Cuba: l'internet mobile, grand allié des manifestations de colère

La police anti-émeute marche dans les rues après une manifestation contre le gouvernement du président Miguel Diaz-Canel dans la municipalité d'Arroyo Naranjo, à La Havane (AFP)
La police anti-émeute marche dans les rues après une manifestation contre le gouvernement du président Miguel Diaz-Canel dans la municipalité d'Arroyo Naranjo, à La Havane (AFP)
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Publié le Mardi 13 juillet 2021

Cuba: l'internet mobile, grand allié des manifestations de colère

  • Dimanche, quand les habitants de la petite ville de San Antonio de los Baños, à une trentaine de kilomètres de La Havane, ont commencé à défiler aux cris de «A bas la dictature!», ces images ont été retransmises en direct sur Facebook
  • En avril, l'image d'un dissident brandissant son poing menotté face à la foule, après une tentative d'arrestation, est devenue virale sur les réseaux sociaux

LA HAVANE : En moins de trois ans, il a bouleversé le paysage à Cuba: l'internet mobile a été le grand allié dimanche des manifestations historiques contre le gouvernement, et sans surprise son accès a été rapidement coupé sur l'île.

"Tout ce qui se passe à Cuba depuis un certain temps et ce qui va continuer à se passer, car évidemment il va continuer à se produire des choses, tout cela vient d'internet", explique à l'AFP Abraham Jiménez, journaliste indépendant cubain et éditorialiste pour The Washington Post.

Dimanche, quand les habitants de la petite ville de San Antonio de los Baños, à une trentaine de kilomètres de La Havane, ont commencé à défiler aux cris de "A bas la dictature!", ces images ont été retransmises en direct sur Facebook.

La contagion a été immédiate. "Soudain les gens ont commencé à voir ça et cela les a poussés à sortir dans les rues dans les autres villes", raconte le journaliste. En quelques heures, une quarantaine de manifestations sont recensées à travers le pays... elles aussi amplement diffusées sur les réseaux sociaux.

Il y a trois ans, ces scènes auraient été inimaginables.

Pendant longtemps l'un des pays les moins connectés au monde, Cuba n'a activé l'internet mobile qu'en décembre 2018.

Jusque-là, une minorité d'habitants avaient l'internet à domicile. Les autres pouvaient se connecter, avec un tarif par heure, dans des cafés internet ou des parcs wifi.

Le succès a été fulgurant: sur 11,2 millions d'habitants, 4,4 millions surfaient fin 2020 depuis leur téléphone.

Boîte de Pandore

Pour le gouvernement communiste, améliorer la connectivité était une priorité pour moderniser le pays et désormais, depuis son mobile, on peut transférer de l'argent, payer ses factures ou faire ses courses en ligne.

Mais il a aussi ouvert la boîte de Pandore.

"C'est une fenêtre sur le monde extérieur", note Ted Henken, sociologue américain et auteur du livre "La révolution numérique de Cuba".

"Quand le gouvernement a autorisé la 3G, c'était une réponse à la demande citoyenne et bien sûr une source essentielle de revenus en raison du monopole de l'opérateur d'Etat" Etecsa, rappelle-t-il.

"Mais cela a certainement permis une série de mobilisations, de protestations et de revendications qui ont toutes pris de l'ampleur" au cours des derniers mois.

Novembre 2020 a marqué un avant et un après : pendant dix jours, le mouvement contestataire San Isidro s'est retranché dans une maison pour réclamer la libération d'un rappeur, se filmant via Facebook et gagnant une audience internationale.

Après leur expulsion, quelque 300 artistes ont manifesté le 27 novembre face au ministère de la Culture, à l'appel de messages relayés via les réseaux sociaux, pour réclamer plus de liberté d'expression, du jamais-vu à Cuba.

En avril, l'image d'un dissident brandissant son poing menotté face à la foule, après une tentative d'arrestation, est devenue virale sur les réseaux sociaux.

«Cuba est réveillé»

Enfin, la semaine dernière, le hashtag #SOSCuba s'est multiplié sur les réseaux, pour demander une aide humanitaire pour l'île, confrontée à une double crise, économique et sanitaire. Pour certains, cet épisode a été le détonateur des manifestations de dimanche.

"Eh bien oui, tout a commencé ici, sur les réseaux sociaux, avec un simple #SOSCuba", a commenté sur Twitter l'internaute Rafa.

"Vous pensez encore que les réseaux sociaux ne servent à rien? Nous sommes la génération du téléphone mobile mais avec le courage qui a manqué à nos parents et grands-parents", a-t-il ajouté.

"N'arrêtez pas de tweeter, que le monde sache que Cuba est réveillé et demande la liberté", écrivait sur le même réseau Saily de Amarillo.

Le gouvernement, de son côté, s'en est pris aux internautes qui "décrivent sur les réseaux une situation qui ne correspond pas à la réalité", accusant les Etats-Unis d'avoir lancé la campagne #SOSCuba.

"J'exige de Twitter et du gouvernement américain qu'ils reconnaissent ou qu'ils démentent que des agents politiques utilisent activement des étiquettes, des bots, des trolls (...) dans cette opération contre Cuba", s'est emporté le chef de la diplomatie cubaine Bruno Rodriguez.

Ces derniers jours, de nombreux comptes de l'étranger ont ainsi publié sur les réseaux sociaux des images de manifestations qui ne correspondaient pas du tout à Cuba, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Dès dimanche à la mi-journée, l'internet mobile était inaccessible sur l'île, et restait interrompu lundi soir. "Perturber l'internet signifie réduire au silence les personnes qui protestent à Cuba", a dénoncé l'ONG Access Now.

 

 

 

 

 

 

 


Donald Trump appelle Iran et Israël à «trouver un accord»

Donald Trump a appelé Israël et l'Iran à "trouver un accord" dimanche, même s'ils vont peut-être devoir se battre auparavant. (AFP)
Donald Trump a appelé Israël et l'Iran à "trouver un accord" dimanche, même s'ils vont peut-être devoir se battre auparavant. (AFP)
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  • Israël a multiplié dimanche ses frappes meurtrières à travers l'Iran, visant la capitale, la ville de Machhad à l'extrémité nord-est du pays ainsi que des installations militaires dans l'ouest, auxquelles Téhéran a riposté par de nouveaux tirs de missiles
  • En fin de journée, avant son départ pour le G7 au Canada, Donald Trump a renouvelé son appel aux deux pays: "Je pense qu'il est temps de conclure un accord et nous verrons ce qui se passera"

WASHINGTON: Donald Trump a appelé Israël et l'Iran à "trouver un accord" dimanche, même s'ils vont peut-être devoir se battre auparavant, a-t-il déclaré au moment où des échanges intenses de tirs entre les deux pays se poursuivent pour la quatrième nuit consécutive.

"L'Iran et Israël devraient trouver un accord, et ils vont trouver un accord", a écrit le président américain sur son réseau Truth Social dimanche matin, ajoutant que "de nombreux appels et rencontres ont lieu en ce moment".

En fin de journée, avant son départ pour le G7 au Canada, Donald Trump a renouvelé son appel aux deux pays: "Je pense qu'il est temps de conclure un accord et nous verrons ce qui se passera. Parfois, ils doivent se battre, mais nous verrons ce qui se passera. Je pense qu'il y a de bonnes chances qu'il y ait un accord", a-t-il déclaré sur le seuil de la Maison Blanche avant d'embarquer dans son hélicoptère Marine One.

Israël a multiplié dimanche ses frappes meurtrières à travers l'Iran, visant la capitale, la ville de Machhad à l'extrémité nord-est du pays ainsi que des installations militaires dans l'ouest, auxquelles Téhéran a riposté par de nouveaux tirs de missiles.

Au troisième jour de l'offensive aérienne israélienne, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a menacé de faire payer à l'Iran "un prix très lourd" après la mort de civils provoquée par les salves de missiles balistiques iraniens tirées en représailles sur Israël, qui ont touché des zones habitées.

L'Iran a de son côté promis dimanche une "réponse dévastatrice" aux attaques israéliennes et affirmé qu'Israël ne serait bientôt "plus habitable".


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.