25 Algériens coincés à Roissy depuis 37 jours

Une employée du ministère algérien de la Santé inspecte des passagers d'un vol intérieur avec une caméra thermique lors de leur arrivée. L'Algérie a totalement fermé ses frontières depuis la résurgence de la pandémie de la Covid-19. (Photo, AFP)
Une employée du ministère algérien de la Santé inspecte des passagers d'un vol intérieur avec une caméra thermique lors de leur arrivée. L'Algérie a totalement fermé ses frontières depuis la résurgence de la pandémie de la Covid-19. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 03 avril 2021

25 Algériens coincés à Roissy depuis 37 jours

  • Ces 25 malchanceux actuellement bloqués à l’Aéroport de Roissy Charles de Gaulle, y étaient en transit, pour rentrer à Alger depuis Londres
  • «Il y a une vieille dame de 78 ans, une autre personne atteinte d’un cancer de la prostate et une autre hospitalisée pendant plusieurs jours pour des problèmes cardiaques»

PARIS : L’aéroport. En ce moment, nombreux sont ceux qui rêvent de s’y rendre. Comme les cafés, restaurants, bars, cinémas, ou musées, les aéroports font (presque) partie du monde d’avant… Pourtant, pour 25 ressortissants algériens, l’aéroport est devenu un véritable cauchemar…

A l’instar du célèbre film «The Terminal», de Steven Spielberg, ces voyageurs sont bloqués dans un aéroport…en zone internationale. Une situation qui dure depuis un mois et une semaine.

Un scenario incongru

Ces 25 malchanceux actuellement bloqués à l’Aéroport de Roissy Charles de Gaulle, y étaient en transit, pour rentrer à Alger depuis Londres. Triste coïncidence : «la découverte de cas du variant britannique de la Covid-19 a amené les autorités algériennes à leur refuser l’entrée sur le territoire national», comme l’indique le site d’information algérien TSA.

Depuis le 23 Février, l’Algérie a fermé ses frontières avec la Tunisie et le Maroc, et depuis le 17 mars dernier «les frontières terrestres, maritimes et aériennes algériennes sont fermées au grand public».

Pour Alger, ces «25 ressortissants ne sont qu’un dommage collatéral des mesures sanitaires»

Dans un communiqué diffusé le 18 mars, TSA a déclaré que «l’État algérien a aussi la responsabilité de ne pas laisser ses ressortissants livrés à eux-mêmes à l’étranger».

Après avoir indiqué que ces personnes avaient été «saisies individuellement» par Air Algérie, avant leur départ, de l'impossibilité qui leur était faite de rentrer dans leur pays, l’ambassade d’Algérie en France a annoncé «avoir proposé à ces personnes de prendre en charge leur retour vers le Royaume-Uni». Selon les communications officielles, «les détenus de l’aéroport» auraient «refusé».

«Ce sont des mensonges», a assuré vendredi l'un d'eux à l'AFP, Hocine, un chirurgien anglo-algérien de 49 ans "bloqué" avec sa femme et sa fille de 3 ans. «Les gens qui sont ici n'ont été prévenus que le jour-même, une fois arrivés à l'aéroport» de Roissy, a-t-il assuré.

Incapables de rentrer chez eux, ces passagers à destination de «nul part» passent leurs journées, et leurs nuits à attendre, dans le terminal 2 de l’aéroport.

« On est en train d’utiliser les chaises qu’on met en deux et c’est un lit pour nous. On va dans les toilettes et on se lave, comme des animaux. Ça fait longtemps qu’on n’a pas eu de repas chaud, on a que des sandwichs»   s’est confiée une ressortissante a l’AFP.

Les
Les "détenus de l'aéroport" dormant à même le sol. (Photo partagée sur Facebook)

Action en justice

Parmi ces 25 compagnons d’infortune, des jeunes enfants, mais aussi des personnes malades et vulnérables.

Deux jeunes ressortissantes algériennes coincées à l'aéroport de Roissy. (photo partagée sur la page Facebook de la chef pâtissière Samia Bouchenafa)
Deux jeunes ressortissantes algériennes coincées à l'aéroport de Roissy. (photo partagée sur la page Facebook de la chef pâtissière Samia Bouchenafa)

Comme le déplore le quotidien algérien Liberté «il y a une vieille dame de 78 ans, une autre personne atteinte d’un cancer de la prostate et une autre hospitalisée pendant plusieurs jours pour des problèmes cardiaques.»   

Face à cela, Me Alexandre André, a fait appel aux ministères des Affaires étrangères et de l'Intérieur pour débloquer la situation: «Nous demandons aux autorités françaises d’intervenir auprès des autorités algériennes pour que ces personnes soient rapatriées dans les meilleurs délais», confie-t-il à RMC.  

Avec ses confrères avocats, Me André voulait imposer à Air Algérie de payer aux 25 personnes un «hébergement décent». Mais le tribunal administratif de Paris a rejeté le recours contre la compagnie aérienne algérienne.

«On ne peut pas traiter les personnes de la sorte, c'est un manque de respect à leur vie, à leur dignité», a réagi auprès de l'AFP, Me Karima Hadj Said, un des avocats saisis de leurs dossiers.

Samia Bouchenafa
"Saïd Benrahma, footballeur international algérien qui évolue au poste d'attaquant à West Ham United et qui soutient nos compatriotes algériens bloqués à Roissy voilà les hommes" écrit la chef pâtissière Samia Bouchenafa sur sa page Facebook (Samia Bouchenafa)

 


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».