Un musée en Espagne présente l'artisanat islamique de l'époque du califat

À quelques minutes de la mosquée-cathédrale de la ville andalouse de Cordoue, le musée du Guadameci des Omeyyades (Museo del Guadamecí Omeya) offre un voyage dans le temps vers une technique artistique utilisée pour orner les palais et fabriquer des cadeaux de luxe (Photo, fournie).
À quelques minutes de la mosquée-cathédrale de la ville andalouse de Cordoue, le musée du Guadameci des Omeyyades (Museo del Guadamecí Omeya) offre un voyage dans le temps vers une technique artistique utilisée pour orner les palais et fabriquer des cadeaux de luxe (Photo, fournie).
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Publié le Dimanche 06 septembre 2020

Un musée en Espagne présente l'artisanat islamique de l'époque du califat

  • Jose Carlos est le dernier artiste spécialisé dans la forme d'art omeyyade du Guadameci
  • Chaque œuvre peut prendre un an à être fabriquée en raison de ses caractéristiques et de sa complexité particulières

CORDOUE, ESPAGNE : Le lien fort que la ville espagnole de Cordoue entretient avec la culture arabe et musulmane est incarné par un musée qui expose une forme d'art populaire durant le califat arabe du Xe siècle.

À quelques minutes de la mosquée-cathédrale de la ville andalouse, le musée du Guadameci des Omeyyades (Museo del Guadamecí Omeya) offre un voyage dans le temps vers une technique artistique utilisée pour orner les palais et fabriquer des cadeaux luxueux.

Jose Carlos Villarejo Garcia, le dernier artiste spécialisé dans l'art islamique de Guadameci, a fondé le musée en 2006. Issu d'une famille d'artistes qui ont transmis leur savoir-faire au fil des générations, Villarejo a contribué à faire apprécier la beauté sous toutes ses formes, mais surtout, la forme géométrique.

« L'art islamique de Guadameci est l'un des piliers de notre culture », a déclaré à Arab News Aristides Bermejo Hernandez, directeur du Parque Joyero de Cordoba, et visiteur régulier du musée. « Jose Carlos a sauvé quelque chose de presque perdu et oublié. Ce musée offre une valeur historique et artistique incalculable. C’est douloureux de se rendre compte qu’ils auraient pu si facilement disparaître. »

Le journaliste Jesus Cabrera, un autre visiteur régulier, est également fasciné. « Visiter ce musée demeure la seule opportunité qu’offre la ville de Cordoue pour plonger dans le passé et redécouvrir une technique ancienne », a-t-il déclaré à Arab News.

Jose Carlos a reçu le prix Hernan Ruiz 2020 pour son travail de restauration de la technique de Guadameci du travail du cuir, peint et gaufré dans l’esprit de la culture de Cordoue. Les œuvres d'art, appelées « Guadameci », consistent à tanner puis à dorer les pièces de cuir, avant de les enduire de plusieurs couches et de les garnir de fer.

« C'est la même méthode de travail que celle qui était utilisée pendant la période du califat de Cordoue, la période la plus importante et la plus splendide de notre culture islamique, a déclaré Jose Carlos à Arab News. Les phases du travail sont exactement les mêmes que celles employées au Xe siècle à Madinat Al-Zahra, dans l’État des Omeyyades de Cordoue, mais elles diffèrent totalement des variations ultérieures de Guadameci en Espagne et dans le reste du monde. J'utilise des peaux de mouton ou de bélier qui sont préparées de manière très spécifique et recouvertes d'une couche de feuille d'argent. »

Il explique que le revêtement argenté cache la peau tout en accentuant l'une des caractéristiques du Guadameci islamique : son aspect luxueux. « Une fois que la base en argent a été appliquée avec le design souhaité, je procède aux différentes phases de la peinture, précise Jose Carlos. La peinture se mélange avec l'or et l'argent et fait ressortir toute la beauté du Guadameci. »

Il ajoute que les peintures et les dessins sont fidèles à ses préférences artistiques et toujours inspirés par les styles islamiques et la gamme de couleurs. « Je mélange mes propres peintures et cela les rend uniques, précise-t-il. La dernière étape consiste à marteler une tige de fer qui a la forme du design à son extrémité. Le dessin est ainsi pressé sur une base en or ou en argent. »

Jose Ramirez del Rio, un universitaire espagnol spécialisé dans la langue et la culture arabes, explique qu'au Moyen Âge Cordoue était le centre de l'art arabe et islamique. D'un point de vue historique, il considère que la réhabilitation du Guadameci par Jose Carlos est importante. « J'espère que les pièces magnifiques qu'il a produites seront appréciées dans le monde arabe autant qu'elles le sont aujourd'hui en Espagne et dans le monde occidental », a déclaré del Rio à Arab News.

Jose Carlos indique qu'il travaille avec des dessins de tous types et de toutes tailles et utilise des outils que ses ancêtres ont fabriqués à la main, ajoutant qu'« ils étaient tous de Cordoue et de grands amateurs d'art et de culture islamiques… des professeurs d'art, des restaurateurs d'art, des peintres et des artisans ».

Chaque œuvre peut prendre un an à être fabriquée en raison de ses caractéristiques particulières et de sa complexité. « Chaque œuvre d'art exprime quelque chose de différent : l'admiration pour le seul créateur, Allah, une vision du paradis et la beauté du paradis éternel, déclare Jose Carlos. Chaque pièce est soigneusement conçue selon certains paramètres et possède des détails complexes qui conduisent à la perfection dans son élaboration. »

L’amour de Jose Carlos pour l’art guadameci a commencé dès son plus jeune âge. « J'ai eu la chance de grandir parmi l'art et la peinture Guadameci. J'ai appris, très jeune, la beauté, la fantaisie et la discipline rigoureuse », a-t-il déclaré à Arab News.

Il se souvient avoir vu son maître et oncle, Ramon Garcia Romero, créer des dessins guadameci élaborés dans son atelier à la maison. « Je me rendais chez lui chaque jours et j’apprenais sa méthode. Avec le temps, il m'a confié de plus grande responsabilité », raconte Jose Carlos. En grandissant et en acquérant plus de compétences, j'ai pu travailler sans sa supervision. Tout a commencé comme un jeu d’enfant consistant à essayer d'attraper les particules d'or et d'argent flottant dans l'air avant de s'installer sur le sol de l'atelier. »

L'héritage du travail du cuir a enrichi le monde au-delà de Cordoue. « Il est réputé dans toute l'Europe et ma famille a eu l'honneur d'être choisie pour élaborer un certain nombre d'œuvres pour la famille royale espagnole ainsi que pour d'autres familles royales d’Europe, précise Jose Carlos. La beauté déployée dans mes œuvres d'art est grandement admirée et appréciée par les gens d'une sensibilité exquise. Mon travail a été acheté pour des collections privées de grande valeur économique à travers le monde occidental. »

Il confie toutefois que le monde arabe est celui dont la sensibilité est la plus proche de son travail et que ce dernier apprécie la signification historique et le lien que représente la technique guadameci. « Je suis très honoré d'avoir produit des œuvres d'art pour des membres de la famille royale saoudienne et des membres de la société culturelle du monde arabe », précise-t-il.

Jose Carlos se sent plus à l'aise et artistiquement apprécié au Moyen-Orient. « J'ai exposé mon travail en France et au Maroc et bientôt je présenterai ma collection à Dubaï. C'est au Moyen-Orient que je propose de continuer à promouvoir à la fois mon art guadameci et son patrimoine historique. »

Sa dernière exposition a eu lieu en 2019 au Festival d'art islamique de Sharjah, au musée d'Art de Sharjah.

José Carlos souligne l'importance de transmettre les connaissances aux générations futures afin de préserver l’héritage artistique et culturels de toute civilisation. « Je transmettrai très certainement mes connaissances et mes compétences dans le cadre de notre patrimoine historique, déclare-t-il. C'est la raison fondamentale pour laquelle mon maître et moi avons fondé ce musée. »

Le Musée du Guadameci des Omeyyades (Museo del Guadamecí Omeya) est en contact avec des institutions du monde entier intéressées par le partage des connaissances sur l'époque arabe. « Mes propres enfants, une fois diplômés, nourriront ce trésor de l'histoire », conclut Jose Carlos.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur www.arabnews.com


La bibliothèque Jadal est une oasis culturelle dans la province orientale de l'Arabie saoudite

Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
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  • Ali Al-Herz a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres, offrant aux visiteurs un espace où la mémoire, la philosophie et la culture prennent vie.
  • adal n'est pas seulement une bibliothèque, c'est bien plus que cela. C'est un musée à explorer, un espace philosophique propice à la réflexion et un rempart contre l'oubli des histoires culturelles importantes.

DHAHRAN : Dans le village tranquille d'Umm Al-Hamam, situé dans la province orientale de l'Arabie saoudite, une passion de longue date pour les livres s'est transformée en un havre culturel.

Ali Al-Herz, bibliophile et archiviste littéraire, a transformé sa maison en une bibliothèque d'exception nommée Jadal, un véritable trésor contenant plus de 37 000 livres, plus de 100 000 journaux et magazines, ainsi que des antiquités, dont certaines datent de plus d'un siècle.

Mais Jadal n'est pas seulement une bibliothèque, c'est bien plus que cela. C'est un musée à explorer, un espace philosophique propice à la réflexion et un rempart contre l'oubli des histoires culturelles importantes.

Al-Herz a déclaré à Arab News : « Depuis ma naissance, j'ai été entouré des livres de ma mère. J'ai grandi immergé dans cette passion, à tel point qu'elle m'a complètement envahi ; je suis devenu un rat de bibliothèque. »

L'étincelle qui a tout déclenché a été la rencontre d'Al-Herz avec l'épopée Sirat Antar à l'âge de 13 ans. « À partir de cette épopée, et à travers elle, j'ai commencé à explorer d'autres mondes », a-t-il déclaré. 

C'est cette curiosité et cette fascination qui ont finalement conduit Al-Herz à créer l'une des initiatives les plus originales du royaume d'Arabie saoudite.

Le nom « Jadal » signifie « débat » ou « discussion » en arabe, reflétant l'esprit curieux de la bibliothèque. Pour Al-Herz, l'objectif n'est pas seulement de préserver les textes, mais aussi l'idée de questionner et d'explorer les idées.

Al-Herz a déclaré : « J'ai choisi ce nom pour la bibliothèque, car il est profondément ancré dans l'histoire philosophique de la Grèce antique, ainsi que dans notre propre tradition culturelle arabo-islamique, en particulier dans notre héritage religieux. »

L'atmosphère philosophique imprègne les trois salles principales, nommées d'après Socrate, Platon et Aristote, qui accueillent les visiteurs dans un univers dédié à la lecture et à la réflexion. 

Des manuscrits rares, des textes anciens, des journaux et des antiquités ont été soigneusement archivés. Chaque pièce est un murmure du passé qui s'adresse à l'avenir. 

Al-Herz explique : « Même mon intérêt récent pour l'achat de livres s'est principalement orienté vers les éditions rares et les imprimés anciens, afin de créer une harmonie entre patrimoine et modernité. »

Mais Jadal ne se laisse pas envahir par la nostalgie, car Al-Herz organise toutes les deux semaines une réunion littéraire. Cet événement fait revivre une tradition qui était autrefois importante dans la vie intellectuelle des Arabes.

C'est un environnement où écrivains, universitaires et penseurs se réunissent autour d'un café arabe pour échanger des idées dans une atmosphère animée. 

À une époque où les gens recherchent des informations instantanées en ligne, Al-Herz continue d'utiliser des méthodes traditionnelles. « Il y a une lutte permanente entre deux générations », observe-t-il. « La victoire reviendra finalement à cette dernière génération, une fois que ma génération aura disparu. Les bibliothèques papier seront alors transformées en musées. »

Il a peut-être raison, mais pour l'instant, au cœur de la campagne de Qatif, la bibliothèque Jadal continue d'exister, et c'est un lieu où l'encre, la mémoire, le débat et le patrimoine continuent de façonner l'âme culturelle du Royaume. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com 


Amin Maalouf apporte un soutien inattendu aux langues régionales

Cette photographie montre la façade de l'Institut de France avant la présentation de la 9e édition du Dictionnaire de l'Académie française, qui est le dictionnaire officiel de la langue française, à Paris, le 14 novembre 2024. (Photo de Ludovic MARIN / POOL / AFP)
Cette photographie montre la façade de l'Institut de France avant la présentation de la 9e édition du Dictionnaire de l'Académie française, qui est le dictionnaire officiel de la langue française, à Paris, le 14 novembre 2024. (Photo de Ludovic MARIN / POOL / AFP)
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  • Ce dernier a écrit au Premier ministre François Bayrou et à la ministre de l'Éducation nationale, Elisabeth Borne, pour leur proposer un corpus d'œuvres en langues régionales destiné aux professeurs,
  • Le Collectif pour les littératures en langues régionales a constitué, avec l'aide de spécialistes, un recueil intitulé Florilangues, comprenant 32 textes en langue originale.

PARIS : Une initiative d'un collectif visant à enseigner le patrimoine littéraire dans les langues régionales de France a reçu lundi  un soutien inattendu : celui du secrétaire perpétuel de l'Académie française, Amin Maalouf.

M. Maalouf, écrivain franco-libanais, a été élu en 2023 à la tête d'une institution dont la mission est de veiller au rayonnement et à l'intégrité de la langue française.

Toutefois, il soutient la démarche du Collectif pour les littératures en langues régionales, qui suggère un enseignement de ce type au collège ou au lycée, a indiqué ce collectif à l'AFP.

Ce dernier a écrit au Premier ministre François Bayrou et à la ministre de l'Éducation nationale, Elisabeth Borne, pour leur proposer un corpus d'œuvres en langues régionales destiné aux professeurs, afin de sensibiliser à la « richesse de la production littéraire » dans d'autres langues que le français. 

« M. Maalouf, comme nous, est convaincu qu'il est nécessaire que les élèves français découvrent ces trésors culturels », écrit ce collectif à M. Bayrou, qui parle lui-même le béarnais.

Le Collectif pour les littératures en langues régionales a constitué, avec l'aide de spécialistes, un recueil intitulé Florilangues, comprenant 32 textes en langue originale (de l'alsacien au tahitien, en passant par le basque ou le corse), traduits en français.

On y trouve entre autres un poème en provençal de Frédéric Mistral (prix Nobel de littérature en 1904) intitulé Mirèio, une chronique en breton de Pierre-Jakez Hélias intitulée Bugale ar Republik, un court récit en créole martiniquais de Raphaël Confiant intitulé Bitako-a, ainsi qu'une chanson en picard d'Alexandre Desrousseaux intitulée Canchon dormoire (plus connue sous le nom de P'tit Quinquin).

« Il ne s'agit pas de donner des cours de langues régionales, mais de présenter des œuvres issues des littératures en langues régionales, que ce soit en français ou en version bilingue », précise le collectif.

Idéalement, selon lui, les élèves aborderaient des langues issues d'autres régions que la leur. « Pourquoi seuls les élèves antillais apprendraient-ils qu'il existe une littérature en créole ? », demande ce collectif, qui présente son initiative à la presse lors d'une visioconférence lundi après-midi. 


L'artiste saoudien Ahaad Alamoudi présente « The Social Health Club » à Bâle

L'artiste saoudien Ahaad Alamoudi présente « The Social Health Club » à Bâle. (Photo Fournie)
L'artiste saoudien Ahaad Alamoudi présente « The Social Health Club » à Bâle. (Photo Fournie)
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  • Fraîchement conçue, cette installation baignée de jaune, ancrée dans les œuvres passées de l'artiste, offre une expérience sensorielle riche et complexe ainsi qu'un commentaire culturel incisif.
  • « The Social Health Club » s'articule autour d'objets trouvés au marché Haraj de Djeddah en 2018.

RIYAD : Ce mois-ci, l'artiste saoudienne Ahaad Alamoudi fait monter la température au Basel Social Club qui se tient jusqu'au 21 juin dans la ville suisse avec sa dernière installation, « The Social Health Club ». 

Fraîchement conçue, cette installation baignée de jaune, ancrée dans les œuvres passées de l'artiste, offre une expérience sensorielle riche et complexe ainsi qu'un commentaire culturel incisif. Elle marque également une première pour l'artiste avec un élément de performance en direct.

Basée à Djeddah, Alamoudi est connue pour créer des installations multimédias immersives s'inspirant de la dynamique complexe de son pays natal en pleine évolution. « The Social Health Club » s'articule autour d'objets trouvés au marché Haraj de Djeddah en 2018, notamment divers équipements de sport, dont un rameur.

« Ce sont des pièces que j'ai chinées dans des brocantes. J'aime le fait qu'aucune instruction n'accompagne ces machines : je ne connais ni leur nom, ni leur provenance, ni leur fabricant. Mais elles font désormais partie du paysage urbain dans lequel j'évolue. J'ai essayé de créer un espace ludique », a-t-elle déclaré à Arab News. 

Dans « The Social Health Club », les équipements, peints principalement dans un jaune vif et saturé, restent intacts, symbolisant une culture obsédée par l'auto-optimisation. Au cœur de l'installation se trouve un caméo représentant un fer à repasser peint en jaune, déjà présent dans son œuvre vidéo de 2020 intitulée « Makwah Man » (Makwah signifie « fer à repasser » en arabe).

« Beaucoup de mes œuvres sont issues d'un récit que je crée dans une vidéo. Dans « Makwah Man », cet homme vêtu d'une thobe jaune repasse un long morceau de tissu jaune au milieu du désert. Et pendant qu'il repasse, il nous dit comment vivre notre vie. Mais en nous disant comment vivre notre vie, il commence aussi à remettre en question la sienne, à comprendre le rôle du pouvoir, à prendre conscience de la pression du changement et de l'adaptation », explique Alamoudi. 

« Le jaune est présent dans la vidéo, mais l'artiste porte également une thobe jaune. Il y a aussi, dans cette version présentée à Art Basel, un portant de thobes jaunes qui tournent dans l'exposition. Pour moi, la thobe jaune est un symbole unificateur. J'essaie de dire que nous vivons tous cela différemment. Ainsi, dans la performance (pour « The Social Health Club »), un culturiste local vêtu d'une thobe jaune fera des exercices sur ces machines. Il n'a pas de règles à suivre. Il ne connaît rien, ne sait pas comment utiliser « correctement » l'équipement. Il entrera dans l'espace et utilisera les machines comme il le pourra.

« La performance sera enregistrée. Mais je pense que c'est plutôt une activation », a-t-elle poursuivi. « Ce n'est pas l'œuvre elle-même. L'œuvre existe sous la forme des machines. 

« Le Social Health Club » a été créé en étroite collaboration avec la conservatrice Amal Khalaf. Ensemble, ils se sont rendus à Djeddah où Alamoudi a pu découvrir avec elle des « machines un peu inhabituelles, différentes des machines classiques que l'on trouve dans les salles de sport et dont tout le monde connaît immédiatement l'utilité », explique Alamoudi.

« Elle est vraiment incroyable », a-t-elle poursuivi. « Nous avons vraiment construit cet espace ensemble. En gros, j'ai principalement créé la vidéo ; tout le reste a été construit à partir de là. Elle m'a beaucoup aidée. Elle s'est vraiment intéressée aux changements sociaux et à la manière dont nous les abordons. Notre collaboration a été parfaite. »

Le jaune domine chaque centimètre carré de l'œuvre, de manière délibérée et intense. 

« Je suis obsédé par les symboles dans certaines de mes œuvres. Et cela s'accompagne également d'une couleur », explique Alamoudi. « Je voulais mettre en valeur quelque chose de luxueux, de coloré, presque comme de l'or, mais qui n'est pas de l'or. Son apparence est assez austère. » 

Le jaune est à la fois une invitation et un avertissement. « Je pense que le jaune est également assez trompeur. J'aime cette couleur qui incite les gens à s'approcher pour voir ce qui se passe, mais qui les amène en même temps à se demander ce que c'est  elle est si agressive qu'elle en devient un peu inconfortable. »

L'interaction du spectateur est essentielle à la signification de l'œuvre. 

« Je pense que les machines représentent quelque chose et qu'elles véhiculent quelque chose, mais elles sont en réalité activées par les gens, par ce que les gens font avec elles », explique Alamoudi. « C'est pourquoi j'encourage beaucoup de spectateurs à interagir avec les œuvres, à les utiliser ou à essayer de les utiliser sans aucune instruction. Beaucoup de personnes qui entrent dans l'espace peuvent avoir peur de les toucher ou d'interagir avec elles. La présence de l'artiste qui active les structures ajoute une autre dimension à l'œuvre elle-même. »

Elle espère que les visiteurs se sentiront libres d'explorer les œuvres, sans être encombrés par des attentes.

« Les gens sont censés les utiliser à leur guise. Ils peuvent s'asseoir dessus, se tenir debout dessus, les toucher — ils peuvent aussi les laisser tranquilles », conclut-elle en riant. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com