Le module scientifique russe Nauka s'est amarré à l'ISS

Si Nauka est d'abord un module-laboratoire, il fournira également «des volumes supplémentaires pour les postes de travail et le stockage du fret, des emplacements pour les équipements de régénération de l'eau et de l'oxygène», selon Roscosmos. (Photo, AFP)
Si Nauka est d'abord un module-laboratoire, il fournira également «des volumes supplémentaires pour les postes de travail et le stockage du fret, des emplacements pour les équipements de régénération de l'eau et de l'oxygène», selon Roscosmos. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 30 juillet 2021

Le module scientifique russe Nauka s'est amarré à l'ISS

  • D'un poids total de 20 tonnes pour un volume intérieur de 70 m3, le module a commencé à être assemblé pendant les années 1990 mais son lancement, initialement prévu pour 2007, a été constamment retardé
  • Comme d'autres projets spatiaux russes, il a été victime de problèmes de financement, d'errements bureaucratiques et de problèmes techniques au cours de sa conception

MOSCOU : Après un voyage de huit jours dans l'espace et avec quasiment 15 ans de retard sur les plans initiaux, le nouveau module scientifique russe Nauka s'est amarré jeudi à la Station spatiale internationale (ISS), non sans avoir rencontré un problème provisoire de propulseurs.

Quelques heures après l'amarrage, les cosmonautes ont ainsi signalé l'allumage inattendu des moteurs de Nauka, les obligeant à allumer ceux du segment russe de l'ISS pour compenser le mouvement produit sur le laboratoire orbital.

"Les propulseurs ont commencé à fonctionner (...) de manière inattendue et par inadvertance, déplaçant la station de 45 degrés hors de sa position. Les opérations de redressement l'ont replacée dans sa position (initiale) et l'équipage n'est pas en danger", a expliqué la Nasa sur Twitter.

"L'allumage des propulseurs a cessé et la perte de position a été arrêtée. La station est de nouveau à la position prévue", a commenté la Nasa dans sa retransmission en direct du contrôle de vol.

Lors d'une conférence de presse, la responsable des vols habités de la NASA, Kathy Lueders, a qualifié l'incident "d'heure vraiment excitante", tout en remerciant l'équipage pour avoir redressé la situation.

L'agence spatiale américaine a également révélé que le cargo spatial Dragon du programme SpaceX lancé par le milliardaire américain Elon Musk, actuellement accroché à la station internationale, avait été mis en stand by et prêt à évacuer l'équipage en cas de nécessité.

En raison de cet incident, le lancement test du véhicule spatial Boeing Starliner, sans équipage, vers la station internationale, a été reporté au moins jusqu'au 3 août pendant la durée d'une enquête en cours.

Nauka ("science" en russe, prononcer "naouka" en français) avait décollé le 21 juillet à bord d'une fusée Proton-M du cosmodrome russe de Baïkonour, au Kazakhstan. A l'issue de ces huit jours dans l'espace, nécessaires pour se positionner sur la même orbite que l'ISS, ce laboratoire spatial s'est amarré à 16H29 (13H29 GMT) au module de service russe Zvezda.

L'amarrage devait se dérouler en mode automatique mais le cosmonaute Oleg Novitski, actuellement à bord de l'ISS, a pris le contrôle manuel du module pour le guider sur les tout derniers mètres.

"Nouveau module, nouvelles perspectives pour la cosmonautique russe", a quant à lui salué sur Twitter le cosmonaute Ivan Vagner.

Plusieurs mois et une série de sorties extra-véhiculaires seront encore nécessaires pour rendre Nauka pleinement opérationnel et intégré à l'ISS. C'est la première fois en onze ans qu'un nouveau module russe rejoint le laboratoire orbital.

L'opération était scrutée de près par l'agence spatiale européenne (ESA), Nauka emportant avec lui un de ses équipements, le bras robotisé ERA, qui sera installé à l'extérieur du module.

15 ans de retard

Après un lancement et une mise sur orbite réussis, le parcours de Nauka avait été marqué par plusieurs soucis techniques, obligeant Roscosmos à des manoeuvres et faisant craindre un temps que le module ne puisse rejoindre l'ISS.

"On a été préoccupé les trois premiers jours, il y a eu une perte de télémétrie", a dit le chef de l'agence spatiale russe Dmitri Rogozine, ajoutant qu'une "commission d'Etat analysera toutes les observations".

"Félicitations à tous ceux qui sont impliqués", a commenté sur Twitter le directeur général de l'ESA Josef Aschbacher, la Nasa et l'acteur privé Boeing Space félicitant aussi l'agence spatiale russe. 

L'ISS et l'exploration spatiale restent un rare domaine dans lequel la coopération internationale fonctionne, dans une période de tensions entre la Russie et les pays occidentaux.

D'un poids total de 20 tonnes pour un volume intérieur de 70 m3 - ce qui en fait l'un des plus gros de l'ISS -, le module a commencé à être assemblé pendant les années 1990 mais son lancement, initialement prévu pour 2007, a été constamment retardé.

Comme d'autres projets spatiaux russes, il a été victime de problèmes de financement, d'errements bureaucratiques et de problèmes techniques au cours de sa conception.

Ce laboratoire spatial remplace le module Pirs, bien moins grand, qui s'est détaché lundi de l'ISS avant de se consumer en rentrant dans l'atmosphère terrestre au-dessus de l'océan Pacifique.

Si Nauka est d'abord un module-laboratoire, il fournira également "des volumes supplémentaires pour les postes de travail et le stockage du fret, des emplacements pour les équipements de régénération de l'eau et de l'oxygène", selon Roscosmos.

Le bras robotisé de l'ESA, quant à lui, était quasiment prêt depuis 2007 et n'attendait que cet amarrage. Accroché à Nauka et capable de se "déplacer" le long du segment russe de l'ISS, il peut porter jusqu'à huit tonnes de matériel et aidera notamment les spationautes pendant leurs sorties extra-véhiculaires.


Pompe exceptionnelle pour la deuxième visite d'Etat de Trump au Royaume-Uni

Le président américain Donald Trump (C) et la première dame américaine Melania Trump débarquent d'Air Force One après avoir atterri à l'aéroport de Stansted, dans l'est de l'Angleterre, le 16 septembre 2025. (AFP)
Le président américain Donald Trump (C) et la première dame américaine Melania Trump débarquent d'Air Force One après avoir atterri à l'aéroport de Stansted, dans l'est de l'Angleterre, le 16 septembre 2025. (AFP)
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  • Donald Trump entame une visite d'État de deux jours au Royaume-Uni, marqué par un faste inédit à Windsor malgré des manifestations annoncées à Londres
  • Alors que le gouvernement de Keir Starmer tente de tirer profit de cette visite par des annonces d’investissements technologiques majeurs, la rencontre est aussi ternie par l’affaire Epstein

LONDRES: Tour en calèche, garde d'honneur géante, défilé aérien inédit: le Royaume-Uni sort le grand jeu pour la deuxième visite d'Etat de Donald Trump, reçu mercredi à Windsor par Charles III, à l'abri des manifestations.

"Cela va être un très grand jour", a commenté M. Trump en arrivant au Royaume-Uni mardi soir, se réjouissant de voir le roi, son "ami de longue date".

Encadrée par un dispositif de sécurité exceptionnel, cette visite d'Etat de deux jours débute par un déploiement spectaculaire de faste royal, dont le dirigeant républicain est friand, et une cérémonie militaire d'une ampleur sans précédent, impliquant 1.300 membres des forces armées britanniques.

"On dit que le château de Windsor, c'est le top, non? Donc ça va être chouette", avait lancé Donald Trump, 79 ans, avant son départ de Washington, se félicitant aussi d'être le seul président américain à avoir deux fois les honneurs d'une visite d'Etat au Royaume-Uni. La première avait eu lieu en 2019.

Le président et son épouse Melania seront accueillis à la mi-journée dans ce domaine royal situé à l'ouest de Londres, d'abord par le prince héritier William et son épouse Catherine, puis par le roi Charles III, 76 ans, et la reine Camilla, 78 ans.

Une incertitude entoure toutefois la présence de Camilla: la reine consort se remet d'une sinusite aiguë qui l'a empêchée d'assister à des funérailles royales mardi.

Après une salve royale tirée du château et depuis la Tour de Londres, les trois couples doivent participer à une procession en calèche, mais toujours dans l'enceinte du domaine, et non dans les rues de la ville comme cela avait été le cas lors de la visite d'Etat du président français Emmanuel Macron en juillet.

- Fanfare et cornemuses -

Donald Trump aura l'unique privilège de passer en revue une garde d'honneur comprenant exceptionnellement trois régiments de la Garde royale, accompagnée d'une fanfare, tambours et cornemuses dans la cour carrée du château.

Après un déjeuner en privé avec la famille royale, le couple Trump déposera des fleurs sur la tombe de la reine Elizabeth II, décédée en septembre 2022, dans la chapelle St George.

Un défilé aérien, alliant de façon inédite des avions de combat F35 britanniques et américains, et la patrouille acrobatique des "Red Arrows", précèdera le traditionnel banquet royal avec quelque 150 invités.

Une profusion d'honneurs de nature à flatter l'ego du milliardaire américain, qui s'est plus tôt cette année lui-même comparé à un monarque.

Mais à 40 km de là, des milliers de manifestants sont attendus dans le centre de Londres, pour protester contre la venue d'un président très impopulaire dans le pays. Le rassemblement à l'appel de la coalition "Stop Trump", prévu à partir de 14H00 (13H00 GMT), sera encadré par plus de 1.600 policiers. D'autres sont prévus ailleurs au Royaume-Uni.

Le deuxième jour de la visite, jeudi, sera consacrée à une séquence plus politique, qui se déroulera à Chequers, résidence de campagne du Premier ministre Keir Starmer.

La conférence de presse pourrait donner lieu à des questions embarrassantes pour les deux dirigeants, relatives notamment à l'affaire Jeffrey Epstein. Elle est revenue hanter cette semaine Keir Starmer, qui a limogé son ambassadeur à Washington Peter Mandelson, après des révélations sur ses liens avec le délinquant sexuel américain, mort en prison en 2019.

Un sujet dont se passerait bien Donald Trump, qui voit sa présidence également empoisonnée par l'affaire Epstein depuis des semaines.

Des images du financier américain ont d'ailleurs été diffusées mardi soir par un groupe anti-Trump sur une tour du château de Windsor.

De son côté, le gouvernement de Keir Starmer, fragilisé sur le plan économique et en pleine crise politique, cherche à tirer parti de cette visite pour multiplier les annonces, entre accord sur la tech et investissements américains.

Il a déjà enregistré un investissement massif de 30 milliards de dollars (25 milliards d'euros) de Microsoft, un autre de 5 milliards de livres (5,8 milliards d'euros) de Google et l'annonce d'un partenariat incluant OpenAI et Nvidia pour développer des infrastructures dédiées à l'IA dans le nord-est de l'Angleterre.

Un partenariat plus général pour doper la coopération technologique dans l'IA, le quantique et le nucléaire doit être signé pendant la visite, mais ses contours sont encore flous.

Les espoirs d'accord pour faire baisser les droits de douane actuellement appliqués sur le whisky (10%) et l'acier (25%) semblent en revanche avoir été douchés, selon la presse britannique.


Des milliers de morts cet été en Europe à cause du changement climatique, avancent des chercheurs

Plus de 15.000 morts pourraient être attribuées au changement climatique à l'issue de cet été dans les principales villes européennes, avancent des chercheurs dans un travail encore préalable mais dont l'intérêt a été salué par d'autres scientifiques. (AFP)
Plus de 15.000 morts pourraient être attribuées au changement climatique à l'issue de cet été dans les principales villes européennes, avancent des chercheurs dans un travail encore préalable mais dont l'intérêt a été salué par d'autres scientifiques. (AFP)
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  • Il s'agit de la première estimation de si grande ampleur sur les impacts sanitaires d'un été marqué en Europe par des températures particulièrement élevées
  • Plusieurs canicules ont été observées et l'été s'est révélé le plus chaud jamais enregistré dans plusieurs pays, comme l'Espagne, le Portugal et le Royaume-Uni

PARIS: Plus de 15.000 morts pourraient être attribuées au changement climatique à l'issue de cet été dans les principales villes européennes, avancent des chercheurs dans un travail encore préalable mais dont l'intérêt a été salué par d'autres scientifiques.

"Centrée sur 854 villes européennes, cette étude conclut que le changement climatique est à l'origine de 68% des 24.400 morts qui seraient liées à la chaleur cet été", souligne mercredi le communiqué des deux instituts britanniques auxquels appartiennent les auteurs, l'Imperial College London et la London School of Hygiene & Tropical Medicine.

Ils concluent donc qu'entre 15.013 et 17.864 décès liés cet été à la chaleur n'auraient pas eu lieu sans le réchauffement climatique, dans ces villes qui ne représentent par ailleurs qu'un petit tiers de la population européenne.

Il s'agit de la première estimation de si grande ampleur sur les impacts sanitaires d'un été marqué en Europe par des températures particulièrement élevées. Plusieurs canicules ont été observées et l'été s'est révélé le plus chaud jamais enregistré dans plusieurs pays, comme l'Espagne, le Portugal et le Royaume-Uni.

Or, les effets sur la santé des chaleurs sont bien connus: aggravation des troubles cardiovasculaires, déshydratation, troubles du sommeil... Et les plus âgés sont, de loin, les plus à risque d'en mourir.

"Il suffit que les canicules soient plus chaudes de 2 à 4°C pour que des milliers de personnes passent de vie à trépas", a souligné Garyfallos Konstantinoudis, co-auteur de l'étude, lors d'une conférence de presse, qualifiant les pics de chaleur de "tueurs silencieux".


Gaza: une commission de l'ONU accuse Israël de «génocide»

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  • La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produi(sai)t à Gaza et continu(ait) de se produire" dans ce territoire palestinien,
  • "La responsabilité incombe à l'État d'Israël", a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport

GENEVE: Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre et d'autres responsables israéliens.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produi(sai)t à Gaza et continu(ait) de se produire" dans ce territoire palestinien, a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

"La responsabilité incombe à l'État d'Israël", a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport.

Israël a "rejeté catégoriquement" ce "rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate" de la commission, a réagi son ministère des Affaires étrangères.

Sa publication intervient près de deux ans après le début de la guerre, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël. Depuis, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a juré de détruire le mouvement islamiste qui a pris le pouvoir en 2007 à Gaza.

La commission d'enquête a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

"Intention de détruire" 

"Il est clair qu'il existe une intention de détruire les Palestiniens à Gaza par des actes répondant aux critères énoncés dans la Convention sur le génocide", a relevé dans un communiqué Mme Pillay, qui fut présidente du Tribunal pénal international pour le Rwanda et juge à la Cour pénale internationale (CPI).

Les plus hauts dirigeants israéliens "ont orchestré une campagne génocidaire", a ajouté la Sud-Africaine de 83 ans, ancienne Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme.

La commission n'est pas une instance juridique mais ses rapports peuvent accroître la pression diplomatique et servent à recueillir des preuves que les tribunaux peuvent utiliser.

La commission a conclu un accord de coopération avec la Cour pénale internationale (CPI) avec laquelle "nous avons partagé des milliers d'informations", a expliqué Mme Pillay à l'AFP.

"La communauté internationale ne peut rester silencieuse face à la campagne génocidaire lancée par Israël contre le peuple palestinien à Gaza. Lorsque des signes et des preuves manifestes de génocide apparaissent, l'absence d'action pour y mettre fin équivaut à une complicité", a souligné Mme Pillay.

La campagne de représailles militaires dans le territoire palestinien a fait près de 65.000 morts, selon des données du ministère de la Santé de la bande de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas, données jugées fiables par l'ONU.

Depuis le début de la guerre, Israël a été accusé à plusieurs reprises de commettre un génocide à Gaza, par diverses ONG, des experts indépendants de l'ONU, et jusque devant la justice internationale, à l'initiative de l'Afrique du Sud.

Les autorités israéliennes ont toujours vigoureusement rejeté ces accusations.

L'ONU n'a pas qualifié la situation de génocide, mais le chef des opérations humanitaires a exhorté à la mi-mai les dirigeants mondiaux à "agir pour empêcher un génocide".

A La Haye, la Cour internationale de justice (CIJ) avait sommé Israël dès janvier 2024 de prévenir tout acte de génocide. Quatre mois après, le procureur de la CPI avait demandé que des mandats d'arrêt soient délivrés à l'encontre de MM. Netanyahu et Gallant, soupçonnés de crimes contre l'humanité et crimes de guerre.

La CPI est depuis dans le collimateur de Washington qui a pris des mesures contre des magistrats ayant autorisé la Cour à émettre ces mandats d'arrêt, notamment l'interdiction d'entrée sur le sol américain et le gel des avoirs détenus aux États-Unis.