Très contagieux, le variant Delta menace d'un «été indien»

Avec le variant Delta, les scientifiques estiment qu'il faudrait vacciner plus de 80% de la population, un niveau ambitieux même pour les pays aux campagnes de vaccination les plus performantes. (Photo, AFP)
Avec le variant Delta, les scientifiques estiment qu'il faudrait vacciner plus de 80% de la population, un niveau ambitieux même pour les pays aux campagnes de vaccination les plus performantes. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 26 juin 2021

Très contagieux, le variant Delta menace d'un «été indien»

  • Identifiée pour la première fois en Inde, où elle s'est diffusée à partir d'avril, cette sous-lignée du Sars-CoV-2 est désormais présente dans au moins 85 pays, selon l'OMS
  • Cette progression rapide s'explique par son «avantage compétitif» par rapport aux autres souche

PARIS : Déjà responsable d'une reprise épidémique au Royaume-Uni depuis quelques semaines, le variant Delta, plus contagieux, pourrait provoquer un rebond à large échelle dès cet été si rien n'est fait pour le contrer précocement, avertissent spécialistes et autorités sanitaires.

A Genève, le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) Tedros Adhanom Ghebreyesus a fait part de la vitesse de diffusion du variant "parmi les populations non vaccinées", alors que l'accès au vaccin reste extrêmement déséquilibré dans le monde, créant "une pandémie à deux vitesses".

"Alors que certains pays assouplissent les mesures sociales et de santé publique, nous commençons à voir une augmentation de la transmission dans le monde", a-t-il averti.

Plusieurs pays comme l'Indonésie, le Portugal, la Russie ou Israël connaissent une recrudescence au moins en partie liée au variant Delta, et de nombreux autres craignent de leur emboîter le pas.

Identifiée pour la première fois en Inde, où elle s'est diffusée à partir d'avril, cette sous-lignée du Sars-CoV-2 est désormais présente dans au moins 85 pays, selon l'OMS.

En Europe, elle s'est d'abord diffusée au Royaume-Uni, remplaçant en quelques semaines le variant Alpha, apparu fin 2020 dans le sud-est de l'Angleterre. Dans cette nation britannique, 95% des tests séquencés correspondent désormais au variant Delta, selon les données publiées vendredi par Public Health England.

Le même scénario devrait se produire dans le reste du continent: le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) estime que le variant représentera 70% des nouvelles infections dans l'UE d'ici à début août et 90% fin août.

Aux Etats-Unis, il est passé d'environ 10% le 5 juin à 35% des prélèvements positifs séquencés la semaine dernière. Une proportion comparable est observée en Israël.

Cette progression rapide s'explique par son "avantage compétitif" par rapport aux autres souches: on le juge 40% à 60% plus transmissible que le variant Alpha, lui-même plus contagieux que la souche qui avait causé la première vague en Europe.

Une équipe de chercheurs français estime même cet avantage de transmission entre 50% et 80%, dans une étude non encore publiée, à partir de données de la région parisienne.

«Donnez-nous des vaccins!»

Face à cette menace, les autorités appellent la population à "faire beaucoup mieux" en matière de vaccination, à l'instar du Premier ministre français Jean Castex, jeudi.

Car si, selon plusieurs études, les vaccins sont un peu moins performants contre le variant Delta que contre le variant Alpha et la souche historique, ils conservent un niveau d'efficacité élevé, à condition d'avoir reçu les deux doses.

Selon le vaccin, la protection est de 91% à 98% contre le risque d'hospitalisation et de 78% à 80% contre la forme symptomatique du Covid provoquée par le variant Delta, montrent des données des autorités britanniques actualisées vendredi.

Avec une seule dose, la protection contre la maladie est en revanche bien moindre (32% à 38%).

"Une dose ne suffit pas": face au variant Delta "une vaccination complète est nécessaire pour protéger les plus vulnérables", martèle un document grand public diffusé par l'ECDC.

Augmenter la couverture vaccinale est donc nécessaire, mais sans doute pas suffisant, avertit l'épidémiologiste Antoine Flahault.

En effet, plus un virus est contagieux, plus le niveau de vaccination nécessaire pour atteindre l'immunité de groupe (le seuil au-delà duquel il ne parvient plus à circuler) est haut, explique Samuel Alizon, biologiste spécialiste de la modélisation des maladies infectieuses.

Avec le variant Delta, les scientifiques estiment qu'il faudrait vacciner plus de 80% de la population, un niveau ambitieux même pour les pays aux campagnes de vaccination les plus performantes.

En Afrique, où le variant Delta est présent dans 14 pays et déjà majoritaire en République démocratique du Congo et en Ouganda, l'OMS estime que seulement 1% de la population est totalement vaccinée et appelle à un "sprint" de vaccination.

"Donnez-nous des vaccins! (...) Il n'y a pas de vaccins" a supplié le Dr Tedros, très inquiet pour l'Afrique, et soulignant que le programme Covax manquait cruellement de vaccins.

Prévenir

"Ce mois-ci, il y a eu zéro dose de vaccins AstraZeneca, zéro dose de vaccin SII, zéro dose de vaccin J&J", a détaillé le docteur Bruce Aylward, chargé à l'OMS de superviser le système de distribution international Covax.

La donne est compliquée par le fait que ce variant échappe en partie à l'immunité conférée par une infection passée, et donc qu'"on ne peut plus trop compter sur l'immunité naturelle" pour considérer une population comme protégée, souligne Samuel Alizon.

A l'OMS, la Dr Maria Van Kerkhove, responsable technique de la lutte contre le Covid-19 au sein de l'agence, a défendu, aux côtés de M. Tedros, l'importance de continuer à suivre les gestes barrières et autres mesures non pharmaceutiques.

"Nous savons ce qui fonctionne, nous devons le faire. Nous devons intensifier ces actions parce que le meilleur traitement est la prévention", a-t-elle dit.

Certains pays comme Israël ont d'ailleurs déjà annoncé le retour de certaines restrictions.


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.