Où en est l'enquête sur l'assassinat du président haïtien?

La police regarde des citoyens haïtiens se rassembler devant l'ambassade des États-Unis à Tabarre, Haïti, le 10 juillet 2021, demandant l'asile après l'assassinat du président Jovenel Moise expliquant qu'il y a trop d'insécurité dans le pays et qu'ils craignent pour leur vie. (Photo, AFP)
La police regarde des citoyens haïtiens se rassembler devant l'ambassade des États-Unis à Tabarre, Haïti, le 10 juillet 2021, demandant l'asile après l'assassinat du président Jovenel Moise expliquant qu'il y a trop d'insécurité dans le pays et qu'ils craignent pour leur vie. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 12 juillet 2021

Où en est l'enquête sur l'assassinat du président haïtien?

  • L'attention de la police haïtienne se porte sur un ressortissant haïtien ayant des « objectifs politiques », arrêté dimanche et accusé d'avoir recruté le commando qui a assassiné le président Jovenel Moïse
  • Christian Emmanuel Sanon, homme de 63 ans de nationalité haïtienne basé en Floride, serait arrivé dans le pays en juin « à bord d'un avion privé » accompagné de ressortissants colombiens

PORT-AU-PRINCE : Moins d'une semaine après l'assassinat du président haïtien Jovenel Moïse, la confusion règne toujours sur les circonstances et raisons de sa mort, malgré une série d'arrestations de suspects. Voici ce que l'on sait sur cette situation extrêmement nébuleuse.

Un mystérieux « docteur » haïtien

L'attention de la police haïtienne se porte sur un ressortissant haïtien ayant des "objectifs politiques", arrêté dimanche et accusé d'avoir recruté le commando qui a assassiné le président Jovenel Moïse dans la nuit de mardi à mercredi.

Christian Emmanuel Sanon, homme de 63 ans de nationalité haïtienne basé en Floride, serait arrivé dans le pays en juin "à bord d'un avion privé" accompagné de ressortissants colombiens, avec pour but initial de "procéder à l'arrestation du président de la République", selon Léon Charles, directeur de la police nationale haïtienne.

Les Colombiens étaient chargés d'assurer la sécurité de M. Sanon, mais "la mission a ensuite changé", a indiqué M. Charles.

Peu d'informations ont filtré sur le profil du suspect, qui se présente comme un "docteur" qui "joue un rôle de leader pour Haïti à travers une vie d'action positive et d'intégrité absolue" dans un compte Twitter portant son nom.

Dans plusieurs vidéos postées en 2011 sur une chaîne Youtube à son nom, il semble se présenter comme un potentiel dirigeant, et critique le pouvoir haïtien et la corruption.

"Où sont les dirigeants d'Haïti? Nulle part, vous savez pourquoi? Parce qu'ils sont corrompus", affirme-t-il.

Cette version officielle apparaît toutefois lacunaire, et ne répond pas à la question pressante pour ce petit pays accablé par la corruption et la pauvreté: qui a pu financer une telle opération?

M. Sanon, aux multiples sociétés inopérantes, s'était placé en situation de faillite, selon le Miami Herald. Par ailleurs, il n'avait pas le droit d'exercer la médecine en Floride. La police haïtienne a aussi évoqué deux autres mystérieux "auteurs intellectuels" sans donner de précisions.

Liens ténébreux avec l'étranger

Un docteur vivant aux Etats-Unis, des "mercenaires" majoritairement colombiens... Partout dans l'enquête, des liens avec l'étranger ressortent.

La police haïtienne a dit dimanche avoir arrêté 21 personnes, parmi lesquelles se trouvaient 18 Colombiens et 3 Haïtiens (deux d'entre eux ayant aussi la nationalité américaine).

Bogota a confirmé qu'une grande partie des hommes arrêtés étaient d'ex-membres de son armée. Les anciens militaires colombiens, forts de leur expérience de décennies de lutte contre les guérillas et le narcotrafic, sont des mercenaires très prisés. 

La police haïtienne accuse notamment Christian Emmanuel Sanon d'avoir recruté les 26 membres du commando en faisait appel à une entreprise vénézuélienne de sécurité nommée CTU, basée en Floride.

Une femme, se présentant comme la compagne d'un des Colombiens arrêtés, a elle affirmé que son mari avait été approché par une entreprise lui proposant un salaire de "2.700 dollars mensuels" pour rejoindre le commando.

Bogota enquête par ailleurs sur plusieurs déplacements en Colombie de Dimitri Hérard, le chef de la sécurité de Jovenel Moïse. M. Hérard fait partie de responsables convoqués au parquet de Port-au-Prince après la facilité apparemment déconcertante avec laquelle des tueurs ont assassiné le chef de l'Etat haïtien.

Il s'est rendu à plusieurs reprises en Equateur, au Panama et en République dominicaine, via la Colombie entre janvier et mai 2021, et la police colombienne vérifie actuellement les activités auxquelles il s'est livré dans ces pays.

Une gouvernance chaotique

Trois hommes apparaissent rivaliser pour assumer le pouvoir dans le pays déjà plongé dans une grave crise à la fois politique, économique et sécuritaire, rajoutant à l'imbroglio politique.

L'assassinat s'est en effet produit deux jours après que le président eut nommé un nouveau Premier ministre, Ariel Henry, en remplacement du chef de gouvernement par intérim, Claude Joseph.

Quelques heures après la mort du président, Claude Joseph a déclaré avoir la charge des affaires courantes, décrétant notamment l'état de siège. Mais le Premier ministre sortant a vu sa légitimité rapidement remise en cause.

Huit des dix sénateurs encore en fonction ont signé vendredi soir une résolution offrant à Joseph Lambert, président du Sénat, le titre de président provisoire de la République. La prestation de serment de M. Lambert, prévue samedi, a été reportée sine die, par manque d'élus présents.

Jovenel Moïse n'ayant pas organisé d'élections depuis son arrivée au pouvoir, les mandats des parlementaires sont arrivés à expiration et le pays ne compte plus que dix représentants nationaux élus.

"La nature et la façon dont le président a été assassiné ont rendu encore plus urgent la nécessité d'une véritable reconstruction et d'un soutien à la transition démocratique en Haïti", affirme Horace Campbell, professeur de science politique à l'université de Syracuse.

 


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.