Afrique du Sud: 32 morts, les pillages toujours en cours

Les forces de l'ordre, visiblement en minorité, ont tiré des balles en caoutchouc pour disperser les mouvements de foule, suscitant la course paniquée de fuyards sur les parkings de centres commerciaux. (AFP)
Les forces de l'ordre, visiblement en minorité, ont tiré des balles en caoutchouc pour disperser les mouvements de foule, suscitant la course paniquée de fuyards sur les parkings de centres commerciaux. (AFP)
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Publié le Mardi 13 juillet 2021

Afrique du Sud: 32 morts, les pillages toujours en cours

  • Le président Cyril Ramaphosa, a confirmé lundi soir six autres décès à Johannesburg
  • Un agent de sécurité privé, seul, se tenait debout, impuissant, passant frénétiquement des appels téléphoniques

JOHANNESBURG: Les violences et pillages qui frappent l'Afrique du Sud depuis plusieurs jours ont fait déjà 32 morts et les émeutiers ne semblaient marquer aucune pause mardi, en dépit des premiers déploiements de soldats.


Mardi matin, la province du Kwazulu-Natal (KZN, Est) - où les premiers incidents ont commencé vendredi au lendemain de l'incarcération de l'ex-président Jacob Zuma, qui reste populaire en pays zoulou - a annoncé que le bilan était passé à 26 morts. 


Et le président Cyril Ramaphosa, a confirmé lundi soir six autres décès à Johannesburg, la capitale économique du pays. Après avoir mobilisé l'armée pour prêter main forte aux forces de l'ordre, il a souligné le caractère inédit de ces violences depuis l'avènement de la démocratie post-apartheid, dans un discours télévisé. 


Le Premier ministre du KZN, Sihle Zikalala, a indiqué que plusieurs personnes "ont été tuées dans des bousculades dans ce contexte d'émeutes", sans autre précision. 


Les images des pillages ont montré des foules compactes et désordonnées, chacun se précipitant pour récupérer téléviseurs géants, vélos pour enfant, sièges de bureau, couches, conserves... Tout ce qui peut être emporté. 


Dans les magasins pillés et mis à sac, les premiers émeutiers, souvent des hommes jeunes, ont été rejoints par toutes les autres franges de la population, y compris des enfants, à la recherche de nourriture ou d'équipements à revendre, dans un contexte économique dégradé par les restrictions mises en place fin juin pour contrer une troisième vague meurtrière de pandémie de coronavirus. 


Les forces de l'ordre, visiblement en minorité, ont tiré des balles en caoutchouc pour disperser les mouvements de foule, suscitant la course paniquée de fuyards sur les parkings de centres commerciaux. Ou dans les rues des principales villes touchées, aux trottoirs jonchés de bris de verre et déchets, et bordés de bâtiments et voitures en feu.

Chambres froides dévalisées 

A ce jour, 757 personnes ont été arrêtées, la majorité à Johannesburg, a précisé le ministre de la Police, Bheki Cele. 


Il s'est engagé à ce que la situation "ne se détériore pas davantage", alors que les pillages se poursuivaient notamment à Soweto, immense township à l'ouest de Johannesburg où des soldats ont commencé à patrouiller selon des journalistes de l'AFP sur place, et à Pietermaritzburg, la capitale de la province de KZN.


Tôt dans la matinée, les télévisions locales ont montré des dizaines de femmes, certaines en robe de chambre, et des gens de tous âges ciblant une boucherie, dans la zone de Diepkloof à Soweto. Ils ont vidé les chambres froides et sont sortis en courant, de lourdes caisses de viande sur les bras. 


Un agent de sécurité privé, seul, se tenait debout, impuissant, passant frénétiquement des appels téléphoniques. La police ne s'est présentée que trois heures plus tard pour disperser et arrêter les derniers pillards.


Dans la nuit, policiers et agents de sécurité privée armés jusqu'aux dents ont longuement affronté des émeutiers dans le quartier dégradé de Jeppe, proche du centre de Johannesburg.


Les premier incidents, avec des routes bloquées et des camions incendiés, ont fait leur apparition vendredi, au lendemain de l'incarcération de Jacob Zuma, condamné à une peine de prison ferme pour outrage à la justice. Pillages et incendies se sont ensuite propagés pendant le week-end à Johannesburg.


Le président Ramaphosa, promettant de restaurer "le calme et la stabilité" lundi soir, a rappelé avec sévérité que si les "frustrations et la colère" exprimées avaient "des racines politiques", "aucune cause ne peut les justifier".


L'Iran accuse l'AIEA d'être un «partenaire» de «l'agression» israélienne

L'Iran a accusé jeudi l'organe de surveillance nucléaire des Nations unies, AIEA, d'agir en tant que "partenaire" dans ce qu'il a qualifié de "guerre d'agression" d'Israël. (AFP)
L'Iran a accusé jeudi l'organe de surveillance nucléaire des Nations unies, AIEA, d'agir en tant que "partenaire" dans ce qu'il a qualifié de "guerre d'agression" d'Israël. (AFP)
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  • Dans un rapport consulté par l'AFP fin mai, l'agence notait que "l'Iran n'a, à plusieurs reprises, soit pas répondu, soit pas fourni de réponses techniquement crédibles aux questions de l'agence et a nettoyé" des lieux
  • Le Conseil des gouverneurs de l'Agence avait ensuite adopté le 12 juin une résolution condamnant l'Iran pour "non-respect" de ses obligations nucléaires, élaborée par Londres, Paris et Berlin associés à Washington

TEHERAN: L'Iran a accusé jeudi l'organe de surveillance nucléaire des Nations unies, AIEA, d'agir en tant que "partenaire" dans ce qu'il a qualifié de "guerre d'agression" d'Israël.

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a déploré, dans un rapport publié avant le début de la guerre Iran-Israël, le manque de coopération de Téhéran dans la surveillance du respect de ses obligations en matière nucléaire.

"Vous avez trahi le régime de non-prolifération; vous avez fait de l'AIEA un partenaire de cette guerre d'agression injuste", a écrit le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmaeil Baqaei sur X, dans un message à l'adresse du directeur de l'agence onusienne, Rafael Grossi.

"Nous avons affirmé dans mon rapport il y a une semaine que bien que l’Iran soit le seul pays au monde qui est en train d’enrichir l’uranium à des niveaux presque militaires (...) on n'est pas en capacité de dire qu’il existe un effort direct vers la fabrication d'une arme nucléaire", avait affirmé mercredi M. Grossi, sur la télévision française France 24.

Dans un rapport consulté par l'AFP fin mai, l'agence notait que "l'Iran n'a, à plusieurs reprises, soit pas répondu, soit pas fourni de réponses techniquement crédibles aux questions de l'agence et a nettoyé" des lieux, "ce qui a entravé les activités de vérification de l'agence" dans trois sites non déclarés.

Le Conseil des gouverneurs de l'Agence avait ensuite adopté le 12 juin une résolution condamnant l'Iran pour "non-respect" de ses obligations nucléaires, élaborée par Londres, Paris et Berlin associés à Washington.

Avant le vote de cette instance, l'Iran avait menacé de réduire sa coopération avec l'AIEA si une résolution était adoptée.


Guerre Iran-Israël: Trump dit qu'il va trancher dans les «deux semaines»

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  • "Compte-tenu du fait qu'il y a une possibilité substantielle de négociations éventuelles avec l'Iran dans le futur proche, je prendrai ma décision sur le fait d'y aller ou non au cours des deux prochaines semaines"
  • Donald Trump a, par le passé, donné de telles dates butoir qui se sont ensuite étiolées, la guerre en Ukraine par exemple

WASHINGTON: Donald Trump prendra une décision sur une éventuelle participation américaine aux frappes lancées par Israël contre l'Iran "au cours des deux prochaines semaines", estimant "substantielle" la possibilité de négociations avec Téhéran, a fait savoir jeudi la Maison Blanche.

Le fait que Washington temporise pourrait ouvrir les possibilités d'avancées diplomatiques, après des jours d'incertitude sur la position américaine.

"Compte-tenu du fait qu'il y a une possibilité substantielle de négociations éventuelles avec l'Iran dans le futur proche, je prendrai ma décision sur le fait d'y aller ou non au cours des deux prochaines semaines", a fait savoir le président américain dans des propos rapportés par sa porte-parole Karoline Leavitt.

🚨 @PressSec shares an important message from President Donald J. Trump: "Based on the fact that there's a substantial chance of negotiations that may or may not take place with Iran in the near future, I will make my decision whether or not to go within the next two weeks." pic.twitter.com/Xh3rNuURn0

— The White House (@WhiteHouse) June 19, 2025

Donald Trump a, par le passé, donné de telles dates butoir qui se sont ensuite étiolées, la guerre en Ukraine par exemple. Mais la Maison Blanche a assuré que le président ne cherche pas à éviter ses responsabilités.

"S'il y a une chance pour la diplomatie, le président la saisira toujours. Mais il n'a pas peur non plus d'avoir recours à la force", a encore déclaré Karoline Leavitt, tout en insistant sur un sentiment d'urgence face à l'avancée du programme nucléaire.

"Soyons très clairs, l'Iran a tout ce dont il nécessite pour arriver à une arme nucléaire. Tout ce dont ils ont besoin, c'est d'une décision du guide suprême en ce sens, et cela leur prendrait une quinzaine de jours pour achever la production de cette arme", a-t-elle expliqué.

Au septième jour de guerre entre Israël et Iran, Donald Trump tenait jeudi à la mi-journée sa troisième réunion en trois jours dans la "Situation Room", la salle de crise en sous-sol de la Maison Blanche où se prennent les décisions militaires les plus sensibles.

Une telle réunion se tiendra tous les jours jusqu'à lundi, quand Donald Trump partira pour un sommet de l'Otan aux Pays-Bas, a ajouté la Maison Blanche.

"Instinct" 

Le président républicain avait entretenu le mystère sur ses intentions la veille en déclarant, à propos d'une éventuelle participation américaine aux frappes: "Je vais peut-être le faire, peut-être pas".

Il avait également assuré que les Iraniens étaient entrés en contact avec les Etats-Unis pour négocier sur leur programme nucléaire et avaient "même suggéré de venir à la Maison Blanche", ce que Téhéran avait rapidement démenti.

Une "correspondance s'est poursuivie" entre les Etats-Unis et l'Iran depuis le début de la guerre, selon la porte-parole de la Maison Blanche, interrogée jeudi sur des informations de presse selon lesquelles l'émissaire américain pour le Moyen-Orient Steve Witkoff a été en contact avec le ministre iranien des Affaires étrangères.

Il n'est cependant pas prévu que Steve Witkoff rejoigne plusieurs ministres européens des Affaires étrangères vendredi à Genève, où ils doivent rencontrer leur homologue iranien, Abbas Araghchi.

Depuis plusieurs jours, Donald Trump souffle le chaud et le froid sur une éventuelle intervention directe.

Plusieurs figures trumpistes du mouvement "MAGA", dont Steve Bannon, ancien conseiller de Donald Trump, ou encore l'ex-présentateur de Fox News Tucker Carlson, ont exprimé leur opposition farouche à toute intervention américaine directe.

Mais les Etats-Unis disposent "de capacités qu'aucun autre pays du monde ne possède", a rappelé jeudi Karoline Leavitt, faisant sans-doute référence à la bombe américaine qui serait capable de détruire l'usine d'enrichissement d'uranium de Fordo, une infrastructure cruciale du programme nucléaire iranien enfouie à une centaine de mètres de profondeur.

"Faites confiance au président Trump," a-t-elle ajouté. "Le président Trump a un instinct incroyable."


Réunion vendredi à Genève entre des ministres européens et leur homologue iranien

Les ministres des Affaires étrangères de l'Allemagne, de la France et du Royaume-Uni rencontreront vendredi à Genève leur homologue iranien, Abbas Araghchi, a-t-on appris jeudi de sources diplomatiques. (AFP)
Les ministres des Affaires étrangères de l'Allemagne, de la France et du Royaume-Uni rencontreront vendredi à Genève leur homologue iranien, Abbas Araghchi, a-t-on appris jeudi de sources diplomatiques. (AFP)
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  • La cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas doit également participer à cette réunion, confirmée par Téhéran et Berlin, au moment où les pays européens multiplient les appels à la désescalade
  • Mercredi, l'Elysée avait annoncé une initiative à venir avec les proches partenaires européens de la France visant à "proposer un règlement négocié exigeant, de nature à mettre fin au conflit"

BRUXELLES: Les ministres des Affaires étrangères de l'Allemagne, de la France et du Royaume-Uni rencontreront vendredi à Genève leur homologue iranien, Abbas Araghchi, a-t-on appris jeudi de sources diplomatiques.

La cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas doit également participer à cette réunion, confirmée par Téhéran et Berlin, au moment où les pays européens multiplient les appels à la désescalade après les bombardements israéliens visant à briser le programme nucléaire iranien.

Mercredi, l'Elysée avait annoncé une initiative à venir avec les proches partenaires européens de la France visant à "proposer un règlement négocié exigeant, de nature à mettre fin au conflit".

Israël a lancé le 13 juin une attaque inédite contre l'Iran, son ennemi juré, frappant des centaines de sites militaires et nucléaires et tuant les officiers de plus haut rang ainsi que des scientifiques du nucléaire.

Le président américain Donald Trump a dit ne pas exclure une intervention militaire américaine, suscitant de vives réactions, dont celle de Pékin qui s'est dit opposé à tout "usage de la force".

Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio doit rencontrer jeudi à Washington le chef de la diplomatie britannique, David Lammy.

Depuis Paris, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, a souligné que le France et ses partenaires étaient prêts à participer à des négociations visant à obtenir de la part de l'Iran "un retour en arrière durable de son programme nucléaire et de son programme balistique".

Il a insisté sur une "volonté de reprendre les discussions" côté iranien, "y compris avec les Etats-Unis, à condition qu'un cessez le feu puisse intervenir".

L'Iran a accéléré depuis plusieurs années sa production d'uranium hautement enrichi. Téhéran enrichit son uranium à un niveau bien supérieur à la limite fixée par un accord international de 2015 dit JCPOA (Joint Comprehensive Plan of Action).

La France, l'Allemagne, le Royaume-uni et l'UE étaient tous signataires de cet accord qui a été torpillé par Donald Trump lors de son premier mandat.