Si Daech est vaincu, ses «femmes» continuent de poser problème

Le camp d'Al-Jadaa à la périphérie d'al-Qayyarah, au sud de Mossoul, le 11 février 2021. Le retour de dizaines de familles irakiennes soupçonnées de liens avec le groupe État islamique de Syrie à Mossoul a suscité des craintes parmi les habitants d'une région qui a vécu les horreurs du régime de l'EI. (Zaid AL-Obeidi / AFP)
Le camp d'Al-Jadaa à la périphérie d'al-Qayyarah, au sud de Mossoul, le 11 février 2021. Le retour de dizaines de familles irakiennes soupçonnées de liens avec le groupe État islamique de Syrie à Mossoul a suscité des craintes parmi les habitants d'une région qui a vécu les horreurs du régime de l'EI. (Zaid AL-Obeidi / AFP)
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Publié le Dimanche 06 juin 2021

Si Daech est vaincu, ses «femmes» continuent de poser problème

Si Daech est vaincu, ses «femmes» continuent de poser problème
  • Des milliers de femmes et d'enfants, venus de plus de 50 pays, ont été abandonnés dans des camps en Syrie et en Irak
  • Ces femmes ont choisi de rejoindre Daech et de se plier à ses exigences, y compris celle de porter des enfants

Le « califat » de Daech en Irak et en Syrie n'est plus. La grande majorité des terroristes sont soit tués, soit capturés, et la menace qu'ils posaient est en grande partie supprimée. Cependant, un nouveau défi se pose : comment la communauté internationale devrait-elle gérer la question des femmes et des enfants que les terroristes ont laissés derrière eux ?

Ces femmes sont-elles innocentes ou coupables ? Devraient-elles subir le sort de leurs maris détenus ou devraient-elles être pardonnées ? Par-dessus tout, dans quelle mesure sera-t-il facile pour ces femmes de se faire accueillir et réintégrer dans leur communauté ?

Dans un documentaire projeté en mai, lors du Festival du film de Human Rights Watch à New York, on a fait la connaissance d'une femme de 26 ans, née aux États-Unis mais d'origine yéménite. Elle avait choisi de rejoindre l'un des groupes terroristes les plus sanglants que le monde ait connus.

En 2014, Hoda Muthana fréquentait un collège à Hoover, en Alabama. Elle a décidé de prendre la fuite pour affronter les ennemis qui cherchaient à détruire le pays où elle était née et tuer des gens avec qui elle avait grandi. À peine arrivée en Syrie, Muthana est entrée en action sur Twitter sous le nom de @UmmJihad. Elle a brûlé avec joie son passeport américain et exhorté d'autres djihadistes à faire couler le sang des Américains et à mener des attaques terroristes contre des innocents.

« L'Amérique mérite tout ce qui lui arrive ; par Allah, nous allons semer la terreur dans vos rangs ! Jusqu'à ce que vous vous soumettiez à la charia ». Voilà un extrait des engagements de Muthana sur les médias sociaux à l'époque où elle vivait dans l'État islamique promis, où elle était mariée à trois combattants de Daëch, qui ont tous péri.

Le chemin à parcourir est encore long, mais il ne faut jamais oublier que ces femmes n'étaient pas de simples « épouses », elles étaient simplement des terroristes.

 

Dalia Al-Aqidi

Depuis 2019, Muthana et sa famille cherchent à assurer son retour aux États-Unis en compagnie de son fils de deux ans, Adam ; toutefois, elle est interdite d'entrée dans le pays. Selon l'ancien secrétaire d'État Mike Pompeo, bien que née aux États-Unis, Muthana ne possède aucun droit à la citoyenneté américaine parce que son père est un diplomate étranger.

Pourtant, en Occident, même les terroristes comptent sur des avocats qui les défendent, blanchissent leur trahison et leurs crimes, et les dépeignent comme des victimes innocentes soumises à un lavage de cerveau sous couvert des Droits de l'homme - ou, qui jette la faute sur la " mentalité raciste " de l'ancien président Donald Trump, comme le fait Hassan Shibly, l'avocat de Muthana.

En janvier, Me Shibly a démissionné de son poste de directeur exécutif de la division de Floride du Conseil des relations américano-islamiques (CAIR), sur fond de présomptions de violence domestique et d'exploitation sexuelle de femmes. Il entretient des liens étroits avec des politiciens islamistes américains, comme la représentante du Minnesota, Ilhan Omar. Il a donc choisi d'attaquer l'administration Trump pour faire revenir sa cliente dans le pays.

Le cas de Hoda Muthana n'est cependant pas un cas isolé ; des milliers de femmes et d'enfants, venus de plus de 50 pays, ont été abandonnés dans des camps en Syrie et en Irak. Ces femmes ne sont pas des épouses innocentes qui ont été enlevées de chez elles et contraintes à l'esclavage sexuel.  Bien au contraire, elles ont choisi de rejoindre cette organisation terroriste et de se plier à ses exigences, y compris celle de porter des enfants. Elles doivent assumer les conséquences de leurs choix et répondre de leurs actes. Ce sont des terroristes qui doivent être traitées en conséquence.

Dans la mesure où les crimes commis par ces femmes et l'ampleur de leur radicalisation sont difficiles à recenser avec précision, les pays disposant de systèmes judiciaires fiables devraient les autoriser à rentrer chez elles où elles seraient jugées. Derrière les barreaux, elles pourraient bénéficier de programmes de thérapie et de réhabilitation pour limiter le danger de les voir ramener leurs idéologies radicales et les propager au sein de leurs communautés. Dans le même temps, il convient de former une commission internationale composée de membres de la coalition mondiale afin de garantir qu'aucune femme terroriste ne puisse s'échapper et se cacher dans des pays qui adoptent des règles moins rigoureuses en matière de terrorisme.

Le chemin à parcourir est encore long, mais il ne faut jamais oublier que ces femmes n'étaient pas de simples « épouses », elles étaient simplement des terroristes.

Dalia al-Aqidi est Senior Fellow au Center for Security Policy. Twitter: @DaliaAlAqidi

NDLR: les opinions exprimées par les rédacteurs dans cette section sont les leurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d'Arab News

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com