Baudelaire, poète ou "poëte"?

Des portraits des poètes français Arthur Rimbaud (G) et Charles Baudelaire sont vus sur des immeubles du quartier résidentiel de La Noe, le 11 juin 2015 à Chanteloup-les-Vignes, en banlieue parisienne. La ville de Chanteloup-les-Vignes a été utilisée pour une grande partie du drame français en noir et blanc de 1995 "La Haine" réalisé par Mathieu Kassovitz. (AFP PHOTO / JOEL SAGET)
Des portraits des poètes français Arthur Rimbaud (G) et Charles Baudelaire sont vus sur des immeubles du quartier résidentiel de La Noe, le 11 juin 2015 à Chanteloup-les-Vignes, en banlieue parisienne. La ville de Chanteloup-les-Vignes a été utilisée pour une grande partie du drame français en noir et blanc de 1995 "La Haine" réalisé par Mathieu Kassovitz. (AFP PHOTO / JOEL SAGET)
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Publié le Mercredi 24 mars 2021

Baudelaire, poète ou "poëte"?

  • D'après le dictionnaire de l'Académie française, cette graphie du XVIe siècle a été chassée au XIXe par la seule que nous utilisons aujourd'hui, avec l'accent grave
  • Baudelaire lui-même ne s'interdisait pas les modernisations

PARIS : Charles Baudelaire, dans "Les Fleurs du mal", se disait "poëte", mais la dernière réédition en date des "Fleurs du mal" orthographie "poète". Une difficulté parmi d'autres, pour établir le texte définitif du célèbre recueil.

Les éditions Calmann-Lévy publient mercredi la dernière version de cette oeuvre sulfureuse sur laquelle ait travaillé l'écrivain français, né il y a 200 ans, le 9 avril 1821.

Baudelaire lui-même n'en vit pas l'aboutissement: c'est plus d'un an après sa mort que cette troisième édition arrive en librairie, en décembre 1868.

"Cette édition avait été voulue par Baudelaire (...). Il y avait travaillé très tôt, avec Michel Lévy et avec son frère Calmann", souligne l'éditeur contemporain.

Il a confié le travail à l'un des plus éminents "baudelairiens" de notre époque, Pierre Brunel, membre de l'Institut.

Baudelaire tenait beaucoup à ce "poëte". Condamné en 1857 pour outrage à la morale publique, il écrit au début d'une lettre à l'impératrice Eugénie: "Il faut toute la prodigieuse présomption d'un poëte pour oser occuper l'attention de Votre Majesté d'un cas aussi petit que le mien".

Aspect primitif et brut 

La première édition, en 1857, disait "poète". Elle est contredite par une dédicace à la main sur l'exemplaire offert au "maître et ami" Théophile Gautier: "ne crois pas que je sois assez perdu, assez indigne du nom de poëte".

Baudelaire considérait cette édition comme très imparfaite. Dans la deuxième (1861), il corrigera: "poëte" partout. Ce tréma est chez lui presque une marque de fabrique, soutenue par l'idée que "poète" pouvait ne compter qu'une syllabe, disgracieuse à l'oreille, et "poëte" deux sans conteste possible.

D'après le dictionnaire de l'Académie française, cette graphie du XVIe siècle a été chassée au XIXe par la seule que nous utilisons aujourd'hui, avec l'accent grave.

Pierre Brunel, auteur d'un essai intitulé "Baudelaire antique et moderne", tranche pour le moderne. "Le Poëte est semblable au prince des nuées", alexandrin de "L'Albatros" (une pièce qui apparaît à partir de la deuxième édition), devient en 2021: "Le Poète est semblable au prince des nuées".

"J'ai essayé d'adopter une position mesurée et je ne m'en suis pas fait un cas de conscience. Si j'avais voulu donner une édition purement archéologique, j'aurais évidemment respecté cette orthographe d'époque", explique-t-il, interrogé par l'AFP.

"C'était déjà archaïque en son temps. Mais les deux se pratiquaient. Ça pouvait être un choix d'éditeur, aussi", pour donner un aspect primitif et brut à cette poésie, suppose l'universitaire.

Long-temps, longtemps

Baudelaire lui-même ne s'interdisait pas les modernisations. L'adverbe "long-temps" (orthographe du XVIIIe siècle, selon l'Académie française) apparaît quatre fois dans l'édition de 1857. Puis devient "longtemps" à partir de 1861.

Cas plus épineux: "très", que Baudelaire fait toujours suivre d'un trait d'union: "A la très-belle, à la très-bonne, à la très-chère" (poème sans titre, numéroté XLIII). L'édition de 2021 maintient ces traits d'union que nous n'utilisons plus, y voyant un élément de poésie à part entière: "Un processus d'amplification", dans les mots de Pierre Brunel.

"Baudelaire était fidèle à certaines traditions: c'est un aspect de sa personnalité. Dans la spiritualité par exemple, il va très loin dans la révolte, avec le satanisme. Mais il montre aussi son attachement à la religion", souligne l'universitaire.

L'essentiel, pour ce spécialiste, est de faire revivre une édition de 1868 "négligée, sous-évaluée et méprisée". La Bibliothèque de la Pléiade (Gallimard), qui ressortira en coffret le 8 avril les deux tomes des "oeuvres complètes" de Baudelaire, lui préfère celle de 1861, comme la quasi-totalité des éditeurs depuis un siècle.

Or "mon sentiment est que Baudelaire n'était pas satisfait de l'édition de 1861. Non seulement parce qu'elle souffrait des conséquences de sa condamnation, avec des poèmes interdits de publication, mais aussi parce que des pièces d'une importance considérable ne s'y trouvent pas. Je pense à +Recueillement+ par exemple", commente Pierre Brunel.

"Un des plus beaux poèmes des Fleurs du mal", d'après ce baudelairien, commence par ce vers: "Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille".


Goodbye Julia, grand gagnant des Prix de la critique pour les films arabes à Cannes

La 8e édition des Prix de la critique pour les films arabes s’est déroulée en marge du Festival de Cannes. (Instagram)
La 8e édition des Prix de la critique pour les films arabes s’est déroulée en marge du Festival de Cannes. (Instagram)
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  • Le documentaire hybride Les Filles d’Olfa, de la réalisatrice tunisienne Kaouther ben Hania, a remporté trois prix
  • Inchallah un fils, d’Amjad al-Rasheed, a remporté le prix de la meilleure actrice pour la star palestinienne Mouna Hawa et celui de la meilleure photographie pour Kanamé Onoyama

DUBAÏ: Goodbye Julia, du réalisateur soudanais Mohamed Kordofani, a remporté les prix du meilleur long métrage et du meilleur scénario lors de la 8e édition des Prix de la critique pour les films arabes, qui s’est déroulée samedi en marge du festival du Festival de Cannes.

Le compositeur franco-tunisien Amin Bouhafa, qui a travaillé sur Hajjan, a remporté le prix de la meilleure musique pour ce film qui se déroule en Arabie saoudite.

Le documentaire hybride Les Filles d’Olfa, de la réalisatrice tunisienne Kaouther ben Hania, qui n’a pas remporté le prix du meilleur documentaire aux Oscars cette année, a remporté trois récompenses: meilleure réalisatrice pour Ben Hania, meilleur documentaire et meilleur montage.

Inchallah un fils, d’Amjad al-Rasheed, a remporté le prix de la meilleure actrice pour la star palestinienne Mouna Hawa et celui de la meilleure photographie pour Kanamé Onoyama.

L’acteur palestinien Saleh Bakri a décroché le prix du meilleur acteur pour son rôle dans The Teacher, tandis que I Promise You Paradise, du cinéaste égyptien Morad Mostafa, est arrivé premier dans la catégorie du meilleur court métrage.

La cérémonie de remise des prix est organisée par le Centre du cinéma arabe (Arab Cinema Center, ACC), situé au Caire. Les vainqueurs sont élus par un jury de 225 critiques venus de plus de 70 pays.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Paul Kupelian, artiste informel et chroniqueur du côté coloré de la vie

L’art de Paul Kupelian échappe aux catégories et n’obéit qu’à la nécessité de peindre. (fournie)
L’art de Paul Kupelian échappe aux catégories et n’obéit qu’à la nécessité de peindre. (fournie)
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  • A force de peindre son quotidien, ses lieux familiers et le chaos de Beyrouth, il devient le chroniqueur visuel d'événements importants, tout comme de sa propre évolution
  • Sa signature artistique se caractérise par un style vibrant et coloré, joyeux et dynamique, ce qui ne l’empêche pas de trouver, dans les infinies nuances de sa palette lumineuse, une harmonie chromatique qui se révèle au premier coup d’œil

BEYROUTH : Figuratif ? Naïf ? L’art de Paul Kupelian échappe aux catégories et n’obéit qu’à la nécessité de peindre. Né en 1975, cet artiste autodidacte de nationalité libanaise et française dont les racines remontent à l'Arménie, a grandi dans une famille d'artistes. Il n’a que 7 ans quand sa grand-tante l’initie à la technique reine, et donc complexe, de la peinture à l’huile. Dès lors, le reste de son enfance est ébloui par d’innombrables heures passées à dessiner et à peindre tout ce qui l’entoure. Il met toute sa passion à se perfectionner, aborde de nouveaux médiums tels que l'encre de Chine, l'acrylique, le pastel gras, le fusain ou la sanguine. Savait-elle, cette bienveillante aïeule, qu’elle lui offrait à travers l'art l'exutoire thérapeutique suprême, un moyen d'exprimer ses émotions et d'affronter les complexités de la vie ?  A force de peindre son quotidien, ses lieux familiers et le chaos de Beyrouth, il devient le chroniqueur visuel d'événements importants tout comme de sa propre évolution, projetant ses troubles sur la toile et y gagnant en retour paix intérieure et stabilité.

Paul Kupelian, chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)
Paul Kupelian, chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)

Sa signature artistique se caractérise par un style vibrant et coloré, joyeux et dynamique, ce qui ne l’empêche pas de trouver, dans les infinies nuances de sa palette lumineuse, une harmonie chromatique qui se révèle au premier coup d’oeil. Il y a dans ses oeuvres une joie contagieuse que confirme le sourire spontané de tout spectateur qui y est confronté. Ce pouvoir n’échappe pas au regard avisé de la galeriste Nadine Begdache, commissaire de l’espace Janine Rubeiz, à Beyrouth. En 2016, elle lui offre son exposition inaugurale : "Looking at the Bright Side" (Regard sur le côté lumineux de la vie). Une présentation saluée par les critiques d'art et les collectionneurs.

Paul Kupelian, chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)
Paul Kupelian, chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)

Qu’on ne se trompe pas sur la « naïveté » de cet artiste autodidacte. Sa profonde compréhension des proportions, de la perspective et des détails complexes n’échappe pas à un regard averti.  Ses peintures, bien que légères, servent de canal à ses émotions. Dans ses œuvres récentes, Paul Kupelian utilise principalement la peinture acrylique à grande échelle, un médium dont il apprécie la polyvalence et le potentiel expressif.

Chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)
Chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)

Bien qu’il n’ait pas donné d’exposition depuis un certain temps, il confie à Arab News en français qu’il vit à présent à Dubai où il occupe un poste de direction dans le retail.  « Je peins dès que j’en ai le temps, le soir et surtout les weekends » poursuit-il. « La peinture est mon exutoire, je peux y passer des heures sans voir le temps passer. Cela me permet de tout oublier et m’apporte énormément de joie » ajoute Paul Kupelian qui affirme que, comme pour beaucoup d’artistes, son art est sa thérapie. Ajoutez à cette passion celle de l’histoire, la géopolitique, la philosophie, la musique, les voyages, le sport, vous obtenez, dans chaque toile, une nouvelle fenêtre ou un nouveau miroir où chacun peut trouver une réponse à ses propres questionnements.

 


Deuxième jour de la RSFW: défilé historique de maillots de bain et dentelle élégante

La collection d’EAU comprenait des maillots de bain simples – une pièce en V profond, motifs à épaules dénudées, tops bandeau et divers paréos. (Photo fournie)
La collection d’EAU comprenait des maillots de bain simples – une pièce en V profond, motifs à épaules dénudées, tops bandeau et divers paréos. (Photo fournie)
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  • Certains looks élégants étaient associés à des couvre-chefs soyeux et à des sacs à main sophistiqués
  • La collection de Sara Altwaim, comprenait un certain nombre de robes blanches fluides en dentelle et en mousseline

MER ROUGE: La marque marocaine EAU a marqué l’histoire en lançant, vendredi, la deuxième série de défilés de la Red Sea Fashion Week. En effet, c’est la première fois que des maillots de bain font leur entrée sur un podium saoudien.

Avec la piscine scintillante de St. Regis et les palmiers ondulants en arrière-plan, la deuxième RSFW a mis en valeur l’une des pièces incontournables de l’été.

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EAU. (Photo fournie)

La collection comprenait des maillots de bain simples – une pièce en V profond, motifs à épaules dénudées, tops bandeau et divers paréos. Bleu roi, jaune moutarde, vert chasseur et rouge marron dominaient la collection, créant une palette d’automne plutôt singulière, mais bienvenue, pour la saison estivale à venir.

Certains looks élégants étaient associés à des couvre-chefs soyeux et à des sacs à main sophistiqués, notamment des paniers tressés parsemés de strass, des sacs de plage en paille et des pochettes à franges.

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Sarah Altwaim. (Photo fournie)

La mode affluait à mesure que la mer Rouge brillait. La collection de Sara Altwaim comprenait un certain nombre de robes blanches fluides en dentelle et en mousseline. Chacune des pièces est attrayante, grâce à une touche individuelle, de subtiles perles, des coupes superposées ou un mélange de tissus.

Altwaim a présenté un tissu en mousseline d’inspiration sous-marine présentant des croquis de créatures des fonds marins, comme les poissons, les crevettes et les crabes, qui ont fait leur apparition dans une variété d’ensembles.

Les cols de perles très superposés, les jupes en forme de paréo, les résilles ornées de bijoux, les tissus métalliques et les vêtements fluides étaient également inspirés de la vie marine.

La créatrice saoudienne Yasmina Q a introduit les vêtements d’intérieur, clôturant les défilés avec une collection de robes en tricot effet côtelé dans des tons vert menthe, bleu écume de mer, jaune vif, corail et bien plus encore.

Il y avait aussi des manches évasées et une taille ajustée qui se transformait en une forme trapèze. Certaines pièces étaient également sans manches pour un look estival plus décontracté. La collection, composée de lunettes de soleil et de chapeauxestivaux, présentait également une gamme de vêtements d’intérieur, allant des bas côtelés aux hauts ajustés simples, en passant par les chemises côtelées, les hauts kimonos et les pulls amples.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com