Mali: un des fils de l'ex-président Keïta visé par une «notice rouge» d'Interpol

Considéré par de nombreux Maliens comme personnifiant la corruption du régime d'Ibrahim Boubacar Keïta, Karim Keïta avait disparu des radars lors du coup d'État du colonel Assimi Goïta le 18 août 2020. (Photo, AFP)
Considéré par de nombreux Maliens comme personnifiant la corruption du régime d'Ibrahim Boubacar Keïta, Karim Keïta avait disparu des radars lors du coup d'État du colonel Assimi Goïta le 18 août 2020. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 06 juillet 2021

Mali: un des fils de l'ex-président Keïta visé par une «notice rouge» d'Interpol

  • Karim Keïta a trouvé refuge à Abidjan après le coup d'État militaire qui a renversé son père en août 2020
  • L'enquête qui le vise concerne la disparition d'un journaliste d'investigation âgé d'une cinquantaine d'années

BAMAKO: L'ancien député malien Karim Keïta, fils aîné de l'ancien président Ibrahim Boubacar Keita renversé en 2020 par un coup d'Etat, fait depuis lundi l'objet d'un mandat d'arrêt international dans le cadre d'une enquête sur la disparition d'un journaliste en 2016.

Interpol, l'organisme international de coopération policière basé à Lyon (France), a émis une "notice rouge" à la demande d'un juge d'instruction du tribunal de grande instance de la commune IV de Bamako, la capitale malienne, a dit une source proche de l'enquête s'exprimant sous le couvert de l'anonymat.

L'existence de cette notice – qui n'apparaissait pas sur le site officiel d'Interpol lundi soir – visant Karim Keïta a été confirmée par un responsable du bureau de représentation d'Interpol au Mali ayant également requis l'anonymat.

Karim Keïta a trouvé refuge à Abidjan après le coup d'État militaire qui a renversé son père en août 2020.

L'enquête qui le vise concerne la disparition d'un journaliste d'investigation âgé d'une cinquantaine d'années, Birama Touré, qui travaillait pour l'hebdomadaire de Bamako Le Sphinx. Il n'a plus été vu depuis le 29 janvier 2016, selon sa famille et le directeur de la publication, Adama Dramé. 

Ces derniers disent craindre qu'il ait été enlevé, torturé et tué après plusieurs mois de détention.

Le directeur du Sphinx avait affirmé en 2018 que son ex-reporter avait auparavant approché Karim Keïta à propos d'un dossier qu'il présentait comme compromettant pour le fils du président.

Estimant avoir été diffamé par le Sphinx, Karim Keïta, qui a toujours fermement démenti toute implication dans la disparition du reporter, avait porté plainte en 2019 pour diffamation contre le directeur de la revue et contre un journaliste d'une radio privée de Bamako qui lui avait ouvert son antenne.

Cette plainte en diffamation avait toutefois été jugée irrecevable pour des questions de forme par la justice malienne. Le directeur du Sphinx, craignant pour sa sécurité, a pour sa part trouvé refuge en France.

Disparu des radars

Considéré par de nombreux Maliens comme personnifiant la corruption du régime d'Ibrahim Boubacar Keïta, Karim Keïta avait disparu des radars lors du coup d'État du colonel Assimi Goïta le 18 août 2020. 

Il était réapparu quelques jours plus tard en Côte d'Ivoire.

Élu député en 2013, l'année de l'arrivée au pouvoir de son père, et réélu en 2020, Karim Keïta avait démissionné de la puissante présidence de la commission de la Défense de l'Assemblée nationale quelques semaines plus tôt, au plus fort de la contestation contre son père.

Des manifestants avaient utilisé sous forme de posters des images le montrant lors de joyeuses fêtes à l'étranger avec des amis, en compagnie de jeunes femmes peu vêtues, pour le présenter comme un personnage aux mœurs légères pouvant se payer du bon temps alors que son pays souffrait.

Karim Keïta avait assuré qu'il n'avait pas été chargé de la liste des invités et que ce déplacement privé n'avait rien coûté au contribuable.

Détenu par la junte pendant plus de deux semaines, "IBK", 76 ans, avait ensuite été autorisé à recevoir des soins aux Émirats arabes unis. De retour fin octobre à Bamako, l'ex-président réside depuis lors dans sa villa avec sa famille, selon le nouveau pouvoir, qui se refuse à indiquer clairement s'il est libre ou non de ses mouvements.

«Un pays en transition»

Après leur coup, les colonels putschistes s'étaient engagés sous la pression internationale à une période de transition limitée à 18 mois et conduite par des civils. 

Mais le 24 mai dernier, le colonel Goïta, resté le véritable homme fort de la transition, avait foulé aux pieds cet engagement en faisant arrêter le président et le Premier ministre. 

Proclamé président de la transition par la Cour constitutionnelle, il a promis de respecter les échéances électorales. 

Il s'est choisi un nouveau Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga, issu des rangs du mouvement ayant mené la contestation anti-IBK.

Depuis 2012 et le déclenchement de rébellions indépendantiste et jihadiste dans le nord, le Mali est plongé dans une tourmente multiforme qui a fait des milliers de morts, civils et combattants, malgré le soutien de la communauté internationale et l'intervention de forces de l'ONU, africaines et françaises.


Début des discussions entre Washington et Niamey sur le retrait des troupes américaines du Niger

Les manifestants réagissent alors qu'un homme brandit une pancarte exigeant que les soldats de l'armée américaine quittent le Niger sans négociation lors d'une manifestation à Niamey, le 13 avril 2024. (AFP)
Les manifestants réagissent alors qu'un homme brandit une pancarte exigeant que les soldats de l'armée américaine quittent le Niger sans négociation lors d'une manifestation à Niamey, le 13 avril 2024. (AFP)
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  • Le gouvernement du Niger, issu d'un coup d'Etat en juillet dernier, avait dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis
  • Washington a accepté de retirer du pays ses plus de 1 000 soldats et annoncé envoyer une délégation à Niamey pour s'accorder sur les détails de ce retrait

WASHINGTON: Washington a entamé les discussions avec Niamey sur le retrait du Niger des troupes américaines qui y étaient déployées dans le cadre de la lutte antidjihadiste au Sahel, a déclaré lundi le Pentagone.

Le gouvernement du Niger, issu d'un coup d'Etat en juillet dernier, avait dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis, estimant que la présence américaine était désormais "illégale".

Washington a finalement accepté la semaine dernière de retirer du pays ses plus de 1 000 soldats et annoncé envoyer une délégation à Niamey pour s'accorder sur les détails de ce retrait.

"Nous pouvons confirmer le début des discussions entre les Etats-Unis et le Niger sur le retrait ordonné des forces américaines du pays", a déclaré le porte-parole du Pentagone Pat Ryder.

Une "petite délégation du Pentagone et du commandement militaire américain pour l'Afrique" participe aux discussions, a-t-il précisé.

Les Etats-Unis vont "continuer à explorer les options possibles afin d'assurer que nous soyons toujours en mesure de faire face aux potentielles menaces terroristes", a-t-il encore dit.

A Niamey, le ministre nigérien des Affaires étrangères, Bakari Yaou Sangaré, a indiqué dans un communiqué avoir eu lundi "des discussions" avec l’ambassadrice des États-Unis à Niamey, Kathleen Fitzgibbon, portant "sur la question du départ des troupes militaires américaines du Niger".

L’entretien s’est déroulé en présence de Maria Barron, directrice de l'Agence américaine pour le développement international (USAID) à Niamey, qui a assuré que l'agence allait "poursuivre sa coopération bilatérale" avec le Niger, annonçant "un nouvel accord devant remplacer celui en cours qui expire en septembre 2024", selon le communiqué.

Au Niger, les Etats-Unis disposent notamment d'une base de drone importante près d'Agadez, construite pour environ 100 millions de dollars.

Après le coup d'Etat qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum fin juillet, le nouveau régime militaire a rapidement exigé le départ des soldats de l'ancienne puissance coloniale française et s'est rapproché de la Russie, comme le Mali et le Burkina Faso voisins, également dirigés par des régimes militaires et confrontés à la violence de groupes jihadistes.


L'Ukraine s'attend à une détérioration sur le front vers la mi-mai

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo, AFP).
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo, AFP).
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  • L'armée ukrainienne traverse une période délicate, confronté à une pénurie de nouvelles recrues et de munitions en raison de retards importants de livraisons d'aide occidentale, notamment américaine
  • La Russie, qui est à l'initiative depuis l'automne 2023, a revendiqué lundi la conquête d'un village de l'Est ukrainien situé non loin de Vougledar

KIEV: La situation sur le front ukrainien va empirer autour de la mi-mai et début juin, qui sera une "période difficile", a prévenu lundi le chef du renseignement militaire ukrainien Kyrylo Boudanov, sur fond de craintes d'une nouvelle offensive russe.

La Russie, qui est à l'initiative depuis l'automne 2023, a revendiqué lundi la conquête d'un village de l'Est ukrainien situé non loin de Vougledar, localité à la jonction des fronts Est et Sud, dont elle cherche à s'emparer depuis deux ans.

"N'allons pas trop dans les détails, mais il y aura une période difficile, à la mi-mai et début juin", a prévenu M. Boudanov, interrogé sur l'état du front, dans une interview au service ukrainien de la BBC.

L'armée russe "mène une opération complexe", a-t-il dit.

"Nous pensons qu'une situation plutôt difficile nous attend dans un futur proche. Mais il faut comprendre que ce ne sera pas catastrophique", a estimé Kyrylo Boudanov.

"Armageddon ne se produira pas, contrairement à ce que beaucoup disent en ce moment. Mais il y aura des problèmes à partir de la mi-mai", a-t-il ajouté.

L'armée ukrainienne traverse une période délicate, confronté à une pénurie de nouvelles recrues et de munitions en raison de retards importants de livraisons d'aide occidentale, notamment américaine.

En face, les troupes russes, bien plus nombreuses et mieux armées, ne cessent de pousser à l'Est et revendiquent régulièrement la prise de petits villages dans le Donbass.

En février, Moscou s'est emparé d'Avdiïvka, une ville forteresse, et vise désormais la cité  stratégique de Tchassiv Iar.

Cette cité, perchée sur une hauteur, s'étend à moins de 30 kilomètres au sud-est de Kramatorsk, la principale ville de la région sous contrôle ukrainien, qui est un important nœud ferroviaire et logistique pour l'armée ukrainienne.

Offensive estivale? 

Lundi, le ministère russe de la Défense a affirmé avoir "libéré" Novomykhaïlivka, à une trentaine de kilomètres de Donetsk.

Ce village est proche de Vougledar, une cité minière à la jonction des fronts Sud et Est. Début 2023, l'Ukraine était parvenue à y repousser un assaut de l'armée russe, infligeant des pertes humaines importantes.

Kiev craint désormais une offensive estivale russe encore plus puissante.

Fin mars, le commandant des forces terrestres ukrainiennes Oleksandre Pavliouk avait jugé "possible" un tel scénario, impliquant un groupe de 100.000 soldats russes.

Le commandant en chef des forces ukrainiennes, Oleksandre Syrsky, a déjà admis mi-avril que la situation sur le front Est s'était "considérablement détériorée" récemment.

Il a affirmé voir une "intensification significative" de l'offensive russe depuis mars, aboutissant à des "succès tactiques".

La grande contre-offensive ukrainienne de l'été 2023 s'était heurtée à de puissantes lignes de défense russes qui ont épuisé les ressources de l'armée ukrainienne, sans permettre de libérer les régions occupées par la Russie.

L'Ukraine fait désormais face aux hésitations de ses alliés occidentaux, même si une aide militaire américaine de 61 milliards, longtemps bloquée, a finalement été votée par la Chambre des représentants des Etats-Unis samedi. Le texte doit encore être adopté par le Sénat puis promulgué par le président Joe Biden.

Kiev espère désormais que l'aide des Etats-Unis pourra atteindre le front très rapidement. Le Kremlin a, lui, jugé que qu'elle ne changerait "rien"


Espagne : l'homme clé d'un scandale de corruption garde le silence devant le Sénat

Koldo Garcia, ancien conseiller du ministre espagnol des Transports, assiste à une commission d'enquête sur une affaire de corruption liée à l'achat de masques pendant la pandémie, au Sénat de Madrid, le 22 avril 2024. (Photo, AFP)
Koldo Garcia, ancien conseiller du ministre espagnol des Transports, assiste à une commission d'enquête sur une affaire de corruption liée à l'achat de masques pendant la pandémie, au Sénat de Madrid, le 22 avril 2024. (Photo, AFP)
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  • Placé en garde à vue le 21 février, Koldo García est soupçonné de s'être enrichi en prélevant de lucratives commissions sur des contrats de vente de masques entre mars et juin 2020
  • Selon la justice, l'affaire aurait généré 9,5 millions d'euros de profits, pour des contrats d'un montant total de 53 millions d'euros

MADRID: L'homme de confiance d'un ex-ministre espagnol, très proche du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, a invoqué lundi son droit au silence devant une commission d'enquête mise en place par le Sénat qui l'entendait dans une affaire de corruption embarrassante pour l'exécutif.

Mis en cause pour son rôle dans un scandale lié à des achats de masques pour des administrations publiques durant la pandémie de Covid-19, Koldo Garcia était invité à s'exprimer pour la première fois publiquement sur cette affaire par cette commission du Sénat, dominé par le Parti populaire (PP, droite), principale formation d'opposition.

Bombardé de questions, cet homme à la stature imposante a invoqué son "droit à ne pas témoigner" en raison de la procédure ouverte par la justice sur ce scandale. "Par bon sens, je pense que je dois attendre" de "témoigner devant" le juge avant d'évoquer l'affaire, a-t-il expliqué.

M. Garcia a toutefois assuré avoir la conscience "très" tranquille. Visiblement agacé, il a dénoncé le traitement réservé à l'affaire par les journaux. "Médiatiquement, on m'a déjà crucifié vivant", a-t-il jugé.

Placé en garde à vue le 21 février, Koldo García est soupçonné de s'être enrichi en prélevant de lucratives commissions sur des contrats de vente de masques entre mars et juin 2020.

Selon la justice, l'affaire aurait généré 9,5 millions d'euros de profits, pour des contrats d'un montant total de 53 millions d'euros.

L'affaire est très sensible politiquement, car Koldo García était l'homme de confiance de José Luis Ábalos, ministre des Transports de 2018 à 2021 et membre important du premier cercle de Pedro Sánchez - l'un des rares à lui être resté fidèle après son éviction en 2016 de la tête du parti socialiste à la suite de résultats électoraux désastreux.

Mi-mars, le chef de file du PP, Alberto Núñez Feijóo, avait accusé le Premier ministre d'avoir été "au courant" et d'avoir "couvert" l'affaire. "Nous sommes face à une très grave affaire potentielle de corruption qui touche votre gouvernement, votre parti et probablement vous-même", avait-il ajouté.

Le Parti socialiste, qui a promis d'enquêter sur cette affaire avec "une transparence absolue", a exclu M. Ábalos de ses rangs, tandis que le gouvernement a limogé un haut fonctionnaire du ministère des Transports qui avait géré l'achat des masques.

Comme le Sénat, la Chambre des députés, où les socialistes et leurs alliés sont majoritaires, a voté la création d'une commission d'enquête sur les affaires de corruption autour de contrats d'achat de matériel sanitaire, mais élargie à plusieurs autres affaires dont l'une implique le compagnon d'Isabel Díaz Ayuso, le présidente de la région de Madrid et une figure du PP.