Abstention record: critiquée, la majorité veut rouvrir le chantier d'un scrutin modernisé

Les réserves sont aussi politiques: nombreux sont les défenseurs du rituel républicain dominical, y compris dans la majorité. (Photo, AFP)
Les réserves sont aussi politiques: nombreux sont les défenseurs du rituel républicain dominical, y compris dans la majorité. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 24 juin 2021

Abstention record: critiquée, la majorité veut rouvrir le chantier d'un scrutin modernisé

  • Dans l'immédiat, le gouvernement va lancer une campagne de communication «éclair sur les réseaux sociaux» pour inciter à voter au deuxième tour
  • Au-delà, c'est aux réponses sur les modalités du vote auxquelles veut s'attaquer la majorité, de plus en plus gagnée par la volonté de «moderniser» les procédures électorales

PARIS : Mise en cause après l'abstention record au premier tour des régionales, la majorité récuse toute responsabilité politique et lance des pistes pour faire évoluer les procédures électorales, au risque de raviver la querelle entre anciens et modernes.

A qui la faute, si plus de deux électeurs sur trois ne se sont pas déplacés aux urnes dimanche? "Vous êtes responsables de vos tambouilles politiciennes" (Damien Abad, député LR), Emmanuel Macron a "fragmenté la démocratie" (Gérard Larcher, président LR du Sénat): la droite redouble d'attaques contre l'exécutif après la déroute démocratique.

Mercredi, Emmanuel Macron qui jusqu'ici n'avait dit mot sur cette déroute démocratique, a ouvert le Conseil des ministres "en indiquant que cette abstention record constitue une alerte démocratique à laquelle il faut répondre", selon le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal.

Le Premier ministre Jean Castex a également été accusé pour sa réaction tardive. "Dire que c'est la faute du gouvernement, c'est beaucoup trop facile", a-t-il répliqué mardi devant les députés, rappelant chacun à "l'humilité".

Dans l'immédiat, le gouvernement va lancer une campagne de communication "éclair sur les réseaux sociaux" pour inciter à voter au deuxième tour. Gabriel Attal a lancé plus spécifiquement un appel solennel aux jeunes "à s'investir dans l'arène politique électorale" après leur "abstention abyssale" au premier tour. 

Au-delà, c'est aux réponses sur les modalités du vote auxquelles veut s'attaquer la majorité, de plus en plus gagnée par la volonté de "moderniser" les procédures électorales, à dix mois de la présidentielle.

"Je suis favorable au vote électronique" par internet, a indiqué Gabriel Attal, accusant les oppositions de "bloquer" les propositions. "On ne peut pas se payer le luxe de fermer des pistes", abonde le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes Clément Beaune.

L'idée fait d'autant plus son chemin qu'elle est déjà mise en œuvre pour les élections consulaires. Le modèle de l'Estonie, pays le plus avancé dans le vote électronique au monde, est également observé.

Deuxième piste évoquée, le vote par correspondance, ardemment défendu par le MoDem, ainsi que le député des Français établis en Amérique du Nord, Roland Lescure (LREM), qui rappelle qu'"un électeur sur deux a utilisé cette procédure lors de la dernière élection présidentielle américaine". 

"Nous devons, une fois le scrutin terminé, tirer les conséquences de cette abstention", a exhorté Jean Castex au Palais Bourbon. Richard Ferrand a, lui, promis de "proposer des initiatives dès la semaine prochaine". 

Résistances et conservatismes

Mais les résistances sont multiples: visés, le ministère de l'Intérieur qui fait "preuve d'un certain conservatisme", note une ministre, alors que Beauvau rappelle que le vote postal fut supprimé en 1975 en France tant il donnait lieu à des fraudes.

"Lorsque Jean-Noël Barrot, du MoDem, a présenté un livre blanc en reprenant toutes ces pistes en début d'année, (le ministre de l'Intérieur) Gérald Darmanin l'a renvoyé dans ses cordes", note un ténor de la majorité.

Quant au vote par Internet, il accumule les craintes: piratage informatique, tentative de déstabilisation étrangère, vote sous emprise... 

"Quand on parle de vote électronique, il faut être extrêmement prudent. Cela touche à la sécurité du scrutin. Attention à des propositions trop rapides", relève le député Pacôme Rupin, co-rapporteur d'un groupe de travail à l'Assemblée sur les modalités d’organisation de la vie démocratique. 

Celui-ci fera ses recommandations à la rentrée. "On vante le système américain, il n'est pas si formidable quand la moitié de l'électorat pense que l'élection a été volée et quand vous regardez le niveau d'abstention lors de l'élection présidentielle" (66,2% en 2020), complète le député. 

Les réserves sont aussi politiques: nombreux sont les défenseurs du rituel républicain dominical, y compris dans la majorité.

Du reste, si les "modernes" parvenaient à imposer ces évolutions, elles pourraient difficilement être mises en œuvre dès 2022. "Peut-être pour le scrutin des Européennes de 2024", se risque le patron de La République en marche, Stanislas Guerini.

D'ici là, des ajustements, moins spectaculaires, sont proposés: "simplifier les procurations, faciliter les inscriptions et l'envoi de la propagande, amplifier les campagnes de sensibilisation...", énumère un député LREM.

Moue d'un proche du chef de l'Etat: "Ça ne change pas grand-chose: ça n'est pas parce que c'est compliqué d'aller voter que les gens n'y vont pas".


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
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  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.