Le combat pour sauver le plus vieux lac d'Europe

Le plongeur et archéologue Nikola Paskali collecte des déchets sur la plage de la vieille ville près des rives du lac d'Ohrid, au sud-ouest de la République de Macédoine du Nord, le 22 juin 2021. (Robert Atanasovski / AFP)
Le plongeur et archéologue Nikola Paskali collecte des déchets sur la plage de la vieille ville près des rives du lac d'Ohrid, au sud-ouest de la République de Macédoine du Nord, le 22 juin 2021. (Robert Atanasovski / AFP)
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Publié le Vendredi 02 juillet 2021

Le combat pour sauver le plus vieux lac d'Europe

Le plongeur et archéologue Nikola Paskali collecte des déchets sur la plage de la vieille ville près des rives du lac d'Ohrid, au sud-ouest de la République de Macédoine du Nord, le 22 juin 2021. (Robert Atanasovski / AFP)
  • La région du lac Ohrid, à la frontière entre la Macédoine du Nord et l'Albanie, est distinguée depuis quatre décennies pour sa biodiversité et son patrimoine architectural et culturel uniques
  • L'Unesco menace de placer le lac sur sa liste des sites en péril avec une décision attendue en juillet

OHRID, République de Macédoine du Nord : Au bord de l'immensité azur du lac Ohrid, le plus ancien lac d'Europe menacé par une urbanisation et un tourisme anarchiques, Dimitar Pendoski contemple désolé les grandes bâches vertes qui recouvrent son restaurant de plage fermé par les autorités sous la pression de l'Unesco.

Pour tenter de préserver le classement du site au patrimoine mondial de l'Humanité, la municipalité de cette ville de Macédoine du Nord vient de couper l'électricité de cet établissement, où l'on accède par une passerelle de bois bringuebalante.

"Tout le monde y perd, les employés, l'économie locale, et bien sûr les touristes car ils n'ont nulle part où aller sur la plage", explique à l'AFP le restaurateur de 59 ans devant les dizaines d'estivants qui se dorent au soleil.

La région du lac Ohrid, qui s'étend à perte de vue à la frontière entre la Macédoine du Nord et l'Albanie, est distinguée depuis quatre décennies pour sa biodiversité et son patrimoine architectural et culturel uniques.

Mais l'Unesco menace de placer le lac sur sa liste des sites en péril avec une décision attendue en juillet.

Ces derniers mois, la municipalité d'Ohrid a démantelé une dizaine de bars et restaurants jugés non conformes sur les rives du lac formé il y a plus d'1,3 million d'années.

Les écologistes prennent acte mais y voient une goutte d'eau dans un océan d'urbanisation sauvage à l'œuvre dans toute la région depuis la disparition de la Yougoslavie dans les années 1990.

La petite ville d'Ohrid, considérée comme un des plus anciens foyers urbains d'Europe, où l'on trouve des centaines d'icônes byzantines et des vestiges néolithiques, a largement débordé de ses anciennes frontières. Les rives du lac sont aujourd'hui constellées d'hôtels de cinq étages, de jetées et autres commerces.

Les problèmes ne manquent pas entre les ruissellements agricoles, les rivières détournées dans le lac charriant de la pollution, le traitement défaillant des eaux usées, l'abattage des roseaux servant de filtres naturels au plan d'eau, les projets de marinas ou d'infrastructures de transport.

"Cancer du lac"

S'ajoute aussi la difficulté pour deux pays pauvres des Balkans à coordonner la protection d'un site dont la partie albanaise est classée par l'Unesco depuis trois ans seulement.

"Après 30 années de négligence, il est probablement normal que l'Unesco perde patience", reconnaît le maire Konstantin Georgieski, 43 ans, qui dirige la ville depuis la mort de son prédécesseur en 2018.

"Tout est parti en sucette", constate Nikola Paskali, 33 ans, plongeur et archéologue. S'il explore depuis des années le fond du lac à la recherche de vestiges de l'âge de bronze, il organise aussi des sorties pour ramasser les bouteilles en plastique, téléviseurs, vieilles baignoires, voire lunettes de WC qui s'y trouvent.

"Les détritus sont le cancer du lac", explique-t-il à l'AFP, accusant les autorités de ne pas faire grand chose pour préserver la biodiversité d'un site où vivent 200 espèces endémiques, dont les populations déclinantes de truite d'Ohrid.

Les autorités locales comme gouvernementales affirment avoir pris le problème à bras le corps avec l'adoption d'un plan de gestion pour la décennie à venir mais réclament du temps pour appliquer les recommandations de l'Unesco.

Pour l'heure, le maire Georgieski assure avoir "complètement débarrassé" les plages des paillotes dans un contexte compliqué qui a permis à des milliers de propriétaires de construire grâce aux failles d'un millefeuille de lois contradictoires.

Selon l'Unesco, un tiers des eaux usées d'Ohrid finissent directement dans le lac.

"C'est difficile de détruire la propriété des gens dans une petite ville" de 50.000 habitants, explique-t-il. "Je suis leur ennemi personnel maintenant". 

Les autorités locales plaident pour un tourisme plus durable, familial et culturel plutôt que pour des rassemblements de fêtards.

Un "équilibre"

"Ici, ce n'est pas Ibiza", souligne le maire.

Les défenseurs de l'environnement jugent que l'ONU fait bien de tirer la sonnette d'alarme et espèrent ainsi que des financements seront mobilisés.

"C'est la seule façon de faire cesser tous ces ravages", s'exclame Katerina Vasileska, de l'ONG Ohrid SOS. Même "si on commence maintenant, il faudra des années et des années pour réparer les dégâts".

Dimitar Pendoski assure qu'il avait tous les permis nécessaires pour son restaurant qui a accueilli dix ans durant des clients au bord de l'eau.

Il faut un "équilibre", plaide-t-il. "Le but est commun, avoir plus de clients, protéger le lac et la nature, mais il faut un développement économique local"

Le débat qui oppose partout sur la planète les tenants du développement aux défenseurs de l'environnement est un faux débat, rétorquent les écologistes.

"Nous devons maintenir la propreté du lac car autrement, nous allons tout perdre, perdre le tourisme", rappelle Nikola Paskali.

Pour Katerina Vasileska, les choses sont encore plus claires. "On emploie 30 personnes mais on pollue l'eau de 50.000 personnes".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.