L'horreur des camps pour Ouïghours en Chine racontée à Londres

Les neuf membres du "Tribunal ouïghour", ainsi nommé malgré l'absence de toute autorité judiciaire et dénoncé par Pékin comme une "machine à mensonges", recueillent des témoignages de première main sur les crimes dénoncés à l'encontre des Ouïghours dans la région chinoise du Xinjiang. (Photo, AFP)
Les neuf membres du "Tribunal ouïghour", ainsi nommé malgré l'absence de toute autorité judiciaire et dénoncé par Pékin comme une "machine à mensonges", recueillent des témoignages de première main sur les crimes dénoncés à l'encontre des Ouïghours dans la région chinoise du Xinjiang. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 05 juin 2021

L'horreur des camps pour Ouïghours en Chine racontée à Londres

  • Un « Tribunal ouïghour » composé d'avocats et experts des droits humains enquête, d’une manière indépendante, sur le traitement infligé à la minorité musulmane chinoise
  • L'organisation entend dire dans un rapport si elle estime que Pékin s'est rendu coupable de génocide et espère ainsi attirer l'attention internationale et entraîner de possibles actions

LONDRES : "Je ne souhaite à personne de souffrir comme ça." Un groupe d'avocats et experts des droits humains qui enquêtent sur le traitement infligé à la minorité musulmane ouïghoure a commencé vendredi à Londres à entendre des témoignages racontant tortures, stérilisations et viols.

Les neuf membres du "Tribunal ouïghour", ainsi nommé malgré l'absence de toute autorité judiciaire et dénoncé par Pékin comme une "machine à mensonges", recueillent des témoignages de première main sur les crimes dénoncés à l'encontre des Ouïghours dans la région chinoise du Xinjiang, qui fait l'objet de tensions entre la majorité musulmane (principalement Ouïghoure) et la minorité Han (Chinois de souche).

 

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"Je ne souhaite à personne de souffrir comme ça." Qelbinur Sidik une professeure membre de l'ethnie ouzbèke de la capitale du Xinjiang, Urumqi, a expliqué que les femmes, "étaient non seulement torturées, mais subissaient aussi des viols, parfois collectifs". Les stérilisations étaient courantes, a-t-elle raconté, évoquant le cas d'une prisonnière qui en est morte.(Photo, AFP)

 

L'organisation entend à l'issue de ses auditions dire dans un rapport en décembre si elle estime que Pékin s'est rendu coupable de génocide et de crime contre l'Humanité contre les Ouïghours et d'autres minorités musulmanes en Chine. Elle espère ainsi attirer l'attention internationale et entraîner de possibles actions.

Qelbinur Sidik une professeure membre de l'ethnie ouzbèke de la capitale du Xinjiang, Urumqi, a expliqué que les dirigeants du Parti communiste l'avaient forcée à enseigner le chinois dans deux sinistres camps de "rééducation" pour les Ouïghours.

Enchaînés, ses soi-disant élèves devaient y subir des heures d'enseignements, a-t-elle témoigné.

"La police, les gardiens du camps ne voyaient pas les prisonniers hommes comme des être humains", a-t-elle expliqué, "ils prenaient plaisir à voir leurs humiliations et leur souffrance".

Quant aux femmes, "elles étaient non seulement torturées, mais subissaient aussi des viols, parfois collectifs", a-t-elle poursuivi. Les stérilisations étaient courantes, a-t-elle raconté, évoquant le cas d'une prisonnière qui en est morte.

 

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Omir Bekali, un Kazakh d'origine ouïghoure, a raconté les condtions dans les camps: "Les quatre premiers jours et nuits, j'ai été torturé sans arrêt", "pendu au plafond" et battu sur le corps et la plante des pieds, a-t-il expliqué. Son père a été tué, son frère, estampillé "terroriste" tout comme sa sœur, est resté handicapé après les séances de tortures, dit-il. (Photo, AFP)

Qelbinur Sidik a elle-même été stérilisée de force, a-t-elle raconté, avant d'obtenir un visa pour rendre visite à sa fille aux Pays-Bas, qui lui a permis de fuir la Chine.

"Les choses auxquelles j'ai assisté, que j'ai subies, je ne peux pas les oublier ne serait-ce qu'un jour", a-t-elle expliqué. "Je ne souhaite à personne de souffrir comme ça".

Omir Bekali, un Kazakh d'origine ouïghoure, a quant à lui raconté avoir été arrêté alors qu'il était venu rendre visite à sa famille dans le Xinjiang.

"Les quatre premiers jours et nuits, j'ai été torturé sans arrêt", "pendu au plafond" et battu sur le corps et la plante des pieds, a-t-il expliqué. Son père a été tué, son frère, estampillé "terroriste" tout comme sa sœur, est resté handicapé après les séances de tortures, dit-il.

Selon des experts étrangers, plus d'un million de Ouïghours, principal groupe ethnique du Xinjiang, sont détenus dans des camps de rééducation et certains sont soumis à du "travail forcé".

Pékin conteste et affirme qu'il s'agit de centres de formation professionnelle destinés à les éloigner du terrorisme et du séparatisme, après de nombreux attentats meurtriers commis contre des civils par des Ouïghours.

Le "Tribunal ouïghour" n'est affilié à aucun gouvernement et la Chine a refusé toute participation. Pékin a en revanche pris des sanctions contre l'organisation et son président Geoffrey Nice, qui a dans le passé mené les poursuites devant la justice internationale contre l'ancien dirigeant serbe Slobodan Milosevic pour crime contre l'Humanité.

"Les allégations portées contre la Chine sont graves" et comportent de nombreuses violations de la déclaration des droits humains de l'ONU, a déclaré Geoffrey Nice vendredi à l'ouverture de la première de deux sessions d'auditions de quatre jours.

Mis sur pied à la demande du Congrès mondial ouïghour, le plus important organisme représentant les exilés ouïghours, qui presse la communauté internationale à agir contre la Chine, le "Tribunal ouïghour" a promis qu'il serait "impartial" et gouverné par les "preuves".

"Ce pseudo-tribunal n'a rien à voir avec la loi. C'est détourner le nom de +tribunal+ pour s'engager dans des politiques anti-chinoises et de la manipulation de l'opinion publique", a dénoncé jeudi le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Wang Wenbin.

"C'est du blasphème contre la loi", a-t-il ajouté, accusant ce "soi-disant tribunal de fédérer "un groupe dont l'opposition à la Chine est la profession et le gagne-pain".

 

 


Donald Trump appelle Iran et Israël à «trouver un accord»

Donald Trump a appelé Israël et l'Iran à "trouver un accord" dimanche, même s'ils vont peut-être devoir se battre auparavant. (AFP)
Donald Trump a appelé Israël et l'Iran à "trouver un accord" dimanche, même s'ils vont peut-être devoir se battre auparavant. (AFP)
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  • Israël a multiplié dimanche ses frappes meurtrières à travers l'Iran, visant la capitale, la ville de Machhad à l'extrémité nord-est du pays ainsi que des installations militaires dans l'ouest, auxquelles Téhéran a riposté par de nouveaux tirs de missiles
  • En fin de journée, avant son départ pour le G7 au Canada, Donald Trump a renouvelé son appel aux deux pays: "Je pense qu'il est temps de conclure un accord et nous verrons ce qui se passera"

WASHINGTON: Donald Trump a appelé Israël et l'Iran à "trouver un accord" dimanche, même s'ils vont peut-être devoir se battre auparavant, a-t-il déclaré au moment où des échanges intenses de tirs entre les deux pays se poursuivent pour la quatrième nuit consécutive.

"L'Iran et Israël devraient trouver un accord, et ils vont trouver un accord", a écrit le président américain sur son réseau Truth Social dimanche matin, ajoutant que "de nombreux appels et rencontres ont lieu en ce moment".

En fin de journée, avant son départ pour le G7 au Canada, Donald Trump a renouvelé son appel aux deux pays: "Je pense qu'il est temps de conclure un accord et nous verrons ce qui se passera. Parfois, ils doivent se battre, mais nous verrons ce qui se passera. Je pense qu'il y a de bonnes chances qu'il y ait un accord", a-t-il déclaré sur le seuil de la Maison Blanche avant d'embarquer dans son hélicoptère Marine One.

Israël a multiplié dimanche ses frappes meurtrières à travers l'Iran, visant la capitale, la ville de Machhad à l'extrémité nord-est du pays ainsi que des installations militaires dans l'ouest, auxquelles Téhéran a riposté par de nouveaux tirs de missiles.

Au troisième jour de l'offensive aérienne israélienne, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a menacé de faire payer à l'Iran "un prix très lourd" après la mort de civils provoquée par les salves de missiles balistiques iraniens tirées en représailles sur Israël, qui ont touché des zones habitées.

L'Iran a de son côté promis dimanche une "réponse dévastatrice" aux attaques israéliennes et affirmé qu'Israël ne serait bientôt "plus habitable".


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.