Karim Duval: «Je ne cherche pas à plaire à tout le monde»

L’humoriste Karim Duval (Photo fournie, Caroline BAZIN).
L’humoriste Karim Duval (Photo fournie, Caroline BAZIN).
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Publié le Mercredi 16 juin 2021

Karim Duval: «Je ne cherche pas à plaire à tout le monde»

  • L’humoriste au parcours atypique se produira le 17 juin à Sciences Po Paris dans le show du «bac philo des humoristes»
  • Karim Duval se fait le porte-voix de ces trentenaires pris dans le tourbillon d’une société en pleine mutation et en constante contradiction, et qui n’hésitent pas à changer de vie si la leur ne leur convient pas

NICE: C’est un soulagement! Comme de nombreux artistes, Karim Duval avait hâte de se produire à nouveau sur scène. La date de son tout prochain spectacle n’a pas été choisie au hasard. Ce sera le 17 juin prochain, jour des épreuves de philosophie du baccalauréat. Retransmis en direct sur la plate-forme Pasquinade, Karim Duval, auteur et animateur du spectacle, sera accompagné d’autres humoristes comme Haroun, Alex Ramirès, ou encore Florence Mendez. Les artistes devront s’inspirer des épreuves du bac dévoilées plus tôt dans la journée. Un show du nom de «bac philo des humoristes», qui se tiendra dans les locaux de la prestigieuse école de Sciences Po, à Paris.  L’humour, c’est aussi du sérieux. L’auteur du fameux sketch sur «le covidisme», Karim Duval le sait bien, lui qui a décidé d’en faire son métier. Arab News en Français a rencontré l’artiste franco-sino-marocain.

Karim Duval est l’un des humoristes les plus talentueux de sa génération. Son sketch sur le covidisme a connu un véritable succès avec 1 million de vues sur YouTube et 6 millions de vues sur Facebook, en seulement quelques semaines. 

Depuis, pandémie et restriction sanitaire obligent, Karim Duval a enchaîné les vidéos sur la Toile, toujours avec le même ton: de l’humour, fin, très subtil, et qui donne surtout à réfléchir.

«Le covidisme», un sketch drôle et percutant

«Je me lave les mains quarante à cinquante fois par jour, je dis bonjour avec le coude, j’ouvre les portes avec le coude, et les referme avec le pied.» Une célèbre réplique de la tirade de Karim Duval qui décrit le quotidien d’Étienne Samarithin. Une situation qui l’a éloigné de ses amis «mécréants» et «covidistes radicaux». Mais que l’on ne s’y méprenne pas, l’humoriste précise: «Attention, je ne suis pas intolérant. J’ai un ami qui éternue!»

Mais qu’est donc devenu Étienne Samarithin, 36 ans, «covidiste» modéré ? Vous souvenez-vous de cet homme qui a dédié sa vie tout entière au port du masque et à l’application stricte des gestes barrières? Karim Duval explique qu’«il est resté covidiste modéré, parce qu’Étienne Samarithin c’est monsieur Tout-le-monde, il ne sait pas quoi penser de la Covid, il ne sait pas comment se comporter, et le temps n’a rien arrangé… Il va à la fois jeter la pierre aux gens qui ne respectent pas les gestes barrières et, en même temps, organiser des dîners avec sa famille. Et avec le vaccin, il ne sait toujours pas comment se positionner, il se mélange les pinceaux entre AstraZeneca et Pfizer, les effets secondaires, bref il est perdu comme nous tous.»

L’humour 2.0

Si la pandémie a donc été une véritable plaie pour les artistes qui n’ont pu se produire sur scène face à leur public, elle a aussi permis aux humoristes comme Karim Duval de se réinventer sur la Toile, en mode 2.0. Il propose ses sketchs sur sa chaîne YouTube, mais pas seulement. Il est allé là où on n’attendrait pas un humoriste… sur un réseau social professionnel. «Mon petit succès je, le dois beaucoup à LinkedIn, je suis l'humoriste le moins sexy de la terre, et ben oui, pour oser aller faire des blagues sur LinkedIn c’est vraiment que tu n’as plus rien à perdre, donc j’y suis allé, et ça a fonctionné!», raconte-t-il.

Karim Duval sur scène (Photo, Caroline BAZIN).

De l’humour sociologique… de comptoir

L’humour de Karim Duval sort des sentiers battus et s’apparente à de la sociologie, mais attention, de la «sociologie de comptoir», comme il aime le souligner. Un humour qui peut être perçu comme élitiste, peu importe. L’humoriste ne «cherche pas à plaire à tout le monde».

Il s’adresse à une certaine tranche d’âge, plus précisément à la génération Y. À ceux qui sont nés entre les années 1980 et la fin des années 1990, les millennials. Dans son deuxième spectacle, Y, il décrypte cette génération «en perpétuelle quête de sens et de soi», selon lui.

Karim Duval a joué quelques extraits de Y en Angleterre et à Dubaï dans le cadre d’un plateau de stand-up, Arabs are not funny. «Le public a pu voir sur scène un Français qui parle en anglais et en dialecte marocain (en darija) avec une tête de chinois… Cela intrigue et donc forcément, à Dubaï, ça a bien marché, vu la dimension internationale de la ville. J’ai d’ailleurs moi-même été surpris de voir dans la salle toutes ces nationalités différentes, c’est vraiment top. Il y avait des Allemands à côté de Saoudiens, de Soudanais... On ne va pas se mentir, on ne voit pas ça en France (…). À Dubaï, j’ai senti que les privilèges sont plus répartis.»

 

 

Ce n’est pas un hasard si Karim Duval se fait le porte-voix de ces trentenaires pris dans le tourbillon d’une société en pleine mutation et en constante contradiction, et qui n’hésitent pas à changer de vie si la leur ne leur convient pas. Dans ses spectacles, il parle ainsi de Carlos, ancien PDG dans l’automobile, et qui se reconvertit dans la vente de sushis, ou encore de Ludivine, directrice cosmétique devenue plombière. Des personnages fictifs qui, comme Karim Duval, ont tout plaqué pour une autre vie, pour vivre de leur passion, l’humour.

Son enfance au Maroc, source d’inspiration

Né à Aix-en-Provence, de père franco-marocain et de mère chinoise, Karim grandit au Maroc, à Fez, où il est scolarisé dans un établissement français. Après avoir obtenu son baccalauréat, il s’envole pour Paris. Il y poursuit des études supérieures, des classes préparatoires aux grandes écoles, puis entre à l’École centrale de Paris, où il obtient son diplôme d’ingénieur. N’importe qui se serait contenté de ce statut privilégié, d’autant plus que Karim Duval a une place en or, à Sophia Antipolis, dans le sud de la France. Attiré par l’humour et l’écriture, Karim Duval suit des cours d’improvisation théâtrale. Dès son premier show en 2012, l’humoriste réussit à se faire remarquer. Il faut dire que son parcours, mais surtout ses origines atypiques, sont sources d’inspiration. «Un enfant d’origine chinoise, avec une maman chinoise qui grandit au Maroc à Fès dans les années 1980, ce n’est pas tous les jours qu’on en croise! J’étais probablement le seul enfant de 8 ans qui se faisait appeler Jackie Chan dans la rue au Maroc. C’était vraiment le3jeb («bizarre»), comme on dit en marocain. J’avais l'impression d’être un produit d’importation rare. Donc, forcément, quand on est dans cette posture, on est inspiré lorsqu’on en parle plus tard.»

Le Maroc l’inspire, mais davantage lorsqu’il s’agit d’en parler aux Marocains, confie Karim Duval. L’humoriste s’est d’ailleurs plusieurs fois produit à Casablanca, avec son spectacle Nos-Nos-Talgie, dans lequel il fait «une déclaration d’amour et d’humour au Maroc», nous explique-t-il. «C’est un show conçu pour le public marocain, mais qui est parvenu tout de même à avoir une résonance bien au-delà, notamment pour ceux qui ont une affinité avec ce pays.»

«Je n’ai pas connu la discrimination ou la galère»

Lorsqu’il se produit en France, l’artiste adapte toutefois ses sketchs à son public. «Ici, je suis un artiste à trois têtes, qui a dû démocratiser ses spectacles pour le public français. Même si je suis le produit de plusieurs cultures, je n’ai pas eu le même parcours que celui des personnes issues de l’immigration en France. Je n’ai pas connu la discrimination, la galère, ou la mise à l’écart que beaucoup moquent à travers l’humour. Quand tu arrives du Maroc et que tu es allé dans une école de “bourges” avec les Français, et puis que t’as fait prépa, ben non en fait, t’es pas du tout ma7gour [discriminé].»

Alors, si Karim Duval n’a certes pas eu les mêmes sources d’inspiration que des humoristes comme Jamel Debbouze ou Booder, il a en commun cette passion, ce désir d’apporter de la joie à l’autre, convaincu comme il le dit si bien que «l’humour peut nous sauver». Une affirmation peut-être à discuter dans l’un des sujets du «bac de philo des humoristes», à Sciences Po le 17 juin prochain.


Le Forum des Arts de la Calligraphie Arabe s’ouvre à Djeddah

Le deuxième Forum des Arts de la Calligraphie Arabe a débuté à Djeddah, avec la participation de calligraphes arabes et internationaux, ainsi que d’artistes visuels. (SPA)
Le deuxième Forum des Arts de la Calligraphie Arabe a débuté à Djeddah, avec la participation de calligraphes arabes et internationaux, ainsi que d’artistes visuels. (SPA)
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  • Le forum s’inscrit dans le cadre de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, dans le cadre d’une initiative nationale en faveur des arts visuels, un pilier de l’identité culturelle du Royaume

DJEDDAH : Le deuxième Forum des Arts de la Calligraphie Arabe a débuté à Djeddah, avec la participation de calligraphes arabes et internationaux, ainsi que d’artistes visuels.

L’événement, qui se tient jusqu’au 28 août, vise à mettre en lumière la beauté et la diversité de cet art ancien, tout en soutenant les artistes et en valorisant la culture de la calligraphie arabe.

Saud Khan, coordinateur du forum, a souligné qu’il s’agissait de l’un des événements les plus prestigieux de son genre, avec 138 œuvres exposées, réalisées par 105 calligraphes venus de 13 pays, dont un groupe d’élite de calligraphes saoudiens.

Un comité de maîtres calligraphes a supervisé un processus de sélection rigoureux afin de garantir la qualité des œuvres présentées.

Le programme comprend également des performances artistiques en direct et des ateliers spécialisés destinés à accompagner les jeunes talents.

Le forum s’aligne sur la Vision 2030 du Royaume, en tant qu’initiative nationale visant à promouvoir les arts visuels, essentiels à l’identité culturelle saoudienne.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Anglaise doyenne de l'humanité fête ses 116 ans

La supercentenaire et sa famille sont "reconnaissants pour tous les gentils messages et l'intérêt manifesté à son égard". (AFP)
La supercentenaire et sa famille sont "reconnaissants pour tous les gentils messages et l'intérêt manifesté à son égard". (AFP)
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  • Née le 21 août 1909 dans un village du Hampshire, dans le sud de l'Angleterre, Ethel Caterham est devenue la doyenne de l'humanité début mai après le décès de la nonne brésilienne Inah Canabarro Lucas à l'âge de 116 ans
  • "Ethel a une nouvelle fois choisi de ne pas accorder d'interviews, préférant passer la journée tranquillement avec sa famille pour qu'elle puisse en profiter à son rythme"

LONDRES: La doyenne du monde, la Britannique Ethel Caterham, fête jeudi ses 116 ans, a annoncé la maison de retraite dans laquelle elle vit.

Née le 21 août 1909 dans un village du Hampshire, dans le sud de l'Angleterre, Ethel Caterham est devenue la doyenne de l'humanité début mai après le décès de la nonne brésilienne Inah Canabarro Lucas à l'âge de 116 ans.

Elle vit dans une maison de retraite du Surrey, un comté au sud de Londres.

"Ethel a une nouvelle fois choisi de ne pas accorder d'interviews, préférant passer la journée tranquillement avec sa famille pour qu'elle puisse en profiter à son rythme", a indiqué un porte-parole de la maison de retraite.

La supercentenaire et sa famille sont "reconnaissants pour tous les gentils messages et l'intérêt manifesté à son égard", a précisé la même source.

Ethel Caterham est le dernier sujet vivant du roi Édouard VII, dont le règne s'est achevé en 1910. Elle est aussi la Britannique la plus âgée de tous les temps, selon la base de données Oldest in Britain.

L'année dernière, elle avait reçu une lettre du roi Charles III la félicitant d'avoir atteint cette "étape remarquable".

 


Immersion avec Laura Smet dans la série policière «Surface»

Laura Smet joue Noémie, sombre et teigneuse, à la moitié du visage ravagée. Pas besoin de forcer le trait : "la faille est apparente", soulignait l'actrice lors d'une conférence de presse en juin. (AFP)
Laura Smet joue Noémie, sombre et teigneuse, à la moitié du visage ravagée. Pas besoin de forcer le trait : "la faille est apparente", soulignait l'actrice lors d'une conférence de presse en juin. (AFP)
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  • Haletant et puissant, le polar dont sont tirés les six épisodes, est paru en 2019 (éd. Michel Lafon)
  • Gros succès de librairie, il a pour personnage central la policière parisienne Noémie Chastain, grièvement blessée au visage après un tir en pleine tête

PARIS: Faire remonter la mémoire d'un village et revenir une flic à la vie: le roman policier "Surface" d'Olivier Norek est décliné en série à partir de jeudi sur france.tv et de lundi sur France 2, avec une touche fantastique et Laura Smet dans le rôle titre.

Haletant et puissant, le polar dont sont tirés les six épisodes, est paru en 2019 (éd. Michel Lafon). Gros succès de librairie, il a pour personnage central la policière parisienne Noémie Chastain, grièvement blessée au visage après un tir en pleine tête.

Sa hiérarchie la met au placard en l'envoyant dans l'Aveyron dans un village sans histoires. Mais les eaux du lac au fond duquel a été noyé le vieux village imaginaire d'Avalone font remonter à la surface un fût contenant le squelette d'un enfant disparu vingt-cinq ans auparavant. La capitaine de police n'a d'autre choix que de s'atteler à l'enquête, qui sera aussi sa rédemption.

C'est le premier polar d'Olivier Norek, 50 ans, à être adapté en série.

Laura Smet joue Noémie, sombre et teigneuse, à la moitié du visage ravagée. Pas besoin de forcer le trait : "la faille est apparente", soulignait l'actrice lors d'une conférence de presse en juin.

Elle est entourée notamment de Théo Costa-Marini dans le rôle du collègue bousculé par son arrivée, et de Tomer Sisley dans celui du plongeur de la brigade fluviale, obstiné et sensible.

L'équipe du commissariat local est particulièrement attachante, avec le trio Otis Ngoi, Quentin Laclotte Parmentier et Pauline Serieys.

Les co-scénaristes Marie Deshaires et Catherine Touzet ont dû opérer des choix radicaux pour faire tenir l'intrigue en six fois 52 minutes, et captiver le téléspectateur.

Olivier Norek, lui-même scénariste à ses heures ("Engrenages", "Les Invisibles"...), convient qu'il n'aurait pu écrire lui-même cette adaptation: "Le job est de faire exploser le livre et d'en prendre toutes les parties pour reconstruire".

Fantômes et cicatrices 

"Ce qui m'intéresse, c'est de voir la vision de quelqu'un d'autre: de scénaristes, d'un réalisateur, d'acteurs et d'actrices", confie l'écrivain dont le dernier roman paru en 2024, "Les Guerriers de l'hiver" (éd. Michel Lafon) sur la guerre entre la Finlande et l'URSS en 1939-40, sera porté sur grand écran.

Dans "Surface", le réalisateur Slimane-Baptiste Berhoun, déjà aux manettes de la série "Vortex", a ajouté une dimension hypnotique voire fantastique à la série.

Les images sous-marines sont bluffantes. "C'était notre challenge: arriver à raconter cette histoire dans un décor englouti qui devait évoluer au fur et à mesure", dit-il.

La série a été tournée dans une piscine géante à Bruxelles, et entre les départements Tarn et Hérault, non loin de l'Aveyron qu'affectionne Olivier Norek.

Même si le personnage de Noémie s'y immerge à reculons, le monde rural est dépeint sans caricature, comme dans le livre où Olivier Norek a voulu "ne pas donner l'impression que c'est la ville qui regarde la campagne".

Son roman, qui s'est vendu à 500.000 exemplaires en langue française, est paru en six langues. Une traduction anglaise est en cours de négociation, et le livre doit être republié le 21 août, le jour de la mise en ligne de la série.

Norek, ancien policier lui-même et adepte d'une veine réaliste, s'est spécialement attaché à la reconstruction intime de l'enquêtrice. "Elle veut se cacher mais va devoir aller vers les gens, se révéler. C'est ce chemin-là, bien plus que l'intrigue de police, qui m'a intéressé", dit-il.

Un personnage avec lequel Laura Smet s'est mis au diapason: "Cette cicatrice, je la connais. Elle me parle", dit-elle.

"Noémie est quelqu'un d'extrêmement entier, qui a soif de justice. C'est une guerrière", décrit l'actrice qui, à 41 ans, avoue avoir "l'impression d'avoir passé (s)a vie sur un ring".

La fille de Johnny Hallyday et Nathalie Baye est rompue aux transformations, depuis son premier rôle dans "Les Corps impatients" de Xavier Giannoli en 2003, où elle apparaissait la tête rasée. Elle assure qu'il a été "difficile" de "quitter" le personnage de Noémie.