Rapport de la Banque mondiale sur l’Algérie: état des lieux et perspectives

Le quartier-général de la Banque Mondiale, à Washington (Photo, AFP).
Le quartier-général de la Banque Mondiale, à Washington (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 19 janvier 2021

Rapport de la Banque mondiale sur l’Algérie: état des lieux et perspectives

  • Frontières totalement ou partiellement fermées, commerce international ralenti, productivité réduite : tous les pays font face à une situation socio-économique inédite
  • Dans un récent rapport, la Banque mondiale indique toutefois que «l’économie mondiale devrait progresser de 4% en 2021»

PARIS: La pandémie de Covid-19 a ébranlé l'économie mondiale. Frontières totalement ou partiellement fermées, commerce international ralenti, productivité réduite: tous les pays font face à une situation socio-économique inédite.

Néanmoins, dans son rapport sur les perspectives économiques mondiales du mois de janvier 2021 intitulé «Traverser la pandémie, engager des réformes structurelles», la Banque mondiale indique que «l’économie mondiale devrait progresser de 4% en 2021, à condition que le déploiement initial des vaccins contre la Covid-19 débouche sur des campagnes massives de vaccination tout au long de l’année».

Dans un contexte mondial contraint, qu’en est-il de la situation économique algérienne et quelles sont ses perspectives pour l’année 2021 ? L’institution a consacré le premier des deux volets de son rapport aux évolutions macroéconomiques du pays en 2019 et 2020. Le second volet relate, lui, l’impact de la pandémie de Covid-19, avec notamment les répercussions de l’effondrement des prix des hydrocarbures sur l’économie algérienne. La conclusion du rapport, quant à elle, est consacrée aux perspectives pendant et après la pandémie.

Chute des revenus et contraction du PIB

Selon la Banque mondiale, les revenus du pays, qui proviennent essentiellement de l’exportation des hydrocarbures, ont enregistré une baisse de 33% en 2020. Ces derniers sont évalués à 23,8 milliards de dollars (19,7 milliards d’euros), contre 35,5 milliards de dollars (29,3 milliards d’euros) l’année précédente.

Une situation qui s’explique, entre autres, par la chute vertigineuse de la demande mondiale en hydrocarbures, par le ralentissement de la production, et par une réduction drastique des échanges commerciaux entre les pays en raison de la fermeture des frontières et l’activité ralentie des trafics aérien, maritime et terrestre.

Selon le rapport de la Banque mondiale, les répercussions de la crise sanitaire et économique ont engendré en Algérie une contraction du produit intérieur brut (PIB) de l’ordre de 6,5% en 2020. En outre, l’institution n’écarte pas le risque d’un prolongement de la crise qui pourrait accentuer les difficultés à répondre aux impératifs de la relance économique. «Dans un contexte hautement incertain, l’équilibre des risques affiche une tendance pessimiste, avec d’éventuelles nouvelles vagues d’infections au coronavirus susceptibles de nuire à la reprise économique», lit-on dans le rapport de la Banque mondiale.

Réformes structurelles et leviers de croissance

Dans ce contexte complexe, la Banque mondiale précise que la relance économique est conditionnée, en Algérie, par la mise en œuvre de réformes structurelles qui consistent dans la réduction des déséquilibres macroéconomiques, dans la relance de la consommation et dans la production et l’exportation des hydrocarbures. L’institution internationale recommande la mise en œuvre d’une stratégie de relance articulée autour d’un modèle économique qui repose sur la diversification économique et sur l’impulsion du secteur privé.

Selon la Banque mondiale, la croissance du PIB devrait connaître une hausse de 3,8% en 2021 et de 2,1% en 2022. L’institution estime, néanmoins, que les principaux leviers de croissance devraient être orientés vers l’accroissement de la consommation et la dynamisation des investissements privés. «La reprise partielle en 2021 et 2022 est conditionnée par une réduction marquée par des déséquilibres macroéconomiques et par une relance franche de la demande intérieure globale, de la production et des exportations d’hydrocarbures», précise le rapport de la Banque mondiale.

Des perspectives qui reposent sur la stabilité financière et des mesures sociales pour les plus vulnérables

La reprise de l’économie se trouve également conditionnée par la maîtrise budgétaire: disponibilité des moyens de financement, stabilité monétaire et préservation du pouvoir d’achat représentent de grands défis pour le gouvernement. Or, le rapport mentionne que les liquidités des banques publiques ont diminué au cours de l’année écoulée. «Sur les six banques publiques, qui détiennent environ 90% du total des dépôts du pays, quatre ont un grand besoin de liquidité», indique encore le rapport de la Banque mondiale.

En outre, selon les chiffres annoncés par Khaled Bouchelaghem, directeur général du commerce extérieur au ministère du Commerce extérieur, le jeudi 14 janvier, les importations, qui représentent une part importante dans les dépenses publiques (évaluées à 34,4 milliards de dollars en 2019, soit 28,4 milliards d’euros), ont, quant à elles, enregistré une baisse de 18% en comparaison avec l’année 2019.

Afin d’assurer une transition prudente, l’institution internationale recommande à l’Algérie la mise en œuvre de réformes structurelles orientées vers un modèle économique équilibré, qui repose sur un secteur privé dynamique et sur un système social préservant les tranches de la population les plus vulnérables.

Plus concrètement, pour les économies des pays en voie de développement, la Banque mondiale recommande aux gouvernements d’adopter des politiques qui améliorent l’accès à la santé et à l’éducation, de lutter contre la pauvreté et de démocratiser l’accès au numérique. La Banque mondiale plaide aussi pour la mise en œuvre d’une stratégie de gouvernance qui intégrerait la lutte contre le changement climatique et favoriserait les investissements de développement durable.

Enfin, le rapport indique que les projections de l’activité économique au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (Mena) devraient connaitre une modeste reprise, de 2,1%, en 2021.


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
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  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.


Espagne: amende de 64 millions d'euros contre Airbnb pour avoir publié des annonces de logements interdits

Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
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  • L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation
  • "Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux"

MADRID: Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays.

En Espagne, les plateformes de location de courte durée suscitent un vif débat, surtout dans les grandes villes touristiques, où de nombreux habitants leur reprochent de contribuer à la flambée des loyers.

L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation, ajoutant que la plateforme basée aux Etats-Unis devait désormais "corriger les manquements constatés en supprimant les contenus illégaux".

"Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux", a critiqué le ministre de la Consommation, Pablo Bustinduy, cité dans le communiqué.

"Aucune entreprise en Espagne, aussi grande ou puissante soit-elle, n'est au-dessus des lois", a-t-il poursuivi.

L'Espagne a accueilli en 2024 un nombre record de 94 millions de visiteurs, ce qui en fait la deuxième destination touristique dans le monde derrière la France. Ce chiffre pourrait être battu cette année.

Mais si le tourisme est un moteur de l'économie, de nombreux Espagnols dénoncent la congestion des infrastructures, la disparition des commerces traditionnels, remplacés par des boutiques touristiques, et surtout la flambée des loyers, les propriétaires de logements se tournant vers la location touristique, y compris sur Airbnb, nettement plus rentable.

Face à cette poussée de colère, plusieurs régions et municipalités ont annoncé des mesures ces derniers mois, à l'image de la mairie de Barcelone (nord-est), qui a promis de ne pas renouveler les licences de quelque 10.000 appartements touristiques, qui expireront en novembre 2028.

 


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
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  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.