En Europe, la pandémie s'éloigne, les féminicides reprennent de plus belle

Premier pays européen à avoir adopté en 2004 une loi faisant du genre de la victime une circonstance aggravante en cas d'agression, l'Espagne veut en finir "une fois pour toutes" avec ce "fléau", a martelé le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez après la récente recrudescence de féminicides. (Photo, AFP)
Premier pays européen à avoir adopté en 2004 une loi faisant du genre de la victime une circonstance aggravante en cas d'agression, l'Espagne veut en finir "une fois pour toutes" avec ce "fléau", a martelé le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez après la récente recrudescence de féminicides. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 28 juin 2021

En Europe, la pandémie s'éloigne, les féminicides reprennent de plus belle

  • «Quand les femmes retrouvent leur liberté, les agresseurs sentent qu'ils perdent le contrôle et réagissent encore plus violemment, la flambée des féminicides ces derniers mois le montre»
  • En Belgique, 13 féminicides avaient déjà été recensés fin avril contre 24 sur l'ensemble de 2020 tandis qu'en France, 56 femmes ont été tuées à ce jour

MADRID: Synonyme de "perte de contrôle" pour les hommes violents, le retour progressif à la vie normale a signé en Europe une reprise des féminicides, après une accalmie trompeuse durant le huis clos du confinement.

Leurs visages font la Une des journaux. Comme Chahinez, brûlée vive en France par son mari, ces cinq femmes tuées en trois semaines en Suède au printemps ou en Espagne, ces photos qui n'en finissent pas de hanter les JT.

Dans les rares pays européens où sont disponibles des statistiques officielles pour 2021 ou des recensements d'associations, les chiffres sont sans appel comme en Espagne, où depuis la levée en mai de l'état d'urgence sanitaire, une femme est tuée tous les trois jours par son conjoint ou son ex-conjoint contre une par semaine en moyenne.

En Belgique, treize féminicides avaient déjà été recensés fin avril contre 24 sur l'ensemble de 2020 tandis qu'en France, 56 femmes ont été tuées à ce jour, selon le collectif "Féminicides par compagnons ou ex" contre 46 à la même date en 2020.

"Quand les femmes retrouvent leur liberté, les agresseurs sentent qu'ils perdent le contrôle et réagissent encore plus violemment, la flambée des féminicides ces derniers mois le montre", explique Victoria Rosell, à la tête de la délégation du gouvernement espagnol contre la violence machiste. 

"En faisant sauter le verrou des restrictions, on a déverrouillé une autre pandémie: la pandémie machiste qui se terrait en-dessous", ajoute-t-elle. 

Premier pays européen à avoir adopté en 2004 une loi faisant du genre de la victime une circonstance aggravante en cas d'agression, l'Espagne veut en finir "une fois pour toutes" avec ce "fléau", a martelé le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez après la récente recrudescence de féminicides.

«A l'aide»

Partout en Europe, le(s) confinement(s) ont rendu la détection des violences conjugales encore plus délicate.

Cloîtrées, les victimes ont été obligées de cohabiter avec leur bourreau et d'appeler à l'aide dans la plus grande discrétion.

En Espagne, durant le confinement (de mi-mars à mi-juin 2020), les demandes d'aide ont augmenté de 58% par rapport à la même période de 2019 avec un boom des demandes d'information en ligne (+458%), des sollicitations "silencieuses" comme les qualifient le ministère de l'Egalité.

"Cela en dit long sur la situation des femmes qui ne pouvaient même pas passer un coup de fil depuis leur domicile", commente Victoria Rosell. 

En Italie et en Allemagne, même constat avec des pics très marqués en avril et mai 2020 du nombre d'appels aux numéros d'urgence consacrés aux violences conjugales.

Tandis qu'au Royaume-Uni, l’organisation "Refuge", qui aide les victimes des violences familiales et conjugales, a reçu du printemps 2020 à février 2021 presque deux fois plus d'appels qu'en temps normal.

Pizza et masque violet

Enfermées avec leur agresseur, les femmes victimes de violences ont été sous sa surveillance permanente. Comment dès lors appeler à l'aide?

En Italie, elles pouvaient appeler le numéro d'urgence de la police et dire "je voudrais commander une pizza margherita", indiquant à l'opérateur qu'elles étaient victimes de violence, ou craignaient de l'être et déclenchant l'envoi d'une patrouille.

En Espagne, elles pouvaient demander "un masque violet" dans les pharmacies - rares endroits ouverts pendant le confinement.

Si les appels se sont multipliés, les plaintes comme les assassinats ont en revanche baissé pendant les restrictions, relève Angeles Carmona, la présidente de l'Observatoire espagnol contre la violence domestique et de genre.

En France, en Italie, ou en Espagne, le nombre de féminicides a ainsi baissé l'an dernier avec respectivement 90, 67 et 45 femmes tuées par leur compagnon ou ex-compagnon. En Belgique, ce chiffre s'est maintenu à 24.

Un phénomène qui n'est pas surprenant car le confinement a été le "scénario idéal pour exercer la violence de contrôle" entre absence de vie sociale et télétravail, estime ainsi Angeles Jaime de Pablo, présidente de l'association féministe Themis, selon laquelle la recrudescence actuelle des féminicides était "prévisible".

C'est souvent lors de l'annonce de la séparation, du divorce ou du début d'une nouvelle relation amoureuse qu'a lieu le passage à l'acte et le confinement a de fait reporté ces éléments déclencheurs.

"Une fois la crise sanitaire terminée, de nombreuses victimes réalisent qu'elles ont les outils pour mettre fin à la relation. Et c'est là où il y a un risque majeur que les assassinats se produisent", selon Carmen Ruiz Repullo, sociologue spécialisée dans la violence de genre. 


Les dirigeants du G7, dont Trump, se rejoignent au Canada tandis qu'un conflit oppose l'Iran et Israël

Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
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  • Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël.
  • La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

KANANASKIS, CANADA : Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël, alors que leurs dirigeants, dont le président américain, se retrouvent pour un sommet sous tension dans les Rocheuses canadiennes.

Il s'agit du premier grand sommet depuis que Donald Trump est revenu au pouvoir en janvier, ce qui a fragilisé l'unité du club des grandes démocraties industrialisées (Allemagne, Royaume-Uni, Canada, États-Unis, France, Italie et Japon).

Le président américain, qui n'a cessé de menacer le Canada ces derniers mois, est arrivé en fin de journée dans ce pays, avec sur la tête une casquette blanche portant son slogan « Make America Great Again » (« Rendre sa grandeur à l'Amérique »).

Pour cette réunion qui se déroule à Kananaskis, dans le parc national de Banff, dans l'ouest du Canada, il retrouvera ses alliés du G7 ainsi que les dirigeants de nombreux autres pays invités : l'Inde, l'Ukraine, le Mexique, l'Afrique du Sud et l'Australie seront notamment présents.

La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

Mais parviendront-ils à parler d'une voix commune, notamment sur cette région du monde ?

Israël a stupéfié le monde vendredi en ouvrant un nouveau front avec une campagne militaire surprise et massive contre l'Iran.

Selon une source gouvernementale citée par l'AFP, les dirigeants du G7 travaillent à une déclaration commune. Reste à décider s'il s'agit d'appeler à la désescalade ou simplement de soutenir Israël en affirmant que le pays a le droit de se défendre. 

Mais cette guerre n'est pas le seule enjeu des discussions à Kananaskis. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est parmi les invités et doit s'entretenir avec Donald Trump

Le président américain, qui s'est rapproché de façon spectaculaire de Moscou, a de nouveau eu un entretien téléphonique samedi avec le président russe Vladimir Poutine. Ce dernier lui a dit être prêt à un nouveau round de négociations.

De leur côté, les Européens tentent de convaincre Donald Trump de promulguer de nouvelles sanctions contre Moscou, ciblant plus précisément les ventes de pétrole russe. 

Tous les pays souhaitent par ailleurs aborder l'aspect commercial avec le président Trump. En imposant des taxes douanières d'au moins 10 % sur la plupart des produits entrant aux États-Unis, ce dernier a dévié le cours de la mondialisation et menacé l'économie mondiale d'un ralentissement général. 

Ce sommet du G7 est la première visite du président américain sur le sol canadien depuis qu'il a menacé son voisin du nord, estimant qu'il serait préférable qu'il devienne le 51^e État américain.

Le Premier ministre canadien, Mark Carney, et Donald Trump se rencontreront lundi matin lors d'un tête-à-tête. Outre MM. Carney et Zelensky, le dirigeant américain doit aussi rencontrer la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum. 


Donald Trump appelle Iran et Israël à «trouver un accord»

Donald Trump a appelé Israël et l'Iran à "trouver un accord" dimanche, même s'ils vont peut-être devoir se battre auparavant. (AFP)
Donald Trump a appelé Israël et l'Iran à "trouver un accord" dimanche, même s'ils vont peut-être devoir se battre auparavant. (AFP)
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  • Israël a multiplié dimanche ses frappes meurtrières à travers l'Iran, visant la capitale, la ville de Machhad à l'extrémité nord-est du pays ainsi que des installations militaires dans l'ouest, auxquelles Téhéran a riposté par de nouveaux tirs de missiles
  • En fin de journée, avant son départ pour le G7 au Canada, Donald Trump a renouvelé son appel aux deux pays: "Je pense qu'il est temps de conclure un accord et nous verrons ce qui se passera"

WASHINGTON: Donald Trump a appelé Israël et l'Iran à "trouver un accord" dimanche, même s'ils vont peut-être devoir se battre auparavant, a-t-il déclaré au moment où des échanges intenses de tirs entre les deux pays se poursuivent pour la quatrième nuit consécutive.

"L'Iran et Israël devraient trouver un accord, et ils vont trouver un accord", a écrit le président américain sur son réseau Truth Social dimanche matin, ajoutant que "de nombreux appels et rencontres ont lieu en ce moment".

En fin de journée, avant son départ pour le G7 au Canada, Donald Trump a renouvelé son appel aux deux pays: "Je pense qu'il est temps de conclure un accord et nous verrons ce qui se passera. Parfois, ils doivent se battre, mais nous verrons ce qui se passera. Je pense qu'il y a de bonnes chances qu'il y ait un accord", a-t-il déclaré sur le seuil de la Maison Blanche avant d'embarquer dans son hélicoptère Marine One.

Israël a multiplié dimanche ses frappes meurtrières à travers l'Iran, visant la capitale, la ville de Machhad à l'extrémité nord-est du pays ainsi que des installations militaires dans l'ouest, auxquelles Téhéran a riposté par de nouveaux tirs de missiles.

Au troisième jour de l'offensive aérienne israélienne, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a menacé de faire payer à l'Iran "un prix très lourd" après la mort de civils provoquée par les salves de missiles balistiques iraniens tirées en représailles sur Israël, qui ont touché des zones habitées.

L'Iran a de son côté promis dimanche une "réponse dévastatrice" aux attaques israéliennes et affirmé qu'Israël ne serait bientôt "plus habitable".


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».