RIYAD : La visite d’État du sultan d’Oman Haitham ben Tariq, les 4 et 5 mai 2025, à Alger, marque une étape cruciale dans le renforcement des relations diplomatiques entre l’Algérie et Oman.
Ce déplacement historique témoigne d'une reconnaissance régionale et internationale croissante du rôle de l’Algérie en tant que puissance d’équilibre.
À travers cette visite de haut niveau, Alger et Mascate réaffirment leur engagement commun en faveur de la stabilité, de la non-ingérence et d’un ordre mondial fondé sur le droit, la justice et l’équité. Cette dynamique s’inscrit également dans une vision stratégique convergente avec le Royaume d’Arabie saoudite, mais aussi avec d’autres acteurs clés de la région, comme l’Égypte et le Qatar, qui partagent une même volonté d’apaisement, de coopération et de souveraineté respectée.
Un partenariat fondé sur la confiance et la vision partagée
Accueilli par le président Abdelmadjid Tebboune, le sultan Haitham ben Tariq a entamé une visite de deux jours à Alger, saluée par la presse officielle des deux pays comme un jalon dans l’approfondissement d’un partenariat exemplaire.
Le Diwan royal d’Oman a souligné que cette visite « reflète la profondeur des relations fraternelles entre les deux peuples » et vise à « renforcer la coopération sur tous les plans, politique, économique, stratégique et culturel ».
Au-delà des déclarations de principes, Alger et Mascate incarnent une approche commune des affaires internationales, fondée sur la promotion du dialogue, le respect de la souveraineté des États et l'attachement aux solutions pacifiques des différends, ce qui témoigne d'une convergence de leurs politiques étrangères. Cette ligne constante a renforcé la crédibilité des deux capitales en tant que garants d'une stabilité régionale précieuse, dans un environnement géopolitique souvent fragmenté.
Alger et Mascate deux puissances d'équilibre respectées
Dans un monde multipolaire marqué par une multiplication des tensions, l’Algérie et Oman se distinguent par une diplomatie sobre, autonome et respectueuse du droit international.
Le journal omanais Times of Oman rappelle que les deux pays « soutiennent les approches pacifiques » et « adhèrent aux principes de justice et d’équité ». Oman, fidèle à sa tradition de neutralité, n’a participé à aucun conflit extérieur et reste un interlocuteur de confiance de toutes les parties au Moyen-Orient. L’Algérie, quant à elle, s’inscrit dans l’héritage du non-alignement et incarne, depuis la guerre de libération, une voix souveraine et respectée, aussi bien en Afrique qu’au sein du monde arabe.
Cette convergence fait des deux pays des médiateurs naturels et des facilitateurs crédibles sur la scène régionale. En renforçant leur concertation politique, Alger et Mascate entendent consolider l’action arabe commune, au service d’un ordre plus juste, moins conflictuel et plus respectueux de la souveraineté des peuples.
Cette vision est également partagée par d’autres partenaires régionaux comme l’Égypte et le Qatar, qui œuvrent de concert à une architecture de sécurité collective où le dialogue prime sur la confrontation.
Un soutien affirmé à la Vision 2030 saoudienne
La complémentarité entre l’Algérie et Oman s’exprime également à travers leur alignement stratégique avec l’Arabie saoudite. Tous trois partagent une volonté affirmée de bâtir des économies diversifiées, résilientes et tournées vers l’avenir. La coopération entre Alger et Mascate contribue pleinement aux objectifs de la Vision 2030 du prince héritier Mohammed ben Salman, tout en nourrissant la Vision 2040 d’Oman et l’agenda de diversification économique de l’Algérie.
Les discussions entre les chefs d’État ont également porté sur les mécanismes de coordination politique avec Riyad, notamment en matière énergétique (au sein de l’OPEP+) et sécuritaire, afin de garantir une stabilité durable dans la région du Golfe, au Maghreb et dans le Sahel. L’Algérie, Oman, l’Arabie saoudite, ainsi que l’Égypte et le Qatar, construisent progressivement une convergence stratégique autour des piliers de la souveraineté nationale, de la coopération régionale et de la prospérité partagée.
Des résultats concrets au service d’un développement commun
La visite du sultan Haitham a été marquée par la signature de plusieurs accords de coopération dans les domaines de l’énergie, des énergies renouvelables, du tourisme, de l’agriculture saharienne, de la logistique et des technologies.
Ces accords s’inscrivent dans la continuité de la visite du président Tebboune à Mascate en octobre 2024, au cours de laquelle huit mémorandums d’entente avaient été signés.
Parmi les réalisations concrètes figure la création d’un fonds d’investissement algéro-omanais dont l’objectif est de financer des projets structurants dans les secteurs stratégiques. Des projets d’infrastructure et de logistique (notamment à Salalah) ainsi que des partenariats dans les domaines de l’industrie pharmaceutique et de la digitalisation sont en cours de finalisation.
Une coopération économique en plein essor
Les échanges commerciaux entre l’Algérie et Oman ont connu une croissance remarquable. En 2024, le volume des échanges bilatéraux a progressé de 48 %, atteignant près de 153 millions de dollars. Les exportations omanaises vers l’Algérie s’élèvent à plus de 62 millions de rials omanais, contre 700 000 rials pour les importations.
De même, le nombre d'entreprises algériennes enregistrées à Oman a quasiment doublé en un an, témoignant d'un intérêt croissant pour ce marché stratégique. À l’inverse, plusieurs groupes omanais majeurs ont consolidé leur présence en Algérie : SOGEX Oman a investi plus de 150 millions de dollars américains dans des infrastructures énergétiques, tandis que le groupe Suhail Bahwan participe au projet d’usine d’urée d’Arzew, d’une valeur de 3 milliards de dollars américains.
Une alliance stratégique pour un monde multipolaire apaisé
À l’issue de cette visite d’État, les deux dirigeants ont réaffirmé leur volonté commune d’agir en faveur d’un monde multipolaire fondé sur le dialogue, la coopération et le respect mutuel.
La coordination algéro-omanaise continuera de s’intensifier au sein des forums internationaux et des mécanismes de coopération arabe et islamique.
L’Algérie, forte de son ancrage africain et méditerranéen, et Oman, acteur-clé de la stabilité dans le Golfe et la mer d’Oman, s’imposent comme deux puissances d’équilibre complémentaires. Ensemble, et aux côtés d’acteurs modérés comme l’Égypte, le Qatar et l’Arabie saoudite, ils offrent une voie alternative, apaisée et équitable pour relever les défis du XXIe siècle, loin des logiques de confrontation ou d’ingérence.