Pour la droite, des régionales plus compliquées que prévu

Christian Jacob, président du groupe du parti de droite Les Républicains (LR), prononce un discours, au siège du parti à Paris, le 9 juin 2021 lors d'un comité stratégique en amont des élections présidentielles de 2022. (Geoffroy van der Hasselt / AFP)
Christian Jacob, président du groupe du parti de droite Les Républicains (LR), prononce un discours, au siège du parti à Paris, le 9 juin 2021 lors d'un comité stratégique en amont des élections présidentielles de 2022. (Geoffroy van der Hasselt / AFP)
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Publié le Samedi 12 juin 2021

Pour la droite, des régionales plus compliquées que prévu

Christian Jacob, président du groupe du parti de droite Les Républicains (LR), prononce un discours, au siège du parti à Paris, le 9 juin 2021 lors d'un comité stratégique en amont des élections présidentielles de 2022. (Geoffroy van der Hasselt / AFP)
  • Confortée par les municipales de 2020, qui lui ont apporté une ville sur deux, la droite abordait ces régionales comme une nouvelle occasion de démontrer son implantation sur les territoires
  • "Nous allons tout faire" pour que le RN ne l'emporte nulle part, a assuré fin mai le président du Sénat Gérard Larcher, tout en reconnaissant "un combat difficile"

PARIS : Malgré une bonne implantation locale, les élections régionales pourraient s'avérer plus compliquées que prévu pour la droite, prise en étau entre la macronie et le RN, après plusieurs polémiques qui ont brouillé son message.

Officiellement, "l'objectif est de garder les régions", explique le président de LR Christian Jacob. La droite et le centre en détiennent aujourd'hui sept, dont l'Ile-de-France, les Hauts de France et Paca.

L'affaire semblait relativement simple il y a quelques mois encore. Confortée par les municipales de 2020, qui lui ont apporté une ville sur deux, la droite abordait ces régionales comme une nouvelle occasion de démontrer son implantation sur les territoires, à l'inverse d'un parti présidentiel jugé loin du terrain.

Valérie Pécresse en Ile-de-France, Xavier Bertrand dans les Hauts-de-France et Laurent Wauquiez en Auvergne-Rhône-Alpes ont toujours été favoris des sondages.

Mais les turbulences se sont multipliées ces derniers mois pour la droite, notamment autour de la question des alliances, alimentant les doutes sur son positionnement, voire son utilité pour certains.

En Paca, l'hypothèse d'un soutien de LREM au candidat LR Renaud Muselier a créé un psychodrame, qui a entraîné le départ de deux figures du parti.

Ce qui a eu des répercussions au-delà du seul Sud : "Après l'affaire Muselier, ce que disent les candidats en campagne, c'est +on a perdu deux trois points+" soupire un cadre de LR.

"Un combat difficile"

Dans le même temps, des interrogations sont apparues sur une droitisation de LR, alimentées par des déclarations fracassantes du numéro 2 Guillaume Peltier, en faveur notamment du rétablissement des "cours de sûreté", condamnées unanimement chez LR.

Profitant de ces dissensions, le RN - qui ne dirige aucune région - a progressé un peu partout. En tête au premier tour en Bourgogne-France-Comté, il est donné gagnant selon les configurations en Paca.

Dans les Hauts-de-France, l'avance est réduite pour Xavier Bertrand devant le RN Sébastien Chenu, tout comme en Normandie où l'allié centriste Hervé Morin, quoique favori, est talonné par le RN Nicolas Bay.

Dans le Grand Est, un sondage mercredi a placé Jean Jacobelli (RN) vainqueur devant Jean Rottner (LR) en cas de quadrangulaire. Et dans les Pays de la Loire, la sortante LR Christelle Morançais est menacée au second tour par les écologistes.

"Nous allons tout faire" pour que le RN ne l'emporte nulle part, a assuré fin mai le président du Sénat Gérard Larcher, tout en reconnaissant "un combat difficile".

Face à ces turbulences, Christian Jacob a entrepris la semaine dernière un tour de France pour soutenir les candidats, flanqué sur certaines étapes de François Baroin : auprès de Jean Rottner le 10 juin, de Gilles Platret (Bourgogne-Franche-Comté) le 11...

Au-delà du score du premier tour, Les Républicains risquent d'avoir à prendre des décisions douloureuses sur les alliances au second. Que faire, face à la menace RN, pour respecter la ligne d'un barrage à l'extrême droite, sans prêter le flanc aux critiques raillant une dissolution de LR dans LREM?

"Notre ligne a toujours été claire : pas d'alliance", martèle Christian Jacob. Mais LR réunira un Conseil stratégique dès le lundi 21 pour examiner les résultats.

Pour la droite, l'enjeu des ces régionales va au-delà du seul scrutin, car trois présidents de région sortants (Xavier Bertrand, Valérie Pécresse et Laurent Wauquiez) affichent plus ou moins ouvertement leurs ambitions présidentielles.

Tous trois sont bien placés dans les sondages pré-régionales. D'autres, tels que Michel Barnier ou Bruno Retailleau, comptent aussi jouer un rôle. Et dans l'optique de 2022, Xavier Bertrand est certes le mieux placé, mais il peine à décoller.

Pour trouver un candidat, Les Républicains ont choisi d'innover en sondant un panel de 15.000 sympathisants. "Soit on a un candidat qui écrase le match, soit on sera sur un processus de sélection qu'on va préparer en amont", a affirmé mercredi Christian  Jacob.


La cour d'assises de Paris se dit bien compétente pour juger un ex-rebelle salafiste syrien

La cour d'assises de Paris a rejeté mercredi la demande des avocats d'un ancien rebelle syrien qui voulaient qu'elle se déclare incompétente pour le juger pour complicité de crimes de guerre. (AFP)
La cour d'assises de Paris a rejeté mercredi la demande des avocats d'un ancien rebelle syrien qui voulaient qu'elle se déclare incompétente pour le juger pour complicité de crimes de guerre. (AFP)
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  • Mes Romain Ruiz et Raphaël Kempf arguaient notamment que la chute du régime de Bachar al-Assad, survenue en décembre 2024, changeait la donne, et appelaient à ce que leur client soit jugé par la justice de transition en Syrie
  • La cour d'assises a rejeté cette demande, se disant "régulièrement saisie" et "compétente pour connaître des faits reprochés à Majdi Nema", permettant ainsi au procès de se poursuivre

PARIS: La cour d'assises de Paris a rejeté mercredi la demande des avocats d'un ancien rebelle syrien qui voulaient qu'elle se déclare incompétente pour le juger pour complicité de crimes de guerre.

La défense de Majdi Nema, un ancien membre du groupe salafiste syrien Jaysh al-Islam (JAI, Armée de l'islam) arrêté en France en 2020, a contesté mardi, au premier jour du procès, le principe de compétence universelle permettant à la justice française de juger un étranger pour des crimes commis à l'étranger sur des étrangers.

Mes Romain Ruiz et Raphaël Kempf arguaient notamment que la chute du régime de Bachar al-Assad, survenue en décembre 2024, changeait la donne, et appelaient à ce que leur client soit jugé par la justice de transition en Syrie.

La cour d'assises a rejeté cette demande, se disant "régulièrement saisie" et "compétente pour connaître des faits reprochés à Majdi Nema", permettant ainsi au procès de se poursuivre.

Cet homme de 36 ans comparaît pour complicité de crimes de guerre, soupçonné notamment d'avoir aidé à enrôler et à former à l'action armée des mineurs, et pour entente en vue de la préparation de crimes de guerre, des faits pour lesquels il encourt 20 ans de réclusion criminelle.

Il conteste les accusations, affirmant n'avoir eu qu'un "rôle limité" dans JAI, un groupe prônant la charia et qui combattait le régime syrien, qu'il dit avoir quitté en 2016.

Alors qu'une plainte avait été déposée en France contre JAI en 2019, il avait été arrêté en janvier 2020 à Marseille, où il se trouvait pour un séjour d'études de quelques mois. Il avait été mis en examen et écroué par un juge du pôle crimes contre l'humanité du tribunal de Paris.


Proportionnelle: Bayrou consulte mais les avis divergent

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  • Le Premier ministre recevra chacun des chefs de partis et des présidents de groupes parlementaires représentés à l'Assemblée nationale, suivant un ordre lié à leur importance numérique
  • François Bayrou défend un scrutin à la proportionnelle intégrale, dans tous les départements, pour les élections législatives, alors que depuis l'instauration de la Ve République, les députés sont élus au scrutin uninominal majoritaire à deux tours

PARIS: François Bayrou entame mercredi avec le Rassemblement national une série de consultations des forces politiques sur la proportionnelle, que lui-même réclame depuis longtemps mais sur laquelle les désaccords restent nombreux.

Le Premier ministre recevra chacun des chefs de partis et des présidents de groupes parlementaires représentés à l'Assemblée nationale, suivant un ordre lié à leur importance numérique.

La cheffe de file des députés RN Marine Le Pen, qui forment le groupe le plus important à l'Assemblée, et le président du parti à la flamme Jordan Bardella seront ainsi reçus en premier à 10H00.

Suivra un entretien jeudi 1er mai à 17H00 avec le président du groupe macroniste et du parti Renaissance Gabriel Attal. Il sera accompagné par le député Pierre Cazeneuve, qui a mené une analyse comparative des différents modes de scrutin.

François Bayrou défend un scrutin à la proportionnelle intégrale, dans tous les départements, pour les élections législatives, alors que depuis l'instauration de la Ve République - à l'exception des législatives de 1986 -, les députés sont élus au scrutin uninominal majoritaire à deux tours.

Le RN réclame lui aussi la proportionnelle, mais avec une prime majoritaire pour la liste arrivée en tête. "La tripolarisation de la vie politique entraîne une absence de majorité", a soutenu mardi Mme Le Pen, qui "n'imagine pas que le Premier ministre (...) puisse reculer sur ce sujet".

"Moins pire" 

En discutant de cette revendication commune avec le RN, François Bayrou espère sans doute faire baisser la tension avec l'extrême droite, qui fait planer la menace d'une motion de censure contre son gouvernement.

Le RN dénonce l'absence de perspectives législatives sur la proportionnelle, sur l'immigration ainsi que sur la feuille de route énergétique (programmation pluriannuelle de l'énergie, PPE). François Bayrou l'a à cet égard ménagé lundi en reportant la date de publication d'un décret sur la PPE.

Mais le Premier ministre n'est pas assuré d'avoir cette fois le soutien des macronistes, traversés par moult "interrogations", selon Pierre Cazeneuve.

En 2018, le président Emmanuel Macron avait souhaité l'instauration d'un système mixte avec 15% des députés élus à la proportionnelle, puis la réforme avait été abandonnée.

Or les députés Renaissance considèrent désormais que le mode de scrutin actuel est "le moins pire", car la "distorsion" entre le nombre de voix et le nombre de députés "n'existe plus" dans l'Assemblée actuelle, et ce changement n'est "pas forcément une priorité" pour les Français au vu du nouveau contexte international, a expliqué M. Cazeneuve lors d'un point presse.

Cumul des mandats 

Gabriel Attal et Pierre Cazeneuve entendent jeudi élargir le débat à la question de "l'efficacité de l'action publique", en reparlant de la réduction du nombre de parlementaires et de la "simplification du millefeuille administratif".

Mais ils jugent "délétère" de proposer la proportionnelle en échange du cumul des mandats, soutenu avec force par François Bayrou.

Le président du parti Horizons Edouard Philippe défend pour sa part le scrutin majoritaire, qui "impose un lien entre un député et les électeurs d'un territoire". Il pourrait soutenir la proportionnelle "si était rétablie la possibilité de cumuler un mandat exécutif local et le mandat parlementaire".

Les indépendants du groupe Liot sont "plutôt largement très défavorables" à réformer le mode de scrutin, selon son président Laurent Panifous.

A droite, Les Républicains (LR) y sont fermement opposés, comme l'a rappelé Laurent Wauquiez.

"La proportionnelle aboutira à ce qu'on va institutionnaliser le chaos politique qu'on connaît en ce moment", a tonné le patron de la droite dimanche, avant de critiquer mardi la "hiérarchie des priorités" du gouvernement dans un pays "qui est ruiné" et "où il y a une telle explosion de l'insécurité et de l'immigration", au vu des "menaces" sur le plan international.

Le gouvernement souhaite pouvoir légiférer à ce sujet "avant la fin de la session parlementaire si le débat est mûr", a précisé mercredi sa porte-parole LR Sophie Primas.

D'autres partis, notamment à gauche, souhaitent une évolution du mode de scrutin.

Mais le PS est divisé. L'ancien président François Hollande est pour, tandis que son Premier secrétaire Olivier Faure est contre à titre personnel.

Le député PS Emmanuel Grégoire a rappelé mardi que "derrière ce mot un peu vague de proportionnelle, se cache une subtilité immense, immense, de déclinaisons pratiques".


Assemblée: la gauche s'insurge contre le refus d'une minute de silence pour la victime de la mosquée du Gard

La députée de La France Insoumise - Nouveau Front Populaire et présidente de la commission parlementaire des affaires économiques, Aurélie Trouve, s'exprime lors d'une déclaration du gouvernement et d'un débat parlementaire sur la souveraineté énergétique de la France à l'Assemblée nationale française, à Paris, le 28 avril 2025. (AFP)
La députée de La France Insoumise - Nouveau Front Populaire et présidente de la commission parlementaire des affaires économiques, Aurélie Trouve, s'exprime lors d'une déclaration du gouvernement et d'un débat parlementaire sur la souveraineté énergétique de la France à l'Assemblée nationale française, à Paris, le 28 avril 2025. (AFP)
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  • La gauche s'est insurgée mardi contre l'absence de minute de silence à l'Assemblée nationale en hommage à Aboubakar Cissé, tué de plusieurs dizaines de coups de couteau vendredi dans une mosquée du Gard
  • Le parti de gauche a annoncé avoir essuyé un refus de Mme Braun-Pivet au motif qu'il "n'y a pas de minute de silence pour des cas individuels", a rapporté Aurélie Trouvé, députée LFI

PARIS: La gauche s'est insurgée mardi contre l'absence de minute de silence à l'Assemblée nationale en hommage à Aboubakar Cissé, tué de plusieurs dizaines de coups de couteau vendredi dans une mosquée du Gard.

La France insoumise, qui appelle à une "mobilisation nationale contre l'islamophobie" le dimanche 11 mai, a demandé à la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, qu'une minute de silence soit observée mardi en ouverture de la séance des questions au gouvernement.

Le parti de gauche a toutefois annoncé avoir essuyé un refus de Mme Braun-Pivet au motif qu'il "n'y a pas de minute de silence pour des cas individuels", a rapporté Aurélie Trouvé, députée LFI (Seine-Saint-Denis).

La question a été soulevée en conférence des présidents, mais n'a pas recueilli de majorité de voix selon une source parlementaire, qui souligne que cette instance a décidé fin janvier "de ne plus faire de minutes de silence pour des cas individuels".

"On n'est pas sur un cas individuel, on est sur un meurtre islamophobe, sur un climat islamophobe dans le pays, et ne pas rendre hommage à Aboubakar Cissé est une très grave faute politique", a déploré le député LFI Thomas Portes.

Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, s'est dit sur X "scandalisé par le refus de Yaël Braun-Pivet d'accorder une minute de silence en hommage à Aboubakar Cissé". "Cet hommage républicain doit être rendu dans l'hémicycle", a abondé sur le même réseau social le patron des députés PS Boris Vallaud.

Benjamin Lucas, porte-parole du groupe écologiste, a lui-aussi regretté l'absence de cette minute de silence qui "aurait été un bon signal" envers "nos compatriotes musulmans qui sont insultés, injuriés en permanence".

Une décision également "vivement regrettée" par Stéphane Peu, chef du groupe communiste à l'Assemblée nationale. Son groupe posera mardi après-midi une question au gouvernement sur le meurtre d'Aboubakar Cissé.

Réunis autour de membres de la famille d'Aboubakar Cissé, mardi à l'Assemblée nationale, plusieurs leaders de gauche dont Olivier Faure et l'écologiste Marine Tondelier, ont insisté pour que cette minute de silence puisse avoir lieu.