Droits TV pour le foot: Amazon à l'offensive, Canal+ en défense

L’obtention des droits TV est âprement disputée (Photo, AFP).
L’obtention des droits TV est âprement disputée (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Samedi 12 juin 2021

Droits TV pour le foot: Amazon à l'offensive, Canal+ en défense

  • La Ligue de football professionnel (LFP) a décidé vendredi d'attribuer à Amazon la diffusion de huit des dix matches de chaque journée du championnat, pour 250 millions d'euros par saison
  • En 2018, la Ligue avait préféré le groupe espagnol à Canal+, lors de l'appel d'offre pour 2020-2024. Mais incapable de payer, Mediapro a jeté l'éponge début 2021

PARIS: L'irruption du géant américain de la distribution Amazon dans la diffusion des droits TV de la Ligue 1 de football, la première d'un Gafa dans ce sport à une telle échelle, place le groupe français Canal+ sur la défensive, selon les analystes.

« C'est la première fois en France, mais aussi au niveau mondial qu'un Gafa (acronyme pour les géants des technologies Google, Apple, Facebook et Amazon) sera diffuseur principal d'un grand championnat national », souligne Philippe Bailly, du cabinet d'études spécialisé dans les médias, NPA Conseil, au lendemain d'un nouveau rebondissement dans le feuilleton des droits TV du foot français.

La Ligue de football professionnel (LFP) a décidé vendredi d'attribuer à Amazon la diffusion de huit des dix matches de chaque journée du championnat, pour 250 millions d'euros par saison, sur la période 2021-2024, après le fiasco Mediapro. 

En 2018, la Ligue avait préféré le groupe espagnol à Canal+, lors de l'appel d'offre pour 2020-2024. Mais incapable de payer, Mediapro a jeté l'éponge début 2021.

Le choix d'Amazon « est celui de la solidité financière », avec ses 420 milliards de dollars de chiffre d'affaires, selon un dirigeant de club. Il fallait une valeur sûre « après la débâcle de Mediapro ». D'autant que « les conditions de paiement sont favorables aux clubs » car « une grande partie » des droits télévisés leur seront versés « dès cet été ».

Et « cela permet de préparer l'appel d'offres de 2024, qui arrivera vite, d'ici un an ou un an et demi », ajoute cette source.

Guerilla judiciaire

« Une nouvelle ère » s'ouvre pour la L1, saluait vendredi la plateforme de streaming Amazon Prime Video, qui diffuse films, séries et de plus en plus d'événements sportifs. 

Canal+, diffuseur historique, allié à la chaîne de sport beIN, est détentrice de deux matches par journée de championnat. Mais, en colère, Canal a annoncé vendredi « se retirer » de la L1. Et va étudier les options légales ce week-end, ont assuré à l'AFP plusieurs sources proches du dossier. 

Car la chaîne cryptée réclamait la réattribution des droits TV de tous les matches, et pas seulement de ceux du lot Mediapro.

Mais « la marge n'est pas très large pour Canal+ », estime Christophe Lepetit, du Centre d'économie du droit et du sport de Limoges. La chaîne « a déjà attaqué la décision de la Ligue deux fois et a été déboutée deux fois », rappelle-t-il. 

La première en mars quand le tribunal de commerce de Paris a donné raison à la LFP, et vendredi quand l'Autorité de la concurrence a rejeté un recours de Canal+, qui accusait la LFP d' « abus de position dominante ».

« C'est Canal Plus qui a choisi l'épreuve de force permanente », estime un dirigeant de club. « Ces dix derniers mois, Canal a mené une guérilla judiciaire ininterrompue. Comment dans ce cas bâtir une relation de confiance sur le long terme ? ».

Golden Globe et vente de chaussures

Amazon Prime Video précisera « dans les prochaines semaines » son dispositif de diffusion des matches, et notamment le prix que les abonnés devront débourser.

La grille tarifaire sera scrutée avec d'autant plus d'attention, selon Philippe Bailly, que les « vrais acteurs audiovisuels » (comme Canal+) pourraient arguer d'une « distorsion de concurrence » par le géant de la distribution. 

Le service de fidélisation d'Amazon, Prime, offre des avantages à ses clients pour le commerce en ligne (dont Amazon est le géant). Amazon Prime Video propose des contenus, dont des programmes produits par sa filiale Amazon Studio. Le fondateur du groupe, Jeff Bezos, « avait expliqué que quand il gagnait un Golden Globes, il vendait plus de chaussures », rappelle Philippe Bailly. 

Pour Christophe Lepetit, avec l'achat de ces droits du foot, Amazon peut chercher à « développer son métier numéro un de plateforme d'e-commerce ».

Le géant du numérique investit le domaine du sport depuis quelques années, mais avec des accords encore largement centrés sur des évènements, comme récemment avec des matches de Roland-Garros ou quelques belles affiches de matches de foot, remarque Christophe Lepetit. Là « ils se lancent sur un exercice tout autre, en exploitant des droits dix mois sur douze ».

L'évènement « montre une fois de plus l'importance de la consolidation des diffuseurs historiques pour faire face à la concurrence exacerbée des plateformes internationales », a tweeté Nicolas de Tavernost, président du directoire de M6. 


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Short Url
  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
Short Url
  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Short Url
  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.