Commémorations de Tiananmen : à Hong Kong, silence, on ne manifeste plus

Le Parc Victoria était vide du monde qui, d’ordinaire, commémorait la répression sanglante, le 4 juin 1989, de l'armée chinoise contre les étudiants à Pékin...
Le Parc Victoria était vide du monde qui, d’ordinaire, commémorait la répression sanglante, le 4 juin 1989, de l'armée chinoise contre les étudiants à Pékin...
... L'année dernière déjà, le poids de la censure policière se faisait sentir...
... L'année dernière déjà, le poids de la censure policière se faisait sentir...
...en 2000, les Hongkongais étaient toujours épargnés par la mainmise de Pékin, 3 ans après la rétrocession de cette ex-colonie britannique...
...en 2000, les Hongkongais étaient toujours épargnés par la mainmise de Pékin, 3 ans après la rétrocession de cette ex-colonie britannique...
... alors qu'en 1990, un an après le massacre, les Hongkongais avaient investi en masse le Parc Victoria pour dénoncer le massacre commis l'année précédente..
... alors qu'en 1990, un an après le massacre, les Hongkongais avaient investi en masse le Parc Victoria pour dénoncer le massacre commis l'année précédente..
...vendredi 4 juin 2021, seuls quelques policiers surveillent le parc vidés des manifestants. (Photos, AFP)
...vendredi 4 juin 2021, seuls quelques policiers surveillent le parc vidés des manifestants. (Photos, AFP)
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Publié le Samedi 05 juin 2021

Commémorations de Tiananmen : à Hong Kong, silence, on ne manifeste plus

  • Le Parc Victoria était vide du monde qui, d’ordinaire, commémorait la répression sanglante, le 4 juin 1989, de l'armée chinoise contre les étudiants à Pékin
  • Après le tour de vis chinois à l'encontre de toute forme d'opposition dans l'ancienne colonie britannique, la veillée aux chandelles a été interdite cette année

HONG KONG : Un parc de Hong Kong, qui accueille traditionnellement des rassemblements lors des anniversaires de la répression de la place Tiananmen, est resté vide vendredi pour la première fois en 32 ans, les accès en ayant été bloqués par la police, tandis que des signes de commémoration étaient visibles malgré tout dans la ville.

Les policiers ont placé des barrières autour du Parc Victoria, situé au coeur de l'île de Hong Kong, et mis en garde contre tout rassemblement, empêchant la veillée aux chandelles qui y était habituellement organisée à 20h00 (12H00 GMT) pour commémorer la répression sanglante, le 4 juin 1989, de l'armée chinoise contre le mouvement social et étudiant à Pékin.

Toute commémoration de cet événement est interdite en Chine, et la région semi-autonome de Hong Kong était le seul endroit de Chine où elle était tolérée. Mais avec le tour de vis de Pékin à l'encontre de toute forme d'opposition dans l'ancienne colonie britannique, la veillée aux chandelles a été cette année interdite.

Trois cordons de policiers autour du parc en interdisaient l'accès, stoppaient et fouillaient toute personne approchant le parc, tandis que des hauts-parleurs appelaient la foule présente dans les rues adjacentes à se disperser.

Face à l'impossibilité de se rassembler, certains habitants de Hong Kong ont trouvé d'autres moyens de commémorer cet anniversaire.

A 20h00, dans plusieurs quartiers de la ville, certains habitants ont allumé de petites lumières dans les rues ou aux fenêtres, soit de vraies bougies, soit les torches de téléphones portables, ont pu constater les journalistes de l'AFP.

D'autres ont assisté à des services religieux dans différentes églises, qui avaient annoncé ouvrir leurs portes pour l'occasion.

"Je ne suis pas catholique et normalement je ne viens pas à l'église, mais je voulais être là pour cette occasion, je pense que c'est important de commémorer cet événement", a expliqué à l'AFP une jeune femme qui s'est simplement présentée comme Beth.

Quelque 7000 policiers ont été mobilisés pour empêcher toute manifestation pro-démocratie lors de cet anniversaire, et les autorités ont prévenu qu'elles adopteraient une approche de tolérance zéro.

A l'aube vendredi, la police hongkongaise a arrêté Chow Hang-tung, l'une des vice-présidentes de l'Alliance Hong Kong, à l'origine de l'organisation de cette veillée.

Quatre policiers ont procédé à son arrestation devant son bureau en centre-ville. Cette avocate de 37 ans était jusqu'alors l'une des rares figures du mouvement pro-démocratie à ne pas être en détention ou à ne pas avoir choisi l'exil.

La police a confirmé avoir arrêté Mme Chow et un homme âgé d'une vingtaine d'années pour avoir annoncé un rassemblement illégal via les réseaux sociaux.

"Le régime veut nous apprendre que la résistance est inutile, mais nous allons les contre-éduquer", a écrit plus tard Mme Chow, dans une déclaration commune avec d'autres militants, Raphael Wong et Tsui Hon-kwong.

Les autorités ont invoqué comme l'an passé les restrictions liées à la pandémie de coronavirus pour interdire la veillée. Pourtant, la ville n'a enregistré aucun cas de contamination locale d'origine non identifiée en plus d'un mois.

Après cette interdiction, l'Alliance Hong Kong avait annoncé qu'elle n'organiserait pas la veillée.

Mme Chow avait en revanche indiqué à la presse qu'elle prévoyait de se rendre à titre personnel au Parc Victoria, où se recueillaient pacifiquement jusqu'à l'an passé une foule d'habitants.

En un an, le climat politique s'est considérablement dégradé dans l'ex-colonie britannique avec la répression implacable du mouvement pro-démocratie qui avait mobilisé massivement dans les rues en 2019 la population contre les ingérences de Pékin.

L'instrument de cette reprise en main est une loi draconienne sur la sécurité nationale à la formulation très floue, qui a pour effet d'empêcher presque toute forme de dissidence.

L'an dernier, la police avait déjà interdit la veillée, mais avait observé sans intervenir le milliers de personnes qui s'était rassemblé malgré l'interdiction dans le Parc Victoria. Certains organisateurs ont depuis écopé de peines d'emprisonnement.

Plus d'une centaine de membres du mouvement pro-démocratie ont, à ce jour, été arrêtées en vertu de la loi sur la sécurité nationale, passible de la prison à vie.

La plupart se sont vu refuser toute libération sous caution et se trouvent actuellement derrière les barreaux.

A Pékin, le dispositif de sécurité était renforcé vendredi sur la place Tiananmen, la police contrôlant les identités à chaque point d'accès, a constaté un journaliste de l'AFP.

En Chine continentale, cette répression, qui fit des centaines voire plus d'un millier de morts, demeure un tabou.

Vendredi, le secrétaire d'État américain Antony Blinken a demandé à Pékin de fournir un bilan humain de ces événements.

Quelques heures plus tard, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin, a appelé Washington à "regarder en face ses propres méfaits en matière de droits de l'Homme".


L'ambassade suisse, qui représente les intérêts américains, rouvre en Iran

Le drapeau suisse flotte sur l'ambassade suisse, avec en arrière-plan la coupole du bâtiment du Reichstag, qui abrite la chambre basse du Parlement, le 23 novembre 2012 à Berlin. (AFP)
Le drapeau suisse flotte sur l'ambassade suisse, avec en arrière-plan la coupole du bâtiment du Reichstag, qui abrite la chambre basse du Parlement, le 23 novembre 2012 à Berlin. (AFP)
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  • Depuis dimanche, l'ambassade de Suisse « est à nouveau ouverte, après avoir été temporairement fermée le 20 juin en raison de l'instabilité de la situation dans le pays », indique un communiqué du ministère suisse des Affaires étrangères.
  • « Avec la réouverture de son ambassade à Téhéran, la Suisse peut à nouveau représenter directement sur place les intérêts américains en Iran, en sa qualité de puissance protectrice », ajoute le ministère. 

GENEVE : L'ambassade suisse à Téhéran pourra de nouveau représenter directement les intérêts américains en Iran, a annoncé la Suisse, qui a appelé les parties à « reprendre le chemin de la diplomatie ».

Depuis dimanche, l'ambassade de Suisse « est à nouveau ouverte, après avoir été temporairement fermée le 20 juin en raison de l'instabilité de la situation dans le pays », indique un communiqué du ministère suisse des Affaires étrangères.

L'ambassadrice Nadine Olivieri Lozano est revenue samedi dans la capitale iranienne par voie terrestre, en passant par l'Azerbaïdjan, accompagnée d'une petite équipe.

« Avec la réouverture de son ambassade à Téhéran, la Suisse peut à nouveau représenter directement sur place les intérêts américains en Iran, en sa qualité de puissance protectrice », ajoute le ministère. 

En l'absence de relations diplomatiques ou consulaires entre les États-Unis et l'Iran, la Suisse représente officiellement les intérêts américains dans ce pays depuis 1980, par l'intermédiaire de son ambassade à Téhéran.

« Il est essentiel que toutes les parties reprennent sans délai le chemin de la diplomatie. À cet effet, la Suisse met à disposition ses bons offices et Genève peut accueillir des négociations », souligne le ministère suisse des Affaires étrangères.

Téhéran et Washington ont déjà mené cinq cycles de négociations sur le programme nucléaire iranien depuis le 12 avril. Un sixième cycle, initialement prévu le 15 juin sous la médiation du sultanat d'Oman, a été annulé après le déclenchement d'une guerre provoquée par une attaque israélienne contre l'Iran, deux jours plus tôt. 

Israël a affirmé vouloir empêcher l'Iran d'acquérir l'arme nucléaire et a mené des frappes contre des sites nucléaires iraniens, tuant plusieurs hauts gradés de l'armée ainsi que des scientifiques du programme. Dans la nuit du 21 au 22 juin, le président américain Donald Trump a ordonné des frappes aériennes visant trois installations nucléaires situées dans le centre de l'Iran.

Téhéran, qui nie vouloir se doter de l'arme atomique, a mené des frappes de représailles contre Israël avant l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu, le 24 juin.


Le Dalaï Lama célèbre son 90e anniversaire en prononçant une prière pour la paix

Le chef spirituel tibétain, le Dalaï Lama, assiste à une cérémonie de prière pour une longue vie au temple Tsuglakhang à Mcleodganj, Dharamshala, le 5 juillet 2025. (Photo de Niharika KULKARNI / AFP)
Le chef spirituel tibétain, le Dalaï Lama, assiste à une cérémonie de prière pour une longue vie au temple Tsuglakhang à Mcleodganj, Dharamshala, le 5 juillet 2025. (Photo de Niharika KULKARNI / AFP)
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  • Le Dalaï Lama a fêté dimanche ses 90 ans « en simple moine bouddhiste » avec une prière en faveur de la paix, au terme d'une semaine de célébrations.
  • Les psalmodies des moines bouddhistes ont résonné depuis le monastère de McLeod Ganj, dans le nord de l'Inde, où le Dalaï Lama passe l'essentiel de son temps depuis qu'il a fui la répression chinoise à Lhassa, au Tibet, en 1959. 

MC LEOD GANJ, INDE : Le Dalaï Lama a fêté dimanche ses 90 ans « en simple moine bouddhiste » avec une prière en faveur de la paix, au terme d'une semaine de célébrations dans les contreforts de l'Himalaya indien, où il vit en exil.

« Je ne suis qu'un simple moine bouddhiste. D'habitude, je ne participe pas aux célébrations d'anniversaire », a-t-il déclaré dans un message, alors qu'il avait fait part la veille de son rêve de vivre « encore 30 ou 40 ans ».

Drapé dans sa robe bordeaux et son écharpe jaune, le chef spirituel des Tibétains a adressé un sourire espiègle à des milliers de fidèles avant le début des prières.

Les psalmodies des moines bouddhistes ont résonné depuis le monastère de McLeod Ganj, dans le nord de l'Inde, où le Dalaï Lama passe l'essentiel de son temps depuis qu'il a fui la répression chinoise à Lhassa, au Tibet, en 1959. 

Au fil des célébrations qui se sont étalées sur toute la semaine, Tenzin Gyatso (son nom d'état civil) n'a pas pu éviter d'aborder le sujet épineux de l'après, alors que la Chine entend bien choisir un successeur à sa place.

Extrêmement attendu sur la question, il a affirmé mercredi que l'institution serait « perpétuée », déclenchant aussitôt une réaction ferme de Pékin, qui a affirmé que tout nom devait être « approuvé par le gouvernement central ».

De son côté, l'actuel Dalaï Lama a assuré que celui qui prendrait sa suite serait « forcément né dans le monde libre ».

Il a également affirmé que la responsabilité de désigner un successeur « reposerait exclusivement sur les membres du Ganden Phodrang Trust, le bureau de Sa Sainteté le Dalaï Lama ». « Personne d'autre n'a l'autorité requise pour se mêler de cette question. »

« Le voir fêter ses 90 ans aujourd'hui me comble de bonheur, mais m'emplit aussi d'une profonde tristesse », a confié Dorje Dolma, 27 ans, qui a fui le Tibet pour l'Inde. « Sa Sainteté a toujours été comme une figure paternelle pour moi. Sa bonne santé me réjouit, mais parfois, son âge m'inquiète. » 

« Symbole durable d'amour » 

Né le 6 juillet 1935, il est devenu, dès l'âge de deux ans, le 14^e chef spirituel et politique des Tibétains, identifié par la tradition bouddhiste comme la réincarnation de son prédécesseur.

Considéré comme un dangereux séparatiste par Pékin, il a reçu le prix Nobel de la paix en 1989 et incarne désormais dans le monde entier le combat pour la liberté du Tibet.

Ce vaste territoire himalayen, d'une taille comparable à celle de l'Afrique du Sud, a été envahi en 1950 par les troupes chinoises, qui en ont fait une province de la République populaire de Chine. Tenzin Gyatso n'y a jamais remis les pieds depuis son exil en Inde.

Le chef spirituel a reçu dimanche les vœux du Premier ministre du pays qui l'accueille.

« Je me joins aux 1,4 milliard d'Indiens pour adresser nos vœux les plus chaleureux à Sa Sainteté le dalaï-lama pour ses 90 ans », a déclaré dans un communiqué Narendra Modi. 

« Il est un symbole durable d'amour, de compassion, de patience et de discipline morale », a-t-il ajouté, lui souhaitant une « bonne santé et une longue vie ».

Dans un communiqué, le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a assuré que Washington était « engagé dans la promotion du respect des droits humains et des libertés fondamentales des Tibétains ».

D'autres personnalités, comme les anciens présidents des États-Unis Barack Obama, Bill Clinton et George W. Bush, ou l'acteur Richard Gere, qui soutient sa cause depuis longtemps, ont salué l'œuvre du dalaï-lama.

L'anniversaire de ce dernier marque la fin d'une semaine entière de célébrations en l'honneur de l'un des dirigeants religieux les plus populaires au monde, apprécié pour son humour et ses enseignements.

« Bien qu'il soit important de travailler au développement matériel, il est vital de se concentrer sur la paix de l'esprit en cultivant un bon cœur et en faisant preuve de compassion, pas seulement envers ses proches, mais envers tout le monde », a-t-il fait valoir dimanche.

« Ainsi, vous contribuerez à rendre le monde meilleur. »

La fête s'est terminée par la traditionnelle dégustation du gâteau, dont Tenzin Gyatso a mangé une part sous les chants : « Joyeux anniversaire ».


Les migrants, un sujet épineux au menu du sommet franco-britannique

 Depuis le début de l'année, plus de 21 000 migrants ont traversé la Manche. (Photo AFP))
Depuis le début de l'année, plus de 21 000 migrants ont traversé la Manche. (Photo AFP))
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  • La France est accusée de ne pas en faire assez, malgré les fonds qu'elle reçoit de Londres pour financer une partie des actions visant à sécuriser la frontière.
  • Sur les six premiers mois de 2025, le nombre de migrants ayant traversé la Manche a augmenté de 48 % par rapport à la même période l'année précédente.

LONDRES : Depuis le début de l'année, plus de 21 000 migrants ont traversé la Manche, un record qui accentue la pression sur le Premier ministre britannique, Keir Starmer, à la veille du sommet franco-britannique au cours duquel des mesures visant à enrayer ces arrivées devraient être annoncées.

La page des tensions post-Brexit est tournée et les relations entre Paris et Londres se sont considérablement réchauffées. Mais un sujet reste sensible : les migrants qui arrivent en Angleterre à bord de petites embarcations depuis le nord de la France.

Les images de canots surchargés quittant les plages françaises sont régulièrement diffusées dans les médias.

La France est accusée de ne pas en faire assez, malgré les fonds qu'elle reçoit de Londres pour financer une partie des actions visant à sécuriser la frontière.

Le travailliste Keir Starmer, arrivé au pouvoir il y a un an, a promis de « reprendre le contrôle des frontières ». Le chef du gouvernement est sous la pression du parti d'extrême droite Reform UK de Nigel Farage, qui progresse dans les sondages.

« Les chiffres ne vont pas dans la bonne direction », souligne Peter Walsh, de l'Observatoire de la migration de l'université d'Oxford. 

Sur les six premiers mois de 2025, le nombre de migrants ayant traversé la Manche a augmenté de 48 % par rapport à la même période l'année précédente. Le record de 2022, avec 45 774 arrivées de migrants, pourrait bien être battu. 

Éviter les noyades 

Une loi sur le contrôle des frontières est actuellement en cours d'examen au Parlement britannique. Elle doit notamment donner davantage de pouvoir aux forces de l'ordre pour lutter contre les réseaux de passeurs.

Keir Starmer a besoin de la France, et cette question devrait être abordée lors du sommet franco-britannique de jeudi.

En février, les deux pays ont prolongé d'un an, jusqu'en 2027, le traité de Sandhurst, le cadre légal régissant les questions migratoires.

Sous la pression de Londres, Paris envisage de modifier la « doctrine » d'intervention des policiers et des gendarmes en mer afin de pouvoir intercepter les taxis-boats jusqu'à 300 mètres des côtes. Ces derniers embarquent en effet des migrants directement en mer pour éviter les contrôles sur les plages.

Selon le droit international de la mer, une fois qu'une embarcation est à l'eau, les autorités ne peuvent plus que procéder à des opérations de sauvetage. Elles n'interviennent pas pour intercepter les migrants afin d'éviter les noyades. 

La BBC a toutefois montré, vendredi, des forces de l'ordre françaises intervenant dans l'eau, non loin de la plage, et crevant un canot pneumatique chargé de migrants.

Downing Street a estimé qu'il s'agissait d'un « moment important » et s'est félicité de ces « nouvelles tactiques ».

Paris et Londres travaillent également sur un programme d'échange de migrants. Il s'agit d'un projet « pilote », selon plusieurs sources, une expérimentation qui reposerait sur le « principe un pour un ».

Le Royaume-Uni prendrait certains migrants, des « populations fragiles » selon une source française, et en échange, renverrait en France des personnes arrivées en bateau. Paris souhaiterait élargir cet accord à l'Union européenne afin que les réadmissions soient partagées entre plusieurs pays. 

L'effet Brexit 

Pourquoi le Royaume-Uni attire-t-il autant de migrants ?

Plusieurs responsables français, dont l'actuel garde des Sceaux et ancien ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, ont affirmé que les possibilités d'y travailler illégalement rendaient le pays particulièrement attractif.

Le gouvernement travailliste met l'accent sur la lutte contre le travail clandestin. Il affirme que les arrestations ont augmenté de 51 % de juillet 2024 à fin mai par rapport à l'année précédente.

Le chercheur Peter Walsh est toutefois sceptique quant à l'idée qu'il serait plus facile de travailler au noir au Royaume-Uni qu'en France. « Dans les deux pays, il faut prouver son droit à travailler », souligne-t-il.

« Les employeurs peu scrupuleux qui ne font pas ces vérifications risquent de sérieuses sanctions, comme en France. »

Selon lui, c'est surtout la langue et le regroupement familial qui attirent les migrants au Royaume-Uni. Il évoque également le Brexit : « Si un pays de l'UE vous a refusé l'asile, vous pouvez tenter votre chance au Royaume-Uni, qui ne sera pas informé de ce refus. »

Rishan Tsegay, une Erythréenne de 26 ans, est arrivée en Angleterre en 2015, cachée dans un camion. L'an dernier, elle est devenue citoyenne britannique et travaille comme infirmière.

Elle appelle Keir Starmer et Emmanuel Macron à offrir davantage de visas aux migrants fuyant des pays en guerre. « Ces gens viennent ici pour être en sécurité », raconte-t-elle à l'AFP. « On ne dit jamais que les réfugiés contribuent à la société, alors que certains jouent un rôle important. »

Selon le Home Office, les migrants ayant traversé la Manche entre mars 2024 et mars 2025 étaient principalement Afghans, Syriens, Érythréens, Iraniens et Soudanais.