Plus de 25 000 manifestants en France pour réclamer «justice pour Sarah Halimi»

Les manifestants parisiens se sont retrouvés place du Trocadéro à l'initiative d'un collectif, «Agissons pour Sarah Halimi» (Photo, AFP)
Les manifestants parisiens se sont retrouvés place du Trocadéro à l'initiative d'un collectif, «Agissons pour Sarah Halimi» (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 25 avril 2021

Plus de 25 000 manifestants en France pour réclamer «justice pour Sarah Halimi»

  • Cette mobilisation répond à la confirmation, le 14 avril, par la Cour de cassation, de l'irresponsabilité pénale du meurtrier de la sexagénaire juive tuée en 2017 à Paris, hospitalisé en psychiatrie depuis ce crime
  • Les manifestants étaient plus de 20 000 dans la capitale, a indiqué en fin de journée le ministère de l'Intérieur, et plus de 6 200 en province

PARIS: Plus de 25 000 manifestants, selon les autorités, se sont rassemblés dimanche à Paris et dans d'autres villes de France, pour contester l'absence de procès après le meurtre de Sarah Halimi en 2017, à l'appel de collectifs citoyens et de représentants de la communauté juive. 

Ils étaient plus de 20 000 dans la capitale, a indiqué en fin de journée le ministère de l'Intérieur, et plus de 6 200 en province.  

Sous le mot d'ordre « Sans justice pas de République », les manifestants parisiens se sont retrouvés place du Trocadéro à l'initiative d'un collectif « Agissons pour Sarah Halimi ».  

Dès le début du rassemblement parisien, à 14H00, les organisateurs s'étaient félicités d'une « immense victoire ». Dans la foule, des pancartes ont été brandies, portant les messages « Pas de droit sans justice », « Justice défoncée ? » ou « Justice pour Sarah Halimi », quand d'autres manifestants huaient les magistrats de la Cour de cassation.  

« La clameur est montée et l'espoir est revenu. L'espoir, c'est vous ici », a lancé à la tribune le frère de Sarah Halimi (ou Lucie Attal), William Attal. 

De nombreuses personnalités cultuelles, politiques, et du monde culturel et du spectacle, étaient également présentes pour réclamer « justice » pour Sarah Halimi, et une évolution de la loi.  

En milieu de journée dimanche, le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti avait déjà annoncé la présentation « fin mai » en Conseil des ministres d'un projet de loi visant à « combler » un « vide juridique », après que la Cour de cassation a confirmé l'irresponsabilité pénale du meurtrier de Sarah Halimi, sexagénaire juive tuée en 2017 à Paris.  

Cette annonce fait suite à une demande du président Emmanuel Macron. 

Avec la future nouvelle loi, « si justice n'a pas été rendue pour Sarah Halimi, elle sera rendue grâce à Sarah Halimi », a lancé au micro Jonathan Behar, l'un des organisateurs du rassemblement. 

Cette mobilisation a eu lieu en réaction à la confirmation, le 14 avril, par la Cour de cassation, de l'impossibilité de juger le meurtrier de Sarah Halimi, compte tenu de l'abolition de son discernement lors des faits.  

Selon les sept experts psychiatriques qui l'ont examiné, Kobili Traoré, gros consommateur de cannabis, était en proie à une « bouffée délirante » lorsqu'il a tué sa voisine de 65 ans, Lucie Attal, aussi appelée Sarah Halimi.  

La cour d'appel de Paris avait conclu à l'existence d'un trouble psychique ayant aboli son discernement ou le contrôle de ses actes au moment des faits, ce que la Cour de cassation a jugé conforme au droit. 

L'impossibilité d'un procès a suscité une très forte incompréhension au sein d'une partie de la communauté juive française, et déclenché un vif débat sur la responsabilité pénale des personnes atteintes de troubles psychiatriques sur fond de consommation de drogues.  

Sarah Halimi est « victime d'un déni de justice et d'un naufrage judiciaire », a fustigé lors du rassemblement parisien Francis Kalifat, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). « La nouvelle loi doit porter le nom de Sarah Halimi », a-t-il exhorté.  

Les manifestants étaient aussi 2 000 à Marseille, 1 200 à Lyon, 600 à Strasbourg et Deauville, 400 à Toulouse et Nice, selon l'Intérieur. A l'étranger, environ 500 personnes se sont rassemblées devant l’ambassade de France à Tel Aviv. Elles étaient environ 150 à Londres.  

« La justice française c'est zéro. N'importe qui peut tuer sous prétexte qu'il ait bu ou fumé sans être inquiété par la justice. Il faut assumer ses actes, c'est pas normal », accusait Céline Duka, présente dans le cortège marseillais « pour ne pas qu'on tue (Sarah Halimi) une deuxième fois ».  

A Lyon, près des pancartes proclamant « Juges où est votre honneur ? » ou « Fume des joints, il ne t'arrivera rien », le grand rabbin Daniel Dahan a demandé que « la lutte contre l'antisémitisme (devienne) une grande cause nationale, pas seulement dans les discours, mais dans les actes ». 

Une rue de Paris va porter le nom de Sarah Halimi

La maire socialiste de Paris Anne Hidalgo a annoncé dimanche qu'une rue de la capitale porterait le nom de Sarah Halimi, sexagénaire juive tuée en 2017 à Paris, à l'occasion d'un rassemblement sur la place du Trocadéro à Paris contre l'absence de procès dans cette affaire. 

« Une rue portera le nom de Sarah Halimi à Paris, c'est un projet sur lequel nous allons travailler évidemment avec la famille, mais le nom de Sarah figurera dans nos rues parisiennes », a déclaré l'édile sur BFMTV.

« Ca sera aussi une façon de lui rendre justice, pas de lui rendre la vie, mais de lui rendre justice », a-t-elle ajouté.

« Ce crime doit être jugé. Je pense qu'il faut une nouvelle loi et que cette loi s'appelle Sarah Halimi » , a-t-elle affirmé.

Des centaines de manifestants à Tel-Aviv réclament un procès

Des manifestants brandissaient des panneaux avec le portrait de la victime et sur lequel on pouvait lire  « Justice pour Sarah Halimi » lors de ce rassemblement devant l'ambassade de France à Tel-Aviv.

« J'ai honte d'être française, la France de mon enfance n'existe plus », a affirmé Roselyne Mimouni, une retraitée franco-israélienne venue manifester. « Je suis atterrée qu'une femme juive ait été assassinée en France parce qu'elle était juive ». 

« La communauté française d'Israël est venue exprimer sa colère et son amertume », a souligné de son côté Daphna Poznanski, ex-député de la 8e circonscription (qui inclut Israël) des Français de l'étranger. 

Des députés israéliens ont pris la parole pour exprimer leur solidarité avec la famille Halimi et la communauté juive de France, à l'instar de Yossi Taïeb, député du parti ultra-orthodoxe séfarade Shass, lui-même natif de France. 

« La décision de la justice française est absurde, scandaleuse et dangereuse. De Tel-Aviv à Paris, le peuple juif, en Israël et dans le monde entier, est solidaire de la famille Halimi et de la communauté juive de France », a déclaré la ministre israélienne de la Diaspora, Omer Yankelevich.


Lyon affiche son soutien à la reconnaissance de l'État palestinien

L'archevêque de Lyon, Mgr Olivier de Germay (au centre), se tient debout devant le cercueil de l'ancien maire de Lyon et ancien ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, alors que celui-ci quitte la cathédrale Saint-Jean de Lyon, dans le centre-est de la France, le 29 novembre 2023,  (Photo : Olivier CHASSIGNOLE / AFP)
L'archevêque de Lyon, Mgr Olivier de Germay (au centre), se tient debout devant le cercueil de l'ancien maire de Lyon et ancien ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, alors que celui-ci quitte la cathédrale Saint-Jean de Lyon, dans le centre-est de la France, le 29 novembre 2023, (Photo : Olivier CHASSIGNOLE / AFP)
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  • Une bâche violette a été déployée sur une grille de la mairie avec les messages « Cessez-le-feu immédiat à Gaza », « Libération des otages », « Respect du droit international » et « Reconnaissance de l'État de Palestine ».
  • M. Doucet lui apporte « le soutien résolu de la Ville de Lyon » pour que la démarche soit engagée sans tarder. « Il est temps pour la France d'écrire une page juste, forte et à la hauteur de ses valeurs », écrit le maire.

LYON : Le maire écologiste de Lyon, Grégory Doucet, a appelé mardi Emmanuel Macron à « reconnaître officiellement l'État de Palestine », un message affiché en parallèle à l'entrée de l'hôtel de ville.

Une bâche violette a été déployée sur une grille de la mairie avec les messages « Cessez-le-feu immédiat à Gaza », « Libération des otages », « Respect du droit international » et « Reconnaissance de l'État de Palestine ».

Dans le même temps, Grégory Doucet a écrit au président pour lui faire part de sa « profonde inquiétude » concernant le report d'une conférence internationale à l'ONU sur une solution « à deux États », qu'Emmanuel Macron devait coprésider mercredi avec l'Arabie saoudite.

« Ce rendez-vous était attendu comme un tournant historique », écrit le maire de Lyon, pour qui reconnaître la souveraineté palestinienne serait une « étape incontournable vers une solution politique au conflit ». 

M. Macron avait annoncé que la France pourrait rejoindre, en juin, près de 150 pays ayant déjà reconnu l'État palestinien, dont des pays européens comme l'Espagne, l'Irlande ou la Norvège. Depuis, il a envoyé des signaux contradictoires quant à sa volonté de franchir le pas.

Vendredi, alors qu'Israël entamait des frappes sur l'Iran, il a annoncé le report de la conférence de New York « pour des raisons logistiques et sécuritaires », tout en promettant qu'elle aurait « lieu au plus vite ».

Dans sa lettre, M. Doucet lui apporte « le soutien résolu de la Ville de Lyon » pour que la démarche soit engagée sans tarder. « Il est temps pour la France d'écrire une page juste, forte et à la hauteur de ses valeurs », écrit le maire.

« La situation à Gaza atteint chaque jour de nouveaux sommets de dévastation humaine », regrette-t-il, en mentionnant les 14 500 enfants tués à Gaza depuis le début de la guerre.


En 2024, les Français continuent d'acheter toujours plus de vêtements neufs

Des personnes assistent à l'ouverture d'un pop-up store de la marque de mode chinoise Shein à Paris, le 4 mai 2023. (Photo, AFP)
Des personnes assistent à l'ouverture d'un pop-up store de la marque de mode chinoise Shein à Paris, le 4 mai 2023. (Photo, AFP)
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  • L’an dernier, chaque Français a en moyenne ajouté 42 articles neufs à sa garde-robe, soit un de plus qu’en 2023
  • Sur ces 3,5 milliards de pièces neuves, 2,9 milliards concernent l’habillement, 259 millions les chaussures et 362 millions le linge de maison.

PARIS : Les Français n’ont jamais autant acheté de vêtements neufs. En 2024, un nouveau record a été franchi, alors même qu’une proposition de loi visant à encadrer la mode éphémère vient d’être adoptée par le Sénat, et que les associations continuent de tirer la sonnette d’alarme sur le coût environnemental de l’industrie textile.

L’an dernier, chaque Français a en moyenne ajouté 42 articles neufs à sa garde-robe, soit un de plus qu’en 2023. Au total, 3,5 milliards de pièces ont été achetées en France, un chiffre inédit qui représente environ 10 millions d’articles écoulés chaque jour, selon Vanessa Gutierrez, responsable d'études chez Refashion, l’éco-organisme mandaté par l’État pour accompagner le secteur vers une économie plus circulaire.

Ces données, publiées mardi, proviennent des quelque 10 000 marques ayant l’obligation de déclarer leurs ventes à Refashion. Cela inclut également les plateformes asiatiques comme Shein ou Temu.

Sur ces 3,5 milliards de pièces neuves, 2,9 milliards concernent l’habillement, 259 millions les chaussures et 362 millions le linge de maison. Les rayons femme et homme enregistrent des hausses respectives de 5 % et 3,6 %. Mais c’est le linge de maison qui connaît la plus forte progression (+9,3 %), un phénomène que Vanessa Gutierrez attribue à « l’arrivée sur le marché d’acteurs aux prix accessibles ».

En revanche, les vêtements pour enfants et bébés sont en recul, avec des baisses de 0,6 % et 5,4 %, un repli qui s’explique notamment par la baisse de la natalité et l’essor du marché de la seconde main dans ce secteur.

La distribution en ligne tire largement son épingle du jeu. Les enseignes exclusivement présentes sur internet, telles que Shein, Temu ou Zalando, voient leurs ventes bondir de 29,9 %. Les soldeurs et déstockeurs enregistrent également une progression notable (+10,3 %). « Si l’on excluait ces deux catégories, le marché serait relativement stable », nuance Vanessa Gutierrez, soulignant l’influence considérable du e-commerce sur la dynamique du secteur.

À l’inverse, les grandes surfaces alimentaires accusent un recul de 5,1 % sur les ventes de textiles. En revanche, les enseignes de centre-ville et les centres commerciaux affichent une croissance de 2,8 %, illustrant un certain regain d’intérêt pour les points de vente physiques plus spécialisés.

Un autre enseignement de ce baromètre révèle que les consommateurs privilégient les prix accessibles, 71 % des articles achetés appartiennent à l’entrée de gamme. En moyenne, chaque Français a dépensé 15,6 euros par article neuf.

L’impact environnemental de cette consommation n’est pas négligeable. Selon le ministère de la Transition écologique, l’industrie textile figure parmi les plus polluantes au monde. Elle est responsable de près de 10 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, un chiffre supérieur à celui généré par l’ensemble des vols internationaux et du trafic maritime, et utilise 4 % de l’eau potable disponible sur la planète.

Ces dernières années, la situation s’est aggravée avec l’essor de l’ultra fast fashion, un modèle qui propose une multitude de références à des prix dérisoires. Symbole de cette démesure, l’entreprise Shein, fondée en Chine en 2012 et aujourd’hui basée à Singapour, met à disposition pas moins de 470 000 modèles en temps réel, selon l’ONG Les Amis de la Terre, et ses produits sont expédiés à 99,8 % par avion.

Face à cette course effrénée à la consommation, les ONG multiplient les alertes sur le coût social et environnemental de la mode. Décharges de vêtements occidentaux polluant le désert d’Atacama au Chili, effondrement du Rana Plaza au Bangladesh ayant causé la mort de plus d’un millier d’ouvriers, les actions coups de poing et les campagnes de sensibilisation pointent des symptômes devenus alarmants.

Les pouvoirs publics commencent à réagir. En France, les parlementaires se sont saisis du sujet, une proposition de loi visant à freiner l’essor de la fast fashion a été adoptée en juin par le Sénat.


Une vaste opération de contrôle aux frontières sera menée dans les gares et les bus mercredi et jeudi

Une opération nationale de contrôles dans les gares, les trains et les bus visant à lutter contre « l'immigration irrégulière » sera menée mercredi et jeudi. (Photo AFP)
Une opération nationale de contrôles dans les gares, les trains et les bus visant à lutter contre « l'immigration irrégulière » sera menée mercredi et jeudi. (Photo AFP)
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  • Une opération nationale de contrôles dans les gares, les trains et les bus visant à lutter contre « l'immigration irrégulière » sera menée mercredi et jeudi, selon une note d'instruction du ministère de l'Intérieur.
  • le ministre se félicite d'une « augmentation conséquente du nombre d'interceptions d'étrangers en situation irrégulière ces dernières semaines.

PARIS : Une opération nationale de contrôles dans les gares, les trains et les bus visant à lutter contre « l'immigration irrégulière » sera menée mercredi et jeudi, selon une note d'instruction du ministère de l'Intérieur adressée notamment aux préfets et consultée par l'AFP.

« En complément du réseau routier, le réseau ferroviaire international et national semble constituer un vecteur essentiel de transit pour les clandestins depuis l'étranger et en interne entre les régions, en particulier vers la zone Nord », peut-on lire dans ce document daté du 12 juin, adressé notamment au général d'armée, aux préfets, aux directions de la gendarmerie, de la police ainsi que des douanes.

« Vous veillerez à prioriser les contrôles des trains à destination des pays voisins et des grandes métropoles françaises, en arrivée comme en départ, dans toutes les gares ferroviaires. Les trains régionaux, en particulier dans les zones frontalières, pourront utilement faire l'objet de contrôles après sensibilisation des instances régionales concernées », donne pour instruction le ministre de l'Intérieur qui a fait de la lutte contre l'immigration son thème de prédilection. 

Dans cette note, le ministre, chef de file du parti Les Républicains, se félicite d'une « augmentation conséquente du nombre d'interceptions d'étrangers en situation irrégulière ces dernières semaines (+28 %) » et d'une « opération nationale de contrôle des flux » menée les 20 et 21 mai dernier au cours de laquelle plus de 750 personnes ont été interpellées.

« Les forces de sécurité intérieure organiseront des contrôles à bord des trains », et, en complément, « ils pourront également les opérer sur les départs et arrivées de bus en gare ».

Ces opérations seront menées en continu du mercredi 18 juin à 8 heures au jeudi 19 juin 20 heures, en lien avec les services de la SNCF qui ont été préalablement sensibilisés à cette opération nationale.

Il est demandé d'apporter une attention toute particulière à la « fraude documentaire ».