intimé à la commune de Mitry-Mory (Seine-et-Marne), de retirer le drapeau palestinien flottant sur la façade de son hôtel de ville, suite à un recours de la préfecture.
Cette décision prise en référé est similaire à celle rendue la veille par le tribunal administratif de Cergy-Pontoise, ordonnant le retrait du drapeau palestinien de la mairie de Gennevilliers (Hauts-de-Seine).
Le tribunal administratif de Nice examine mardi le recours d'une association propalestinienne contre les drapeaux israéliens installés sur le fronton de la mairie. Le préfet des Alpes-Maritimes avait demandé le 16 juin au maire de Nice, Christian Estrosi (Horizons), de retirer ce drapeau, là aussi "au nom du principe de neutralité du service public".
A Marseille, des élus de gauche veulent la fin du jumelage avec Haïfa, en Israël
Plusieurs élus et militants de gauche à Marseille souhaitent que la deuxième ville de France mette fin à son jumelage avec la ville portuaire d'Haïfa en Israël, une demande à laquelle s'oppose le maire divers gauche Benoît Payan, estimant qu'il serait "injuste" de "punir" Haïfa.
Le groupe "écologiste et pluriel-s", qui fait partie de la majorité municipale de gauche, réclame de la mairie des "actes très précis" lors du prochain conseil municipal du 20 juin, a expliqué l'élu écologiste Sébastien Barles, citant notamment le souhait du "gel de tout accord de coopération, de tout accord d'association avec un territoire israélien qui est lié à un État génocidaire".
Cette demande de déjumelage, portée par plusieurs associations de soutien aux Palestiniens, est également soutenue par La France insoumise.
"Un jumelage, c'est fait pour coopérer. Si effectivement on souhaite coopérer avec un territoire qui souhaite s'opposer à son gouvernement, cela peut être intéressant (...). Là, ce n'est pas du tout le cas, on est sur un territoire qui coopère à l'effort de guerre et de génocide d'Israël", a ajouté Sébastien Barles, soulignant qu'Haïfa était "le cœur de l'industrie de l'armement en Israël".
"On ne comprend pas pourquoi la ville de Marseille reste frileuse à s'engager pour les Palestiniens alors qu'elle l'a fait de façon remarquable pour l'Ukraine, pour l'Arménie", s'est étonné Alexandre Rupnik, adjoint à la mairie des 6e et 8e arrondissements de Marseille.
"Haïfa n'est pas une commune engagée dans la guerre, c'est une commune travailliste qui a toutes les semaines des manifestations de gens opposés fermement, nettement et clairement au gouvernement de Netanyahu et de ses alliés d'extrême droite", avait estimé le 10 juin lors d'une conférence de presse Benoît Payan.
"Il y a sur le territoire de Haïfa, en effet, des industries militaires, pour lesquelles la mairie d'Haïfa ne peut absolument rien faire. De la même manière, le port d'Haïfa n'est pas contrôlé par la mairie et faire cet amalgame, c'est honteux, c'est punir une population pacifiste pour la grande majorité", avait ajouté le maire de Marseille, jugeant qu'il serait "injuste" de "punir" Haïfa.
La ville de Marseille a annoncé le 10 juin sa volonté de se jumeler avec une ville palestinienne, précisant que des discussions étaient ouvertes avec deux villes en Cisjordanie.
Rompant une trêve de deux mois, Israël a repris son offensive à la mi-mars sur la bande de Gaza, et a intensifié ses opérations militaires le 17 mai.