Covid-19: la vaccination pique du nez, l'exécutif bat le rappel

Le Premier ministre français Jean Castex (à droite), à côté du ministre français de la Santé Olivier Veran, tient une conférence de presse lors d'une visite à Mont-de-Marsan, dans le sud-ouest de la France, le 24 juin 2021. (Photo, AFP)
Le Premier ministre français Jean Castex (à droite), à côté du ministre français de la Santé Olivier Veran, tient une conférence de presse lors d'une visite à Mont-de-Marsan, dans le sud-ouest de la France, le 24 juin 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 24 juin 2021

Covid-19: la vaccination pique du nez, l'exécutif bat le rappel

  • A première vue, la France vaccine toujours à tour de bras, avec près de 700 000 injections quotidiennes
  • « C'est trop peu, on a fait beaucoup mieux, on doit faire beaucoup mieux », a sermonné Jean Castex jeudi, lors d'un déplacement dans les Landes, où le variant Delta provoque un premier rebond épidémique

PARIS: Le ralentissement de la campagne vaccinale contre la Covid-19 commence à inquiéter le gouvernement, qui brandit la carotte et le bâton pour atteindre les objectifs qu'il a fixés, mais qui pourraient ne pas suffire à empêcher une quatrième vague épidémique.

A première vue, la France vaccine toujours à tour de bras, avec près de 700 000 injections quotidiennes. Mais la cadence n'est maintenue que par les deuxièmes doses, tandis que le nombre de primo-vaccinés fond comme neige en été: plus de 400 000 par jour début juin, à peine plus de 200 000 cette semaine.

« C'est trop peu, on a fait beaucoup mieux, on doit faire beaucoup mieux », a sermonné Jean Castex jeudi, lors d'un déplacement dans les Landes, où le variant Delta provoque un premier rebond épidémique.

Le Premier ministre n'a pu que constater que « les prises de rendez-vous pour la première vaccination sont en décélération », augurant d'un été en pente douce. Doctolib recense désormais moins de 150 000 inscriptions quotidiennes pour une première dose, contre encore plus de 250 000 début juin.

A ce rythme, la plateforme de rendez-vous médicaux prévoit qu'un peu plus de 35 millions de personnes auront été vaccinées le 15 juillet, dont 29 millions avec un « schéma complet » (une, deux ou trois doses selon les cas).

Pas de quoi compromettre, a priori, les objectifs annoncés la semaine dernière par le chef du gouvernement: 40 millions de personnes vaccinées, dont 85% des adultes atteints de « comorbidités » ou âgés de plus de 50 ans, et 35 millions de « schémas complets » d'ici fin août.

Mais le manque d'engouement observé ces derniers jours pousse l'exécutif à faire feu de tout bois. « Nous devons accélérer, encore », a twitté Emmanuel Macron, appelant tous ceux « qui ne sont pas encore vaccinés à prendre rendez-vous ».

« Ayez peur du virus, n'ayez surtout pas peur du vaccin. Le vaccin c'est pour votre santé, votre sécurité (et) votre liberté », a lancé M. Castex de son côté.

« Planche de salut », érigée en « cause nationale », la vaccination « doit désormais progresser chez les plus jeunes », incités à décrocher ce « sésame » qui « permet d'aller dans les lieux de culture, les lieux sportifs (et) de se déplacer à l'étranger », a-t-il ajouté.

« La campagne n'est pas terminée »

Le ton est plus coercitif avec les soignants, en particulier dans les Ehpad, où l'on recense seulement "42% de professionnels complètement vaccinés", selon la ministre déléguée à l'Autonomie, Brigitte Bourguignon.

« Il est impératif que les personnels des Ehpad soient tous vaccinés d'ici la fin du mois d'août. Il faut à tout prix en faire davantage », a lancé M. Castex. Un « appel solennel » assorti d'une menace: si la « couverture vaccinale des soignants » ne progresse pas, « je pourrais être amené à proposer une vaccination obligatoire (...) vraisemblablement en septembre « , a indiqué mercredi le ministre de la Santé, Olivier Véran.

La situation française n'est pas « inhabituelle ou exceptionnelle », comparée aux pays voisins qui rencontrent les mêmes obstacles, chez les soignants comme en population générale. Mais « la campagne vaccinale n'est pas terminée », a insisté le ministre.

Pendant les vacances, les autorités sanitaires vont multiplier les initiatives pour aller chercher les indécis et les récalcitrants. L'Assurance maladie va ainsi étendre ses campagnes d'appels et de textos, jusqu'ici ciblées sur les plus âgés, aux assurés souffrant de comorbidités et aux bénéficiaires de la « complémentaire santé solidaire ».

En parallèle, les médecins libéraux recevront la semaine prochaine la liste de leurs patients non vaccinés et la Sécu va renforcer ses « partenariats » avec les associations de malades chroniques et les centres de distribution alimentaire.

Les agences régionales de santé vont également pousser le feu, comme en Île-de-France où des « opérations spéciales » sont programmées dans des « espaces très fréquentés » comme la Canopée des Halles au coeur de la capitale, mais aussi auprès de « populations particulières » (étudiants, femmes enceintes, chauffeurs-livreurs) ou des « publics précaires » (travailleurs migrants, bidonvilles).

Des efforts qui pourraient s'avérer insuffisants: avec un variant Delta 50% à 80% plus contagieux que la souche Alpha actuellement dominante, le biologiste Samuel Alizon estime « qu'il faudrait plus de 80% de vaccinés », soit environ 55 millions de personnes, pour atteindre l'immunité collective.

L'épidémiologiste Pascal Crépey évalue pour sa part le seuil à « 85% de personnes immunisées pour que l'épidémie s'arrête » et redoute une rentrée périlleuse, « une fois que le frein estival disparaîtra ».

 


Élections législatives à Paris : Barnier exhorte Dati à « ne pas se tromper » d'élection

La ministre française de la Culture, Rachida Dati, prononce un discours lors d'une visite au centre social et culturel La Croix des Oiseaux à Avignon, dans le sud de la France, le 24 juillet 2025. (Photo de CLEMENT MAHOUDEAU / AFP)
La ministre française de la Culture, Rachida Dati, prononce un discours lors d'une visite au centre social et culturel La Croix des Oiseaux à Avignon, dans le sud de la France, le 24 juillet 2025. (Photo de CLEMENT MAHOUDEAU / AFP)
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  • a ministre de la Culture a annoncé lundi sa candidature à cette législative partielle, lançant les hostilités contre l'ex-Premier ministre qui brigue le même siège de député et qui est également membre du parti LR.
  • Ils lui reprochent également d'être « parachuté ».

PARIS : Selon Michel Barnier, Rachida Dati a « une ambition légitime » pour la mairie de Paris et ne doit « pas se tromper » d'élection en se présentant également à la législative dans la deuxième circonscription de la capitale.

La ministre de la Culture a annoncé lundi sa candidature à cette législative partielle, lançant les hostilités contre l'ex-Premier ministre qui brigue le même siège de député et qui est également membre du parti LR.

« Je veux que les Parisiens puissent voter pour quelqu’un plutôt que contre. C’est à Rachida Dati, qui a une ambition légitime pour animer des listes d’union à Paris, de ne pas se tromper et de choisir la bonne voie », commente Michel Barnier, désigné par LR comme candidat à cette législative, dans La Tribune Dimanche.

« Je ne suis candidat qu’à la députation », martèle l'éphémère ancien Premier ministre. « Rachida Dati le sait. Je le lui ai dit et je l’ai même écrit aux adhérents LR (…). Il n’y a aucune ambiguïté là-dessus », ajoute-t-il, se disant prêt à soutenir la ministre dans sa course pour l’Hôtel de Ville.

Des proches de la maire du VIIe arrondissement, renvoyée en procès pour corruption et trafic d'influence le 22 juillet, craignent que Michel Barnier ait lui aussi des ambitions pour la mairie de Paris si elle ne pouvait pas se présenter.

Ils lui reprochent également d'être « parachuté ».

« Cela fait plus de vingt-cinq ans que j’ai quitté, volontairement, mes fonctions en Savoie » et « je suis Parisien depuis plus de vingt ans ». J’habite dans cette circonscription depuis plus de douze ans », répond-il.

Ces rivalités risquent d'entraîner une nouvelle guerre fratricide, dont Les Républicains ont le secret. Pour l'éviter, LR espère trouver un accord avec Rachida Dati « d'ici la rentrée ».

Interrogé sur les ambitions que lui prêtent certains pour 2027, Michel Barnier réitère qu'il sera « présent dans le débat public » pour la présidentielle et les législatives.


Droit du travail: le gouvernement se donne jusqu'en septembre pour cadrer la négociation

Cette photographie montre l'entrée du ministère du Travail, à Paris, le 17 janvier 2025. (AFP)
Cette photographie montre l'entrée du ministère du Travail, à Paris, le 17 janvier 2025. (AFP)
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  • Le gouvernement lance des négociations larges sur le droit du travail et l’assurance chômage, avec une lettre de cadrage attendue la semaine prochaine
  • Parmi les mesures envisagées : monétisation de la cinquième semaine de congés, suppression de deux jours fériés, lutte contre les temps partiels subis et assouplissement des CDD et intérim

PARIS: Le ministère du Travail a indiqué vendredi que la feuille de route de la négociation sur le droit du travail, avec notamment la possible monétisation de la cinquième semaine de congés payés, serait envoyée en septembre pour poursuivre "la concertation préalable".

Plaidant qu'"il faut travailler plus", le Premier ministre François Bayrou avait souhaité le 15 juillet que les partenaires sociaux ouvrent des négociations sur une nouvelle réforme de l'assurance chômage et sur le droit du travail pour participer à l'effort budgétaire.

Le ministère doit adresser "dans le courant de la semaine prochaine" la "lettre de cadrage" fixant le cadre de la négociation d'une nouvelle réforme de l'assurance chômage avec des discussions prévues "jusqu’à la mi-novembre", ainsi que le document d'orientation concernant la suppression de deux jours fériés pour une négociation qui doit durer "jusqu’à la fin du mois de septembre".

Mais les autres mesures ayant trait à "la modernisation du marché du travail et la qualité du travail" feront l'objet d'un document d'orientation à la rentrée. Outre la monétisation de la cinquième semaine de congés payés, il s'agit notamment de lutter contre les temps partiels subis, de "fluidifier" le marché du travail avec des assouplissements sur les CDD et les contrats d'intérim ou encore de dispositions sur l’indemnisation des arrêts maladie.

"Un envoi en septembre plutôt que début août répond à une demande de certains des partenaires sociaux de pouvoir poursuivre la concertation préalable à l’envoi de ce document d’orientation", a expliqué le ministère, ajoutant que cela "permettra de continuer à recueillir leurs avis, leurs idées et leurs priorités pour enrichir ce document".

Le calendrier de cette négociation doit s'étendre "sur plusieurs mois, au minimum jusqu’à la fin de l’année 2025", selon la même source.


Paris salue la conférence de New York et poursuit l’initiative avec Riyad

Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux médias lors d'une visite des entrepôts du Croissant-Rouge égyptien où est stockée l'aide destinée à Gaza, dans la ville frontalière égyptienne d'El-Arish, en Égypte, le 8 avril 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux médias lors d'une visite des entrepôts du Croissant-Rouge égyptien où est stockée l'aide destinée à Gaza, dans la ville frontalière égyptienne d'El-Arish, en Égypte, le 8 avril 2025. (AFP)
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  • Paris et Riyad poussent pour une reconnaissance collective de l’État palestinien
  • La France appelle à un cessez-le-feu, la levée du blocus et le désarmement du Hamas

PARIS: Sur fond de crise humanitaire d’une cruauté inqualifiable dans la bande de Gaza, le président Emmanuel Macron a annoncé une opération de largage de vivres conduite par la France, avec le soutien de la Jordanie, des Émirats arabes unis et de l’Allemagne.

« Face à l’urgence absolue, nous venons de conduire une opération de largage de vivres à Gaza », a déclaré le chef de l’État sur X, en remerciant les partenaires impliqués et saluant l’engagement des forces armées françaises.

Mais, de son point de vue, ces largages restent insuffisants : « Il faut qu’Israël ouvre un plein accès humanitaire », a-t-il insisté, réitérant l’exigence française d’une levée immédiate du blocus des aides.

Au-delà de la réponse d’urgence, Paris entend porter une initiative diplomatique structurante : la conférence internationale co-présidée à New York par la France et l’Arabie saoudite a marqué un tournant en posant un cadre politique ambitieux.

Cette conférence, tenue en l’absence des États-Unis et d’Israël, a réuni plus de 40 ministres et 120 participants, aboutissant à l’adoption d’un plan d’action en 42 points.

Malgré les réticences et le scepticisme ambiants, elle a permis l’émergence d’une dynamique inédite vers la reconnaissance de l’État palestinien et un processus de paix régional.

Le plan d’action validé à New York constitue désormais un socle politique partagé entre acteurs européens, puissances arabes, Union européenne et Ligue arabe.

Ce texte appelle à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, à la libération de tous les otages, à l’acheminement massif de l’aide humanitaire, mais surtout à la mise en œuvre concrète de la solution à deux États.

Il prévoit notamment un processus progressif de désarmement du Hamas, condition indispensable à la stabilisation durable de la région.

Pour la France, ce texte marque une rupture avec l’impasse diplomatique des dernières décennies et propose pour la première fois un mécanisme concerté de démilitarisation et de réintégration de Gaza dans le giron de l’Autorité palestinienne.

Le document évoque même la possibilité de confier les armes du Hamas à une tierce partie sous supervision internationale, afin de garantir qu’elles ne soient plus utilisées.

Ce volet, essentiel pour Israël, est aussi le fruit d’un consensus entre les États arabes partenaires, y compris ceux perçus comme proches du Hamas.

Sur le front politique, Paris se réjouit de l’effet de levier de la conférence : peu après, plusieurs pays — Portugal, Royaume‑Uni, Canada — ont annoncé leur volonté de reconnaître l’État palestinien, à l’occasion de l’Assemblée générale des Nations unies en septembre.

Une coalition de volontaires est en train de se constituer : quinze États, aux côtés de la Ligue arabe et de l’Union européenne, ont d’ores et déjà signé une déclaration commune en ce sens.

La France espère ensuite entraîner d’autres partenaires européens, notamment l’Allemagne. « Nous continuons à travailler en E3 avec nos partenaires allemands et britanniques », indique une source haut placée.

Si Berlin reste prudent, des signes d’évolution apparaissent dans les récentes déclarations de sa ministre des Affaires étrangères. Paris entend maintenir ces échanges diplomatiques jusqu’à septembre.

Contrairement aux critiques israéliennes et américaines, la France affirme que cette dynamique de reconnaissance ne constitue pas un obstacle à la paix, mais un levier pour la relancer.

Le président Macron estime que cette reconnaissance, inscrite dans un cadre politique exigeant — avec une gouvernance palestinienne réformée et un désarmement du Hamas — peut rebâtir les conditions d’une solution durable.

Les ruptures des négociations avec le Hamas sont antérieures aux annonces de Paris, souligne-t-on à l’Élysée, et ne peuvent donc pas lui être imputées.

La reconnaissance collective envisagée en septembre serait également un signal fort en direction des modérés palestiniens, en particulier l’Autorité palestinienne, qui s’est engagée début juin à respecter une série d’exigences posées par la communauté internationale en matière de gouvernance et de lutte contre la corruption.

Un des apports majeurs de la conférence de New York est l’introduction formelle de la question du désarmement du Hamas dans un cadre diplomatique multilatéral.

Jusqu’ici marginalisée ou qualifiée d’irréaliste, cette exigence est clairement codifiée dans le plan d’action. Des discussions sont en cours, y compris sur l’exil éventuel de certains cadres du mouvement auprès d’États tiers.

Le Hamas n’a pas accepté ces conditions, mais le message politique est clair : son isolement au sein du monde arabe s’accentue et sa marge de manœuvre se rétrécit.

Face à cette dynamique, Israël et l’administration américaine ont haussé le ton, estimant qu’une reconnaissance unilatérale de la Palestine constituerait une « insulte » aux victimes israéliennes du 7 octobre.

Le président américain Donald Trump a même imposé des sanctions ciblées contre certains membres de l’Autorité palestinienne et de l’OLP, en contradiction avec les efforts en cours pour renforcer cette autorité.

La position américaine révèle un décalage croissant avec une partie de la communauté internationale, y compris des alliés traditionnels, en raison de son soutien inconditionnel à Israël, malgré l’ampleur des pertes civiles à Gaza et la persistance de la colonisation en Cisjordanie.

Cet état de fait suscite déjà des interrogations en Europe, où des pays comme la Suède exigent, par exemple, le gel de la partie commerciale de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël.

La France, de son côté, entend poursuivre cette dynamique au-delà de la conférence de New York. Un sommet est prévu les 21 et 22 septembre, juste avant l’Assemblée générale de l’ONU, pour réunir les États prêts à reconnaître collectivement la Palestine et à faire vivre ce nouveau cadre politique.

« Il s’agit d’une coalition inédite, qui repose sur un équilibre entre exigences sécuritaires et reconnaissance des droits politiques du peuple palestinien », souligne-t-on à Paris.

En réaffirmant l’exigence d’un cessez-le-feu immédiat, la levée du blocus humanitaire, la libération des otages, mais aussi le désarmement du Hamas et la mise en place d’un État palestinien souverain, la France, de concert avec l’Arabie saoudite, tente de reconstruire une architecture de paix.