Indonésie: des aumônes détournées vers le terrorisme

Les boîtes frauduleuses sont souvent liées à des fondations qui soutiennent des groupes extrémistes ou leurs sympathisants, et sont enregistrés légalement. (Photo, AFP)
Les boîtes frauduleuses sont souvent liées à des fondations qui soutiennent des groupes extrémistes ou leurs sympathisants, et sont enregistrés légalement. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 24 juin 2021

Indonésie: des aumônes détournées vers le terrorisme

  • «Ce n'est pas quelque chose de nouveau, mais le fait que l'on soit passé à une échelle massive à présent, c'est récent»
  • Les boîtes déposées par l'Indonésien appartenaient en fait à la Jemaah Islamiyah (JI), réseau considéré comme responsable de la pire attaque terroriste dans le pays, les attentats de Bali de 2002

JAKARTA: Des Indonésiens qui donnent leur monnaie aux pauvres ont aidé sans le savoir le financement d'attaques terroristes, dans une vaste escroquerie qui rapporte gros aux groupes extrémistes du pays d'Asie du Sud-Est.

L'islamiste repenti Khairul Ghazali a raconté comment il passait ses journées à faire le tour des restaurants et des commerces pour y déposer des boîtes à dons, vêtu d'un uniforme pour éviter tout soupçon.

Des passants y mettaient des pièces et de petits billets pensant aider les nécessiteux, les orphelins ou une ONG d'aide aux Palestiniens.

Mais les boîtes déposées par l'Indonésien appartenaient en fait à la Jemaah Islamiyah (JI), réseau considéré comme responsable de la pire attaque terroriste dans le pays, les attentats de Bali de 2002.

"Les gens ne peuvent pas faire la différence entre ces boîtes et d'autres boîtes à dons", souligne Khairul Ghazali, 56 ans, qui dirige à présent une école islamique et aide à la déradicalisation d'anciens extrémistes.

"L'argent collecté est utilisé généralement pour financer des activités terroristes", relève-t-il.

En mars, la police de Sumatra du Nord (nord de l'Indonésie) a saisi plus de 500 boîtes suspectées de financer des organisations liées au groupe Etat islamique (EI) ou à Al-Qaïda.

Cette saisie, intervenue quelques semaines avant qu'un jeune couple, affilié à l'EI, ne se fasse exploser devant une église de l'île de Célèbes le Vendredi saint cette année, n'est que le haut de l'iceberg.

Un militant de la Jemaa Islamiyah arrêté l'an dernier a avoué qu'une fondation liée au groupe disposait de plus de 20 000 boîtes dans le pays, selon la police.

Echelle massive

Il n'y a pas de chiffre officiel sur le nombre de boîtes à dons frauduleuses, mais les experts estiment qu'on en trouve beaucoup à travers le vaste archipel qui compte la plus importante population musulmane au monde. 

"Ce n'est pas quelque chose de nouveau, mais le fait que l'on soit passé à une échelle massive à présent, c'est récent", note Sidney Jones, une spécialiste du terrorisme.

La plupart des groupes terroristes indonésiens dépendent "en grande majorité" des financements locaux pour payer leurs opérations courantes, explique l'analyste basée à Jakarta.

Ils se financent aussi grâce à leurs sympathisants, avec des levées de fonds en ligne et le blanchiment d'argent.

"Mais les attaques survenues après les attentats de Bali ont essentiellement été financées par des boîtes à dons", indique Khairul Ghazali.

La piste de ces financement mène à des camps d'entraînement pour le jihad dans la province conservatrice d'Aceh ou vers les Moudjahidines de l'Est de l'Indonésie (MIT), un groupe accusé d'avoir décapité des paysans chrétiens sur l'île de Célèbes le mois dernier.

Ces fonds vont aux familles d'extrémistes emprisonnés ou tués et la police suspecte qu'ils ont aussi financé des voyages en Syrie.

Les boîtes, discrètes mais fiables, peuvent rapporter jusqu'à 350 dollars chacune en six mois, selon l'ex-islamiste. 

"C'est pratique et sans risque". Et "il y a moins de risque d'un bain de sang que pour un cambriolage".

Kairul Ghazali a passé cinq ans en prison pour avoir organisé le casse d'une banque en 2010 qui a fait une victime. 

Mais les groupes terroristes ont à cette époque commencé à abandonner ces actions risquées pour des méthodes plus discrètes.

Choc des donateurs

Les boîtes frauduleuses sont souvent liées à des fondations qui soutiennent des groupes extrémistes ou leurs sympathisants, et sont enregistrés légalement.

Elles doivent déclarer leurs revenus, dont une partie va habituellement à des causes caritatives. Mais le reste est détourné d'autant plus facilement que les sommes sont en liquide.

"Des orphelins ou des pauvres bénéficient vraiment de ces boîtes mais c'est une couverture", explique Ridlwan Habib, expert du terrorisme de l'Université d'Indonésie.

Ces organisations radicales "peuvent survivre pendant des années en recueillant des fonds sans se faire remarquer", note Khairul Ghazali.

"Les Indonésiens aiment donner de l'argent, ils donnent facilement 2 000 ou 5 000 roupies (10 à 25 centimes d'euros)", selon Sofyan Tsauri, un ancien militant au fait du système.

"Mais ça peut être une habitude dangereuse parce qu'on ne sait pas comment l'argent va être utilisé".

Pour certains habitants du Nord de Sumatra, la fraude impliquant des milliers de boîtes révélée par la police a été un choc.

"Ma seule intention était d'aider les autres en donnant de l'argent", assure Sri Mulyani, une habitante de Medan. "Je n'ai jamais pensé que ça serait utilisé pour le terrorisme".


Ukraine: l'aide européenne compense le désengagement américain, selon le Kiel Institute

Gabriel Felbermayr, économiste autrichien et président de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, participe à une conférence de presse le 11 mars 2020 à Berlin afin de commenter l'impact économique et politique de l'épidémie du nouveau coronavirus. (Photo de Tobias SCHWARZ / AFP)
Gabriel Felbermayr, économiste autrichien et président de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, participe à une conférence de presse le 11 mars 2020 à Berlin afin de commenter l'impact économique et politique de l'épidémie du nouveau coronavirus. (Photo de Tobias SCHWARZ / AFP)
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  • « L'Europe comble largement le retrait de l'aide américaine », écrit l'institut dans un communiqué, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février 2022.
  • Début 2025, les données du Kiel Institute montrent que « la récente augmentation de l'aide européenne a été tirée par un petit groupe de pays », au premier rang desquels se trouvent « les pays nordiques et le Royaume-Uni ».

PARIS : Selon l'institut de recherche allemand Kiel Institute, une hausse de l'aide des pays européens à l'Ukraine a permis début 2025 de combler le vide laissé par le désengagement de la nouvelle administration américaine de Donald Trump.

« L'Europe comble largement le retrait de l'aide américaine », écrit l'institut dans un communiqué, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février 2022.

Alors que « les États-Unis, qui étaient auparavant le plus gros donateur à l'Ukraine, n'ont pas annoncé de nouvelle enveloppe depuis début janvier », l'Ukraine a tout de même reçu plus d'aide de janvier à avril 2025 qu'en moyenne les années précédentes sur la même période. 

« Reste à savoir s'il s'agit d'une hausse temporaire ou du début d'une évolution plus durable du rôle de l'Europe en tant que principal soutien de l'Ukraine », a déclaré Christoph Trebesch, qui dirige l'équipe du Kiel Institute chargée de suivre les engagements en faveur de l'Ukraine, cité dans le communiqué.

Début 2025, les données du Kiel Institute montrent que « la récente augmentation de l'aide européenne a été tirée par un petit groupe de pays », au premier rang desquels se trouvent « les pays nordiques et le Royaume-Uni ».

En revanche, « il est frappant de constater le peu d'aide allemande allouée ces derniers mois », a-t-il commenté. « Au lieu d'augmenter son soutien après l'arrivée de Trump au pouvoir, nous observons une forte baisse de l'aide allemande par rapport aux années précédentes. »

« La tendance est la même pour l'Italie et l'Espagne », a-t-il précisé. 

Au 30 avril 2025, 294 milliards d'euros au total ont été alloués à des dépenses précises en faveur de l'Ukraine (sur 405 milliards promis), selon les derniers chiffres du Kiel Institute. Les 111 milliards restants ont été promis à long terme, mais pas encore alloués.

Sur la somme déjà donnée, 140 milliards d'euros correspondent à de l'aide militaire, 133 milliards à de l'aide financière et 21 milliards à de l'aide humanitaire.

Les principaux donateurs sont l'Union européenne et ses membres (131 milliards d'euros donnés ou alloués), les États-Unis (115 milliards) et le Royaume-Uni (19 milliards).

En matière d'aide militaire, l'Europe, le Royaume-Uni compris, « dépasse pour la première fois depuis juin 2022 les États-Unis », selon le Kiel Institute. Les Européens ont déjà donné ou alloué 72 milliards d'euros d'aide militaire à l'Ukraine depuis le début de la guerre, contre 65 milliards pour les États-Unis. 


Les dirigeants du G7, dont Trump, se rejoignent au Canada tandis qu'un conflit oppose l'Iran et Israël

Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
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  • Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël.
  • La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

KANANASKIS, CANADA : Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël, alors que leurs dirigeants, dont le président américain, se retrouvent pour un sommet sous tension dans les Rocheuses canadiennes.

Il s'agit du premier grand sommet depuis que Donald Trump est revenu au pouvoir en janvier, ce qui a fragilisé l'unité du club des grandes démocraties industrialisées (Allemagne, Royaume-Uni, Canada, États-Unis, France, Italie et Japon).

Le président américain, qui n'a cessé de menacer le Canada ces derniers mois, est arrivé en fin de journée dans ce pays, avec sur la tête une casquette blanche portant son slogan « Make America Great Again » (« Rendre sa grandeur à l'Amérique »).

Pour cette réunion qui se déroule à Kananaskis, dans le parc national de Banff, dans l'ouest du Canada, il retrouvera ses alliés du G7 ainsi que les dirigeants de nombreux autres pays invités : l'Inde, l'Ukraine, le Mexique, l'Afrique du Sud et l'Australie seront notamment présents.

La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

Mais parviendront-ils à parler d'une voix commune, notamment sur cette région du monde ?

Israël a stupéfié le monde vendredi en ouvrant un nouveau front avec une campagne militaire surprise et massive contre l'Iran.

Selon une source gouvernementale citée par l'AFP, les dirigeants du G7 travaillent à une déclaration commune. Reste à décider s'il s'agit d'appeler à la désescalade ou simplement de soutenir Israël en affirmant que le pays a le droit de se défendre. 

Mais cette guerre n'est pas le seule enjeu des discussions à Kananaskis. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est parmi les invités et doit s'entretenir avec Donald Trump

Le président américain, qui s'est rapproché de façon spectaculaire de Moscou, a de nouveau eu un entretien téléphonique samedi avec le président russe Vladimir Poutine. Ce dernier lui a dit être prêt à un nouveau round de négociations.

De leur côté, les Européens tentent de convaincre Donald Trump de promulguer de nouvelles sanctions contre Moscou, ciblant plus précisément les ventes de pétrole russe. 

Tous les pays souhaitent par ailleurs aborder l'aspect commercial avec le président Trump. En imposant des taxes douanières d'au moins 10 % sur la plupart des produits entrant aux États-Unis, ce dernier a dévié le cours de la mondialisation et menacé l'économie mondiale d'un ralentissement général. 

Ce sommet du G7 est la première visite du président américain sur le sol canadien depuis qu'il a menacé son voisin du nord, estimant qu'il serait préférable qu'il devienne le 51^e État américain.

Le Premier ministre canadien, Mark Carney, et Donald Trump se rencontreront lundi matin lors d'un tête-à-tête. Outre MM. Carney et Zelensky, le dirigeant américain doit aussi rencontrer la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum. 


Donald Trump appelle Iran et Israël à «trouver un accord»

Donald Trump a appelé Israël et l'Iran à "trouver un accord" dimanche, même s'ils vont peut-être devoir se battre auparavant. (AFP)
Donald Trump a appelé Israël et l'Iran à "trouver un accord" dimanche, même s'ils vont peut-être devoir se battre auparavant. (AFP)
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  • Israël a multiplié dimanche ses frappes meurtrières à travers l'Iran, visant la capitale, la ville de Machhad à l'extrémité nord-est du pays ainsi que des installations militaires dans l'ouest, auxquelles Téhéran a riposté par de nouveaux tirs de missiles
  • En fin de journée, avant son départ pour le G7 au Canada, Donald Trump a renouvelé son appel aux deux pays: "Je pense qu'il est temps de conclure un accord et nous verrons ce qui se passera"

WASHINGTON: Donald Trump a appelé Israël et l'Iran à "trouver un accord" dimanche, même s'ils vont peut-être devoir se battre auparavant, a-t-il déclaré au moment où des échanges intenses de tirs entre les deux pays se poursuivent pour la quatrième nuit consécutive.

"L'Iran et Israël devraient trouver un accord, et ils vont trouver un accord", a écrit le président américain sur son réseau Truth Social dimanche matin, ajoutant que "de nombreux appels et rencontres ont lieu en ce moment".

En fin de journée, avant son départ pour le G7 au Canada, Donald Trump a renouvelé son appel aux deux pays: "Je pense qu'il est temps de conclure un accord et nous verrons ce qui se passera. Parfois, ils doivent se battre, mais nous verrons ce qui se passera. Je pense qu'il y a de bonnes chances qu'il y ait un accord", a-t-il déclaré sur le seuil de la Maison Blanche avant d'embarquer dans son hélicoptère Marine One.

Israël a multiplié dimanche ses frappes meurtrières à travers l'Iran, visant la capitale, la ville de Machhad à l'extrémité nord-est du pays ainsi que des installations militaires dans l'ouest, auxquelles Téhéran a riposté par de nouveaux tirs de missiles.

Au troisième jour de l'offensive aérienne israélienne, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a menacé de faire payer à l'Iran "un prix très lourd" après la mort de civils provoquée par les salves de missiles balistiques iraniens tirées en représailles sur Israël, qui ont touché des zones habitées.

L'Iran a de son côté promis dimanche une "réponse dévastatrice" aux attaques israéliennes et affirmé qu'Israël ne serait bientôt "plus habitable".