Abandonnés par leurs chefs, des soldats afghans racontent leur fuite au Tadjikistan

  Les autorités afghanes minimisent les difficultés récurrentes de leur armée. (AFP)
Les autorités afghanes minimisent les difficultés récurrentes de leur armée. (AFP)
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Publié le Samedi 10 juillet 2021

Abandonnés par leurs chefs, des soldats afghans racontent leur fuite au Tadjikistan

  • Ces deux derniers mois, les talibans ont conquis de vaste portions du territoire afghan
  • Il décrit une situation chaotique, marquée par l'absence de communication avec la hiérarchie militaire à Kaboul

KUNDUZ: Cernés, isolés, abandonnés par leurs chefs, des soldats afghans défendant Shir Khan Bandar, principal poste-frontière avec le Tadjikistan, ont raconté à l'AFP n'avoir eu d'autre choix fin juin, que de fuir avec un millier de leurs camarades en territoire tadjik, en portant les blessés.

"Nous étions assiégés à Shir Khan Badar depuis une semaine, notre voie de ravitaillement était coupée", explique, de retour à Kaboul, Mehrullah, 27 ans - qui comme de nombreux Afghans ne porte qu'un seul nom.

Il décrit une situation chaotique, marquée par l'absence de communication avec la hiérarchie militaire à Kaboul et la désorganisation entre les unités du bataillon d'un millier d'hommes chargés de protéger la frontière près de la ville septentrionale de Kunduz.

Certains officiers ont quitté leur poste, abandonnant leurs hommes à leur sort.

"S'il y avait eu une coordination correcte entre le QG (de l'armée à Kaboul, ndlr) et le commandement des forces du poste-frontière, nous aurions affronté les talibans au lieu de battre en retraite", assure-t-il, "nous n'avons pas abandonné le poste-frontière, mais les chefs se sont enfuis, avant les soldats".

Ces deux derniers mois, les talibans ont conquis de vaste portions du territoire afghan, au cours d'une offensive tous azimuts lancée en mai à la faveur du début du retrait des forces américaines et de l'Otan du pays, désormais quasiment achevé et marquant la fin de quasiment 20 ans d'intervention militaire déclenchée par les attentats du 11-Septembre.

Les insurgés ont affirmé vendredi contrôler désormais 85% du territoire afghan, un chiffre contesté par le gouvernement et impossible à vérifier de façon indépendante.

Privées du crucial soutien aérien américain et démoralisées, les forces afghanes ne cessent de reculer et peinent à contenir l'avancée des talibans, pendant que les négociations politiques entre le gouvernement et les insurgés sont au point mort.

Prêts à repartir au combat 
"Après nous avoir assiégés et avoir lancé un assaut massif, les talibans ont coupé toutes les routes vers Kunduz", la capitale de la province du même nom, raconte de son côté un autre soldat, Ainuddin, 35 ans.

"Nous avons été obligés de reculer vers le pont" enjambant la rivière Piandj (ou Panj), frontière entre les deux pays, "et après une heure de combat, nous sommes entrés au Tadjikistan", en portant trois soldats blessés, ajoute-t-il.

"Des soldats tadjiks nous ont apporté de l'eau et ont soigné nos blessés", les autorités tadjikes "ont fait tout ce qu'elles pouvaient pour nous", poursuit Ainuddin.

Le gouvernement de Douchanbé, qui craint qu'un éventuel pouvoir des talibans, partisans d'un régime islamique rigoriste, en Afghanistan ne radicalise sa population musulmane modérée, avait alors indiqué que "1.037 soldats" afghans avaient fui en territoire tadjik "pour sauver leur vie".

Les autorités afghanes minimisent les difficultés récurrentes de leur armée. Elles admettent seulement que les lignes d'approvisionnement sont sous pression et avoir abandonné du terrain aux talibans, mais affirment n'avoir perdu que des batailles et non la guerre.

"C'est la guerre, il y a de la pression. Parfois, les choses tournent en votre faveur. Parfois, non", a expliqué début juillet à la presse le conseiller pour la Sécurité nationale d'Afghanistan Hamdullah Mohib, promettant que l'armée allait reprendre les territoires perdus.

Mais samedi 10 juillet, Shir Khan Bandar étaient toujours aux mains des talibans, qui se sont également emparés la veille d'un autre point de passage avec le Tadjikistan et du principal poste-frontière avec l'Iran, tous deux dans la province occidentale d'Hérat. 

"Après deux jours au Tadjikistan, nous avons été ramenés par avion à Kaboul", raconte Ainuddin.

Mehrullah, lui et ses camarades sont désormais dans une base militaire de la capitale afghane, dit-il, assurant que tous sont prêts à retourner sur le champ de bataille.

"Nous sommes prêts à regagner nos affectations, dès que le souhaite le gouvernement", affirme Ainuddin.


L’ancien Premier ministre australien à Netanyahu : « Restez en dehors de notre politique »

L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
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  • Turnbull s’en prend au Premier ministre israélien dans une interview sur Channel 4
  • Les tentatives de Netanyahu de lier le massacre de Bondi à la politique sur la Palestine jugées « contre-productives »

​​​​​​LONDRES : L’ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull a demandé à Benjamin Netanyahu de « rester en dehors de notre politique » après que le dirigeant israélien a établi un lien entre la reconnaissance de la Palestine et la fusillade de masse survenue à Bondi Beach.

Quinze personnes ont été tuées lorsqu’un père et son fils ont ouvert le feu sur des participants célébrant la fête juive de Hanoukka dimanche soir.

Netanyahu a affirmé que la décision de l’Australie de reconnaître l’État palestinien plus tôt cette année avait « jeté de l’huile sur le feu de l’antisémitisme » dans les semaines précédant l’attaque.

Interrogé sur ces propos lors du journal de Channel 4 News au Royaume-Uni, Turnbull a déclaré : « Je dirais respectueusement à “Bibi” Netanyahu : s’il vous plaît, restez en dehors de notre politique.

« Tenir ce type de discours n’aide en rien… et ce n’est pas approprié. »

Turnbull a soutenu la décision du gouvernement de l’actuel Premier ministre australien Anthony Albanese de reconnaître l’État palestinien en août — aux côtés de nombreux autres pays occidentaux — alors que la pression internationale s’intensifiait face à la guerre à Gaza.

Dans un discours prononcé après l’attaque de Bondi, Netanyahu a déclaré : « Il y a quelques mois, j’ai écrit au Premier ministre australien pour lui dire que sa politique jetait de l’huile sur le feu de l’antisémitisme. »

Il a ajouté : « L’antisémitisme est un cancer qui se propage lorsque les dirigeants se taisent. »

Turnbull a rappelé que la grande majorité des pays du monde reconnaissaient la Palestine comme un État et soutenaient une solution à deux États au conflit.

Il a souligné que l’Australie était une société multiculturelle très prospère qui ne pouvait permettre l’importation de conflits étrangers.

« Nous devons veiller à ce que les guerres du Moyen-Orient ou d’ailleurs ne soient pas menées ici », a-t-il déclaré.
« Chercher à les relier, comme l’a fait Netanyahu, n’est pas utile et va exactement à l’encontre de ce que nous voulons accomplir. »

Albanese a également rejeté les propos de Netanyahu lorsqu’on lui a demandé s’il existait un lien entre sa politique sur la Palestine et l’attaque de Bondi.

« L’écrasante majorité du monde considère qu’une solution à deux États est la voie à suivre au Moyen-Orient », a-t-il déclaré aux médias.

« C’est un moment d’unité nationale où nous devons nous rassembler… Nous devons entourer les membres de la communauté juive qui traversent une période extraordinairement difficile. »

Albanese s’est rendu à l’hôpital pour rendre visite à l’homme salué comme un héros pour avoir désarmé l’un des assaillants.

Ahmed Al-Ahmed, commerçant arrivé en Australie depuis la Syrie en 2006, est en convalescence après avoir maîtrisé le tireur.

Albanese a déclaré mardi que les assaillants, Sajid Akram et son fils Naveed, étaient animés par l’idéologie de Daesh.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Attentat de Sydney: le Premier ministre australien rend visite au «héros» de la plage de Bondi

Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
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  • Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants
  • Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump

SYDNEY: Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies.

Dimanche soir, alors qu'une foule était rassemblée sur cette plage de Sydney pour la fête juive de Hanouka, un père et son fils ont ouvert le feu pendant une dizaine de minutes, tuant 15 personnes et en blessant 42 autres.

Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants. Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump.

"Il allait s'acheter un café et s’est retrouvé face à des gens qui se faisaient tirer dessus", raconte M. Albanese après une visite au chevet de M. Ahmed.

"Il a décidé d'agir, et son courage est une source d’inspiration pour tous les Australiens."

L'homme a été touché plusieurs fois à l'épaule après s'être battu avec l'un des assaillants. M. Albanese rapporte qu'il devra "subir une nouvelle intervention chirurgicale" mercredi.

"Au moment où nous avons été témoins d'actes maléfiques, il brille comme un exemple de la force de l'humanité", a salué le Premier ministre. "Nous sommes un pays courageux. Ahmed al Ahmed incarne ce que notre pays a de meilleur."

Alité, des tubes dans le nez, M. Ahmed a brièvement remercié en arabe les personnes le soutenant, dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux mardi matin.

"J'apprécie les efforts de chacun (...). Puisse Allah vous récompenser et vous accorder le bien être", a-t-il déclaré, selon une traduction (en anglais) fournie par la chaîne publique turque TRT World.

Ce père de deux enfants, originaire de Syrie, vit en Australie depuis plus de 10 ans, selon les médias locaux.

Sa mère a déclaré lundi au média australien ABC qu'elle n'avait cessé de "culpabiliser et de pleurer" lorsqu'elle a reçu l'appel lui annonçant que son fils avait été blessé par balle dans "un accident". "Nous prions pour que Dieu le sauve", dit-elle.

Une collecte de fonds en ligne a récolté plus de 1,9 million de dollars australiens (1,1 million d'euros) de dons pour couvrir les frais médicaux de M. Ahmed.


La CPI rejette un appel d'Israël contestant sa compétence

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
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  • Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas
  • Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a rejeté lundi une demande en appel d'Israël qui contestait sa compétence pour enquêter sur des crimes présumés dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre contre le Hamas.

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant.

Ils sont soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza. Famine, meurtre et persécution font partie des chefs d'accusation.

Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas.

Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties".

La Cour examine actuellement une autre contestation israélienne de sa compétence, en plus d'une demande de récusation du procureur Karim Khan.

Elle a dit non en juillet à une demande d'Israël de rejet des mandats d'arrêts, ainsi qu'à l'appel de cette décision en octobre.

Créée en 2002, la CPI poursuit des individus accusés des pires atrocités tels que les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et le génocide.

Israël n'adhère pas au traité de Rome ayant institué la CPI, ce qui ne les empêche pas d'introduire des contestations juridiques auprès de la Cour.

La Cour avait déjà statué en 2021 que sa compétence territoriale s'étendait à Gaza.

Les accusations de génocide commis par Israël envers les Palestiniens dans la bande de Gaza se sont multipliées depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023, après l'attaque du Hamas contre Israël ayant coûté la vie à 1.221 personnes côté israélien, principalement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Les représailles israéliennes à Gaza ont depuis fait plus de 70.000 morts, selon les chiffres du ministère de la Santé du territoire palestinien contrôlé par le Hamas, que l'ONU considère comme fiables.

Sous fortes pressions américaines, une trêve fragile est en vigueur depuis le 10 octobre.