L’installation artistique «Beirut Narratives», témoignage d’une ville traumatisée

Beirut Narratives, installation basée sur des textes, est actuellement exposée au Liban. (Photo fournie)
Beirut Narratives, installation basée sur des textes, est actuellement exposée au Liban. (Photo fournie)
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Publié le Dimanche 25 juillet 2021

L’installation artistique «Beirut Narratives», témoignage d’une ville traumatisée

  • L’installation basée sur des textes a permis aux habitants de «protester de manière silencieuse et anonyme» après l’explosion dévastatrice du port
  • Pour les Stephan, cette expérience était émotionnelle et thérapeutique: «Nous nous sommes assis avec ces gens, nous leur avons parlé, nous avons pleuré, nous avons entendu chaque histoire. J’en ai encore la chair de poule.»

DUBAÏ: «J’ai fondu en larmes»; «Je tremblais»; «Ma chaise m’a fait voler très haut»; «Pas le droit de rêver»; «Sentiments d’amertume»; «Apocalypse»… Ce sont des témoignages brefs mais déchirants rédigés par des survivants de l’explosion catastrophique du 4 août 2020 au port de Beyrouth. Ils sont actuellement exposés publiquement dans les rues de la capitale libanaise dans le cadre de l’installation Beirut Narratives, basée sur des textes. L’installation a été conçue par les deux sœurs Céline et Tatiana Stephan, architectes et cofondatrices d’Architecture et Mécanismes.

De la crise financière à l’inflation, en passant par la pénurie de carburant, cette année a été une année surréaliste et morose pour la plupart des Libanais. Le jour où nous étions convenus de discuter du dernier projet des sœurs, le Premier ministre désigné, Saad Hariri, a démissionné après avoir échoué à former un nouveau gouvernement.

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L’installation a été conçue par les deux sœurs Céline et Tatiana Stephan, architectes et cofondatrices d’Architecture et Mécanismes. (Photo fournie)

«Nous nous demandons tous: “Comment les gens peuvent-ils encore être adaptés à une telle situation, tant au niveau de la crise économique que de la situation sociopolitique?” Tout se produit en même temps», dit Céline à Arab News. «Je pense que les gens sont fatigués et exaspérés. Ce que nous essayons de faire avec cette installation urbaine, en tant qu’architectes, c’est de repenser la ville.»

Contrairement à d’autres jeunes professionnels qui espèrent quitter leur pays – ou qui l’ont déjà quitté – pour trouver de meilleures opportunités à l’étranger, Céline et Tatiana ont décidé de rester pour l’instant, pour le meilleur ou pour le pire, dans leur pays natal. «Beyrouth est comme un parent pour nous», affirme Tatiana. «Quand vos parents vieillissent, vous ne les abandonnez pas et vous partez. Vous les aidez, vous les soutenez et vous les poussez à s’améliorer.»

Toujours dans le thème de la famille, Céline a ajouté: «J’ai deux filles. J’aimerais qu’elles vivent au Liban, qu’elles soient témoins du changement et qu’elles en fassent partie. En dépit de sa misère, de son chaos et de son manque d’infrastructures, Beyrouth est une ville qui nous inspire à tous les niveaux.»

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Les sœurs Stephan ont recueilli des témoignages d’un groupe diversifié de personnes, dont des amis et des membres de la famille, des pompiers et des professionnels de la santé. (Photo fournie)

Au cours des derniers mois, le duo s’est tourné vers les bâtiments et les espaces des quartiers de Gemmayzé, Karantina et Mar Mikhael, qui ont été endommagés et qui demeurent vides à la suite de l’explosion. De manière commémorative, ces bâtiments silencieux et négligés se voient attribuer une voix propre.

«Nous voulions faire parler ces bâtiments, car c’est en quelque sorte une nouvelle façon de manifester», explique Céline. «C’est une manière silencieuse et anonyme de protester», ajoute Tatiana.

Les sœurs Stephan ont recueilli des témoignages d’un groupe diversifié de personnes, dont des amis et des membres de la famille, des pompiers et des professionnels de la santé, qui ont tous exprimé leur colère et leur tristesse refoulées en partageant les expériences qu’ils ont vécues ce jour-là. Des enfants ont également contribué au projet par des dessins.

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Des enfants ont également contribué au projet par des dessins. (Photo fournie)

Pour les Stephan, cette expérience était émotionnelle et thérapeutique. «Nous nous sommes assis avec ces gens, nous leur avons parlé, nous avons pleuré, nous avons entendu chaque histoire. J’en ai encore la chair de poule», raconte Céline.

Divisés en trois catégories – descriptions, émotions et réflexions – les témoignages ont été écrits à la bombe de peinture rouge, noire et blanche sur des morceaux de jute beiges qui ont ensuite été cousus pour se transformer en tapisseries audacieuses ou «fragments». Selon les Stephan, qui ont réalisé la peinture à la bombe et la couture, l’utilisation du jute était intentionnelle, car il est accessible et rappelle le matériau durable utilisé pour transférer le blé dans les silos du port de Beyrouth.

Les sœurs et leur collaboratrice, la consultante créative libano-danoise Mira Hawa, se sont rendues sur différents sites pour accrocher personnellement les fragments, ce qui est en soi une tâche risquée. «Nous avons dû nous rendre au bord d’un haut bâtiment, au 11e étage, et le vent était extrêmement fort. Nous avons dû improviser, nous ne savions pas comment l’installer parce qu’il était énorme et qu’il y avait beaucoup de vent», relate Tatiana, évoquant l’une de leurs expériences difficiles près du port.

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Les témoignages ont été écrits à la bombe de peinture rouge, noire et blanche sur des morceaux de jute beiges qui ont ensuite été cousus pour se transformer en tapisseries audacieuses. (Photo fournie)

Le fait de voir les femmes diriger le processus d’installation sur le site en a surpris certains. «Les hommes sortaient au balcon, vêtus de leurs gilets sans manches montrant leurs gros muscles, pour voir qui étaient ces trois filles», raconte Mme Hawa. «L’un des premiers commentaires que nous avons entendu était: “Qui va vous aider? Où sont les hommes?”»

Malgré les difficultés rencontrées pour accéder à certains bâtiments, elles ont persisté et ont installé les fragments sur 13 bâtiments. Pour certains, ceux-ci se sont révélés trop intenses, un peu comme si on remuait le couteau dans la plaie.

«Certaines personnes ont été très perturbées lorsqu’elles ont vu les fragments, indique Céline. Je me souviens d’une fois où nous n’étions même pas en train d’installer, mais nous essayions de parler à une ONG pour discuter de la possibilité d’installer. Le propriétaire d’un immeuble était là, il était vraiment déstabilisé et il a commencé à pleurer. Nous nous sommes senties vraiment mal et nous nous sommes posé beaucoup de questions: avons-nous fait le bon choix?»

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Le projet aborde également la notion d’expression dans un environnement qui réprime souvent les pensées et les sentiments intérieurs liés aux traumatismes. (Photo fournie)

Tatiana partage les sentiments de Céline, soulignant à quel point tout ce projet était délicat. «J’ai senti que pour certaines personnes qui ont participé à cette œuvre, c’était comme si on avait remué un couteau dans la plaie», dit-elle. Mais dans l’ensemble, le projet a été accueilli positivement par la population locale. Il a fait naître un sentiment d’appartenance à la communauté, et nombreux sont ceux qui ont aidé les femmes au cours du difficile processus d’installation.

«Nous avons été touchées par tous ceux qui voulaient aider, qui nous ont offert du café ou de l’eau. Ils n’ont presque rien à manger et à boire», a noté Céline.

Beirut Narratives satisfait toutes les exigences puisqu’elle représente une forme d’activisme culturel, soutient le peuple libanais et lui offre un sentiment de justice. Les sœurs Stephan et Mira Hawa espèrent qu’un jour ces fragments pourront également voyager à travers le monde et susciter l’empathie de la diaspora libanaise. Le projet aborde également la notion d’expression dans un environnement qui réprime souvent les pensées et les sentiments intérieurs liés aux traumatismes.

«Nous avons une habitude très pénible au Moyen-Orient: à chaque fois que quelque chose (de mauvais) se produit, nous faisons avec. Je pense qu’il est temps de nous arrêter et de faire du bruit», a déclaré Mme Hawa. «Quand on voit les fragments dans la rue, on peut constater à quel point ils sont audacieux, bruts et marquants. On ne peut pas les ignorer.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


La Commission saoudienne du théâtre et des arts du spectacle participe au Festival d’Avignon en France

La pièce "Tawq" s'enorgueillit d'une distribution talentueuse, comprenant Ahmed Al-Zekrallah, Fatima Al-Jishi, Maryam Hussein, Abdulaziz Al-Zayani, Khaled Al-Huwaidi, et Shahab Al-Shahab. (Fourni)
La pièce "Tawq" s'enorgueillit d'une distribution talentueuse, comprenant Ahmed Al-Zekrallah, Fatima Al-Jishi, Maryam Hussein, Abdulaziz Al-Zayani, Khaled Al-Huwaidi, et Shahab Al-Shahab. (Fourni)
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  • La Commission saoudienne du théâtre et des arts du spectacle prend part ce mois-ci à la 79e édition du prestigieux Festival d’Avignon, en France
  • La participation de la Commission met en lumière quatre formes d’arts du spectacle traditionnels — Al-Khatwa, Khabiti, Liwa et l’Ardha de Wadi Al-Dawasir — ainsi qu’une production théâtrale contemporaine intitulée « Tawq »

RIYAD : La Commission saoudienne du théâtre et des arts du spectacle prend part ce mois-ci à la 79e édition du prestigieux Festival d’Avignon, en France. Cette année, le festival met à l’honneur la langue arabe, offrant ainsi une scène idéale pour présenter la richesse des expressions culturelles saoudiennes.

La participation de la Commission met en lumière quatre formes d’arts du spectacle traditionnels — Al-Khatwa, Khabiti, Liwa et l’Ardha de Wadi Al-Dawasir — ainsi qu’une production théâtrale contemporaine intitulée « Tawq ». À travers cette présence, la Commission vise à valoriser les arts du spectacle saoudiens, à faire découvrir le théâtre saoudien contemporain au public international et à encourager les échanges culturels.

Mise en scène par Fahad Al-Dossari, la pièce « Tawq » réunit un casting talentueux composé d’Ahmed Al-Zekrallah, Fatima Al-Jishi, Maryam Hussein, Abdulaziz Al-Zayani, Khaled Al-Huwaidi et Shahab Al-Shahab. Le spectacle s’annonce comme l’un des temps forts du festival, offrant un aperçu de l’évolution du théâtre saoudien.

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La pièce "Tawq" est mise en scène par Fahad Al-Dossari. (Fourni)

Interrogé par Arab News, Fahad Al-Dossari déclare : « Pour moi, toute œuvre théâtrale est un travail intégré, où l’harmonie entre tous les éléments et leur qualité donne naissance à un état théâtral — qu’il s’agisse de l’idée, de la vision de mise en scène, du jeu des acteurs ou de la scénographie. C’est cette synergie qui constitue la force du spectacle. »

Il souligne également l’importance de participer au Festival d’Avignon, qu’il décrit comme une « fenêtre ouverte sur le monde ».

Selon lui, la langue du théâtre transcende les frontières et constitue un langage universel permettant de transmettre messages, idées et récits culturels. Il ajoute : « C’est précisément ce que nous recherchons dans le cadre de cette participation essentielle. »

Le programme Star a joué un rôle clé en permettant aux talents créatifs du secteur théâtral de concrétiser leurs idées. Al-Dossari a salué la diversité des visions artistiques émergentes, mettant en lumière la créativité à tous les niveaux — des décors et costumes à la musique et au jeu des acteurs.

Il a exprimé sa reconnaissance envers l’autorité pour son engagement constant en faveur du développement et de la créativité dans le secteur.

La participation de la Commission saoudienne du théâtre et des arts du spectacle au Festival d’Avignon témoigne du dynamisme culturel du Royaume et de sa volonté affirmée de partager son patrimoine artistique avec le monde.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le fils d’Elie Saab s’est marié lors d’un somptueux mariage au Liban entouré de célébrités

Celio Saab s'est mariée cette semaine avec Zein Qutami. (Instagram)
Celio Saab s'est mariée cette semaine avec Zein Qutami. (Instagram)
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  • Le fils du designer libanais Elie Saab, Celio Saab, a épousé cette semaine Zein Qutami lors d’une somptueuse cérémonie au Liban, réunissant de nombreuses personnalités
  • Le mariage a attiré de nombreuses célébrités, parmi lesquelles Nancy Ajram, Nadine Nassib Njeim, Jessica Azar, Karen Wazen, Assi El-Hallani, Balqees Fathi et Hande Ercel

DUBAÏ : Le fils du designer libanais Elie Saab, Celio Saab, a épousé cette semaine Zein Qutami lors d’une somptueuse cérémonie au Liban, réunissant de nombreuses personnalités.

La mariée, originaire de Jordanie et résidant à Abou Dhabi, portait deux robes sur-mesure créées par son beau-père.

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Sa première tenue était une robe longue à manches longues, avec un corsage ajusté, une jupe ample et une traîne imposante. Le tout était orné de broderies et d’empiècements argentés d’une grande finesse, accompagné d’un voile cathédrale et d’un accessoire de tête assorti, reprenant les motifs sophistiqués de la robe.

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Pour son second look, elle a opté pour une robe couleur champagne à décolleté en V, décorée de broderies métalliques verticales. La silhouette comprenait une surjupe spectaculaire et un long voile assorti.

Le mariage a attiré de nombreuses célébrités, parmi lesquelles Nancy Ajram, Nadine Nassib Njeim, Jessica Azar, Karen Wazen, Assi El-Hallani, Balqees Fathi et Hande Ercel.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La musique andalouse, un art millénaire toujours vivant

Le oud (luth au ventre rebondi) fait partie des instruments à cordes les plus anciens et les plus précieux du patrimoine musical du monde arabe. (Photo fournie)
Le oud (luth au ventre rebondi) fait partie des instruments à cordes les plus anciens et les plus précieux du patrimoine musical du monde arabe. (Photo fournie)
Salim Fergani ouvrira ainsi la semaine musicale le 25 mars, Il est le fils de Mohamed Tahar Fergani, une figure légendaire du chant constantinois des années 1960-1970. (Photo IMA)
Salim Fergani ouvrira ainsi la semaine musicale le 25 mars, Il est le fils de Mohamed Tahar Fergani, une figure légendaire du chant constantinois des années 1960-1970. (Photo IMA)
Le rabbin Haim Louk (à droite), né au Maroc et vivant à Los Angeles, se produit le 29 octobre 2009 avec l'orchestre marocain Zyriab lors du 6e festival des Andalouses de l'Atlantique dans le port marocain d'Essaouira. (Photo par ABDELHAK SENNA / AF
Le rabbin Haim Louk (à droite), né au Maroc et vivant à Los Angeles, se produit le 29 octobre 2009 avec l'orchestre marocain Zyriab lors du 6e festival des Andalouses de l'Atlantique dans le port marocain d'Essaouira. (Photo par ABDELHAK SENNA / AF
La chanteuse espagnole Rosa Zaragosa, célèbre chanteuse classique andalouse, se produit lors du 40e Festival international de musique de Carthage, le 21 juillet 2004, dans le théâtre romain restauré de Carthage, près de Tunis.  (Photo de FETHI BELAID / AFP)
La chanteuse espagnole Rosa Zaragosa, célèbre chanteuse classique andalouse, se produit lors du 40e Festival international de musique de Carthage, le 21 juillet 2004, dans le théâtre romain restauré de Carthage, près de Tunis. (Photo de FETHI BELAID / AFP)
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  • C'est dans l'Espagne médiévale musulmane, au cœur d'Al-Andalus, que cet art raffiné s'est épanoui.
  • La musique andalouse puise ses racines dans un monde où cohabitaient les cultures arabe, berbère, ibérique, juive et chrétienne, créant une alchimie unique de sons, de rythmes et de poésie.

RIYAD : Entre héritage arabo-musulman et identité maghrébine, la musique andalouse continue de fasciner par sa richesse, sa poésie et sa capacité à traverser les siècles sans perdre de son éclat. Des palais de Cordoue aux scènes contemporaines du Maghreb, nous plongeons volontiers dans l'univers d'une tradition musicale savante, vivante et en constante évolution.

C'est dans l'Espagne médiévale musulmane, au cœur d'Al-Andalus, que cet art raffiné s'est épanoui. La musique andalouse puise ses racines dans un monde où cohabitaient les cultures arabe, berbère, ibérique, juive et chrétienne, créant une alchimie unique de sons, de rythmes et de poésie.

Dès le IXe siècle, le musicien Ziryab, originaire de Bagdad, transforme la cour omeyyade de Cordoue en un haut lieu de création artistique. Il introduit de nouveaux instruments, codifie les formes musicales et impose une esthétique novatrice. Plus qu’un artiste, il est l’architecte d’un art de vivre andalou qui influencera l’Europe médiévale pendant des siècles.

Après la chute de Grenade en 1492, la musique andalouse traverse la Méditerranée et se réinvente sur les terres du Maghreb. Des musiciens, des poètes et des lettrés exilés d’Espagne trouvent refuge au Maroc, en Algérie et en Tunisie. Dans chaque pays, cet héritage s'enracine, se diversifie et s'adapte aux sensibilités locales.

En Algérie, trois grandes écoles se distinguent : Le malouf, né à Constantine, se distingue par son style solennel et rigoureux ; le gharnati, originaire de Tlemcen, se caractérise par ses ornements et sa mélodie ; la sanaâ, d'Alger, est considérée comme la plus subtile et expressive.

Au Maroc, la tradition des noubas marocaines s'enracine à Fès, Tétouan et Chefchaouen, dans une version très codifiée et préservée. En Tunisie, le malouf tunisien s'est enrichi d'influences ottomanes et méditerranéennes, notamment grâce au travail d'institutions comme La Rachidia.

Quelques repères essentiels

IXᵉ siècle : Ziryab codifie la musique andalouse à Cordoue

1492 : Chute de Grenade, diffusion au Maghreb

XXᵉ siècle : Institutions musicales fondées pour préserver l’héritage

Genres : Nouba, muwashshah, zajal

Instruments : Oud, qanûn, ney, violon, darbouka

Au cœur de la musique andalouse se trouve une architecture musicale savante, fondée sur la nouba, une suite musicale composée de plusieurs mouvements vocaux et instrumentaux. Chaque nouba explore un mode musical particulier et suit une progression rythmique qui va de la lente méditation à l’intensité festive. Le répertoire traditionnel compte 24 noubas, qui symbolisent les heures de la journée, même si peu d'entre elles sont jouées intégralement de nos jours.

Les instruments qui accompagnent ces pièces forment un ensemble raffiné : le oud, luth emblématique aux sonorités chaudes, le qanûn, cithare majestueuse, le kamanja (violon souvent joué à la verticale), le ney (flûte de roseau au souffle mystique), ainsi que des percussions telles que la darbouka, le tar ou le bendir.

Les textes chantés proviennent de formes poétiques anciennes, comme le muwashshah ou le zajal. Ils abordent des thèmes universels tels que l’amour mystique, la nature, la contemplation ou le lien avec le divin.

Cette musique est encore enseignée, transmise et vivante aujourd’hui. Elle résonne dans les conservatoires, les associations culturelles et lors de grands festivals.

En Algérie, le festival national de musique andalouse d'Alger et le festival du malouf de Constantine célèbrent cette tradition.

Au Maroc, des orchestres de Fès ou de Tétouan se produisent chaque année au Festival des musiques sacrées du monde.

En Tunisie, le malouf est intégré aux cursus de l'Institut supérieur de musique de Tunis et valorisé par des scènes nationales.

Ce répertoire ancien continue de séduire de nouveaux publics grâce à des artistes qui le modernisent sans le trahir. Parmi eux, on retrouve notamment Beihdja Rahal, une figure majeure en Algérie, dont l'interprétation rigoureuse séduit également les jeunes générations.

Au Maroc, Amina Alaoui mêle andalou, fado et flamenco avec une élégance rare. 

En Tunisie, Lotfi Bouchnak, maître du malouf au charisme reconnu, et Jordi Savall, musicien catalan qui a permis à la musique d’Al-Andalus de retrouver une dimension méditerranéenne universelle.

Grâce à ces artistes, la musique andalouse prouve qu'elle n'est pas un art du passé, mais un patrimoine vivant, capable d'émouvoir, de s'adapter et de dialoguer avec les musiques du monde entier.