Canada: le scandale des pensionnats pour autochtones bouleverse la société

Canots et bateaux au bord de l'eau, dans le village inuit d'Umiujaq, sur le territoire du Nunavik, dans la baie d'Hudson, au Québec. Septembre 2015, AFP / Catherine Heures)
Canots et bateaux au bord de l'eau, dans le village inuit d'Umiujaq, sur le territoire du Nunavik, dans la baie d'Hudson, au Québec. Septembre 2015, AFP / Catherine Heures)
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Publié le Vendredi 30 juillet 2021

Canada: le scandale des pensionnats pour autochtones bouleverse la société

  • Le récent scandale des pensionnats pour autochtones a provoqué un électrochoc pour de nombreux Canadiens, qui veulent maintenant "connaître la vérité"
  • Des dizaines de milliers d'enfants des Premières nations, inuits, et métis, ont été enrôlés de force dans ces institutions catholiques de la fin du 19e siècle aux années 1990, écartés de leurs familles et de leur culture

MONTRÉAL, Canada : Organiser une levée de fonds, tourner le dos à l'Eglise, s'informer davantage... Le récent scandale des pensionnats pour autochtones a provoqué un électrochoc pour de nombreux Canadiens, qui veulent maintenant "connaître la vérité" pour faire avancer la réconciliation.

"C'est définitivement un tournant", estime Ghislain Picard chef des communautés autochtones du Québec et du Labrador. "Les gens sont plus sensibles maintenant. Ils veulent connaître la vérité" de ce sombre chapitre du Canada.

Ce pan d'histoire a déjà été largement documenté ces dernières années, y compris dans un grand rapport en 2015, mais sans provoquer de prise de conscience collective jusqu'à la découverte récente de tombes anonymes près des pensionnats pour autochtones.

Des dizaines de milliers d'enfants des Premières nations, inuits, et métis, ont été enrôlés de force dans ces institutions catholiques de la fin du 19e siècle aux années 1990, écartés de leurs familles et de leur culture. Des milliers n'en sont jamais revenus.

"C'était prévisible qu'on allait un jour découvrir quelque chose comme ça", explique avec désolation Marie-Christine Boivin-Fournier, Montréalaise de 33 ans, qui s'est dite "choquée" par les récentes découvertes.

Elle a donc décidé d'agir: plus tôt ce mois-ci, la Québécoise a demandé pour son anniversaire aux gens de donner de l'argent pour une collecte de fonds en guise de cadeaux après avoir beaucoup lu sur "les pensionnats, le génocide colonial et la disparition des femmes et des filles autochtones".

Un "geste simple", salué par l'organisme bénéficiaire du don.

"Les actions sont plus importantes que les mots", affirme Nakuset, directrice générale du foyer, qui a même trouvé un mot pour les qualifier: la "réconciliaction".

Son organisme a reçu "beaucoup de dons" le 1er juillet, à l'occasion de la fête du Canada, marquée cette année par des manifestations à travers le pays.

"On leur a tout pris"

Si certains ont choisi d'appuyer les autochtones en participant à des marches ou en faisant des dons, d'autres veulent faire une croix sur l'Eglise catholique en signe de protestation. C'est le cas de Kim Verreault, qui a entamé les démarches pour une demande d'apostasie, c'est-à-dire de l'abandon formel de la communauté catholique.

"Je ne vois pas l'utilité de rester dans la religion catholique. C'est un geste d'engagement et c'est un message que je veux lancer aussi", dit la Québécoise de 49 ans, expliquant que les récentes découvertes ont été l'élément déclencheur de sa réflexion.

 

"On a volé leur territoire, leurs enfants, leur culture, leur spiritualité, leur nom et leur vie. On a tout pris, finalement. C'est inacceptable", raconte avec dégoût la résidente de Granby près de Montréal, née dans une famille catholique avec une mère pratiquante.

Pour Marie-Pierre Bousquet, professeure d'anthropologie à l'université de Montréal, les récentes découvertes sont un "choc frontal" pour la société canadienne. "Les gens découvrent que ce n'était pas uniquement des photos en noir et blanc d'enfants dans des classes à l'autre bout du pays. C'est devenu tangible, concret".

"Ce n'est pas l'image que les Canadiens avaient de leur pays, ce n'est pas un pays où on enterre des enfants à la sauvette. Ils le voient comme une grande démocratie multiculturelle, avec un passé glorieux, de grands espaces, pas un pays bâti sur un génocide. Finalement, on s'aperçoit que c'est un mythe. C'est un réveil très brutal."

Et concrètement, à l'université, cela se traduit par des programmes d'études autochtones qui voit leur effectif soudainement se multiplier.

A la faculté des études autochtones de l'université de l'Alberta, "la semaine du 5 juillet, nous avons eu 40.000 inscriptions. C'est énorme!", explique, encore tout étonné, Paul Gareau.

Cet enseignant métis, originaire du Saskatchewan, une province du centre du pays, estime que "c'est un indicateur que les gens sont en train de réagir et la seule explication que je peux trouver, ce sont les découvertes concernant les pensionnats autochtones".

À long terme, la professeure Marie-Pierre Bousquet s'attend à une plus grande demande des Canadiens "pour être informés", d'autant plus que l'histoire n'est pas terminée. De nombreuses recherches sont en cours actuellement sur les sites des pensionnats.

Les chercheurs estiment qu'environ 150.000 enfants sont passés par ces pensionnats et plus de 4.000, soumis à des mauvais traitements ou à des abus sexuels, y ont trouvé la mort.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.