Selma Alrachid: «Il reste encore des obstacles, mais l'autonomisation des femmes progresse»

Selma Alrachid: «Il reste encore des obstacles, mais nous avançons dans la bonne direction pour une meilleure autonomisation des femmes» Photo fournie
Selma Alrachid: «Il reste encore des obstacles, mais nous avançons dans la bonne direction pour une meilleure autonomisation des femmes» Photo fournie
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Publié le Vendredi 09 avril 2021

Selma Alrachid: «Il reste encore des obstacles, mais l'autonomisation des femmes progresse»

  • L’intégration des femmes dans le monde du travail reste très faible dans la région. L’Arabie saoudite a récemment donné l’exemple, en permettant aux Saoudiennes de travailler dans n’importe quel domaine
  • Nous devons impérativement éliminer toute discrimination contre les femmes, pour accroître la productivité de la région Mena. Il faut exploiter un potentiel inexploré, nécessaire à construction économique

PARIS: Le 6 avril 2021, une édition spéciale des Rencontres économiques de l’Institut du monde arabe (IMA) a réuni pour la première fois au format digital, pendant toute une journée, des dirigeantes de premier plan venues du Maghreb, du Golfe et du Levant pour explorer les enjeux de l’empowerment féminin et partager leurs expériences, leurs success stories et leurs conseils. Arab News en français a recueilli le témoignage de Selma Alrachid, nommée sherpa au Women 20, le groupe du G20 dédié aux femmes. Elle est également depuis octobre 2019 la chef du plaidoyer d’Al-Nahda Philanthropic Society for Women, une organisation caritative saoudienne qui défend l'autonomisation et la participation des femmes dans la société.

La question de l’autonomisation des femmes ne concerne pas uniquement les sociétés arabes. Qu’en pensez-vous?

Il y a toujours eu cette idée que le monde arabe travaille très dur pour réduire les inégalités de genre entre les hommes et les femmes pour des raisons socioculturelles. La réalité est que l’environnement socio-culturel arabe n’est pas contre les femmes, et c’est important de le clarifier, parce que l’on peut penser que c’est le cas. Nos ancêtres, nos grands-mères et grands-pères avaient un grand respect pour les femmes

L’Histoire, que ce soit celle du monde arabe ou de l’islam, a démontré que les femmes ont joué un rôle fondamental dans de nombreux domaines, que ce soit en politique, dans les sciences, ou dans la culture. Il est important de faire la différence. Si nous regardons l’histoire de l’islam, elle est jalonnée de nombreuses femmes phénoménales, de féministes. Nos ancêtres ont été des femmes très puissantes, c’est un fait.

Mais il faut également souligner que les femmes ont été placées dans des rôles genrés et stéréotypés. Elles ont été souvent assignées aux soins et aux responsabilités familiales. Toutefois, c’est un problème que nous observons à l’échelle mondiale, et qui n’existe pas que dans le monde arabe. Je préférerais croire que nous n’avons pas à changer le rôle de la femme. Je pense que notre objectif n'est pas de changer le rôle des femmes, mais de réparer le système et l'environnement pour donner le choix aux femmes d'être ce qu'elles veulent être.

Vous dites que le rôle de mère n’est pas incompatible avec l’exercice des hautes fonctions?

Mon rôle de mère est très important, et j’en suis fière. Je suis une mère célibataire de trois adolescents, qui se considère comme une mère active. Je veux aussi être une femme ambitieuse avec une carrière. Je ne veux pas que l’on vienne me dire que l’on va prendre en charge mes responsabilités familiales. Nous devons corriger le système, pas corriger les femmes. Il est vital de procéder à une refonte structurelle des modes de fonctionnement actuels, afin de mettre en place des stratégies qui permettent aux femmes de jouer plusieurs rôles à la fois. Je pense que tout le monde en profitera, les femmes et les hommes.

Les femmes sont aujourd'hui diplômées de l'enseignement supérieur, mais restent très peu représentées aux postes de décision. Comment y remédier?

C’est un point crucial. Je ne peux pas parler pour tout le monde arabe parce que les réalités sont différentes partout, mais dans la région du Golfe, et plus particulièrement en Arabie saoudite, il y a plus de femmes que d’hommes dans l’enseignement supérieur. Davantage de femmes sont diplômées dans les domaines scientifiques (sciences, technologies, ingénierie et mathématiques). Mais l’intégration dans le monde du travail et l’accès à des postes importants restent très faibles. La solution est d’initier des politiques dans cet objectif, en mettant en place des structures pour soutenir les femmes afin qu’elles atteignent des postes de décision. L’Arabie saoudite a donné récemment l’exemple avec une réforme permettant aux Saoudiennes de travailler dans n’importe quel domaine, ce qui n’était pas possible auparavant. Accroître la visibilité des femmes prendra néanmoins du temps.

 

Nous devons impérativement éliminer toute discrimination contre les femmes, pour accroître la productivité de nos régions.­ 

Salam al-Rachid

Que pensez-vous de la mise en place du système des quotas?

Je soutiens les quotas, même pour un temps limité, parce que nous avons vu que cette mesure est efficace ailleurs dans le monde. Une telle politique est particulièrement utile dans les régions comme la nôtre, où les femmes ne sont pas assez représentées. Le système des quotas pourrait aider des femmes talentueuses, qui deviendront des exemples à suivre. Nous avons besoin de les préparer afin qu’elles soient performantes à leurs postes. Nous espérons qu’à l’avenir les femmes ou les hommes puissent exercer de telles fonctions, selon leurs compétences, et sans considération de genre.

Quels sont les mesures prises par l’Arabies saoudite pour une autonomisation des femmes et quels sont les obstacles qui demeurent?

Nous sommes heureux de voir que la pandémie n’a pas ralenti la réforme de l’autonomisation des femmes, car la Covid-19 les a affectées de manière disproportionnée dans le monde. Un récent rapport de la Banque mondiale a montré que l’Arabie saoudite continue de s’améliorer, même par rapport à l’année précédente, ce qui est formidable.

Il reste encore des obstacles et beaucoup de travail à faire, mais nous avançons dans la bonne direction. ll est vital de sensibiliser le grand public, les femmes elles-mêmes, et d’éduquer les employeurs. Les femmes doivent être informées de leurs droits et les employeurs formés afin de pouvoir intégrer des femmes dans leurs effectifs. Ce travail doit être accompli avec les décideurs politiques. C’est ce que je fais dans le cadre de mon travail, en étroite collaboration avec les parties prenantes à ces réformes. Nous identifions les  obstacles, afin de les corriger.

Que pouvons-nous faire en tant que femmes arabes pour améliorer notre statut dans la société?

Il faut exploiter un potentiel inexploré, nécessaire à la construction économique. Il ne s’agit pas d’être «gentil avec les femmes», c’est une nécessité absolue pour l’économie de la région Mena, car nous ne pouvons pas fonctionner avec 50% de notre capacité pour parvenir au sommet. Nous devons impérativement éliminer toute discrimination contre les femmes, pour accroître la productivité de nos régions. 

Comment y parvenir?

Trois étapes sont indispensables: s’assurer que les femmes soient des participantes actives dans la construction économique, pouvoir recueillir des données chiffrées permettant de conceptualiser l’analyse et la critique, et mettre en place des stratégies de partenariats avec les acteurs à l’échelle nationale et internationale. Je considère qu’il y a beaucoup à apprendre des pays du Maghreb et de l’Égypte. Partager les expériences avec d’autres pays du Golfe aussi, comme le Liban ou la Jordanie, est important.

Un événement comme celui organisé par l’IMA est à ce titre une très bonne opportunité de partager ces expériences. Les femmes aiment travailler ensemble, et inchallah, nous y parviendrons. 


Jordanie: 4 condamnations à 20 ans de prison dans une affaire liée aux Frères musulmans

La police jordanienne se tient devant le bureau du Front d'action islamique à Amman, en Jordanie, le 23 avril 2025. (Reuters)
La police jordanienne se tient devant le bureau du Front d'action islamique à Amman, en Jordanie, le 23 avril 2025. (Reuters)
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  • La Cour de sûreté de l'Etat en Jordanie a condamné mercredi à 20 ans de prison quatre personnes reconnues coupables de détention d'armes et d'actes "mettant en danger la sécurité nationale"
  • Le 15 avril, les autorités ont annoncé l'arrestation de 16 personnes, dont des membres des Frères musulmans, soupçonnées de plans "visant à nuire à la sécurité nationale, à semer le chaos et à commettre des actes de sabotage en Jordanie"

AMMAN: La Cour de sûreté de l'Etat en Jordanie a condamné mercredi à 20 ans de prison quatre personnes reconnues coupables de détention d'armes et d'actes "mettant en danger la sécurité nationale", dans une affaire liée aux Frères musulmans récemment interdits.

Le 15 avril, les autorités ont annoncé l'arrestation de 16 personnes, dont des membres des Frères musulmans, soupçonnées de plans "visant à nuire à la sécurité nationale, à semer le chaos et à commettre des actes de sabotage en Jordanie".

Quelques jours plus tard, elles ont interdit toutes les activités des Frères musulmans et fermé leurs bureaux, imputant à cette confrérie islamiste des "activités de nature à déstabiliser le pays", notamment la fabrication et le stockage de roquettes et explosifs.

Selon un communiqué, la Cour de sûreté de l'Etat a prononcé des peines de 20 ans de prison contre quatre des 16 accusés et les a condamnés à une amende non précisée.

Ils ont été reconnus coupables de "détention d'explosifs, d'armes et de munitions avec l'intention de les utiliser illégalement, et d'avoir commis des actes susceptibles de perturber l'ordre public et de mettre en danger la sécurité" nationale.

Le communiqué n'a pas précisé si parmi les personnes condamnées figuraient des membres des Frères musulmans.


Déploiement des forces de sécurité près de Damas après des violences meurtrières

Des membres des forces de sécurité syriennes se déploient dans une zone proche de la capitale syrienne Damas, le 30 avril 2025, au milieu d'affrontements sectaires meurtriers. (AFP)
Des membres des forces de sécurité syriennes se déploient dans une zone proche de la capitale syrienne Damas, le 30 avril 2025, au milieu d'affrontements sectaires meurtriers. (AFP)
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  •  Les forces de sécurité se sont déployées mercredi près de Damas après des heurts meurtriers entre combattants druzes et islamistes liés au pouvoir
  • Affirmant vouloir défendre les druzes, Israël, pays voisin de la Syrie avec laquelle il est techniquement en guerre, a mené des frappes sur la région de Sahnaya près de Damas et menacé de frapper le pouvoir syrien en cas de nouvelles violences

DAMAS: Les forces de sécurité se sont déployées mercredi près de Damas après des heurts meurtriers entre combattants druzes et islamistes liés au pouvoir, l'ONU dénonçant ces violences "inacceptables" mais aussi l'intervention militaire d'Israël.

Affirmant vouloir défendre les druzes, Israël, pays voisin de la Syrie avec laquelle il est techniquement en guerre, a mené des frappes sur la région de Sahnaya près de Damas et menacé de frapper le pouvoir syrien en cas de nouvelles violences contre cette minorité.

Ces affrontements ont réveillé le spectre des massacres qui ont fait plus de 1.700 morts, en grande majorité parmi la minorité alaouite dont était issu le président déchu Bachar al-Assad, renversé en décembre par la coalition islamiste au pouvoir.

Déclenchés lundi soir dans la localité à majorité druze de Jaramana, les heurts entre groupes armés liés au pouvoir islamiste sunnite et combattants druzes se sont étendus mercredi à Sahnaya, faisant 22 morts -tous des combattants- selon les autorités et l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Les combats à Jaramana ont fait 17 morts d'après l'OSDH.

Les forces de sécurité ont annoncé leur déploiement à Sahnaya pour "rétablir l'ordre" après les violences impliquant les druzes, une minorité ésotérique issue de l'islam chiite dont les membres sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël.

Les autorités syriennes ont averti qu'elles "frapperaient d’une main de fer tous ceux qui cherchent à saper la stabilité de la Syrie". Elles ont accusé des "groupes hors-la-loi" d'avoir attaqué "des postes et barrages" des forces de sécurité aux abords de Sahnaya, une localité située à 15 km au sud-ouest de Damas et où vivent des druzes.

Le pouvoir du président Ahmad al-Chareh a dans ce contexte réaffirmé son "engagement ferme à protéger toutes les composantes du peuple syrien, y compris la communauté druze". Il a aussi exprimé "son rejet catégorique de toute ingérence étrangère" après l'intervention militaire israélienne.

- Sécurité rétablie -

"Nous n'avons pas dormi de la nuit (...) les obus tombent sur nos maisons", a raconté à l'AFP Samer Rafaa, un habitant de Sahnaya, durant les violences. "Où sont les autorités? Nous les implorons d'assumer leur rôle. Les gens meurent."

Un accord mardi soir entre des représentants du gouvernement et les responsables druzes de Jaramana a mis fin aux affrontements dans cette localité.

Mercredi, un responsable de la région de Damas, Amer al-Cheikh, a affirmé que la plupart des membres des "groupes hors-la-loi avaient été neutralisés" à Sahnaya et que la sécurité y avait été rétablie. Il a en outre fait état de deux morts dans la frappe israélienne menée dans la région de Sahnaya.

L'attaque contre Jaramana, une banlieue de Damas, a été menée par des groupes affiliés au pouvoir après la diffusion sur les réseaux sociaux d'un message audio attribué à un druze et jugé blasphématoire à l'égard du prophète Mahomet. L'AFP n'a pas pu vérifier l'authenticité du message.

L'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Geir O. Pedersen, s'est dit "alarmé" par le "potentiel d'escalade" après les violences et exigé que cessent les attaques israéliennes.

Les druzes d'Israël forment une minorité arabophone d'environ 150.000 personnes réputée pour son patriotisme, et sont surreprésentés dans l'armée et la police par rapport à leur nombre.

- "Alliés locaux" -

Mercredi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ministre de la Défense Israël Katz ont annoncé conjointement que l'armée avait mené "une action d'avertissement" contre un "groupe extrémiste qui se préparait à attaquer la population druze de Sahnaya".

L'armée israélienne a annoncé que ses forces étaient prêtes à frapper des cibles du pouvoir syrien si "la violence contre la communauté druze persistait".

Elle a en outre affirmé avoir évacué trois druzes syriens, blessés dans les heurts près de Damas, vers Israël.

"En se plaçant en protecteur de la communauté druze, Israël espère à la fois se trouver des alliés locaux, particulièrement dans le sud syrien, mais aussi peser dans la balance à un moment où le futur de la Syrie reste incertain (...)", estime Michael Horowitz, un analyste indépendant.

Au Liban voisin, le chef druze libanais, Walid Joumblatt a appelé les druzes à "rejeter toute ingérence israélienne".

Dès la chute de Bachar al-Assad le 8 décembre, renversé par une coalition de factions rebelles islamistes dirigée par M. Chareh après plus de 13 ans de guerre civile, Israël a multiplié les gestes d'ouverture envers les druzes.

Début mars, après des escarmouches à Jaramana, Israël avait menacé d'une intervention militaire si les autorités syriennes s'en prenaient aux druzes.

Les dignitaires druzes avaient rejeté les menaces israéliennes.


Hajj: arrivée des premiers pèlerins turcs en Arabie saoudite

L’an dernier, environ 1,8 million de fidèles ont participé au Hajj. (SPA)
L’an dernier, environ 1,8 million de fidèles ont participé au Hajj. (SPA)
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  • Les autorités ont mobilisé un personnel qualifié, multilingue et équipé des technologies les plus récentes pour faciliter les procédures d’entrée
  • Elles sont également prêtes à accueillir les pèlerins arrivant par voie terrestre, maritime ou aérienne

Médine: Les premiers vols transportant des pèlerins du Hajj en provenance de Turquie ont atterri mercredi à l’aéroport international Prince Mohammed ben Abdelaziz de Médine. Le grand pèlerinage islamique se déroulera cette année du 4 au 9 juin.

Selon l’Agence de presse saoudienne (SPA), les autorités ont mobilisé un personnel qualifié, multilingue et équipé des technologies les plus récentes pour faciliter les procédures d’entrée. Elles sont également prêtes à accueillir les pèlerins arrivant par voie terrestre, maritime ou aérienne.

L’an dernier, environ 1,8 million de fidèles ont participé au Hajj.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com