Après le crash des régionales, Macron joue la relance avant la présidentielle

Le président français Emmanuel Macron écoute un employé de Renault à Douai, où l'entreprise fabrique des véhicules électriques. (AFP).
Le président français Emmanuel Macron écoute un employé de Renault à Douai, où l'entreprise fabrique des véhicules électriques. (AFP).
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Publié le Lundi 28 juin 2021

Après le crash des régionales, Macron joue la relance avant la présidentielle

  • «Le problème c'est que les résultats des régionales», qui ont requinqué droite et gauche, «fragilisent notre attractivité»
  • Balayant l'idée d'un grand remaniement, M. Macron doit également préciser son projet pour la rentrée

DOUAI: Occultant les mauvais résultats de la majorité aux régionales, Emmanuel Macron prépare le tournant de l'après-crise, en mettant l'accent dès lundi sur la relance, lors d'un déplacement à Douai (Nord) au parfum de campagne présidentielle, avant un forum "Choose France" dans la soirée.

Certes les objectifs de départ n'étaient guère élevés pour M. Macron, dans ce scrutin promis aux sortants qui ont géré la crise sanitaire. Mais l'incapacité de la majorité à troubler le moindre match, doublée des scores flatteurs obtenus par de potentiels rivaux à droite pour 2022, encouragent le chef de l'Etat à clore rapidement le chapitre et à se tourner vers la suite, avec la relance post-Covid.

C'est donc un président à la manoeuvre sur le front économique qui s'est affiché lundi matin à Douai sur le site de Renault pour annoncer l'implantation d'une méga-usine de batteries sino-japonaise, avec deux milliards d'euros d'investissements et 1.000 emplois à la clé d'ici 2024, lançant une semaine axée sur le thème de l'attractivité française.

Lundi soir, il recevra également 150 patrons à Versailles pour "Choose France", inaugurera mardi les locaux de la banque JP Morgan puis terminera vendredi par l'exposition de produits "Made in France" à l'Elysée, l'occasion d'insister sur le rebond des créations d'emplois et de valoriser son bilan.

Signe que le coup d'envoi de la présidentielle du printemps 2022 est donné, il a retrouvé lundi matin dans le Nord Xavier Bertrand, président réélu des Hauts-de-France et surtout adversaire à droite pour 2022. M. Bertrand, qui compte faire des régionales sa rampe de lancement, ne s'est pas privé de chiper à M. Macron la primeur de l'annonce de l'arrivée du groupe sino-japonais Envision à Douai, nouvelle preuve que "la guerre est déclarée depuis un moment", dit aux Echos celui qui espère chambouler le duel Macron-Le Pen.

Balayant l'idée d'un grand remaniement, M. Macron doit également préciser son projet pour la rentrée. "Je crois qu'il fait encore des allers-retours dans sa tête", assure ainsi un proche.

"Le pays étant à un tournant, le président de la République s'exprimera (...) dans le courant du mois de juillet (...) sur le cap qui va nous amener dans les 10 prochains mois jusqu'à l'élection présidentielle", a indiqué le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal lundi sur FranceInfo.

Wauquiez refuse de participer à une «course de vitesse»

Laurent Wauquiez, qui a décroché dimanche un second mandat à la tête de la région Auvergne-Rhône-Alpes, a indiqué lundi qu'il n'était "pas dans une course de vitesse", après l'appel de son homologue des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, également réélu, à "former une belle équipe" pour 2022.

"Evidemment ce qu'on fait dans notre Région est lié à ce qui se passe au niveau national. (...) Mais pour moi, c'est très important qu'il y ait de la constance. (...) Ce matin, je suis là comme président de région sur le terrain et je ne veux pas de ces espèces de course de vitesse où à peine élu, on passe à autre chose", a déclaré l'ancien président des Républicains devant la presse lors d'une visite d'un centre de surveillance de la sûreté ferroviaire à la gare Part-Dieu.

"Je pense qu'il n'y a pas d'avenir pour la politique ni au niveau local, ni au niveau national, si on bascule dans une espèce de course de petits chevaux de bois où à peine on a sauté une haie, on passe à une autre", a-t-il insisté, en se fixant d'abord "l'impératif d'honorer" ses engagements.

Lundi matin, Xavier Bertrand, en route vers la présidentielle après avoir été aisément réélu avec un score de 52,37%, a appelé M. Wauquiez et Valérie Pécresse, également réélue en Ile-de-France, à former "une belle équipe" pour 2022.

Meilleur espoir de la droite en 2022 selon les sondages, en dépit de son départ de LR en 2017, Xavier Bertrand a annoncé dès mars sa volonté d'être "le troisième homme" de la présidentielle, à condition de remporter un second mandat régional. 

La question des retraites

Parmi les sujets laissés en suspens par la crise sanitaire, la réforme des retraites, qui divise l'entourage du chef de l'Etat tant sur sa forme que sur le calendrier.

"Il faut la faire, mais il faut aussi choisir le bon moment", a résumé Jean Castex auprès de Figaro, tout en affirmant que "ce ne sera pas la même" que celle initiée par son prédécesseur Edouard Philippe. 

Alors que les comptes sociaux ont été considérablement grevés par la Covid-19, une partie de la majorité plaide pour un relèvement de l'âge de départ, mesure qui pourrait être prise dès le vote du prochain budget à l'automne.

Les régionales à peine bouclées, la bataille présidentielle peut commencer

Les élections régionales sont à peine bouclées que la bataille pour la présidentielle démarre: Emmanuel Macron est dès lundi sur les terres de Xavier Bertrand, candidat déclaré pour 2022, qui appelle de son côté ses homologues de droite à le rallier.

L'une d'eux, la présidente de l'Ile-France Valérie Pécresse, n'exclut pas de se lancer elle-même après l'été.

Avec une abstention vertigineuse - autour de 66% -, difficile de tirer des enseignements du second tour de ce scrutin local pour la présidentielle, soulignent toutefois les politologues.

"Ce que certains vont présenter comme le retour de la gauche et de la droite ne se traduit pas dans les sondages pour 2022. Les élections sont de plus en plus déconnectées les unes des autres", souligne Chloé Morin, politologue associée à la Fondation Jean-Jaurès.

Les présidents sortants sont, eux, confortés, tous réélus dans les treize régions métropolitaines, qu'il s'agisse de la droite et du centre (sept régions) ou de la gauche (cinq régions), qui peut même se targuer de voir la Réunion basculer dans son escarcelle.

Pour LREM, c'est la déroute, le parti présidentiel ayant été absent au premier tour en Paca, éliminé dans les Hauts-de-France, en Auvergne-Rhône-Alpes ou en Occitanie, et n'affichant que de faibles scores là où il est parvenu à concourir.

«Match à trois»

Occupant le terrain économique, il a visité dès lundi matin une usine de batteries électriques à Douai (Nord), notamment en compagnie de... Xavier Bertrand.

M. Bertrand avait conditionné la concrétisation de ses ambitions présidentielles à sa réélection à la tête de sa région. Pari tenu, avec plus de 52% dimanche après avoir "plié le match" dès le 1er tour.

Dès dimanche soir, il a dit vouloir aller à "la rencontre de tous les Français", alors que pour lui "la présidentielle est désormais un match à trois", le match "à deux" Macron/Le Pen ayant "du plomb dans l'aile".

Et tôt lundi matin, il a appelé la présidente réélue de l'Ile-de-France Valérie Pécresse (Libres!, ex-LR) et son homologue en Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez (LR) à former "une belle équipe" avec lui pour 2022.

Réponse de Valérie Pécresse dans la foulée: "Pour moi tout commence aujourd'hui".

Notant qu'"il n'y a pas d'homme providentiel aujourd'hui", Mme Pécresse (45,9% dimanche contre 33,7% à la liste d'union de la gauche emmenée par l'écologiste Julien Bayou) veut "réfléchir cet été" et "consulter pour la suite" avant de décider d'une éventuelle candidature à la rentrée.

Elle prône d'ici là un travail "collectif" de la droite et du centre "pendant la période estivale" pour "définir ensemble les règles du jeu" qui permettront de choisir un candidat commun pour 2022.

«Plafond vert»

Autre prétendant possible à droite pour 2022, Laurent Wauquiez a été réélu haut la main en Auvergne-Rhône-Alpes, avec un score de 55,17% contre 33,65% à la liste d'union de la candidate écologiste Fabienne Grébert.

La droite peut enfin aussi se satisfaire des victoires de Jean Rottner (40,30%) dans le Grand Est et Hervé Morin (44,26%) en Normandie.

Au RN, qui espérait briser le plafond de verre et enclencher une dynamique en vue de la présidentielle, la présidente Marine Le Pen a donné "rendez-vous aux Français, dès demain, pour construire tous ensemble l'alternance dont la France a besoin".

Alain Rousset en Nouvelle-Aquitaine (39,5%), Carole Delga en Occitanie (57,8%), François Bonneau en Centre-Val de Loire (39,15%), Marie-Guite Dufay en Bourgogne-Franche-Comté (42,2%) et Loïg Chesnais-Girard en Bretagne (29,8%) ont tous fini en tête, même si ce dernier n'aura qu'une majorité relative.

"Là, il y a une bonne ambiance, les boîtes ont envie d’investir, les gens de bosser, de partir en vacances, de revivre. Il faut laisser cette dynamique prospérer, on ne peut pas faire ça maintenant", rétorque un proche du président.

Dans un calendrier parlementaire restreint, comprenant des textes toujours en navette comme la loi Climat, M. Macron n'a plus guère d'espace pour un projet de loi d'ampleur. Des avancées sur la prise en charge de la dépendance, des signaux en direction de la jeunesse comme l'extension de la "garantie jeunes" sont attendus, alors que l'exécutif cherche également à occuper le terrain sécuritaire face à la pression exercée sur sa droite.

Dans le même temps, M. Macron espère aussi oeuvrer à la consolidation, voire l'élargissement de sa majorité en vue de 2022. 

"Le problème c'est que les résultats des régionales", qui ont requinqué droite et gauche, "fragilisent notre attractivité", souligne un proche du président. Avant d'ajouter, inquiet: "et l'hypothèse que Macron n'est qu'une parenthèse dans l'histoire revient dans le jeu".


La France rapatrie treize femmes et enfants depuis les camps en Syrie, une première depuis deux ans

La Française Emilie Konig marche dans le camp Al-Roj, dans le nord-est de la Syrie, le 28 mars 2021, où elle est détenue avec d'autres personnes soupçonnées d'être des proches de membres présumés du groupe Daesh. (AFP)
La Française Emilie Konig marche dans le camp Al-Roj, dans le nord-est de la Syrie, le 28 mars 2021, où elle est détenue avec d'autres personnes soupçonnées d'être des proches de membres présumés du groupe Daesh. (AFP)
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  • La France a rapatrié dix enfants et trois femmes détenus dans des camps jihadistes en Syrie, marquant la première opération du genre depuis deux ans
  • Deux femmes ont été placées en garde à vue, et une troisième présentée à un juge antiterroriste

PARIS: La France a rapatrié tôt mardi matin dix enfants et trois femmes âgées de 18 à 34 ans qui étaient détenus dans des camps de prisonniers jihadistes dans le nord-est de la Syrie, une première depuis deux ans.

Parmi les femmes, "deux ont été placées en garde à vue, sur commission rogatoire du juge d'instruction", a annoncé le Parquet national antiterroriste (Pnat) dans un communiqué.

"Une autre femme, faisant l'objet d'un mandat d'arrêt, sera présentée à un juge d'instruction dans la journée" en vue d'une possible mise en examen, a-t-il ajouté.

"Les mineurs sont pris en charge dans le cadre de procédures d'assistance éducative sous la responsabilité du parquet" de Versailles, a indiqué le Pnat, qui "assurera le suivi centralisé des mineurs concernés, en lien avec les parquets territoriaux".

"La France remercie les autorités syriennes de transition ainsi que l'administration locale du Nord-Est syrien qui a rendu possible cette opération", a déclaré de son coté le porte-parole du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères.

Cette opération est une première depuis juillet 2023 en France, où ces retours restent une question sensible, dix ans après la vague d'attentats jihadistes sur le sol national.

Au total, 179 enfants et 60 femmes adultes ont été rapatriées depuis 2019, précise une source diplomatique.

Mais ces opérations avaient cessé à l'été 2023, faute de volontaires selon les autorités, et ce malgré des condamnations internationales dont celle de la Cour européenne des droits de l'Homme en 2022.

- "Arbitraire" -

"Pour les familles qui attendaient leurs petits-enfants, neveux et nièces depuis plus de six ans, c'est un immense et indescriptible soulagement", a déclaré l'avocate des femmes rapatriées, Marie Dosé, dans un communiqué transmis à l'AFP.

Mais "la France laisse derrière elle 110 autres enfants français, toujours détenus dans le camp Roj", l'un des camps contrôlés comme d'autres centres et prisons par les forces kurdes, depuis plus de six ans, dénonce-t-elle.

Des dizaines de milliers de personnes, d'une cinquantaine de nationalités et soupçonnées de liens avec l'organisation jihadiste État islamique, sont retenues dans ces camps.

En juin, quelque 120 enfants et une cinquantaine de femmes françaises y étaient encore retenus, selon le Collectif des Familles unies, qui rassemble leurs proches.

Après ce rapatriement nocturne, ce collectif a rediffusé sur X mardi matin son message habituel dénonçant la détention sur place d'enfants "coupables de rien" dans "des conditions indignes".

Car pour ces familles, rien n'est encore réglé. "Une nouvelle fois, la France fait le choix de l'arbitraire", regrette Marie Dosé.

"La France, qui refusait de rapatrier des enfants tant que leurs mères n'avaient pas donné leur accord, refuse aujourd'hui leur retour alors qu'ils sont devenus majeurs. Ce faisant et plus que jamais, la France décide donc de faire payer à ces enfants le choix de leurs parents", estime-t-elle aussi.

Elle dénonce également le sort de femmes sans enfant ou dont les enfants sont décédés, et que la France refuse désormais de rapatrier, ainsi que d'enfants nés en France et "conduits de force en Syrie" avant de pouvoir acquérir la nationalité, ou de jeunes majeurs enfermés dans d'autres lieux de détention syriens.

Pour Matthieu Bagard, responsable du pôle expertise Syrie de l'ONG Avocats sans frontières France, "ce rapatriement démontre une nouvelle fois que la France a la possibilité d'organiser ces opérations". Mais il déplore lui aussi la situation des femmes et jeunes majeurs toujours "illégalement détenus".

En février, l'administration kurde a annoncé, en coordination avec l'ONU, son intention de vider d'ici fin 2025 les camps du nord-est de la Syrie des déplacés syriens et irakiens, y compris les proches présumés de jihadistes.


Après «Bloquons tout» et les promesses de «rupture», les syndicats dans la rue jeudi

"Le budget va se décider dans la rue": à l'instar de la CGT, les organisations syndicales appellent à faire grève et manifester jeudi pour contester des mesures budgétaire "brutales" annoncées cet été et que le nouveau Premier ministre n'a pour l'heure pas écartées. (AFP)
"Le budget va se décider dans la rue": à l'instar de la CGT, les organisations syndicales appellent à faire grève et manifester jeudi pour contester des mesures budgétaire "brutales" annoncées cet été et que le nouveau Premier ministre n'a pour l'heure pas écartées. (AFP)
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  • Après sa rencontre avec Sébastien Lecornu lundi, la cheffe de file de la CGT, Sophie Binet, se montrait plus que jamais déterminée, malgré l'abandon de la suppression de deux jours fériés samedi
  • Dès son arrivée à Matignon, Sébastien Lecornu avait promis des "ruptures sur le fond" et "pas que sur la forme"

PARIS: "Le budget va se décider dans la rue": à l'instar de la CGT, les organisations syndicales appellent à faire grève et manifester jeudi pour contester des mesures budgétaire "brutales" annoncées cet été et que le nouveau Premier ministre n'a pour l'heure pas écartées.

Après sa rencontre avec Sébastien Lecornu lundi, la cheffe de file de la CGT, Sophie Binet, se montrait plus que jamais déterminée, malgré l'abandon de la suppression de deux jours fériés samedi. "(Il) ne s'est engagé à rien du tout. Aucune des mesures catastrophiques du musée des horreurs de M. Bayrou n'est enterrée !", a-t-elle lancé.

Dès son arrivée à Matignon, Sébastien Lecornu avait promis des "ruptures sur le fond" et "pas que sur la forme". Depuis vendredi, il reçoit les syndicats représentatifs - à l'exception de Frédéric Souillot (FO) qui souhaite le rencontrer après le 18. Mais ces derniers maintiennent leur appel à la mobilisation du 18, espérant peser de tout leur poids sur les futures orientations budgétaires.

CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU et Solidaires seront ainsi unis jeudi dans la rue, pour la première fois depuis le 6 juin 2023 - date de la dernière mobilisation contre la réforme des retraites.

Les mesures avancées cet été sont "d'une brutalité sans précédent", dénonçaient-ils fin août dans un communiqué commun, regrettant que l'ancien gouvernement choisisse "encore une fois de faire payer les travailleuses et les travailleurs, les précaires, les retraité·es, les malades".

Ils pointent "des coupes dans les services publics, (...), une énième réforme de l'assurance chômage, le gel des prestations sociales et celui des salaires des fonctionnaires comme des contractuel·les, la désindexation des pensions de retraites, le doublement des franchises médicales, la remise en cause de la 5ème semaine de congés payés…".

L'abandon de la suppression de deux jours fériés, unanimement décriée par le monde syndical, constitue "une première victoire", qui "confirme que nous sommes en position de force", a estimé Sophie Binet.

Même la CFDT, pourtant peu rompue aux cortèges syndicaux, maintient sa participation: vendredi, Marylise Léon a réaffirmé que son syndicat était "plus que jamais motivé pour aller dans la rue", à l'issue de son entrevue avec Sébastien Lecornu.

"Le budget tel qu'il a commencé à être construit n'est pas compatible avec la justice sociale, fiscale et environnementale donc il y a vraiment besoin de le revoir de fond en comble", a-t-elle estimé lundi sur France Inter.

Sur la durée ? 

Sur la taxation des hauts patrimoines, revenue au cœur du débat, Mme Léon a pourtant apprécié que le Premier ministre dise être conscient de la nécessité de "faire quelque chose".

"Le budget, il va se décider dans la rue", insiste Mme Binet. Ainsi, "il faut faire une démonstration de force jeudi prochain et après", laissant entrevoir une mobilisation dans la durée.

Lundi, la CGT annonçait déjà plus de 220 manifestations, un chiffre encore amené à évoluer.

Les organisations syndicales parviendront-elles à dépasser l'affluence du mouvement citoyen "Bloquons tout" - qui a rassemblé près de 200.000 personnes le 10 septembre selon le ministère de l'Intérieur, sans toutefois parvenir à paralyser le pays ? Les manifestants du 10, parfois méfiants vis-à-vis des syndicats, participeront-ils à cette nouvelle journée ?

Aucune inquiétude côté syndical: "Nous avons déjà d'excellents retours sur la mobilisation de jeudi", assure Frédéric Souillot (FO).

"Nous avons l'objectif d'avoir un million de personnes avec nous", avance de son côté Cyril Chabanier (CFTC).

"La colère sociale est toujours là", abonde Julie Ferrua, co-déléguée générale de Solidaires.

De leur côté, les autorités s'attendent à une mobilisation plus importante que le 10 septembre et craignent la présence de plusieurs centaines de manifestants radicaux dans des cortèges. Une cellule de crise sera ouverte dès mardi au ministère de l'Intérieur.

Après le 18, ce sera le tour des agriculteurs de la FNSEA, le 26 septembre, de mener "une grande journée d'actions" autour des échanges internationaux de produits agricoles.


Lecornu va mettre fin aux "avantages à vie" des ex-ministres dès 2026

Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu participe à une réunion alors qu'il visite le centre de santé départemental à Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025. (AFP)
Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu participe à une réunion alors qu'il visite le centre de santé départemental à Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre Sébastien Lecornu concrétise une promesse phare pour réduire le « décalage » entre les élites politiques et la réalité des Français, dans un contexte de forte défiance envers sa nomination

PARIS: Fini le chauffeur et la voiture de fonction "à vie" pour les anciens de Matignon: les avantages octroyés aux ex-Premiers ministres seront "supprimés" dès 2026, a annoncé lundi Sébastien Lecornu, concrétisant l'une de ses premières promesses, très symbolique pour l'opinion.

Il n'est "pas concevable" que les anciens ministres "puissent bénéficier d'avantages à vie en raison d'un statut temporaire", a écrit le locataire de Matignon sur X, confirmant la mise en place de cette réforme dès le 1er janvier 2026.

"La protection policière ne sera accordée aux anciens Premiers ministres et ministres de l'Intérieur que pour une durée limitée, et reconduite en fonction de la réalité du risque. Tous les autres moyens mis à disposition des anciens Premiers ministres à vie le seront dorénavant pour une durée limitée", a expliqué M. Lecornu sur ce réseau social.

Sollicité par l'AFP, Matignon a expliqué que le gouvernement avait préparé une "instruction" à destination du Secrétariat général du gouvernement, en vue de revoir le décret du 20 septembre 2019, qui avait déjà restreint les privilèges accordés aux anciens Premiers ministres.

Ces derniers peuvent actuellement se voir octroyer "sur leur demande, un véhicule de fonction et un conducteur automobile", à la charge de l'Etat. Ils peuvent aussi bénéficier d'un "agent pour leur secrétariat particulier" pendant dix ans à compter de la fin de leurs fonctions et au plus tard jusqu'à ce qu'ils atteignent l'âge de 67 ans.

Des avantages qui ne s'appliquent pas pour les "ex" de Matignon lorsque ces derniers disposent déjà de ces privilèges via leur mandat (parlementaire ou local) ou leur fonction publique.

- "Mettre fin aux derniers privilèges" -

Une autre instruction du chef du gouvernement à l'attention de la Direction générale de la police nationale (DGPN) permettra de créer "un cadre" relatif à la "protection policière" des anciens Premiers ministres et ministres de l'Intérieur, a détaillé Matignon.

"On ne peut pas demander aux Français de faire des efforts si ceux qui sont à la tête de l'État n'en font pas. La réforme, ce n'est pas toujours +pour les autres+, cela crée la suspicion", avait lancé Sébastien Lecornu dans un entretien donné à plusieurs titres de la presse régionale durant le week-end.

"Beaucoup de choses ont été réglées pour les anciens présidents de la République. Je vais donc mettre fin aux derniers privilèges", avait-il encore promis, quelques jours seulement après sa prise de fonctions à Matignon, durant laquelle il s'était inquiété du "décalage" observé entre la vie politique et la vie "réelle" des Français.

Le Premier ministre, nommé mardi par Emmanuel Macron après la chute de François Bayrou, met ainsi en musique l'une de ses premières promesses, alors qu'il consulte en parallèle les forces politiques, syndicales et patronales en vue de former un gouvernement susceptible de survivre aux menaces de censure des oppositions.

Il doit aussi batailler contre une opinion publique très défiante vis-à-vis de sa nomination, même si les chiffres de confiance des Français à son égard varient selon les instituts de sondage.

Son prédécesseur, François Bayrou, avait déjà annoncé vouloir passer au crible ces privilèges ministériels: il avait confié fin août une mission à l'ex-député socialiste René Dosière pour identifier les "avantages indus, excessifs, inacceptables" dans un contexte de dérapage des finances publiques.

En réalité, l'économie à espérer de ces annonces est dérisoire par rapport aux dizaines de milliards d'euros recherchées par les gouvernements successifs. Les privilèges accordés au titre du décret de 2019 (chauffeur, secrétariat, véhicule) ont coûté 1,58 million d'euros à l'Etat en 2024, selon le gouvernement.

Un montant auquel il faut ajouter les dépenses de protection policière, évaluées à 2,8 millions d'euros par an dans un rapport parlementaire de 2019.