A Berlin, une danseuse noire pourfend le racisme dans le ballet classique

Depuis son arrivée à Berlin en 2018, Chloé Lopes Gomes affirme être la proie d'un « harcèlement » de la part de sa supérieure (Photo, AFP)
Depuis son arrivée à Berlin en 2018, Chloé Lopes Gomes affirme être la proie d'un « harcèlement » de la part de sa supérieure (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 19 janvier 2021

A Berlin, une danseuse noire pourfend le racisme dans le ballet classique

  • «Me blanchir la peau, c'était comme renoncer à mon identité», tempête l'ancienne danseuse de l'Opéra de Nice et du Béjart Ballet de Lausanne
  • Chloé Lopes Gomes quittera le Staatsballett en juillet, son contrat n'ayant pas été prolongé

BERLIN: Première danseuse noire à intégrer le Staatsballett de Berlin, Chloé Lopes Gomes pourfend le racisme dont elle affirme avoir été victime au sein de la prestigieuse compagnie, des accusations qui ont poussé la direction à ordonner un examen interne. 

Ce jour-là, la maîtresse de ballet de la plus grande compagnie d'Allemagne distribue aux danseuses un voile blanc qu'elles porteront pour une scène de « La Bayadère », œuvre phare du répertoire classique du XIXe siècle.  

Quand arrive le tour de la Française de 29 ans, la professeure lui « lâche en rigolant: 'je refuse de te le donner parce que ce voile est blanc et toi tu es noire' », raconte la ballerine.  

Une danseuse de la compagnie, sous couvert d'anonymat, confirme ces propos : la maîtresse de ballet « a dit ça comme si c'était une blague (...) J'étais complètement choquée ». 

« Harcèlement »  

Chloé Lopes Gomes, formée à l'école du Bolchoï, se sent humiliée mais guère surprise. Depuis son arrivée à Berlin en 2018, elle affirme être la proie d'un « harcèlement » de la part de sa supérieure. 

« Lors de la première répétition pour 'Le Lac des cygnes', nous étions six nouvelles mais toutes les corrections m'étaient adressées », insiste-t-elle.   

Les remarques se poursuivent au fil des mois. « Elle me disait: 'quand tu n'es pas en ligne, on ne voit que toi parce que tu es noire' ». Des propos là aussi confirmés par l'autre danseuse. 

La jeune femme, née d'une mère française et d'un père cap-verdien, s'accroche: c'est une »bosseuse » qui veut montrer « qu'elle mérite sa place ».  

Mais le stress la ronge. Elle se blesse au pied. Huit mois d'arrêt et une cure d'anti-dépresseurs.  

Nouveau choc en février dernier: la maîtresse de ballet veut lui imposer de se maquiller en blanc après l'annonce du départ du co-directeur qui refusait cette pratique.  

« Me blanchir la peau, c'était comme renoncer à mon identité », tempête l'ancienne danseuse de l'Opéra de Nice et du Béjart Ballet de Lausanne. 

Alertée à l'automne, la direction du Staatsballett, qui compte dans ses rangs 30 nationalités différentes, dit être tombée des nues.  

« Nous pensions ne pas être traversés par du racisme au quotidien tout simplement à cause de notre diversité.  On n'y a d'ailleurs jamais songé. Mais nous avions tort », admet la directrice par intérim, Christiane Theobald lors d'un entretien téléphonique.  

Contraindre les artistes noirs à se poudrer en blanc, est « un no-go absolu », insiste-t-elle. 

En décembre, le Staatsballett a mis sur pied une cellule de parole et d'enquête interne. « Tous les employés peuvent rapporter de manière anonyme tous les faits de discrimination », détaille Mme Theobald.    

La maîtresse de ballet refuse de s'exprimer et pour des raisons juridiques, la direction ne souhaite pas se prononcer sur d'éventuelles mesures disciplinaires. . 

EN BREF

Chloé Lopes Gomes quittera le Staatsballett en juillet, son contrat n'ayant pas été prolongé. 

Dans un milieu « très élitiste et fermé », elle sait qu'elle s'est engagée sur un chemin périlleux.  

Mais elle veut en finir avec le racisme que subissent les danseurs métis ou noirs dans le ballet classique presqu'exclusivement blanc. 

Sa prise de parole n'est pas isolée. Des danseurs de l'Opéra de Paris, dont son frère Isaac Lopes Gomes, revendiquent une meilleure prise en compte de la diversité

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La ballerine a toujours eu «tellement envie»de se fondre dans un moule qu'elle s'adaptait (Photo, AFP)

« Kirikou »  

« Je n'en connais pas un seul à qui on n'ait pas fait des réflexions racistes du type: 'tu dois te défriser les cheveux parce que tu as une crinière de lion, tu dois rentrer tes fesses de négresse, tu sautes comme Kirikou (l'enfant africain vedette d'un film d'animation) ». 

Depuis qu'elle a enfilé ses premiers chaussons de danse, petite fille, à Nice, Chloé Lopes Gomes fait l'expérience de la singularité. 

« Je n'avais jamais le fond de teint adapté à ma carnation, je devais apporter le mien », détaille-t-elle. « J'étais la seule aussi à élaborer mes coiffures » à cause des cheveux crépus qui rebutent les coiffeuses. 

La ballerine a toujours eu « tellement envie »de se fondre dans un moule qu'elle s'adaptait. « Mais ce sont des détails qui font vous sentir exclue ». 

Ses prises de position heurtent les conservatismes. Le ballet romantique est régi par des règles strictes datant du XIXe siècle pour donner une impression d'homogénéité. 

Chloé Lopes Gomes réfute l'argument. « J'en ai marre d'entendre qu'on ne peut pas engager des noirs parce qu'ils n'ont pas les corps faits pour la danse classique. C'est juste une excuse ». 


Art Basel Qatar dévoile les détails de sa première édition prévue en 2026

M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
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  • Art Basel Qatar lancera sa première édition en février 2026 à Doha, avec 87 galeries, 84 artistes et neuf commandes monumentales dans l’espace public
  • L’événement mettra fortement l’accent sur la région MENASA, autour du thème « Becoming », explorant transformation, identité et enjeux contemporains

DUBAÏ : Art Basel Qatar a révélé les premiers détails de sa toute première édition, qui se tiendra en février 2026, offrant un aperçu du secteur Galleries et de son programme Special Projects, déployé dans le quartier de Msheireb Downtown Doha.

Aux côtés des présentations de 87 galeries exposant les œuvres de 84 artistes, Art Basel Qatar proposera neuf commandes monumentales et in situ investissant les espaces publics et les lieux culturels de Msheireb. Conçus par le directeur artistique Wael Shawky, en collaboration avec le directeur artistique en chef d’Art Basel Vincenzo de Bellis, ces projets répondent au thème central de la foire : « Becoming » (« Devenir »).

Couvrant la sculpture, l’installation, la performance, le film et l’architecture, ces projets interrogent les notions de transformation — matérielle, sociale et politique — en abordant le changement environnemental, la migration, la mémoire et l’identité. Parmi les artistes participants figurent Abraham Cruzvillegas, Bruce Nauman, Hassan Khan, Khalil Rabah, Nalini Malani, Nour Jaouda, Rayyane Tabet, Sumayya Vally, ainsi que Sweat Variant (Okwui Okpokwasili et Peter Born). Parmi les temps forts annoncés : l’installation vidéo immersive en 3D de Bruce Nauman à M7, la projection monumentale en plein air de Nalini Malani sur la façade de M7, et le majlis évolutif imaginé par Sumayya Vally, conçu comme un espace vivant de rencontre et de dialogue.

Le secteur Galleries réunira des exposants issus de 31 pays et territoires, dont 16 galeries participant pour la première fois à Art Basel. Plus de la moitié des artistes présentés sont originaires de la région MENASA, confirmant l’ancrage régional de la foire. Les présentations iront de figures majeures telles que Etel Adnan, Hassan Sharif et MARWAN à des voix contemporaines comme Ali Cherri, Ahmed Mater, Sophia Al-Maria et Shirin Neshat.

Des galeries de l’ensemble de la région seront représentées, y compris celles disposant d’antennes dans les États du Golfe, notamment au Qatar, aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite.

Le Moyen-Orient élargi et l’Asie seront également présents, avec des galeries venues du Liban, de Turquie, d’Égypte, du Maroc, de Tunisie et d’Inde.

Art Basel Qatar se tiendra du 5 au 7 février 2026, à M7, dans le Doha Design District et dans plusieurs autres lieux de Msheireb Downtown Doha.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Une nouvelle initiative cinématographique à AlUla vise à stimuler le talent créatif saoudien

Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production. (SPA)
Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production. (SPA)
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  • Les efforts visent à soutenir les jeunes talents et à contribuer à la croissance du secteur cinématographique du Royaume
  • Villa Hegra organise également des programmes éducatifs et interactifs pour les enfants afin de développer leurs talents et leurs capacités créatives

ALULA : Villa Hegra, en collaboration avec Film AlUla, a lancé un programme spécialisé dans la réalisation de films pour développer les compétences cinématographiques et soutenir les talents créatifs, a rapporté lundi l'Agence de presse saoudienne.

Cette initiative reflète l'engagement de Villa Hegra à renforcer l'activité culturelle et cinématographique tout en favorisant un environnement inspirant pour les créateurs de contenu et les cinéphiles.

Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production.

Ces efforts visent à soutenir les jeunes talents et à contribuer à la croissance du secteur cinématographique du Royaume, a ajouté la SPA.

Villa Hegra organise également des programmes éducatifs et interactifs pour les enfants afin de développer leurs talents et leurs capacités créatives.

Ces programmes comprennent des ateliers qui simplifient les concepts scientifiques et les intègrent aux pratiques artistiques modernes, créant ainsi un environnement d'apprentissage qui encourage la découverte et l'innovation.

Ils ont suscité une forte participation des élèves dans tout le gouvernorat en raison de leur approche pratique et interactive, qui renforce la réflexion et la créativité des enfants.

Les initiatives sont mises en œuvre en collaboration avec des institutions françaises et saoudiennes, reflétant ainsi la diversité culturelle et les partenariats internationaux tout en améliorant la qualité du contenu éducatif pour les jeunes générations.

Villa Hegra est la première fondation culturelle franco-saoudienne basée à AlUla. Lancée en octobre, elle soutient la scène culturelle de la région en proposant des plateformes éducatives qui développent les compétences des enfants et des jeunes saoudiens, tout en renforçant la présence d'AlUla sur la scène culturelle internationale.


Eurovision: Nemo rend son trophée 2024 pour protester contre la participation d'Israël

Le chanteur suisse Nemo, qui représentait la Suisse avec la chanson « The Code », célèbre sur scène avec son trophée après avoir remporté la finale du 68e Concours Eurovision de la chanson (CEC) 2024, le 11 mai 2024 à la Malmö Arena de Malmö, en Suède. (AFP)
Le chanteur suisse Nemo, qui représentait la Suisse avec la chanson « The Code », célèbre sur scène avec son trophée après avoir remporté la finale du 68e Concours Eurovision de la chanson (CEC) 2024, le 11 mai 2024 à la Malmö Arena de Malmö, en Suède. (AFP)
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  • L’artiste suisse Nemo, vainqueur de l’Eurovision 2024, rend son trophée pour protester contre la participation maintenue d’Israël, dénonçant une contradiction avec les valeurs d’unité et de dignité affichées par l’UER
  • Cinq pays — Islande, Espagne, Pays-Bas, Irlande et Slovénie — ont déjà annoncé leur boycott de l’édition 2026, sur fond de critiques liées à la guerre à Gaza et d’accusations d’irrégularités de vote

GENEVE: L'artiste suisse Nemo, qui a remporté l’Eurovision 2024 en Suède, a annoncé jeudi rendre son trophée pour protester contre le maintien de la participation d'Israël dans la compétition, qui a déjà provoqué le boycott de cinq pays.

"En tant que personne et en tant qu'artiste, aujourd'hui, je ne pense plus que ce trophée ait sa place sur mon étagère", a déclaré dans une vidéo postée sur Instagram Nemo, qui s'était déjà joint aux appels réclamant l'exclusion d'Israël du plus grand événement musical télévisé en direct au monde.

"L'Eurovision prétend défendre l'unité, l'inclusion et la dignité de tous (...) Mais la participation continue d'Israël, alors que la commission d'enquête internationale indépendante (mandatée par) l'ONU a conclu à un génocide, démontre un conflit évident entre ces idéaux et les décisions prises par" l'Union européenne de Radio-Télévision (UER), a déclaré le chanteur de 26 ans.

"Il ne s'agit pas d'individus ou d'artistes. Il s'agit du fait que le concours a été utilisé à maintes reprises pour redorer l'image d'un État accusé de graves atrocités", a ajouté Nemo, devenu en 2024 le premier artiste non binaire à être sacré à l'issue d'une édition déjà marquée par une controverses sur la participation d'Israël en pleine guerre dans la bande de Gaza.

Mercredi, la télévision publique islandaise RUV a annoncé boycotter l'édition 2026 de l'Eurovision après le feu vert donné à la participation d'Israël, devenant le cinquième pays à ne pas participer au prochain concours à Vienne.

Début décembre, la majorité des membres de l'UER avaient estimé qu'il n'était pas nécessaire de voter sur la participation d'Israël avec sa télévision publique KAN.

Cette décision a déclenché instantanément les annonces de boycott des diffuseurs de l'Espagne, des Pays-Bas, de l'Irlande et de la Slovénie, sur fond de critiques de la guerre dans la bande de Gaza mais aussi d'accusations d'irrégularités dans les votes lors des précédentes éditions.

"Quand des pays entiers se retirent, il est évident que quelque chose ne va pas du tout. C'est pourquoi j'ai décidé de renvoyer ce trophée au siège de l'UER à Genève, avec gratitude et un message clair : incarnez vos valeurs", a ajouté Nemo, avant de déposer son trophée dans une boite.