74e Festival de Cannes: les membres du jury, la joie de Thierry Frémaux et l'empreinte carbone

«Au début de l'année, rien ne nous assurait que Cannes aurait lieu» : avant l'ouverture des festivités sur la Croisette, le délégué général du festival Thierry Frémaux témoigne de sa joie de voir démarrer cette 74e édition. (Photo, AFP)
«Au début de l'année, rien ne nous assurait que Cannes aurait lieu» : avant l'ouverture des festivités sur la Croisette, le délégué général du festival Thierry Frémaux témoigne de sa joie de voir démarrer cette 74e édition. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 03 juillet 2021

74e Festival de Cannes: les membres du jury, la joie de Thierry Frémaux et l'empreinte carbone

  • Du côté du jury, la parité est davantage respectée avec cinq femmes sur neuf membres pour cette 74e édition
  • Premier rôle dans la série à succès de Netflix «Le Serpent», où il incarne le tueur français Charles Sobhra, Tahar Rahim est l'acteur français à qui tout réussit

PARIS: Voici la composition du jury qui devra choisir, sous la présidence du réalisateur américain Spike Lee, la prochaine Palme d'or, lors de la 74e édition du Festival de Cannes, qui démarre mardi jusqu'au 17 juillet.

Mati Diop

Révélée en 2019 avec "Atlantique", son premier long-métrage récompensé du Grand prix à Cannes, Mati Diop est une réalisatrice franco-sénégalaise qui n'a de cesse de revenir à l'Afrique, dont elle parle dans ce film où est évoqué le sort des migrants.

Nièce du grand réalisateur sénégalais Djibril Diop Mambéty, réalisateur de "Touki Bouki", la cinéaste de 39 ans avait déjà été remarquée avec "Mille soleils", en 2013. Un moyen métrage documentaire qui suivait l'acteur de "Touki Bouki" et dialoguait avec le film de son oncle, qu'elle a peu connu.

Actrice à ses heures, notamment chez Claire Denis dans "35 rhums" (2008), elle est une admiratrice du cinéma onirique du Thaïlandais Apichatpong Weerasethakul, en compétition cette année.

Song Kang-ho

Acteur fétiche de Bong Joon-ho, il a été le père de famille roublard de "Parasite", Palme d’or 2019 ensuite récompensé de l'Oscar du meilleur film à Hollywood. En 26 ans de carrière, le Sud-Coréen a joué dans 40 films dont "Memories of Murder" (2003) et "Snowpiercer, le Transperceneige" (2013), film de science-fiction dystopique réalisé par Bong Joon-ho.

Le public international l'a découvert en 2009 dans "Thirst, ceci est mon sang", un conte baroque cruel où il incarnait un prêtre parti en Afrique tester un vaccin contre un mystérieux virus mortel avant d’être transformé en vampire.

Récompensé de l'"Excellence Award" au Festival du film de Locarno (Suisse) en 2019, il a été en 2020 sur la liste du "New York Times" des "25 meilleurs acteurs du 21e siècle". 

Festival de Cannes : où sont les femmes ?

Avec seulement quatre réalisatrices - sur 24 films -  en compétition, voir l'une d'elles succéder à Jane Campion, seule femme à avoir remporté la Palme d'or en 1993 avec "La Leçon de piano", s'annonce statistiquement compliqué.

Pourtant, la 74e édition du Festival de Cannes fait la part belle à une quarantaine de femmes, majoritairement issues des sections parallèles. Tour d'horizon des principales cinéastes qui seront sur la Croisette.

En lice pour la Palme d'or  

Trois Françaises: Mia Hansen-Love, Catherine Corsini et Julia Ducournau, ainsi qu'une Hongroise, Ildiko Enyedi vont concourir pour la Palme d'or. Dans l'histoire du festival, il n'y a jamais eu plus de quatre femmes en lice pour la distinction suprême. 

Appréciée de la critique, Mia Hansen-Love, 40 ans, qui avait raflé l'Ours d'argent du meilleur réalisateur à la Berlinale pour "L'avenir" (2016), revient à Cannes avec "Bergman Island". 

Personnalité discrète mais tout aussi appréciée de la critique, Catherine Corsini, 65 ans, fera son grand retour sur la Croisette avec "La Fracture", 20 ans après avoir été en compétition avec "La répétition".

Spécialiste du film de genre, Julia Ducournau, 37 ans, a les honneurs de la Sélection officielle avec son deuxième long-métrage "Titane", cinq ans après la révélation de son film d'horreur "Grave" (2016) à la Semaine de la critique.

 Ildiko Enyedi, 65 ans, avait enchanté la Berlinale avec son film "Corps et âme" en 2017, pour lequel elle avait remporté l'Ours d'or. Elle revient avec "L'histoire de ma femme" (avec Léa Seydoux).

Les sections parallèles

Le Festival de Cannes ne se résume toutefois pas à sa Sélection officielle. Ainsi, dans la Semaine de la critique, qui met en avant de jeunes réalisateurs, sur les treize longs-métrages de la sélection sept sont réalisés par des femmes, parmi lesquels "Une jeune fille qui va bien", premier long-métrage de Sandrine Kiberlain.

Parité également dans la "Quinzaine des réalisateurs", avec 12 longs-métrages de réalisatrices --sur 24 films sélectionnés--  parmi lesquels, "Ali et Ava" de la Britannique Clio Barnard. A noter aussi la présence de l'actrice française Luana Bajrami (qui joue une domestique dans "Portrait de la jeune fille en feu") , avec son premier film "Les colline où rugissent les lionnes".

Les responsables de ces sélections "ouvrent la voie !", s'est réjouie auprès de l'AFP Sophie Monks Kaufman, coprésidente la branche britannique de Time's up, mouvement fondé après l'affaire Weinstein pour lutter contre le harcèlement.

D'autres sections mettront en avant Emmanuelle Bercot et son très attendu "De son vivant", dont le tournage avait été interrompu après l'accident vasculaire de son actrice principale, Catherine Deneuve ou encore le biopic "Jane par Charlotte", sur Jane Birkin par sa fille, Charlotte Gainsbourg.  

Les à-côtés

A noter également que l'actrice et réalisatrice américaine Jodie Foster - "Taxi Driver" (1976), "Le Silence des agneaux" (1991) recevra une Palme d'or d'honneur pour l'ensemble de son travail. L'actrice doublement oscarisée avait, en 2016 et à Cannes, dénoncé la frilosité des studios de cinéma envers les femmes productrices, parce qu'elles représentent "un risque trop important". 

Du côté du jury, la parité est davantage respectée avec cinq femmes sur neuf membres pour cette 74e édition. Parmi elles, la réalisatrice franco-sénégalaise Mati Diop ou encore les actrices Maggie Gyllenhaal et Mélanie Laurent. Trois fois, les femmes ont été plus nombreuses que les hommes (2009, 2014 et 2018) et, deux fois, elles ont été absentes des débats (1947 et 1954).

A cela s'ajoute la nomination à la tête de Semaine de la critique de la spécialiste du cinéma Ava Cahen. Plus jeune sélectionneuse de l'histoire de la Semaine de la critique, la jeune femme, née en 1986, succèdera après sa soixantième édition en juillet, à l'actuel directeur, Charles Tesson, 66 ans.

Enfin, si l'édition 2018 avait été marquée par #MeToo et la montée des marches de 82 femmes, dont Jane Fonda, Claudia Cardinale et Marion Cotillard, les réalisatrices Patty Jenkins ("Wonder Woman") et Tonie Marshall, le Festival semble avoir mis l'accent cette année, sur le climat avec une sélection éphémère dédiée à cette thématique.

Mylène Farmer

Parfois qualifiée de "Madonna française", Mylène Farmer, 59 ans, est une chanteuse admirée de millions de fans. Avec 35 millions de disques vendus, cette figure de la pop culture, connue pour ses show grandioses à travers l'Europe et jusqu'en Russie ainsi que ses clips, jouit d'une renommée internationale. 

Celle dont certains des plus grands succès, "Sans contrefaçon" ou "California", ont rencontré leur public via des clips considérés comme de véritables petits films, a collaboré avec des cinéastes et photographes de renom: Peter Lindbergh, Abel Ferrara, Luc Besson... 

En 2018, la chanteuse à la crinière rousse a rejoint le casting du film d'horreur "Ghostland", récompensé au Festival du film fantastique de Gérardmer

Le Velvet, NTM, les Sparks: Cannes en musique

La Croisette en prendra plein les oreilles : le Festival de Cannes joue cette année une partition très musicale, qui met à l'honneur des légendes du rock et du rap. Revue de détail de ces films qui donneront le tempo de cette édition.

Les Sparks au pays de Leos Carax

Cinéaste hors du commun rencontre groupe légendaire : dès l'ouverture du festival le 6 juillet, le film "Annette" donne le la. Derrière la caméra, l'inclassable Leos Carax ("Les Amants du Pont-Neuf"). Devant, les stars Marion Cotillard et Adam Driver, et au scénario comme à la musique, l'inclassable duo californien Sparks, figure de la scène alternative depuis les années 1970.

Projeté en avant-première mondiale et en compétition, "Annette" raconte l’histoire d’Henry, un comédien de stand-up, et d’Ann, une cantatrice de renommée internationale, dont le couple épanoui et glamour est bouleversé par la naissance de leur premier enfant. "”Annette” est un cadeau espéré par les amoureux de cinéma, de musique et de culture", a promis le président du Festival Pierre Lescure.

Le Velvet par Todd Haynes, Jane Birkin par sa fille

Les années 1970 n'ont pas dit leur dernier mot. Le Velvet Undeground est au coeur d'un documentaire signé Todd Haynes, auteur de "Velvet Goldmine", inspiré de David Bowie, et "I'm not There", sur Bob Dylan. Le film promet de mélanger interviews et images exclusives de l'époque pour éclairer le parcours de la formation new-yorkaise culte, dont le rock expérimental a connu un succès public tardif, qui comptait notamment Lou Reed dans ses rangs.

Côté franco-britannique, Charlotte Gainsbourg, livre son premier film de réalisatrice avec "Jane par Charlotte", un documentaire intime tourné sur plusieurs années, consacré à sa mère, Jane Birkin, avec notamment des séquences filmées rue de Verneuil, le domicile parisien de Serge Gainsbourg où la famille a vécu.

Une autre star, le flegmatique Bill Murray, a promis de se produire sur scène à Cannes, en marge de la présentation en séance spéciale de "New Worlds, the Cradle of Civilization", captation d'un concert-performance, sur des musiques de Bach ou Astor Piazzolla, auquel l'acteur fétiche de Wes Anderson a participé un soir d'été à Athènes, en compagnie de trois musiciens.

Du rap sur plusieurs générations

En compétition, "Haut et fort", du Marocain Nabil Ayouch, qui avait marqué pour ses débuts avec "Much Loved", suit groupe d'adolescents épris de culture hip-hop. Des jeunes qui ont "tant de choses à raconter mais pas les outils pour le faire", a-t-il détaillé.

Confondateur du groupe phare du rap français NTM avec Kool Shen, JoeyStarr pourrait se montrer sur la Croisette pour "Cette musique ne joue pour personne", de Samuel Benchetrit, où il côtoie une autre musicienne passée au cinéma : Vanessa Paradis. Il pourrait aussi passer une tête à la projection, en séance de minuit, d'un biopic sur les débuts de la formation légendaire du rap français, "Suprêmes". L'occasion pour le vétéran JoeyStarr de venir interpréter "Seine-Saint-Denis Style" sous les ors du Palais des Festivals ?

Chanson sur tous les tons

Outre la présence dans le jury de Mylène Farmer, vedette de la chanson française dont le succès perdure depuis les années 1980, le très attendu biopic sur la star mondiale Céline Dion "Aline", par Valérie Lemercier, doit être présenté après avoir vu sa sortie française reportée à plusieurs reprises depuis le début de la pandémie. 

Quand aux frères Larrieu, ils ont confié à des musiciens phares de la scène française (Etienne Daho, Dominique A, Bertrand Belin, Jeanne Cherhal...) l'écriture des chansons de leur comédie musicale "Tralala", avec Mélanie Thierry, Maïwenn, Josiane Balasko ou encore Denis Lavant. Sur la première photo publiée du film, l'acteur Mathieu Amalric joue du ukulélé. Tout un programme.

Mélanie Laurent

Jeune orpheline juive assoiffée de vengeance chez Tarantino ("Inglourious Basterds") ou citoyenne engagée pour l'environnement ("Demain" de Cyril Dion, présent cette année à Cannes), Mélanie Laurent, 38 ans, multiplie les casquettes. 

Actrice, scénariste, réalisatrice, elle mène une carrière des deux côtés de l'Atlantique: en France, elle a été découverte dans "Je vais bien, ne t'en fais pas" (2006) et a déjà reçu deux César ; aux Etats-Unis, elle est devenue célèbre grâce à Quentin Tarantino et une danse improvisée, en 2009, sur les marches de Cannes. 

Elle a aussi réalisé un film américain "Galveston", qui se déroule en plein Texas, et présentera en septembre sur la plateforme Amazon son dernier film, "Le Bal des folles", sur des femmes internées au XIXe siècle.

Tahar Rahim

Premier rôle dans la série à succès de Netflix "Le Serpent", où il incarne le tueur français Charles Sobhra, et nommé aux Golden Globes et aux Bafta pour "Désigné Coupable" (dans les salles françaises le 14 juillet), Tahar Rahim est l'acteur français à qui tout réussit. A 39 ans, l'acteur mène une carrière éclectique en France et aux Etats-Unis. 

Il a été révélé en 2009 dans "Un prophète" de Jacques Audiard, où il tenait le premier rôle, celui d'un détenu. Ce drame intense a remporté le Grand Prix du Festival de Cannes et 9 César, dont celui de meilleur espoir masculin et meilleur acteur. Il revient en compétition à Cannes en 2013 avec "Le Passé" de l'Iranien Asghar Farhadi et "Grand Central" de la Française Rebecca Zlotowski. Il a également été vu dans la série "The Eddy" sur Netflix, avec sa femme, l'actrice Leïla Bekhti.

Thierry Frémaux: «c'est très émouvant» de voir Cannes renouer avec le cinéma

"Au début de l'année, rien ne nous assurait que Cannes aurait lieu" : avant l'ouverture des festivités sur la Croisette, le délégué général du festival Thierry Frémaux témoigne de sa joie de voir démarrer cette 74e édition.

Q : Il s'agit de la première édition du festival depuis la pandémie. Ces grandes retrouvailles du cinéma tournent-elles la page de la crise ?

R : Pas tout à fait. La pandémie n’est pas vaincue. Inviter comme nous le faisons les sélectionnés 2020 qui n’avaient pu monter les marches est une façon de se souvenir qu’au début de l’année, rien ne nous assurait que Cannes aurait lieu. 

Mais l’organisation et l’esprit sont ceux d’une édition normale. Tout est en place sur le plan technique et sanitaire pour qu’il n’y ait aucun problème. La sélection est belle et riche, les festivaliers, la presse et toutes les équipes de film seront là, comme ce beau jury présidé par Spike Lee qui est le premier réalisateur noir à occuper cette fonction.

Les restaurateurs et les hôteliers sont impatients d’accueillir tout ce monde. Des artistes viennent spécialement pour être là, comme Jerry Schatzberg (Palme d’Or 1973, pour "l’Épouvantail "), qui est à 94 ans le plus âgé des cinéastes en activité. Nous sommes touchés qu’il dise : +Cannes recommence, c’est notre famille, je veux être là+. Des festivaliers sont en France depuis dix jours pour effectuer leur quarantaine, les journalistes ont pris leurs précautions. C’est très émouvant, tout ça. Ce sont les retrouvailles du cinéma mondial.

 Q: Le Festival a pris des mesures pour réduire son impact sur le climat, mais aussi une sélection spéciale de films sur le sujet. Quel rôle peut-il jouer sur la question de l’environnement ?

R : Cannes est le plus grand événement culturel international, nous nous efforçons d’être exemplaires. Un cabinet de conseil a été recruté pour collaborer avec le Festival à la mise en place d’une série de mesures fortes et pour renforcer notre vigilance sur les gestes éco-responsables (la lutte contre le gaspillage, le traitement des déchets, la reforestation). Pour le dîner d’ouverture, nous avons choisi un symbole en la personne d’Alain Passard, un 3 étoiles, l’un des premiers chefs au monde à avoir dit qu’on pouvait bien manger en ne cuisinant que des légumes. Il y a de nombreux sujets mais cette année, nous avons franchi un pas.

Et comme Cannes est d’abord un festival de cinéma, nous passons par les films, qui reflètent cette préoccupation : des œuvres qui montrent que la situation est très grave, en Asie, en Inde ou en Afrique, d’autre issus de «la génération Greta Thunberg» qui affirment que nous serons sauvés par les enfants qui ne cèderont rien, un documentaire qui dit la beauté du monde ("La Panthère des neiges") et même une «comédie climatique générationnelle», signée Louis Garrel...

Q : Seules quatre réalisatrices sont en compétition, mais de jeunes talents féminins sont en nombre dans les sections parallèles. Où en est la parité dans le cinéma ?

R : Quatre réalisatrices en compétition, je suis le premier à penser que ce n’est pas assez. Mais dans la section Un Certain Regard, consacrée aux nouveaux talents, il y en a beaucoup plus, ce qui prouve une évolution notoire. Il y a des pays où il n’y avait aucune réalisatrice et là aussi, ça commence à changer. Sur les trois films russes sélectionnés à Cannes, il y a cette année une réalisatrice. 

A Cannes, on ne peut avoir une pratique de quotas mais nous savons passer du schématisme au pragmatisme. Les équipes et les instances du festival ont été féminisées. Le jury est majoritairement féminin alors que le président est un homme – ce qui est une première dans l’histoire de Cannes. Le comité de sélection est majoritairement féminin. Chaque fois que nous pouvons envoyer un signal nous le faisons. Par exemple, aucun film ne sera jamais sélectionné en raison du genre, de la race ou de la religion de celle ou celui qui le réalise, mais si nous hésitons entre deux films et que l’un est réalisé par une femme, nous choisirons ce dernier. Nous procédons également ainsi sur la représentativité géographique. Cannes est un festival universaliste.

Maggie Gyllenhaal

Enfant de la balle comme son frère Jake, Maggie Gyllenhaal, 43 ans, a été révélée au grand public dans "Donnie Darko" (2001) et "La Secrétaire" (2002). Elle accède à une reconnaissance mondiale grâce à "The Dark Knight" de Christopher Nolan (2008), où elle incarne la dame de coeur de Bruce Wayne alias Batman. En 2009, elle fait l’unanimité dans "Crazy Heart" qui lui vaut une nomination aux Oscars. 

Elle est également connue des amateurs de série grâce à son rôle dans "The Deuce", série sur l'industrie du porno, dont elle est également productrice. Elle travaille actuellement sur son premier film, inspirée d'un roman à succès d'Elena Ferrante. 

Kleber Mendonça Filho

Représentant de la nouvelle vague brésilienne, le réalisateur, 52 ans, a marqué le festival de Cannes en 2019 avec "Bacurau", film de genre politique récompensé du prix du Jury ex-aequo avec "Les Misérables" de Ladj Ly. 

Pourfendeur de la politique de Bolsonaro, il avait déjà séduit la Croisette en 2016 avec "Aquarius", chronique de la société brésilienne et des excès du capitalisme à travers le portrait d'une femme libre, en guerre contre une société immobilière qui veut la déloger, avec son actrice fétiche Sonia Braga. 

Né à Recife (nord-est du Brésil), Kleber Mendonça Filho a débuté comme programmateur et critique de cinéma tout en réalisant des courts métrages. "Les Bruits de Recife", son premier long métrage, avait été dévoilé au Festival du Film de Rotterdam en 2012.

A l'image de Cannes, le cinéma rattrapé par l'urgence climatique

PARIS: Plus de bouteilles en plastique, une "compensation" financière pour les voyages en avion: le Festival de Cannes entend réduire son empreinte carbone, symbole d'une industrie du cinéma habituée au faste et aux paillettes rattrapée par la question environnementale.

De Leonardo Di Caprio à Juliette Binoche, les plus grandes stars internationales ont multiplié ces dernières années films et prises de positions en faveur de l'environnement. Mais le message a parfois du mal à porter, tant le 7e art fait figure de mauvais élève, avec ses tournages à travers les continents et sa débauche de moyens.

Avec leurs jets et berlines pour convoyer les stars, leurs montagnes de déchets pour quelques jours de fête, les festivals, qui projettent volontiers des films engagés comme à Cannes ceux de l'ancien président américain Al Gore sur la catastrophe climatique, symbolisent cette contradiction.

"Face à l'urgence", le premier rendez-vous mondial du cinéma assure cette année placer la protection de l'environnement "au cœur de (ses) préoccupations". Une série de mesures ont été prises pour réduire, dans un volume non précisé, les émissions de CO2 et ses déchets et une sélection spéciale de films sur le sujet sera projetée.

La majorité des voitures officielles seront électriques, les transports publics privilégiés ou - plus symbolique - le poids total de tapis rouge utilisé sera réduit de moitié, 950 kg de moins.

«Boulot monstre»

"Il y a un boulot monstre à faire" mais la démarche est "très encourageante", juge le réalisateur et militant Cyril Dion, qui présentera à Cannes son prochain documentaire, "Animal", sur l'effondrement de la biodiversité.

Le festival "lance un signal que tous les autres devront suivre. Les acteurs aussi vont se sentir obligés de se sentir concernés et regarder leur empreinte" écologique, espère-t-il. Et au-delà, "ces mesures témoignent d'un changement d'époque dans le cinéma".

Car d'un bout à l'autre de la planète cinéma, la question est à l'agenda: l'un des volets de Spiderman a été tourné de manière à recycler des tonnes de matériaux, la Berlinale a tissé son tapis rouge en filet de pêche recyclé et en France, certaines aides au secteur devraient être conditionnées à des mesures environnementales à l'horizon 2024.

Mais en pleine crise climatique, est-il raisonnable de continuer à réunir en grande pompe équipes de films, producteurs et journalistes du monde entier pour un festival ?

"Il y a un vrai changement de mentalité, mais c'est compliqué pour Cannes, qui doit maintenir un certain niveau de festif en tant que premier festival du monde", pointe Carole Scotta, de Haut et Court, l'une des principales productrices et distributrices indépendantes de France, très engagée sur ces questions.

Cannes, Venise, Sundance, Berlin... Les professionnels font chaque année le tour du monde et "ce n'est pas bon pour la planète", d'autant que la pandémie "nous a appris qu'on pouvait faire autrement", en dématérialisant certaines rencontres ou séances, reconnaît-elle.

"Organiser quelque chose, c'est forcément générer une pollution", abonde Guillaume Calop, dirigeant du festival de cinéma des Arcs, dans les Alpes, qui travaille à une charte des festivals internationaux en la matière. Mais il souligne le "pouvoir positif du cinéma: quand 20 000 personnes viennent voir un film, et qu'ils repartent convaincus, c'est déjà ça".

Autant d'arguments qui relèvent d'une certaine "schizophrénie" du milieu, tenté de produire des films "à message" avec des moyens énergivores, selon Simon Valensi, expert à l'organisme spécialisé The Shift Project.

Selon lui, les annonces de Cannes marquent une rupture "encourageante" mais insuffisante au regard de la situation. Et le système des grands festivals tel qu'il existe va se heurter à l'épuisement des énergies fossiles et aux obligations de l'accord de Paris.

Jessica Hausner

Ancienne élève de Michael Haneke, la réalisatrice autrichienne Jessica Hausner, 48 ans, a vu son film "Little Joe", en lice pour la Palme d'or en 2019, primé pour la meilleure interprétation féminine remportée par l'Anglo-Américaine Emily Beecham.

Ce long métrage évoquait des manipulations génétiques dans un futur assez proche où l'actrice jouait une phytogénéticienne à la fois très pointue et borderline qui travaille dans le développement de nouvelles plantes.  

Avant ce premier projet en anglais, l'ancienne étudiante en psychologie et en cinéma a créé sa société de production --Coop 99-- et signé plusieurs longs métrages.

Parmi eux: "Lovely Rita" en 2000, sur une adolescente à la dérive, "Lourdes", avec Sylvie Testud, interrogation sur les miracles et la foi, et "Amour Fou", en 2015, présenté à Un certain regard, sur le suicide du poète allemand Heinrich von Kleist. 


La bibliothèque Jadal est une oasis culturelle dans la province orientale de l'Arabie saoudite

Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
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  • Ali Al-Herz a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres, offrant aux visiteurs un espace où la mémoire, la philosophie et la culture prennent vie.
  • adal n'est pas seulement une bibliothèque, c'est bien plus que cela. C'est un musée à explorer, un espace philosophique propice à la réflexion et un rempart contre l'oubli des histoires culturelles importantes.

DHAHRAN : Dans le village tranquille d'Umm Al-Hamam, situé dans la province orientale de l'Arabie saoudite, une passion de longue date pour les livres s'est transformée en un havre culturel.

Ali Al-Herz, bibliophile et archiviste littéraire, a transformé sa maison en une bibliothèque d'exception nommée Jadal, un véritable trésor contenant plus de 37 000 livres, plus de 100 000 journaux et magazines, ainsi que des antiquités, dont certaines datent de plus d'un siècle.

Mais Jadal n'est pas seulement une bibliothèque, c'est bien plus que cela. C'est un musée à explorer, un espace philosophique propice à la réflexion et un rempart contre l'oubli des histoires culturelles importantes.

Al-Herz a déclaré à Arab News : « Depuis ma naissance, j'ai été entouré des livres de ma mère. J'ai grandi immergé dans cette passion, à tel point qu'elle m'a complètement envahi ; je suis devenu un rat de bibliothèque. »

L'étincelle qui a tout déclenché a été la rencontre d'Al-Herz avec l'épopée Sirat Antar à l'âge de 13 ans. « À partir de cette épopée, et à travers elle, j'ai commencé à explorer d'autres mondes », a-t-il déclaré. 

C'est cette curiosité et cette fascination qui ont finalement conduit Al-Herz à créer l'une des initiatives les plus originales du royaume d'Arabie saoudite.

Le nom « Jadal » signifie « débat » ou « discussion » en arabe, reflétant l'esprit curieux de la bibliothèque. Pour Al-Herz, l'objectif n'est pas seulement de préserver les textes, mais aussi l'idée de questionner et d'explorer les idées.

Al-Herz a déclaré : « J'ai choisi ce nom pour la bibliothèque, car il est profondément ancré dans l'histoire philosophique de la Grèce antique, ainsi que dans notre propre tradition culturelle arabo-islamique, en particulier dans notre héritage religieux. »

L'atmosphère philosophique imprègne les trois salles principales, nommées d'après Socrate, Platon et Aristote, qui accueillent les visiteurs dans un univers dédié à la lecture et à la réflexion. 

Des manuscrits rares, des textes anciens, des journaux et des antiquités ont été soigneusement archivés. Chaque pièce est un murmure du passé qui s'adresse à l'avenir. 

Al-Herz explique : « Même mon intérêt récent pour l'achat de livres s'est principalement orienté vers les éditions rares et les imprimés anciens, afin de créer une harmonie entre patrimoine et modernité. »

Mais Jadal ne se laisse pas envahir par la nostalgie, car Al-Herz organise toutes les deux semaines une réunion littéraire. Cet événement fait revivre une tradition qui était autrefois importante dans la vie intellectuelle des Arabes.

C'est un environnement où écrivains, universitaires et penseurs se réunissent autour d'un café arabe pour échanger des idées dans une atmosphère animée. 

À une époque où les gens recherchent des informations instantanées en ligne, Al-Herz continue d'utiliser des méthodes traditionnelles. « Il y a une lutte permanente entre deux générations », observe-t-il. « La victoire reviendra finalement à cette dernière génération, une fois que ma génération aura disparu. Les bibliothèques papier seront alors transformées en musées. »

Il a peut-être raison, mais pour l'instant, au cœur de la campagne de Qatif, la bibliothèque Jadal continue d'exister, et c'est un lieu où l'encre, la mémoire, le débat et le patrimoine continuent de façonner l'âme culturelle du Royaume. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com 


Amin Maalouf apporte un soutien inattendu aux langues régionales

Cette photographie montre la façade de l'Institut de France avant la présentation de la 9e édition du Dictionnaire de l'Académie française, qui est le dictionnaire officiel de la langue française, à Paris, le 14 novembre 2024. (Photo de Ludovic MARIN / POOL / AFP)
Cette photographie montre la façade de l'Institut de France avant la présentation de la 9e édition du Dictionnaire de l'Académie française, qui est le dictionnaire officiel de la langue française, à Paris, le 14 novembre 2024. (Photo de Ludovic MARIN / POOL / AFP)
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  • Ce dernier a écrit au Premier ministre François Bayrou et à la ministre de l'Éducation nationale, Elisabeth Borne, pour leur proposer un corpus d'œuvres en langues régionales destiné aux professeurs,
  • Le Collectif pour les littératures en langues régionales a constitué, avec l'aide de spécialistes, un recueil intitulé Florilangues, comprenant 32 textes en langue originale.

PARIS : Une initiative d'un collectif visant à enseigner le patrimoine littéraire dans les langues régionales de France a reçu lundi  un soutien inattendu : celui du secrétaire perpétuel de l'Académie française, Amin Maalouf.

M. Maalouf, écrivain franco-libanais, a été élu en 2023 à la tête d'une institution dont la mission est de veiller au rayonnement et à l'intégrité de la langue française.

Toutefois, il soutient la démarche du Collectif pour les littératures en langues régionales, qui suggère un enseignement de ce type au collège ou au lycée, a indiqué ce collectif à l'AFP.

Ce dernier a écrit au Premier ministre François Bayrou et à la ministre de l'Éducation nationale, Elisabeth Borne, pour leur proposer un corpus d'œuvres en langues régionales destiné aux professeurs, afin de sensibiliser à la « richesse de la production littéraire » dans d'autres langues que le français. 

« M. Maalouf, comme nous, est convaincu qu'il est nécessaire que les élèves français découvrent ces trésors culturels », écrit ce collectif à M. Bayrou, qui parle lui-même le béarnais.

Le Collectif pour les littératures en langues régionales a constitué, avec l'aide de spécialistes, un recueil intitulé Florilangues, comprenant 32 textes en langue originale (de l'alsacien au tahitien, en passant par le basque ou le corse), traduits en français.

On y trouve entre autres un poème en provençal de Frédéric Mistral (prix Nobel de littérature en 1904) intitulé Mirèio, une chronique en breton de Pierre-Jakez Hélias intitulée Bugale ar Republik, un court récit en créole martiniquais de Raphaël Confiant intitulé Bitako-a, ainsi qu'une chanson en picard d'Alexandre Desrousseaux intitulée Canchon dormoire (plus connue sous le nom de P'tit Quinquin).

« Il ne s'agit pas de donner des cours de langues régionales, mais de présenter des œuvres issues des littératures en langues régionales, que ce soit en français ou en version bilingue », précise le collectif.

Idéalement, selon lui, les élèves aborderaient des langues issues d'autres régions que la leur. « Pourquoi seuls les élèves antillais apprendraient-ils qu'il existe une littérature en créole ? », demande ce collectif, qui présente son initiative à la presse lors d'une visioconférence lundi après-midi. 


L'artiste saoudien Ahaad Alamoudi présente « The Social Health Club » à Bâle

L'artiste saoudien Ahaad Alamoudi présente « The Social Health Club » à Bâle. (Photo Fournie)
L'artiste saoudien Ahaad Alamoudi présente « The Social Health Club » à Bâle. (Photo Fournie)
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  • Fraîchement conçue, cette installation baignée de jaune, ancrée dans les œuvres passées de l'artiste, offre une expérience sensorielle riche et complexe ainsi qu'un commentaire culturel incisif.
  • « The Social Health Club » s'articule autour d'objets trouvés au marché Haraj de Djeddah en 2018.

RIYAD : Ce mois-ci, l'artiste saoudienne Ahaad Alamoudi fait monter la température au Basel Social Club qui se tient jusqu'au 21 juin dans la ville suisse avec sa dernière installation, « The Social Health Club ». 

Fraîchement conçue, cette installation baignée de jaune, ancrée dans les œuvres passées de l'artiste, offre une expérience sensorielle riche et complexe ainsi qu'un commentaire culturel incisif. Elle marque également une première pour l'artiste avec un élément de performance en direct.

Basée à Djeddah, Alamoudi est connue pour créer des installations multimédias immersives s'inspirant de la dynamique complexe de son pays natal en pleine évolution. « The Social Health Club » s'articule autour d'objets trouvés au marché Haraj de Djeddah en 2018, notamment divers équipements de sport, dont un rameur.

« Ce sont des pièces que j'ai chinées dans des brocantes. J'aime le fait qu'aucune instruction n'accompagne ces machines : je ne connais ni leur nom, ni leur provenance, ni leur fabricant. Mais elles font désormais partie du paysage urbain dans lequel j'évolue. J'ai essayé de créer un espace ludique », a-t-elle déclaré à Arab News. 

Dans « The Social Health Club », les équipements, peints principalement dans un jaune vif et saturé, restent intacts, symbolisant une culture obsédée par l'auto-optimisation. Au cœur de l'installation se trouve un caméo représentant un fer à repasser peint en jaune, déjà présent dans son œuvre vidéo de 2020 intitulée « Makwah Man » (Makwah signifie « fer à repasser » en arabe).

« Beaucoup de mes œuvres sont issues d'un récit que je crée dans une vidéo. Dans « Makwah Man », cet homme vêtu d'une thobe jaune repasse un long morceau de tissu jaune au milieu du désert. Et pendant qu'il repasse, il nous dit comment vivre notre vie. Mais en nous disant comment vivre notre vie, il commence aussi à remettre en question la sienne, à comprendre le rôle du pouvoir, à prendre conscience de la pression du changement et de l'adaptation », explique Alamoudi. 

« Le jaune est présent dans la vidéo, mais l'artiste porte également une thobe jaune. Il y a aussi, dans cette version présentée à Art Basel, un portant de thobes jaunes qui tournent dans l'exposition. Pour moi, la thobe jaune est un symbole unificateur. J'essaie de dire que nous vivons tous cela différemment. Ainsi, dans la performance (pour « The Social Health Club »), un culturiste local vêtu d'une thobe jaune fera des exercices sur ces machines. Il n'a pas de règles à suivre. Il ne connaît rien, ne sait pas comment utiliser « correctement » l'équipement. Il entrera dans l'espace et utilisera les machines comme il le pourra.

« La performance sera enregistrée. Mais je pense que c'est plutôt une activation », a-t-elle poursuivi. « Ce n'est pas l'œuvre elle-même. L'œuvre existe sous la forme des machines. 

« Le Social Health Club » a été créé en étroite collaboration avec la conservatrice Amal Khalaf. Ensemble, ils se sont rendus à Djeddah où Alamoudi a pu découvrir avec elle des « machines un peu inhabituelles, différentes des machines classiques que l'on trouve dans les salles de sport et dont tout le monde connaît immédiatement l'utilité », explique Alamoudi.

« Elle est vraiment incroyable », a-t-elle poursuivi. « Nous avons vraiment construit cet espace ensemble. En gros, j'ai principalement créé la vidéo ; tout le reste a été construit à partir de là. Elle m'a beaucoup aidée. Elle s'est vraiment intéressée aux changements sociaux et à la manière dont nous les abordons. Notre collaboration a été parfaite. »

Le jaune domine chaque centimètre carré de l'œuvre, de manière délibérée et intense. 

« Je suis obsédé par les symboles dans certaines de mes œuvres. Et cela s'accompagne également d'une couleur », explique Alamoudi. « Je voulais mettre en valeur quelque chose de luxueux, de coloré, presque comme de l'or, mais qui n'est pas de l'or. Son apparence est assez austère. » 

Le jaune est à la fois une invitation et un avertissement. « Je pense que le jaune est également assez trompeur. J'aime cette couleur qui incite les gens à s'approcher pour voir ce qui se passe, mais qui les amène en même temps à se demander ce que c'est  elle est si agressive qu'elle en devient un peu inconfortable. »

L'interaction du spectateur est essentielle à la signification de l'œuvre. 

« Je pense que les machines représentent quelque chose et qu'elles véhiculent quelque chose, mais elles sont en réalité activées par les gens, par ce que les gens font avec elles », explique Alamoudi. « C'est pourquoi j'encourage beaucoup de spectateurs à interagir avec les œuvres, à les utiliser ou à essayer de les utiliser sans aucune instruction. Beaucoup de personnes qui entrent dans l'espace peuvent avoir peur de les toucher ou d'interagir avec elles. La présence de l'artiste qui active les structures ajoute une autre dimension à l'œuvre elle-même. »

Elle espère que les visiteurs se sentiront libres d'explorer les œuvres, sans être encombrés par des attentes.

« Les gens sont censés les utiliser à leur guise. Ils peuvent s'asseoir dessus, se tenir debout dessus, les toucher — ils peuvent aussi les laisser tranquilles », conclut-elle en riant. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com