Minée par les taudis et bidonvilles verticaux, Marseille lance un SOS

Sur cette photo d'archive prise le 17 juillet 2021, des pompiers du bataillon de pompiers de la Marine de Marseille (Marins-Pompiers de Marseille) se tiennent près d'immeubles après la mort de trois personnes dans un incendie dans un immeuble en partie squatté. (Clement Mahoudeau/AFP)
Sur cette photo d'archive prise le 17 juillet 2021, des pompiers du bataillon de pompiers de la Marine de Marseille (Marins-Pompiers de Marseille) se tiennent près d'immeubles après la mort de trois personnes dans un incendie dans un immeuble en partie squatté. (Clement Mahoudeau/AFP)
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Publié le Vendredi 30 juillet 2021

Minée par les taudis et bidonvilles verticaux, Marseille lance un SOS

  • A Marseille, des squats sont parfois loués 200/300 euros par mois par des marchands de sommeil qui repèrent les logements vides et changent les serrures
  • En novembre, 200 personnes, pour la plupart originaires d'Afrique de l'Ouest, avaient été évacuées après des incendies dans des bâtiment visés par des arrêtés de péril

MARSEILLE, France : Cet été à Marseille, dans le sud de la France, trois hommes sont morts dans l'incendie d'un "bidonville vertical". Pour traiter la plaie mortifère du logement indigne, d'une gravité extrême dans la deuxième ville du pays, élus et acteurs de terrain lancent un SOS.

C'est dans un escalier de la cité des Flamants, dans le 14e arrondissement, que le feu -vraisemblablement d'origine criminelle-s'est propagé, le 17 juillet. Trois Nigérians se sont défenestrés, un jeune enfant et sa mère ont été gravement brûlés.

Vouée à la démolition dans le cadre d'un projet de rénovation urbaine, cet ensemble du bailleur 13 Habitat compilait tout ce que Marseille a de pauvreté et de trafics.

Au milieu des 12 dernières familles locataires, quelque 200 migrants, la plupart Nigérians, avaient pris place dans des "squats  parfois loués 200/300 euros par mois par des marchands de sommeil qui repèrent les logements vides et changent les serrures", explique Jean-Régis Rooijackers, responsable Mission bidonvilles Marseille pour Médecins du Monde.

Prostitution, point de deal: "Il y avait des chariots partout et il fallait être identifié par les dealers pour pénétrer dans les bâtiments", poursuit une travailleuse humanitaire.

Après le sinistre, quelque 120 personnes ont été relogées d'urgence.

"Ce phénomène des squats est très étendu à Marseille, et aux Flamants par exemple, c'était en grande partie le fait de familles délogées de la cité Corot il y a environ un an", explique Christophe Humbert, directeur de la communication du bailleur social 13 Habitat.

700 euros pour un taudis

"Nous vivons exactement la même situation au Petit Séminaire", un ensemble de 240 logements délabrés datant de 1959 en attente de démolition, relate Christian Gil, directeur général de Marseille Habitat Provence.

En novembre, 200 personnes, pour la plupart originaires d'Afrique de l'Ouest, y avaient été évacuées après des incendies dans des bâtiment visés par des arrêtés de péril. Mais sept familles refusent toujours les offres de relogement du bailleur: "Pour une famille, nous en sommes à neuf propositions", souligne M. Gil.

Les difficultés de relogement retardent la démolition des bâtiments, et les appartements vides sont squattés, souvent par le biais de marchands de sommeil.

Branchements illégaux, infiltrations d'eau, escaliers brisés, murs porteurs percés: "Ce qui est inquiétant ici, c'est qu’on est dans un cercle vicieux, de l’habitat dégradé qu’on ne traite pas, donc des ultra-pauvres s’y installent et ça crée une situation d'urgence humanitaire similaire à certaines villes africaines comme Lagos", alerte Florent Houdmon, directeur de la Fondation Abbé Pierre pour Provence-Alpes-Côte d'Azur.

Le phénomène a pris de l'ampleur avec un niveau "de détresse sociale et humaine" record sur fond de Covid-19 dans la grande ville la plus pauvre du pays, s'inquiète Jean-Pierre Cochet, adjoint du maire de Marseille à la sécurité civile.

Et il touche aussi des copropriétés privées, comme aux Rosiers, où la vue sur la Méditerranée n'adoucit pas "la jungle" dans laquelle disent vivre ses occupants. 

"Jamais je n'aurais imaginé ça en France. On vit dans la peur" des trafiquants qui font la loi, témoigne sous couvert d'anonymat une mère de quatre enfants arrivée il y a deux ans. "Mon premier appartement, c'était catastrophique. Le tableau électrique n'était pas en règle, les prises ne marchaient pas. On a accepté parce qu'on ne nous demandait pas de garant ni de fiche de paie". Loyer: 700 euros par mois!

"J'ai connu une famille que des marchands de sommeil ont mis dehors en pleine nuit d'un appartement parce qu'une autre famille était prête à payer plus", raconte une intervenante sociale.

"On est sur des atteintes au droit, le droit à la sécurité, à vivre dignement", estiment des acteurs sociaux.

"Urgence vitale"

Aux Rosiers, un rapport technique a fait état "de désordres relatifs à l'électricité, l'éclairage, les réseaux gaz, plomberie et ascenseurs" sur trois bâtiments, indique la mairie qui a demandé en urgence des travaux à la copropriété endettée où quelques petits propriétaires pauvres ont peu de poids face à d'autres détenant des dizaines d'appartements.

Ce climat suscite des tensions communautaires qui inquiètent les autorités. Aux Flamants, la police a dû intervenir, des Nigérians accusant les trafiquants de drogue d'être à l'origine de l'incendie qui a fait trois morts.

Alors, près de trois ans après la mort de huit personnes dans l'effondrement de deux immeubles vétustes du centre-ville, rue d'Aubagne, le maire de Marseille Benoît Payan lance un "cri d'alarme".

Le 23 juillet, il a écrit au Premier ministre Jean Castex, égrenant les chiffres: 41.000 demandes de logements sociaux en attente, 40.000 taudis, 15.000 personnes à un moment ou un autre sans abri, 1.500 personnes dans des squats ou des bidonvilles.

"L'urgence de l'enjeu nécessite une réponse rapide et coordonnée", plaide l'élu du Printemps marseillais (union de gauche), réclamant des "Etats généraux visant la résorption des squats, bidonvilles et habitats indignes dans les meilleurs délais".

Alexandra Louis, députée ex-LREM, veut, elle, des réunions a minima mensuelles entre l'Etat, la ville, la métropole et les bailleurs parlant d'"urgence vitale". La Fondation Abbé-Pierre demande un "électrochoc", Jean-Pierre Cochet un "plan Marshall".

Même si les procédures sont longues et complexes pour évacuer, reloger ou agir dans des copropriétés privées dégradées, "il faut accélérer", convient le préfet. Mais la clé dans la métropole marseillaise dirigée par la LR Martine Vassal, comme dans toute la région, reste "la construction de logements, notamment de logements sociaux", toujours très insuffisante, insiste Christophe Mirmand.

En attendant, les peines commencent à tomber: quelques jours avant l'incendie des Flamants, deux marchands de sommeil qui louaient des appartements insalubres ont été condamnés à des amendes et à de la prison ferme.


Le Sénat récupère le budget de l'Etat, le compromis reste hors de vue

Les sénateurs français votent le budget de la sécurité sociale au Sénat, à Paris, le 26 novembre 2025. (AFP)
Les sénateurs français votent le budget de la sécurité sociale au Sénat, à Paris, le 26 novembre 2025. (AFP)
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  • Le Sénat, dominé par la droite et les centristes, aborde le budget 2026 avec une ligne stricte : réduire les dépenses, rejeter de nouvelles taxes et viser un déficit de 4,7 % du PIB
  • Les divergences restent fortes avec l’Assemblée nationale et la gauche, rendant le compromis budgétaire très incertain

PARIS: Le Sénat, intransigeant sur sa ligne anti-taxes prônée par la droite, s'attaque jeudi au projet de budget de l'Etat pour 2026. Une étape cruciale sur la route d'un compromis budgétaire encore hors de vue, même si certains envisagent toujours une étroite voie de passage.

D'un budget à l'autre... Après avoir acté mercredi d'irréconciliables divergences avec l'Assemblée nationale sur le budget de la Sécurité sociale, la chambre haute se penche sur le deuxième volet de son marathon budgétaire à partir de 14H30.

Le projet de loi de finances (PLF) pour 2026 occupera les sénateurs jusqu'à un vote solennel le 15 décembre. Et contrairement aux députés, qui ont massivement rejeté la partie "recettes" du texte le week-end dernier, les élus de la Haute assemblée auront l'opportunité de parcourir l'ensemble du budget, recettes comme dépenses.

Cela arrange bien la majorité sénatoriale, une solide alliance entre la droite et les centristes. Car sa ligne directrice est simple: "Plus d'économies et moins de taxes injustes", a résumé mercredi le chef des sénateurs Les Républicains, Mathieu Darnaud.

Redevenu sénateur, Bruno Retailleau est plus offensif encore ces derniers jours vis-à-vis du gouvernement.

Le "compromis" budgétaire ? "Moi, je parle de tambouille", a-t-il encore égratigné mercredi sur franceinfo. Le scénario d'une loi spéciale en cas d'échec du processus budgétaire ? Il serait meilleur, selon lui, qu'un budget qui "appauvrit les Français"...

Les débats sur le budget de la Sécu, ces derniers jours, ont dressé le tableau d'une droite sénatoriale inflexible, refusant la suspension de la réforme des retraites et la quasi-totalité des compromis trouvés à l'Assemblée nationale.

Ce texte va désormais revenir sur le bureau des députés, samedi en commission et mardi dans l'hémicycle, pour une nouvelle lecture.

- "Un rouleau-compresseur" -

Bis repetita sur le budget de l'Etat ? "Notre majorité, c'est un rouleau-compresseur, elle vote en bloc, contrairement à l'Assemblée", assure à l'AFP le chef des centristes, Hervé Marseille. "On essaie d'avoir une ligne qui soit claire et audible: limiter les impôts, trouver des économies".

Ainsi, les sénateurs entendent bien respecter l'objectif d'un déficit ramené à 4,7% du PIB en 2026, contre 5,4% en 2025. Avec deux ambitions: limiter les nouveaux prélèvements - environ 14 milliards dans la copie du gouvernement - et aller plus loin que les 17 milliards d'économies de dépenses proposées par Sébastien Lecornu.

Transformation de l'aide médicale d'Etat pour les sans-papiers en aide médicale d'urgence, non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, suppression de 4.000 postes d'enseignants supplémentaires, refus de la surtaxe sur les bénéfices des grandes entreprises, restriction de la taxe sur les "holdings patrimoniales" proposée par le gouvernement...

Voici, pèle-mêle, les propositions que la Haute assemblée promet de voter.

"C'est la droite la plus dure qu'on ait connu", s'inquiète le patron du groupe socialiste au Sénat, Patrick Kanner. "Nous faisons face à une droite revancharde. Clairement, ce n'est pas avec elle que nous pourrons avancer" vers un compromis, renchérit son collègue Thierry Cozic.

- Compromis impossible ? -

Si la gauche est minoritaire au Sénat, le gouvernement peut difficilement faire sans elle à l'Assemblée nationale. L'abstention des socialistes y sera nécessaire - voire même insuffisante - pour envisager l'adoption définitive d'un budget, si Sébastien Lecornu continue de renoncer à l'article 49.3.

Après l'échec de la taxe "Zucman", les socialistes cherchent toujours à faire contribuer les plus hauts patrimoines. Une nouvelle proposition a fleuri mercredi, celle d'un emprunt "forcé" visant les foyers les plus aisés.

Si le gouvernement a accueilli avec "bienveillance" cet amendement, il semble n'avoir aucune chance de passer le filtre du Sénat.

Malgré ces divergences majeures, le Premier ministre Sébastien Lecornu continue de croire à un compromis possible avant la fin décembre.

Plusieurs sources parlementaires et gouvernementales espèrent notamment qu'un accord potentiel sur le budget de la Sécu, la semaine prochaine à l'Assemblée, ferait souffler un vent positif sur le budget de l'Etat.

"Chacun affiche ses positions mais je pense qu'il y a la volonté non feinte de trouver une voie de passage", a reconnu le rapporteur général du budget au Sénat, Jean-François Husson (LR). "Il faudra à un moment qu'on enlève les costumes."


A Paris, une réunion des droites sous l'égide des médias Bolloré

Animateurs, politiques en pré-campagne et formules choc: le temps d'une grand-messe devant quelques milliers de sympathisants, les médias du milliardaire conservateur Vincent Bolloré ont mis en avant leurs thématiques fétiches - identité, immigration, sécurité - et un éventail de personnalités de droite et d'extrême droite susceptibles de les porter pour 2027. (AFP)
Animateurs, politiques en pré-campagne et formules choc: le temps d'une grand-messe devant quelques milliers de sympathisants, les médias du milliardaire conservateur Vincent Bolloré ont mis en avant leurs thématiques fétiches - identité, immigration, sécurité - et un éventail de personnalités de droite et d'extrême droite susceptibles de les porter pour 2027. (AFP)
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  • Mardi 20H00, les 4.000 places du Dôme de Paris, plongées dans le noir, sont remplies. Musique épique, jeu de projecteurs bleus, blancs, rouges, le ton est donné
  • Pour chauffer la salle, le directeur du JDD, Geoffroy Lejeune commence par quelques railleries sur Libération, Mediapart et Télérama

PARIS: Animateurs, politiques en pré-campagne et formules choc: le temps d'une grand-messe devant quelques milliers de sympathisants, les médias du milliardaire conservateur Vincent Bolloré ont mis en avant leurs thématiques fétiches - identité, immigration, sécurité - et un éventail de personnalités de droite et d'extrême droite susceptibles de les porter pour 2027.

Mardi 20H00, les 4.000 places du Dôme de Paris, plongées dans le noir, sont remplies. Musique épique, jeu de projecteurs bleus, blancs, rouges, le ton est donné.

Pour chauffer la salle, le directeur du JDD, Geoffroy Lejeune commence par quelques railleries sur Libération, Mediapart et Télérama. Huées puis rires quand il lance: "On sait quel article ils vont écrire, on l'a rédigé comme ça ils pourront aller au bistrot".

Apparaît Philippe de Villiers, largement promu par le groupe du milliardaire breton - il est chroniqueur chez Cnews et son dernier livre est publié chez Fayard, également dans la galaxie Bolloré.

Le souverainiste commence par "remercier Jean-Luc Mélenchon" - qui lui aurait inspiré son ouvrage - déclenchant une nouvelle bronca.

Puis, il sert son discours habituel sur une France "au bord de l'abîme", menacée par "un changement de peuplement" encouragé par "un parti sarrasin", et abandonnée par des "élites écartelées entre le wokistan et l'islamistan".

Pour le fondateur du Puy du Fou, la solution est simple: "la remigration ou la françisation". Nouvelle salve d'applaudissements, on entend quelques "Philippe président". L'hypothèse d'une candidature pour 2027 a encore été entretenue en une de Valeurs actuelles la semaine dernière, où l'intéressé affirme être "redescendu dans l'arène".

Il n'est pas le seul. Surgit l'animatrice Christine Kelly de Cnews, pour lancer une discussion sur "notre civilisation judéo-chrétienne" entre Michel Onfray et Eric Zemmour.

Au terme d'un échange théologique parfois confus, le président du parti Reconquête conclut que "la croisade a sauvé l'Occident" et qu'"à partir du moment où nous retrouverons notre identité, tout ira beaucoup mieux". L'ancien polémiste de Cnews, propulsé par l'empire Bolloré dans la course à l'Elysée en 2022, espère déjà rendosser son costume de candidat en 2027. En attendant, il reste lui aussi en tête de gondole chez Fayard.

"Le côté sans filtre" 

D'autres ne bénéficient pas de la même bienveillance. Comme Aurore Bergé, lors d'une tumultueuse séquence "insécurité" face à Claire Géronimi, devenue vice-présidente de l'UDR d'Eric Ciotti après avoir été victime d'un viol par un étranger sous OQTF.

La ministre déléguée à l'Egalité Femmes-Hommes, conspuée, reste combative: "Je suis venue pour accepter l'idée du débat (...) Ma ligne ne changera pas, quel que soit le public".

Plus en phase avec l'assistance, l'avocat Gilles-William Goldnadel fustige "le racisme anti-blanc" et le "féminisme d'extrême gauche".

Un discours familier aux oreilles de Philippe, 55 ans et sans emploi, qui a déboursé 25 euros pour "voir le côté sans filtre" de ces personnalités médiatiques dont il "partage les idées, sans ambiguïté". Plus intéressé par l'aspect politique, Foucauld, 24 ans, étudiant en école de commerce, reconnaît que l'événement "participe à faire avancer les pions vers l'union des droites".

Pourquoi pas avec David Lisnard? Invité à ouvrir le chapitre du "grand enjeu" des municipales de mars 2026, le maire de Cannes fait florès avec ses leitmotiv: "Vive la liberté" et "Afuera!" la "bureaucratie" et la "technocratie".

Lui succèdent une brochette de candidats plus ou moins déclarés, dont la députée RN Laure Lavalette déplorant qu'il y ait "autant de barbiers et de kebabs" dans sa ville de Toulon.

Signe d'un rapprochement entre le parti à la flamme et la galaxie Bolloré? Après tout, Jordan Bardella en est à son deuxième livre publié chez Fayard.

Mais c'est une autre étoile montante qui est mise à l'honneur mardi soir. Clou du spectacle, l'eurodéputée Reconquête Sarah Knafo vient délivrer un "message d'espérance" face à l'essayiste Eric Neaulleau, dans le rôle du décliniste persuadé que "tout est foutu" car "les lieux de pouvoir sont tous tenus par des gens animés d'une idéologie immigrationniste".

Au contraire, les idées infusent dans la société et "le combat de la lucidité est gagné", réplique la nouvelle coqueluche de la "bollosphère", qui assure "qu'on peut changer les choses, avec méthode, détermination et travail". Et quelques solides appuis.


Pour la présidente de l'Assemblée Braun-Pivet, une majorité absolue n'est plus «souhaitable»

Le retour d'une majorité absolue n'est pas "souhaitable" à l'Assemblée nationale, où son absence depuis 2022 oblige à rechercher des compromis, a estimé la présidente de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet, dans un nouveau podcast diffusé mercredi. (AFP)
Le retour d'une majorité absolue n'est pas "souhaitable" à l'Assemblée nationale, où son absence depuis 2022 oblige à rechercher des compromis, a estimé la présidente de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet, dans un nouveau podcast diffusé mercredi. (AFP)
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  • "J'ai toujours privilégié le travail en collégialité, (...) et je m'étais toujours dit, au fond de moi, une Assemblée où il y a une majorité absolue, c'est une Assemblée qui finalement ne représente pas bien les Français"
  • Sans majorité, pour décider par exemple de la création d'une commission d'enquête ou encore de la tenue d'un débat, "vous présentez nécessairement des décisions qui sont les plus justes pour l'institution et les plus équilibrées"

PARIS: Le retour d'une majorité absolue n'est pas "souhaitable" à l'Assemblée nationale, où son absence depuis 2022 oblige à rechercher des compromis, a estimé la présidente de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet, dans un nouveau podcast diffusé mercredi.

"J'ai une conviction personnelle forte qui est que nous n'aurons pas demain à nouveau une majorité absolue mais je pense surtout, et c'est ça ma conviction forte, c'est que ce n'est pas souhaitable pour notre pays", a-t-elle déclaré dans le podcast "Dans l'Hémicycle".

"Je suis convaincue que la délibération collective avec des groupes politiques qui ne partagent pas les mêmes orientations mais qui essayent de trouver des solutions, elle est bénéfique", a-t-elle poursuivi.

Depuis 2022, le camp présidentiel auquel appartient Mme Braun-Pivet ne dispose pas d'une majorité absolue à l'Assemblée nationale. Face à une fragmentation de l'hémicycle encore accentuée depuis la dissolution de juin 2024, de nombreux députés disent espérer le retour d'une majorité absolue après l'élection présidentielle de 2027. Mais pas la présidente de l'Assemblée.

"J'ai toujours privilégié le travail en collégialité, (...) et je m'étais toujours dit, au fond de moi, une Assemblée où il y a une majorité absolue, c'est une Assemblée qui finalement ne représente pas bien les Français", a-t-elle déclaré dans cette interview.

Sans majorité, pour décider par exemple de la création d'une commission d'enquête ou encore de la tenue d'un débat, "vous présentez nécessairement des décisions qui sont les plus justes pour l'institution et les plus équilibrées, parce qu'autrement, ça ne passe pas", a-t-elle dit.

Cette situation force aussi à "inventer des nouvelles façons de faire", a-t-elle ajouté en donnant l'exemple des semaines dédiées aux textes proposés par les députés, auparavant dévolues à ceux de la majorité. Depuis 2022, ces semaines sont devenues "transpartisanes", avec des propositions soutenues par différents groupes.

Au moment où les débats budgétaires peinent à aboutir, Mme Braun-Pivet a toutefois estimé qu'il fallait encore "adapter" les règles de l'Assemblée à cette nouvelle configuration. Elle a rappelé avoir lancé une réflexion autour d'une modification du règlement de l'institution.