Covid: la politique absurde de Bolsonaro entraîne la mort d'un demi-million de Brésiliens

Des manifestations antibolsonaro ont eu lieu samedi dans de nombreuses villes du Brésil aux cris des slogans «Dehors Bolsonaro», «Gouvernement de la faim et du chômage», «Vaccin maintenant» ou encore «Vaccin dans le bras et nourriture dans l'assiette». (Photo, AFP)
Des manifestations antibolsonaro ont eu lieu samedi dans de nombreuses villes du Brésil aux cris des slogans «Dehors Bolsonaro», «Gouvernement de la faim et du chômage», «Vaccin maintenant» ou encore «Vaccin dans le bras et nourriture dans l'assiette». (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 20 juin 2021

Covid: la politique absurde de Bolsonaro entraîne la mort d'un demi-million de Brésiliens

  • Cette semaine, la moyenne hebdomadaire de décès quotidiens est repassée au-dessus des 2 000 pour la première fois depuis le 10 mai
  • Une commission d'enquête du Sénat potentiellement explosive se penche depuis un mois et demi sur la gestion chaotique de la crise sanitaire

RIO DE JANEIRO: Le Brésil est devenu samedi le deuxième pays au monde après les États-Unis à dépasser le seuil des 500 000 morts de la Covid-19, avec une augmentation récente des décès quotidiens qui confirme l'imminence d'une troisième vague.

Le dernier bilan du ministère de la Santé, sous-estimé selon de nombreux épidémiologistes, fait état de 500 800 morts, dont 2 301 enregistrés lors des dernières 24 heures.

Cette semaine, la moyenne hebdomadaire de décès quotidiens est repassée au-dessus des 2 000 pour la première fois depuis le 10 mai.

Le pays de 212 millions d'habitants compte aussi 82 288 nouvelles contaminations sur la seule journée de samedi, portant le total à 17 883 750.

"La troisième vague est en train d'arriver, mais la vaccination, qui pourrait faire la différence, est encore trop lente, et les autorités ne semblent pas vouloir prendre de nouvelles mesures de restriction", explique Ethel Maciel, épidémiologiste de l'Université d'Espirito Santo (Ufes).

Dans les grandes villes du pays, la vie semble pratiquement être revenue à la normale, avec des restaurants, bars et commerces ouverts et un grand nombre de personnes sans masque dans les rues.

La situation est pourtant critique dans 19 des 27 États brésiliens, avec plus de 80% d'occupation des lits en soins intensifs, et 90% dans huit d'entre eux.

«Marathon»

La deuxième vague – de janvier à avril derniers – avait été particulièrement meurtrière, le nombre de décès ayant augmenté de façon exponentielle avec la circulation du variant Gamma, apparu à Manaus, en Amazonie (nord).

Le nombre de décès quotidiens a ensuite commencé à refluer légèrement à partir de mai, grâce à la fermeture des commerces notamment pendant les semaines les plus critiques. 

Mais les épidémiologistes estiment que la réouverture a eu lieu beaucoup trop tôt, alors que le nombre de décès s'était stabilisé sur un plateau encore élevé: autour des 2 000 par jour.

Contrairement à ce qui a été observé en Europe, il n'y a pas eu de vraie accalmie entre les vagues au Brésil.

"On a l'impression qu'on n'est jamais vraiment sorti de la première vague. On dirait que la pandémie au Brésil se comporte comme un marathonien et pas comme un sprinteur qui accélère brutalement et perd de la vitesse aussitôt après", estime Alexandre da Silva, spécialiste en santé publique et docteur de l'Université de Sao Paulo (USP).

Plusieurs livraisons importantes de vaccins sont arrivées récemment au Brésil, notamment celui de Pfizer, et certaines villes ont ainsi pu donner un coup d'accélérateur à leurs campagnes d'immunisation, notamment Rio et Sao Paulo, les plus peuplées du pays.

Mais seulement 29% de la population a reçu au moins une dose et 11,36% est complètement vacciné. 

La campagne de vaccination a débuté tardivement, à la mi-janvier, avec les vaccins d'AstraZeneca et le chinois Coronavac.

Le président d'extrême droite Jair Bolsonaro, qui avait pourtant tant critiqué les vaccins, a promis d'immuniser l'ensemble de la population d'ici la fin de l'année, un objectif difficile à atteindre selon les spécialistes.

Copa Covid

C'est dans ce contexte des plus préoccupants que le Brésil accueille depuis dimanche dernier la Copa America de football, qui réunit des stars mondiales comme Neymar, Messi ou Suarez.

Les matches ont lieu à huis clos, mais Jair Bolsonaro a été très critiqué pour avoir accueilli le tournoi à bras ouverts en pleine pandémie, après les désistements de la Colombie et de l'Argentine.

Des manifestations antibolsonaro ont eu lieu samedi dans de nombreuses villes du Brésil aux cris des slogans "Dehors Bolsonaro", "Gouvernement de la faim et du chômage", "Vaccin maintenant" ou encore "Vaccin dans le bras et nourriture dans l'assiette".

La "posture" de Bolsonaro "sur la covid et son négationnisme sont absurdes. Il est déjà hors de la réalité, hors du bon sens, ça ne s'explique pas, c'est tellement surréaliste", a déclaré Robert Almeida, un photographe de 50 ans qui a participé à la manifestation de Rio de Janeiro.

"On aurait pu éviter des milliers de morts si la gestion de la crise sanitaire avait été différente, avec une vraie coordination nationale", déplore l'épidémiologiste Ethel Maciel qui dénonce une "bataille idéologique" alimentée par le discours anticonfinement du président Bolsonaro.

Ce dernier a suscité un tollé la semaine dernière en annonçant qu'il allait demander au ministère de la Santé de lever l'obligation du port du masque en extérieur.

Le président s'est d'ailleurs vu infliger plusieurs amendes pour avoir pris part à des rassemblements à visage découvert.

Une commission d'enquête du Sénat potentiellement explosive se penche depuis un mois et demi sur la gestion chaotique de la crise sanitaire.

Les déclarations polémiques de Bolsonaro sur le Covid

"Grippette", "hystérie": le président brésilien Jair Bolsonaro a multiplié les propos polémiques sur la pandémie de Covid-19, qu'il n'a cessé de minimiser.

«Virus surdimensionné»

"À mon avis, le pouvoir de destruction de ce virus est surdimensionné" (le 9 mars 2020, quand le Brésil comptait 25 cas de Covid-19 et aucun décès).

«Hystérie»

"L'économie allait bien mais ce virus a entraîné une certaine hystérie. Je peux me tromper, mais je crois que des gouverneurs sont en train de prendre des mesures très préjudiciables pour notre économie" (le 17 mars 2020, au lendemain du premier décès confirmé de Covid-19 au Brésil).

«Grippette»

"Pour 90% de la population, ce sera juste une grippette ou rien du tout" (le 27 mars 2020, quand le Brésil comptait encore moins de 100 morts de Covid-19).

Vaccin qui vous «transforme en crocodile»

"Si tu te transformes en crocodile, c'est ton problème. Si tu deviens superman, si une femme commence à avoir de la barbe qui pousse ou si un homme commence à parler avec une voix efféminée, ils (les laboratoires) n'ont rien à voir avec ça" (au sujet des clauses de non-responsabilité en cas d'effets secondaires du vaccin de Pfizer, le 18 décembre 2020, quand le Brésil comptait 185 000 morts de Covid-19).

 


CIJ: l'impartialité de l'UNRWA suscite de «sérieux doutes» selon les Etats-Unis

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
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  • La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre
  • Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ

LA HAYE: Un représentant des Etats-Unis a fait part mercredi à la Cour internationale de Justice de "sérieux doutes" concernant l'impartialité de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) lors d'audiences consacrées aux obligations humanitaires d'Israël envers les Palestiniens.

"L'impartialité de l'UNRWA suscite de sérieux doutes, du fait d'informations selon lesquelles le Hamas a utilisé les installations de l'UNRWA et que le personnel de l'UNRWA a participé à l'attentat terroriste du 7 octobre contre Israël", a déclaré Josh Simmons, de l'équipe juridique du département d'État américain.

La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre.

Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ.

M. Simmons a déclaré aux juges qu'Israël avait "de nombreuses raisons" de mettre en doute l'impartialité de l'UNRWA.

"Il est clair qu'Israël n'a aucune obligation d'autoriser l'UNRWA à fournir une assistance humanitaire", a-t-il déclaré.

Israël a promulgué une loi interdisant à l'UNRWA, d'opérer sur le sol israélien, après avoir accusé certains membres du personnel d'avoir participé aux attaques du Hamas le 7 octobre 2023, qui a déclenché le conflit.

Une série d'enquêtes, dont l'une menée par l'ancienne ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, a révélé des "problèmes de neutralité" à l'UNRWA, mais a souligné qu'Israël n'avait pas fourni de preuves de son allégation principale.

Philippe Lazzarini, directeur de l'UNRWA, a déclaré mardi que plus de 50 membres de son personnel à Gaza avaient été maltraités et utilisés comme boucliers humains alors qu'ils étaient détenus par l'armée israélienne.

Lors de sa déposition face à la Cour, Diégo Colas, représentant la France, a appelé Israël à lever "sans délai" son blocage de l'aide vers la bande de Gaza".

"L'ensemble des points de passage doivent être ouverts, le travail des acteurs humanitaires doit être facilité, et le personnel doit être protégé conformément aux droits internationaux", a-t-il déclaré .

"Conséquences mortelles" 

Israël contrôle tous les flux d'aide internationale, vitale pour les 2,4 millions de Palestiniens de la bande de Gaza frappés par une crise humanitaire sans précédent, et les a interrompus le 2 mars dernier, quelques jours avant l'effondrement d'un fragile cessez-le-feu après 15 mois de combats incessants.

"L'interdiction totale de l'aide et des fournitures humanitaires décrétée par les autorités israéliennes depuis le 2 mars a des conséquences mortelles pour les civils de Gaza", a déclaré dans un communiqué Claire Nicolet, responsable de la réponse d'urgence de l'ONG Médecins sans Frontières dans la bande de Gaza.

"Les autorités israéliennes utilisent l'aide non seulement comme une monnaie d'échange, mais aussi comme une arme de guerre et un moyen de punition collective pour plus de 2 millions de personnes vivant dans la bande de Gaza," a-t-elle ajouté.

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence".

La résolution demande à la CIJ de clarifier les obligations d'Israël concernant la présence de l'ONU, de ses agences, d'organisations internationales ou d'États tiers pour "assurer et faciliter l'acheminement sans entrave des fournitures urgentes essentielles à la survie de la population civile palestinienne".

Les avis consultatifs de la CIJ ne sont pas juridiquement contraignants, mais celui-ci devrait accroître la pression diplomatique sur Israël.

En juillet dernier, la CIJ avait aussi rendu un avis consultatif jugeant "illégale" l'occupation israélienne des Territoires palestiniens, exigeant qu'elle cesse dès que possible.


Après la panne géante, les énergies renouvelables sur le banc des accusés en Espagne

Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
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  • Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne.
  • Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez.

MADRID : L'essor des énergies renouvelables a-t-il fragilisé le réseau électrique espagnol ? Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne, malgré les messages rassurants des autorités.

« Le manque de centrales nucléaires et la multiplication par dix des énergies renouvelables ont mis à terre le réseau électrique », assure en une le quotidien conservateur ABC mercredi matin. « Les alertes sur les renouvelables depuis cinq ans » ont été « ignorées », regrette de son côté El Mundo, également classé à droite.

Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, qui a fait de l'Espagne l'un des champions européens de la transition verte.

Selon le gestionnaire du réseau électrique espagnol REE, le solaire et l'éolien ont représenté en 2024 près de 40 % du mix électrique espagnol. C'est près de deux fois plus qu'en 2014, et près du double également de la part du nucléaire, tombée l'an dernier à 20 %. 

Cette évolution est défendue par l'exécutif, qui s'est engagé à fermer toutes les centrales nucléaires d'ici dix ans, mais elle est source de tensions dans le pays, plusieurs rapports ayant pointé ces derniers mois de possibles risques en l'absence de mesures fortes pour adapter le réseau.

- Une énergie « sûre » ?

Dans son document financier annuel publié fin février, Redeia, la maison-mère de REE, avait ainsi mis en garde contre « la forte pénétration de la production renouvelable sans les capacités techniques nécessaires à un comportement adéquat face aux perturbations ».

Cela pourrait « provoquer des coupures de production », qui « pourraient devenir sévères, allant jusqu'à entraîner un déséquilibre entre la production et la demande, ce qui affecterait significativement l'approvisionnement en électricité » de l'Espagne, avait-elle écrit. 

Un message relayé par l'organisme espagnol de la concurrence (CNMC) dans un rapport de janvier. « À certains moments, les tensions du réseau de transport d'électricité ont atteint des valeurs maximales proches des seuils autorisés, dépassant même ces seuils à certains moments », avait écrit l'organisme.

Après la coupure de lundi, certains experts du secteur se sont interrogés sur un éventuel déséquilibre entre production et demande (difficile à corriger dans un réseau où l'éolien et le solaire ont une place prépondérante) qui aurait pu contribuer à l'effondrement du système électrique espagnol.

Dans un entretien accordé mercredi matin à la radio Cadena Ser, Beatriz Corredor, la présidente de Redeia et REE (l'ex-députée socialiste) a cependant assuré que la production d'énergies renouvelables était « sûre ».

« Relier l'incident si grave de lundi à une pénétration des énergies renouvelables n'est pas vrai, ce n'est pas correct », a-t-elle insisté, en assurant que le rapport de février ne faisait que dresser la liste de risques potentiels, comme l'y oblige la législation. 

- « Ignorance » -

Mardi déjà, Pedro Sánchez avait lui aussi défendu le modèle énergétique mis en œuvre par son gouvernement, rappelant que la cause précise de la panne qui a provoqué le chaos au Portugal et en Espagne durant de longues heures lundi n'était toujours pas connue à ce stade.

« Ceux qui lient cet incident au manque de nucléaire mentent franchement ou démontrent leur ignorance », a assuré le dirigeant socialiste.

« Les centrales nucléaires, loin d'être une solution, ont été un problème » durant la panne, car « il a été nécessaire de rediriger vers elles de grandes quantités d'énergie pour maintenir leurs réacteurs stables », a insisté le chef du gouvernement. 

Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer la panne depuis deux jours, dont celle d'une cyberattaque. Mardi, la justice espagnole a ouvert une enquête pour déterminer si la panne avait été provoquée par un « sabotage informatique » susceptible d'être qualifié de « délit terroriste ».

REE estime cependant que cette hypothèse est peu crédible. « Au vu des analyses que nous avons pu réaliser avec l'aide notamment du Centre national du renseignement espagnol (CNI), nous pouvons écarter un incident de cybersécurité », a ainsi assuré le gestionnaire.

D'après REE, l'équivalent de 60 % de la consommation électrique de l'Espagne, soit 15 gigawatts, a disparu en l'espace de cinq secondes seulement lors de la panne survenue lundi à 12 h 33 (11 h 33 GMT), un phénomène qualifié d'« inédit » et « totalement extraordinaire ».


Des rapports internes concluent à un climat antisémite et anti-musulman à Harvard

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
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  • Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël
  • Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants

NEW YORK: Deux rapports distincts sur Harvard publiés mardi par l'université ont établi qu'un climat antisémite et anti-musulman s'était installé sur le campus de la prestigieuse université américaine, dans le viseur de Donald Trump, et la pressent d'agir pour y remédier.

Ces deux rapports de plusieurs centaines de pages, construits notamment à partir de questionnaires et de centaines de témoignages d'étudiants et d'encadrants menés depuis janvier 2024, sont rendus au moment où l'université implantée près de Boston (nord-est) s'est attiré les foudres de Donald Trump, qui l'a dernièrement dépeinte en "institution antisémite d'extrême gauche", "foutoir progressiste" et "menace pour la démocratie".

Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël après l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023.

Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants, a établi que les deux phénomènes "ont été alimentés, pratiqués et tolérés, non seulement à Harvard, mais aussi plus largement dans le monde universitaire".

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël".

Un autre groupe de travail distinct, lui consacré aux positions anti-musulmans, anti-arabes et anti-Palestiniens, a conclu à "un sentiment profondément ancré de peur parmi les étudiants, les enseignants et le personnel". Les personnes interrogées décrivent "un sentiment de précarité, d'abandon, de menace et d'isolement, ainsi qu'un climat d'intolérance omniprésent", écrivent ses auteurs.

"Harvard ne peut pas - et ne va pas - tolérer l'intolérance. Nous continuerons à protéger tous les membres de notre communauté et à les préserver du harcèlement", s'engage dans une lettre accompagnant les deux rapports le président de Harvard, Alan Garber, à l'initiative des deux rapports, en promettant de "superviser la mise en oeuvre des recommandations" préconisées.

Harvard, l'université la plus ancienne des Etats-Unis et une des mieux classées au monde, s'est distinguée en étant la première à attaquer en justice l'administration Trump contre un gel de plus de deux milliards de dollars de subventions fédérales, décidé après que la célèbre institution a refusé de se plier à une série d'exigences du président.

Donald Trump, qui reproche aux universités d'être des foyers de contestation progressiste, veut avoir un droit de regard sur les procédures d'admission des étudiants, les embauches d'enseignants ou encore les programmes.

L'accusation d'antisémitisme est fréquemment employée par son administration pour justifier ses mesures contre les établissements d'enseignement supérieur, ainsi que contre certains étudiants étrangers liés aux manifestations contre la guerre à Gaza.