Bruxelles veut mettre en place une identité numérique européenne

Une photo prise le 5 mai 2021 montre des drapeaux de l'Union européenne flottant devant le siège de la Commission européenne à Bruxelles. (Photo, AFP)
Une photo prise le 5 mai 2021 montre des drapeaux de l'Union européenne flottant devant le siège de la Commission européenne à Bruxelles. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 03 juin 2021

Bruxelles veut mettre en place une identité numérique européenne

  • L'exécutif européen veut donner, à tous les citoyens et entreprises qui le souhaitent, un accès à une identité numérique nationale qui sera reconnue à travers l'UE pour faciliter et sécuriser l'accès à des services privés
  • Plusieurs solutions numériques d'identification sont déjà proposées par des gouvernements et des entreprises privées

BRUXELLES: Accéder en quelques clics sur son téléphone portable à des services sécurisés dans toute l'Europe, éliminer les tracasseries administratives tout en s'affranchissant des grandes plateformes privées... Cela pourrait devenir réalité l'an prochain grâce à un projet présenté jeudi à Bruxelles.

"C'est en quelque sorte un dossier sécurisé où vous pouvez stocker votre carte d'identité, votre permis de conduire, vos diplômes" et bien d'autres documents utiles pour des démarches en ligne, a expliqué la vice-présidente de la Commission européenne, Margrethe Vestager.

L'exécutif européen veut donner, à tous les citoyens et entreprises qui le souhaitent, un accès à une identité numérique nationale qui sera reconnue à travers l'UE pour faciliter et sécuriser l'accès à des services privés, comme la banque ou le commerce en ligne, ou s'acquitter de formalités administratives.

"L'identité numérique européenne nous permettra de faire dans n'importe quel État membre ce que nous faisons chez nous, sans frais supplémentaires et avec moins d'obstacles. Que ce soit louer un appartement ou ouvrir un compte bancaire en dehors de notre pays d'origine. Et de le faire d'une manière sûre et transparente", a expliqué Mme Vestager, lors d'une conférence de presse commune avec le commissaire au Marché intérieur Thierry Breton.

Plusieurs solutions numériques d'identification sont déjà proposées par des gouvernements et des entreprises privées. Mais seuls 14 Etats membres ont à ce jour notifié à Bruxelles un système national d'identification électronique. 

Et seulement 14% des fournisseurs de services publics essentiels dans l'UE permettent une authentification transfrontalière, a déploré Mme Vestager.

L'exécutif européen souhaite assurer un accès universel à ces solutions, garantir qu'elles soient utilisables très largement. Ce "portefeuille" d'identité numérique européenne devra notamment être accepté par les grandes plateformes comme moyen d'identification des utilisateurs, si ces derniers le souhaitent.

Le "portefeuille" pourra être associé à divers documents officiels, selon le souhait de chacun. Il "a pour objectif de nous faciliter la vie. C'est une sorte de coffre-fort numérique, on met dedans ce qui est important et lié à notre identité", a expliqué Thierry Breton. Par conséquent, il y a une "dimension de confiance essentielle", a-t-il reconnu.

"La cybersécurité est au coeur de ce projet", a assuré le commissaire, promettant "une sécurité bien plus élevée que tout ce qui se trouve sur le marché".

Contrôle des données

Il a également souligné que l'ambition était de "redonner le contrôle de leurs données" aux citoyens, estimant qu'il "était temps d'offrir une alternative" aux grandes plateformes numériques, dans une allusion aux géants Apple, Google ou Facebook. 

"L'identification sur les plateformes est devenue un passage obligé pour accéder à certains services, les plateformes en profitent pour récolter nos données et les monétiser, contre notre gré", a mis en garde Thierry Breton.

Le "portefeuille numérique" européen mettra l'utilisateur en capacité de déterminer quels éléments de son identité, quelles données ou certificats seront partagés avec des tiers, afin de limiter l'accès à ses informations personnelles au strict nécessaire.

Pour réussir la mise en place du nouveau système, qui s'appuiera sur des solutions nationales rendues interopérables, la Commission prévoit une modification de réglementation qui devra être approuvée par les Vingt-Sept et le Parlement européen. 

Elle invite aussi les Etats membres à "créer une boîte à outils commune d'ici à septembre 2022 et à commencer immédiatement les travaux préparatoires nécessaires".

"Cette boîte à outils devrait comprendre l'architecture technique, les normes et des lignes directrices s'appuyant sur les meilleures pratiques", a expliqué l'exécutif européen.

Bruxelles entend travailler avec les Vingt-Sept et le secteur privé sur les aspects techniques.

La transition numérique fait partie des grandes priorités de la Commission européenne. Elle s'est notamment fixé pour objectif d'ici à 2030 que tous les services publics de l'UE soient disponibles en ligne et que tous les citoyens aient accès à un dossier médical électronique. A cette date, elle espère que 80% d'entre eux utiliseront une solution d'identité électronique.

 


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com