France: procédure de dissolution d'un groupe d'extrême droite anti-migrants

Le ministre français de l'intérieur Gerald Darmanin participe à l'émission politique "Vous avez la parole" sur France 2, le 11 février 2021, dans les studios de France Télévisions à Saint-Cloud, près de Paris. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)
Le ministre français de l'intérieur Gerald Darmanin participe à l'émission politique "Vous avez la parole" sur France 2, le 11 février 2021, dans les studios de France Télévisions à Saint-Cloud, près de Paris. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)
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Publié le Dimanche 14 février 2021

France: procédure de dissolution d'un groupe d'extrême droite anti-migrants

  • La présidente du parti d'extrême droite Rassemblement national, Marine Le Pen, s'était élevée le 27 janvier contre le projet de dissolution de Génération identitaire en invoquant la liberté d'expression
  • En décembre, Génération identitaire et trois de ses cadres avaient été relaxés par la cour d'appel de Grenoble (Sud-Est) pour des précédentes opérations anti-migrants menées en 2018

PARIS : Une procédure de dissolution a été engagée en France contre le groupe d'extrême droite anti-migrants Génération identitaire, réclamée de longue date par plusieurs associations et partis politiques du pays, a annoncé samedi soir le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin.

"Génération identitaire: la procédure de dissolution est enclenchée", a tweeté le ministre, précisant que l'organisation avait désormais dix jours pour faire valoir ses arguments.

Le ministre avait évoqué cette procédure dès le 26 janvier en se disant "scandalisé" après une opération anti-migrants du groupuscule dans les Pyrénées françaises qui a donné lieu à l'ouverture d'une enquête préliminaire pour "provocation publique à la haine raciale". SOS Racisme a également porté plainte.

Une trentaine de militants du groupe d'extrême droite, dans des voitures sérigraphiées +Defend Europe+, s'étaient déployés le 19 janvier près de la frontière espagnole, certains partant en randonnée en utilisant un drone pour surveiller la frontière.

Les actions du groupuscule pourraient relever, selon le code de la sécurité intérieure (CSI), de "provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence envers une personne ou un groupe de personnes en raison de leur origine".

La présidente du parti d'extrême droite Rassemblement national, Marine Le Pen, s'était élevée le 27 janvier contre le projet de dissolution de Génération identitaire en invoquant la liberté d'expression. "Ce qui scandalise M. Darmanin doit faire l'objet d'une dissolution. Ca ce n'est pas l'Etat de droit", avait-elle estimé.  

En décembre, Génération identitaire et trois de ses cadres avaient été relaxés par la cour d'appel de Grenoble (Sud-Est) pour des précédentes opérations anti-migrants menées en 2018 dans les Alpes française à la frontière franco-italienne.

En 2019, les dissolutions de plusieurs groupuscules d'ultradroite, dont Bastion social, Blood and Honour et Combat 18, ont été prononcées à la demande du président français Emmanuel Macron, mais celle de Génération identitaire apparaissait plus difficile à matérialiser.

"Ils sont plus malins que les autres, essaient autant que possible de ne pas franchir les lignes jaunes, mais poussent le bouchon à chaque fois un peu plus loin", soulignait alors auprès de l'AFP le ministère de l'Intérieur.

Le siège de Génération identitaire est installé à Lyon (Sud-Est) mais l'association dispose également d'une section historique à Paris et d'antennes dans plusieurs villes de province, dans le Sud  à Dijon, Aix-en-Provence et Montpellier ainsi qu'en Normandie (Ouest).


Darmanin empoigné vivement en Guadeloupe par un homme placé en garde à vue

Le ministre français de l'intérieur et de l'outre-mer, Gérald Darmanin, arrive pour parler à la presse lors d'une visite consacrée aux mesures de sécurité avant la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques avec la Brigade fluviale de la police française à Paris le 9 avril 2024. (Photo de Miguel MEDINA / AFP)
Le ministre français de l'intérieur et de l'outre-mer, Gérald Darmanin, arrive pour parler à la presse lors d'une visite consacrée aux mesures de sécurité avant la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques avec la Brigade fluviale de la police française à Paris le 9 avril 2024. (Photo de Miguel MEDINA / AFP)
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  • Les faits se sont déroulés alors que le ministre de l'Intérieur venait enregistrer une interview dans les locaux la chaîne Guadeloupe 1ère
  • Un homme «d'une vingtaine d'années» selon la source proche de l'enquête, s'est approché du ministre demandant à lui parler

POINTE-A-PITRE: Gérald Darmanin a été empoigné vivement mais pas blessé jeudi près de Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) dans les locaux de la chaîne Guadeloupe 1ère par un jeune homme, aussitôt interpellé et placé en garde à vue, a-t-on appris d'une source proche de l'enquête et de deux témoins de la scène.

Les faits se sont déroulés alors que le ministre de l'Intérieur venait enregistrer une interview dans les locaux de cette télévision, à Baie-Mahault, au terme de son déplacement en Guadeloupe au cours duquel il a annoncé l'instauration d'un couvre-feu à partir de 20H00 pour les mineurs à Pointe-à-Pitre, ville qualifiée de "coupe-gorge" par son maire.

Un homme "d'une vingtaine d'années" selon la source proche de l'enquête, s'est approché du ministre demandant à lui parler, ont relaté à l'AFP deux témoins qui ont souhaité garder l'anonymat.

Le ministre lui a alors tendu la main et c'est alors que l'homme l'a empoigné vivement par le bras et les épaules avant d'être maitrisé par les hommes de la sécurité du ministre, a décrit un des deux témoins.

L'homme a été placé en garde à vue à la gendarmerie de Baie-Mahault, a déclaré à l'AFP la source proche du dossier, ajoutant qu'une enquête avait été ouverte pour "violence sur personne dépositaire de l'autorité publique et rébellion".

"Il a voulu s’échapper et ne s'est pas laissé faire" et s'est montré "non coopératif" lors de sa garde à vue. Les tests habituels n'ont pas pu être effectués et le jeune homme a été "hospitalisé aux urgences psychiatriques" du CHU de Pointe-à-Pitre, vendredi soir, selon la même source.

Le ministre n'a pas été blessé. Il a ensuite enregistré comme prévu son interview.

"J'en ai discuté avec le ministre qui m'a dit que ce n'était pas trop grave et j'espère que ça finira bien pour le jeune", a dit à l'AFP Ary Chalus, le président de la région Guadeloupe.

Interrogé sur cet épisode, le député socialiste Christian Baptiste a pour sa part répondu: "Je ne sais pas les conditions dans lesquelles cela s'est passé, mais on ne peut pas accepter l'inacceptable, qu'un ministre puisse se faire agresser, et on peut s'interroger sur le service de sécurité".

M. Darmanin, lui, n'a pas souhaité s'exprimer sur cet incident.


Dati à la Culture: cent jours, un credo anti-élitiste et des dossiers brûlants

Rachida Dati a ouvert un autre front brûlant en annonçant un projet de regroupement de France Télévisions et Radio France sous une «gouvernance unique». (AFP)
Rachida Dati a ouvert un autre front brûlant en annonçant un projet de regroupement de France Télévisions et Radio France sous une «gouvernance unique». (AFP)
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  • Tous ceux qui l'ont précédée rue de Valois ont nourri la même ambition mais Rachida Dati assure que sa combattivité fera la différence
  • Par petites touches, la ministre a creusé ce sillon anti-élitiste, promettant des bibliothèques dans les HLM ou l'élargissement du Pass culture et donnant des gages au hip hop

PARIS: Sa nomination à la Culture avait surpris et, cent jours après, Rachida Dati veut continuer d'étonner. Entre oeillades au hip hop et ode à la "ruralité", la ministre assume le grand écart pour sortir de "l'entre-soi" et lance une périlleuse réforme de l'audiovisuel public.

Dans l'émission de Skyrock "Planète rap" comme à la Cité de l'accordéon qu'elle a inaugurée en Corrèze, l'ex-garde des Sceaux de Nicolas Sarkozy martèle un même credo: la culture pour tous. "Tous les Français (...) peuvent être des acteurs culturels", déclarait-elle fin janvier.

Tous ceux qui l'ont précédée rue de Valois ont nourri la même ambition mais Rachida Dati assure que sa combattivité fera la différence. "Chacun sait que j'aime me battre", a-t-elle lancé en prenant ses fonctions le 12 janvier, d'abord "interloquée" qu'Emmanuel Macron lui ait proposé le poste.

Tombée en disgrâce à l'Elysée, sa prédécesseure Rima Abdul Malak avait été débarquée pour faire place à ce visage familier de la politique et des plateaux télé, ex-magistrate devenue maire du très chic VIIe arrondissement de Paris après avoir grandi dans une cité HLM.

"Là où elle est très forte, c'est sur le côté méritocratie. Elle n'a pas besoin d'en parler, elle l'incarne", disait un ministre début février.

L'édile parisienne a d'abord été là où on ne l'attendait pas en lançant le "printemps de la ruralité", une concertation nationale pour "désenclaver" l'offre culturelle. "Cela a fait sourire tous ceux qui m'imaginaient ne pas franchir le périphérique", a-t-elle glissé.

Par petites touches, la ministre a creusé ce sillon anti-élitiste, promettant des bibliothèques dans les HLM ou l'élargissement du Pass culture et donnant des gages au hip hop. "Vous êtes la culture populaire", a-t-elle lancé dans le "DVM show", émission sur Twitch prisée des rappeurs. Parallèlement, elle planifie un hommage au compositeur Pierre Boulez en 2025.

Activisme 

"Elle est là pour faire bouger les lignes et elle le fait", salue auprès de l'AFP Laurent Lafon, président centriste de la commission culture du Sénat. D'autres sont plus réservés.

"C'est de la com', pas de la culture. La com', c'est de l'instantané ; la culture, c'est de la profondeur, l'appel à l'ouverture de l'esprit", dit à l'AFP Laure Adler, ex-patronne de France Culture et figure de gauche, qui reconnaît à la ministre "une capacité à n'avoir peur de rien".

Son activisme n'a toutefois pas permis de sanctuariser le budget de la Culture, amputé de 204 millions d'euros dans le cadre du plan d'économies gouvernemental de 10 milliards et après plusieurs années de hausse.

Pour amortir le choc, Rachida Dati a puisé dans les réserves du ministère et assure qu'"aucune programmation" ne devrait être "remise en cause". Mais le secteur, déjà fragilisé par l'inflation, est sur les dents.

"La situation est catastrophique", affirme à l'AFP Nicolas Dubourg, du syndicat des entreprises du spectacle vivant Syndeac. "Tout diminue: le nombre de levers de rideau, l'argent investi dans les productions et le nombre d'heures travaillées. Le secteur se rétrécit".

"Au lieu de prendre ces problèmes à bras-le-corps, la ministre égrène des évidences sur la politique culturelle qui produit de l'entre-soi. C'est de la gesticulation", tacle Jean-François Marguerin, administrateur au ministère de la Culture du temps de Jack Lang.

Audiovisuel en fusion 

Rachida Dati a ouvert un autre front brûlant en annonçant un projet de regroupement de France Télévisions et Radio France sous une "gouvernance unique". Ses cinq prédécesseurs ont balayé l'idée, Laure Adler évoque une "catastrophe", mais le sénateur Laurent Lafon salue une avancée "très rapide".

Rien ne sera toutefois acquis pour la ministre au Parlement, où son ancien parti LR ne devrait pas lui faire de cadeau. Récemment, l'hostilité de la droite l'a conduite à reporter l'examen du projet de loi permettant la restitution des biens spoliés pendant la colonisation, un autre chantier en cours pour celle qui a également fâché le monde de l'édition en expérimentant la publicité télévisée pour les livres.

Classée parmi les ministres les plus populaires, Rachida Dati garde aussi un oeil sur son avenir personnel. Peu après sa nomination, elle a confirmé son intention de briguer la mairie de Paris en 2026, faisant naître des interrogations sur la durée de son bail ministériel. Plane également sur son agenda sa mise en examen pour corruption passive dans l'affaire Renault-Nissan.

"La question, ce n'est pas+est-ce que les 100 premiers jours ont été bons?+ mais +est-ce que les 100 prochains le seront+?", estime Nicolas Dubourg.


Pointe-à-Pitre: Darmanin ordonne d'instaurer un couvre-feu pour les mineurs

Le ministre français de l'Intérieur et des Affaires étrangères Gérald Darmanin (à gauche) s'entretient avec le ministre français de l'Économie Bruno Le Maire (à droite) alors qu'ils assistent à la réception d'ouverture du bureau parisien de l'investisseur public singapourien Temasek, le 10 avril 2024 à Paris (Photo, AFP) .
Le ministre français de l'Intérieur et des Affaires étrangères Gérald Darmanin (à gauche) s'entretient avec le ministre français de l'Économie Bruno Le Maire (à droite) alors qu'ils assistent à la réception d'ouverture du bureau parisien de l'investisseur public singapourien Temasek, le 10 avril 2024 à Paris (Photo, AFP) .
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  • Cette mesure sera effective les soirs, à partir de 20H00
  • Le 24 mars, dans un contexte de violences urbaines et d’une série d'actes de violence armés, parfois mortels, il avait menacé de démissionner

POINTE-À-PITRE: Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a ordonné mercredi soir l'instauration pendant deux mois d'un couvre-feu pour les moins de 18 ans à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, devenu un "coupe-gorge" selon son maire", afin d'y lutter contre une flambée de la délinquance.

La mesure "va s’appliquer à partir du début de la semaine prochaine" afin de lutter contre "une délinquance qui (...) est de plus en plus jeune, et de plus en plus armée", a déclaré M. Darmanin lors d'une conférence de presse à Pointe-à-Pitre, où il est en déplacement.

Cette mesure sera effective les soirs, à partir de 20H00.

"On ne peut pas laisser circuler des enfants de 12, 13, 14 ans, avec des armes, circuler à 22 heures dans la rue, s’en prendre à des policiers, s’en prendre à des touristes, s’en prendre à des passants", a-t-il ajouté.

Le maire de Pointe-à-Pitre, Harry Durimel (EELV), qui avait qualifié la ville de "coupe-gorge" en "faillite totale" fin mars, s'est félicité de l'annonce du ministre de l'Intérieur. 

"Voilà quelque chose de concret", a-t-il réagi. "Avant c'était 12% de mineurs dans la commission des délits et maintenant c'est 38% des faits délictueux", a détaillé M. Durimel, élu depuis 2020.

"Si les enfants sont chez leurs parents la nuit, ils ne vont pas brûler 70 poubelles comme ils l’ont fait à Pointe-à-Pitre la semaine dernière", a-t-il estimé.

Le 24 mars, dans un contexte de violences urbaines et d’une série d'actes de violence armés, parfois mortels, il avait menacé de démissionner.

"J’ai le sentiment que le cri que j’ai poussé il y a quelques semaines a été entendu", a-t-il déclaré à l’AFP, évoquant la possibilité de "faire de Pointe-à-Pitre, un petit territoire de 2,6 km2, un laboratoire de sécurité républicaine".

Le ministre de l'Intérieur a fait l'annonce du couvre-feu après une réunion avec la ministre déléguée chargée des Outre-mer Marie Guévenoux, le préfet et le maire de Pointe-à-Pitre.

«Opérations place nette»

Une série de mesures pour renforcer la lutte contre la délinquance accompagnera le couvre-feu.

M. Darmanin a ainsi annoncé des "opérations place nette de lutte contre la drogue, contre des points de deal et la circulation des armes, qui est sans doute le problème principal que connaît la Guadeloupe aujourd’hui".

Des opérations "place nette" ont débuté lundi en Guadeloupe et d'autres sont prévues "pour le mois à venir", a précisé à l'AFP l'entourage du ministre.

Un "nouveau contrat de sécurité en Guadeloupe" sera aussi mis en place, à l’image de ce qui a été fait en Martinique et "qui marche bien, qui a fait baisser la délinquance", selon Gérald Darmanin.

Le ministre a également évoqué "une coopération internationale" avec les îles voisines de Sainte-Lucie et la Dominique pour "lutter contre l’immigration irrégulière, la circulation des armes, le trafic de drogue".

Il a également annoncé la présence de plus de "caméras de vidéo protection", connectées "aux centres de supervision de la police".

Selon la préfecture de Guadeloupe, l’archipel compte "six fois plus d'homicides, neuf fois plus de tentatives d'homicides - dont la moitié par armes à feu - et 20 fois plus de vols à main armée que la moyenne nationale".

Ces derniers mois, Pointe-à-Pitre - 14.500 habitants en 2020 - a largement nourri la chronique des faits divers. En mars, une commerçante y a été tuée lors d'un braquage. Des touristes en croisière ont été blessés à l'arme blanche par une femme atteinte de troubles psychiatriques.