Felix Salten, le père viennois de Bambi resté dans l'ombre

Diverses traductions du conte emblématique "Bambi: l'histoire d'une vie dans les bois" de Felix Salten sont exposées à la bibliothèque de l'hôtel de ville de Vienne le 23 mars 2021. JOE KLAMAR / AFP
Diverses traductions du conte emblématique "Bambi: l'histoire d'une vie dans les bois" de Felix Salten sont exposées à la bibliothèque de l'hôtel de ville de Vienne le 23 mars 2021. JOE KLAMAR / AFP
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Publié le Vendredi 11 juin 2021

Felix Salten, le père viennois de Bambi resté dans l'ombre

  • Le monde entier connaît «Bambi», grand classique de Walt Disney, mais qui a retenu le nom de Felix Salten?
  • Le créateur du mythique faon était pourtant un prolifique homme de lettres de l'âge d'or viennois, qui dut fuir les nazis

VIENNE: Le monde entier connaît "Bambi", grand classique de Walt Disney, mais qui a retenu le nom de Felix Salten? Le créateur du mythique faon était pourtant un prolifique homme de lettres de l'âge d'or viennois, qui dut fuir les nazis.

Mis à l'honneur par le Musée de Vienne (MUSA), cet auteur juif avait cédé dans les années 1930 les droits de son roman animalier pour 1.000 dollars à un producteur américain, qui les vendra ensuite au fameux studio d'animation.

Ecrit en 1922, "Bambi, l'histoire d'une vie dans les bois", présenté sur une jaquette sans image de cerf, n'a d'abord pas attiré les foules. 

"Felix Salten a changé d'éditeur et à ce moment-là, le livre est devenu un franc succès, avant d'être rendu encore plus célèbre, bien sûr, par l'adaptation cinématographique en 1942", explique à l'AFP Ursula Storch, commissaire de l'exposition.

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"Felix Salten a changé d'éditeur et à ce moment-là, le livre est devenu un franc succès, avant d'être rendu encore plus célèbre, bien sûr, par l'adaptation cinématographique en 1942", explique Ursula Storch, commissaire de l'exposition. JOE KLAMAR / AFP

Entretemps, Bambi est interdit comme l'ensemble de l'oeuvre de l'écrivain du fait de ses origines, en Allemagne d'abord, puis dans une Autriche annexée par Adolf Hitler en 1938.

«Peur»

Depuis, l'histoire poignante du jeune animal confronté au deuil de sa mère tuée par des chasseurs, a donné lieu à de multiples interprétations.

Felix Salten, chasseur lui-même, livre un récit sur la nature et la noirceur de l'être humain, note Mme Storch, tout en rappelant qu'il ne s'est jamais livré à une exégèse de son texte.

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Un homme passe devant une affiche de Felix Salten (L) alors qu'il entre dans l'exposition "Au-delà de Bambi - Felix Salten et la découverte du modernisme viennois" au Wien Museum de Vienne le 23 mars. JOE KLAMAR / AFP

C'est un conte "profondément inscrit dans son temps, bien plus qu'une simple histoire pour enfants autour de la perte de la maman", commente le philosophe Maxime Rovère, auteur de la préface de la nouvelle édition française.

Derrière "l'impression de peur, la fuite perpétuelle des animaux", "impossible de ne pas faire le lien avec l'expérience personnelle" de l'auteur, qui assiste à la montée de l'antisémitisme.

«Caméléon»

Toutefois son oeuvre ne saurait se résumer à Bambi: l'exposition montre l'étendue des travaux de ce représentant du modernisme viennois.

Né en mars 1869 à Budapest dans le puissant empire austro-hongrois, Felix Salten rejoint la capitale Vienne avec sa famille l'année suivante.

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La première édition anglaise du livre "BAMBI" de Felix Salten est visible à la bibliothèque de l'hôtel de ville de Vienne le 23 mars 2021. JOE KLAMAR / AFP

Il commence à travailler comme journaliste à l'aube de ses 20 ans, un métier "resté son gagne-pain pendant plus de 50 ans", raconte Marcel Atze, responsable de la collection de manuscrits de la Bibliothèque de Vienne.

"Touche-à-tout", "caméléon de la langue", il rédigera en outre une cinquantaine d'ouvrages: on lui doit des livrets d'opéra, des poésies, des critiques d'art, des scripts de films et même un roman pornographique, "Josefine Mutzenbacher".

Il fréquentait "la crème de la crème", comme par exemple le psychanalyste Sigmund Freud ou le musicien Richard Strauss, raconte la commissaire.

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Une photo de Felix Salten, auteur du conte emblématique "Bambi"  avec diverses traductions de son livre à la bibliothèque de l'hôtel de ville de Vienne le 23 mars 2021. JOE KLAMAR / AFP

Mais l'Anschluss fit soudain basculer cette vie mondaine. 

Dans une lettre, Felix Salten confie son "mépris des Viennois et des Autrichiens en général", qui accueillent Hitler dans la liesse.

Son journal intime témoigne de son angoisse qui grandit au fil des jours. "Ses notes vont droit au coeur. Quand vous les lisez, vous pouvez vraiment imaginer ce qui s'est passé", relate M. Atze, qui a passé avec ses collègues plusieurs semaines à les déchiffrer.

«Témoin précieux»

"Il est incroyablement précieux en tant que témoin, car il existe très peu de documents comme celui-ci", poursuit-il. 

L'homme de lettres prépare fébrilement son départ vers la Suisse, qu'il rejoindra en mars 1939 avec son épouse en emportant des milliers d'ouvrages de sa bibliothèque.

Il sera deux ans plus tard privé de sa nationalité par les nazis, un jour marqué "en rouge et non en noir ou bleu comme d'habitude" dans son carnet, note M. Atze, et "tremblera" jusqu'à son dernier souffle en 1945.

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Une traduction japonaise du conte emblématique "Bambi" de Felix Salten est exposée à la bibliothèque de l'hôtel de ville de Vienne le 23 mars 2021.
JOE KLAMAR / AFP

Sa petite-fille suisse, Lea Wyler, ne l'a pas connu mais par les récits de famille, elle décrit "un homme brisé", affecté par le décès de son fils des suites d'un accident de voiture et la perte de "Vienne, sa maison, ses amis".

"De cet homme si doué, si plein d'humour et de malice", elle regrette que la postérité ne retienne "que Bambi". Quand il n'est pas éclipsé par sa création.

"Tout le monde pense que Disney l'a inventé. Le crédit ne lui revient même pas et pendant ce temps, ils amassent des millions", s'insurge Mme Wyler, saluant "un sentiment de rédemption" dans la reconnaissance accordée par la ville de Vienne.


‘The Jinn Daughter’ : Un début inimitable et envoûtant de Rania Hanna

« The Jinn Daughter » est un début inimitable par l’écrivain syrienne américaine Rania Hanna. (Fournie)
« The Jinn Daughter » est un début inimitable par l’écrivain syrienne américaine Rania Hanna. (Fournie)
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  • "The Jinn Daughter" est un premier ouvrage obsédant et inimitable de l'écrivaine syrienne Rania Hanna, qui mêle le fantastique à la mythologie et au folklore du Moyen-Orient dans une histoire centrée sur la lutte d'une mère pour sauver sa fille
  • Grâce à sa force physique, à la magie qu'elle possède et à sa vivacité d'esprit, Nadine doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour assurer la sécurité de sa fille.

CHICAGO : Prévu pour être publié en avril 2024, "The Jinn Daughter" est un premier ouvrage obsédant et inimitable de l'écrivaine syrienne Rania Hanna, qui mêle le fantastique à la mythologie et au folklore du Moyen-Orient dans une histoire centrée sur la lutte d'une mère pour sauver sa fille.

Nadine est une Hakawati Jinn, une personne qui recueille les graines des âmes mortes et documente leurs vies avant qu'elles ne s'éteignent. Un matin, elle se retrouve au milieu d'un désastre lorsque les graines des morts cessent de tomber. Les âmes ne pouvant plus passer, elles resteront sur Terre et se transformeront en goules.

Mais lorsque la Mort lui fait une proposition, la tâche de Nadine devient plus claire et plus dangereuse. Elle doit déjouer la mort et utiliser sa magie pour sauver sa fille Layala et le monde tel qu'elle le connaît.

Nadine et Layala vivent en marge de la ville et de la société. Les djinns ne sont pas les bienvenus parmi les humains. La plupart ont été emprisonnés ou tués pendant la guerre des djinns, mais Nadine est la djinn Hakawati de la ville et doit donc rester. Mais sa vie n'a jamais été facile, d'autant plus que sa fille unique est mi-jinn, mi-humaine.

Son mari ne vit plus avec eux et sa fille Layala, âgée de 14 ans, pose des questions incessantes sur la vie de Nadine, sur ses devoirs et sur la question de savoir si Layala est destinée à suivre les traces de sa mère. La gestion des morts humaines, une fille adolescente et des habitants en colère pèsent déjà sur Nadine, mais lorsque Kamuna, la gardienne du monde souterrain, lui rend visite et demande à Layala de prendre sa place, Nadine sait que ses ennuis ne font que commencer.

Grâce à sa force physique, à la magie qu'elle possède et à sa vivacité d'esprit, Nadine doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour assurer la sécurité de sa fille. Et alors que Layala a toujours écouté sa mère, lorsque les choses commencent à changer, Layala remet en question ce qu'on lui a dit et les vérités commencent à se dévoiler.

Entre la vie et la mort, les relations intimes, le deuil, la perte, l'espoir et l'amour, le roman de Hanna se développe de manière inquiétante dès la première phrase. La vie de ses personnages est semée d'embûches alors qu'ils sont les vices régents de mondes opposés et qu'ils tentent de vivre un semblant de vie dont ils ont hérité. Et lorsqu'une mère est poussée au bord du monde pour sa fille, le cœur de l'histoire est l'amour et le sacrifice.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


A Paris, plongée extraordinaire dans l'univers de Brancusi, père de la sculpture moderne

Les visiteurs regardent la sculpture "Leda" de l'artiste roumain Constantin Brancusi lors de l'avant-première presse de la rétrospective organisée au Centre Pompidou (également connu sous le nom de Beaubourg) à Paris le 26 mars 2024. (AFP)
Les visiteurs regardent la sculpture "Leda" de l'artiste roumain Constantin Brancusi lors de l'avant-première presse de la rétrospective organisée au Centre Pompidou (également connu sous le nom de Beaubourg) à Paris le 26 mars 2024. (AFP)
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  • Lieu de création et de vie de Brancusi, arrivé à Paris en 1904 à l'âge de 28 ans, en pleine effervescence culturelle, il était situé près du quartier de Montparnasse
  • Reconstitué à la mort de l'artiste, l'atelier était abrité dans un pavillon installé sur le parvis du musée d'art moderne

PARIS: Des dizaines de statues en bronze, bois et pierre, stylisées à l'extrême, ont investi le centre Pompidou à Paris où une rétrospective exceptionnelle retrace à partir de mercredi l'oeuvre de Constantin Brancusi (1876-1957), considéré comme le père de la sculpture moderne.

Plus de 120 sculptures mais aussi des centaines de dessins, carnets, peintures de ce démiurge venu de Roumanie sont rassemblés sur 2.000 m2 au sein de la grande galerie du musée d'art moderne auquel le sculpteur a légué, à sa mort, son atelier et toutes les oeuvres qu'il contenait ainsi que ses archives.

C'est la première fois qu'une rétrospective de cette ampleur est organisée en France en raison notamment de la fragilité des sculptures provenant des plus importantes collections internationales (Tate Modern, MoMA, Guggenheim, Philadelphia Museum of Art, musée national d’art de Roumanie...) exceptionnellement réunies, selon Ariane Coulondre, commissaire de l'exposition avec Julie Jones et Valérie Loth.

L'atelier

Au coeur de l'exposition à la scénographie toute en courbes et lumière, l'établi du sculpteur et ses outils, son mobilier, une petite forge et des oeuvres d'art dont la "Colonne sans fin", un socle en bois dont le motif est répété verticalement par empilement, reconstituent partiellement cet atelier.

Lieu de création et de vie de Brancusi, arrivé à Paris en 1904 à l'âge de 28 ans, en pleine effervescence culturelle, il était situé près du quartier de Montparnasse et a vu défiler les plus grands artistes des avant-gardes du tournant du XXème siècle comme des collectionneurs du monde entier.

Entouré de Modigliani, Léger, Duchamp ou Sati, Constantin Brancusi, "fan de musiques du monde - il possédait plus de 200 disques - y organisait soirées et happenings, filmant ses amies danseuses, postées, telles des statues vivantes, sur des socles en pierre ou en bois", raconte Mme Coulondre.

Reconstitué à la mort de l'artiste, l'atelier était abrité dans un pavillon installé sur le parvis du musée d'art moderne. Il a été déplacé à la faveur des grands travaux de rénovation et de désamiantage du centre Pompidou qui doivent débuter après la fermeture des collections à l'été 2025, pour cinq ans.

Le parcours thématique est organisé autour des séries de référence de l’artiste et met en lumière les grands enjeux de la sculpture moderne: l’ambiguïté de la forme (Princesse X), le portrait (Danaïde, Mlle Pogany), le rapport à l’espace (Maiastra, L’Oiseau dans l’espace), le rôle du socle (Nouveau-né, Le Commencement du monde), les jeux de mouvement et de reflet (Léda), la représentation de l’animal (Le Coq, Le Poisson, Le Phoque) et le rapport au monumental.

Simplification

Il débute par la célèbre "Muse endormie", une tête de femme stylisée dorée, du bronze longuement poli, qui se transforme en surface brillante comme un miroir.

"C'est la quintessence de l'art de Brancusi, la simplification de la forme, des détails à peine estompés et la beauté du matériau qui reflète tout l'espace alentour", commente la spécialiste.

Le visiteur entre ensuite dans une grande pièce ovale qui résume "le parcours de sa vie, les sources de son travail et tout le contexte de sa création", dit la spécialiste.

Des oeuvres de Rodin, Derain, Gauguin et des pièces antiques sont mises en vis-à-vis de ses sculptures. Brancusi "invente un vocabulaire radicalement différent", avec par exemple "Le Baiser" taillé dans un bloc de pierre brute où deux individus fusionnent, "très loin des pleins et des creux de la sculpture classique", souligne la commissaire.

Parmi les pépites, une série de portraits d'enfant, du bronze le plus classique à l'ovale le plus abstrait entre 1906 et 1915-1916.

"Tout est quasiment posé dès le départ, toutes les formes qui lui serviront tout au long de sa vie", ajoute Mme Coulondre.

Après la Seconde Guerre mondiale, Brancusi s'arrêtera de sculpter, "recombinant sans cesse ses oeuvres au coeur de son atelier, oeuvre d'art en soi, environnement total", ajoute-t-elle.


Yara Shahidi en vedette dans la campagne Cartier étoilée

Yara Shahidi, Jisoo, Paul Mescal, Labrinth et Jackson Wang sont les vedettes d'une campagne de Cartier. (Cartier)
Yara Shahidi, Jisoo, Paul Mescal, Labrinth et Jackson Wang sont les vedettes d'une campagne de Cartier. (Cartier)
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  • La star de "Grown-ish" Shahidi, dont le père est iranien, joue dans le nouveau film et la nouvelle campagne d'image qui célèbrent les 100 ans de la collection de bijoux Trinity.
  • Les NAACP Image Awards sont une cérémonie annuelle de remise de prix organisée par la National Association for the Advancement of Colored People (association nationale pour l'avancement des personnes de couleur), basée aux États-Unis.

DUBAI : L'actrice Yara Shahidi, en partie originaire du Moyen-Orient, la star de K-Pop Jisoo, le candidat irlandais aux Oscars Paul Mescal, le chanteur britannique Labrinth et le rappeur hongkongais Jackson Wang sont tous les protagonistes d'une campagne de Cartier publiée mardi.

La star de "Grown-ish" Shahidi, dont le père est iranien, joue dans le nouveau film et la nouvelle campagne d'image qui célèbrent les 100 ans de la collection de bijoux Trinity.

Louis François Cartier a commencé comme apprenti dans la joaillerie et a travaillé de longues heures avant de fonder l'entreprise en 1847. "Il est si facile d'imaginer que Cartier a toujours été une grande entreprise, mais ce n'était pas le cas - c'était une start-up. C'était une start-up, créée par quelqu'un d'incroyablement pauvre et sans argent. Il y a eu une révolution la première année après sa création, et il pensait que l'entreprise allait disparaître", a déclaré Cartier Brickell.

Alors que le fils de Louis-François, Alfred, a développé l'entreprise, ses petits-enfants, Louis, Pierre et Jacques, ont porté le nom de Cartier plus loin et ont tissé des liens avec la royauté en Europe, au Moyen-Orient et en Inde.

Pour sa part, Shahidi a également joué dans une campagne pour la marque française Jean-Paul Gaultier en septembre 2023 et la jeune femme de 24 ans a été nominée pour un NAACP Image Award au début de l'année.

Les NAACP Image Awards sont une cérémonie annuelle de remise de prix organisée par la National Association for the Advancement of Colored People (association nationale pour l'avancement des personnes de couleur), basée aux États-Unis. Ces prix récompensent les performances exceptionnelles dans les domaines du cinéma, de la télévision, du théâtre, de la musique et de la littérature.

Mme Shahidi a été nommée dans la catégorie "actrice exceptionnelle dans une série animée" pour son rôle dans "Sitting in Bars with Cake", une comédie romantique dramatique réalisée par Trish Sie et écrite par Audrey Shulman.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com