« Plaies béantes »: 20 ans après la guerre, le retour difficile des Serbes du Kosovo

Des migrants à leur entrée en Serbie, de l’autre côté de la frontière macédonienne, près du village de Miratovac, le 25 janvier 2016. Plus d'un million de personnes originaires de pays comme la Syrie, l'Irak ou l'Afghanistan sont entrées en Europe l'année dernière dans ce que l'on a appelé la plus grande migration vers le continent depuis la Seconde Guerre mondiale. (Armend Nimani/AFP)
Des migrants à leur entrée en Serbie, de l’autre côté de la frontière macédonienne, près du village de Miratovac, le 25 janvier 2016. Plus d'un million de personnes originaires de pays comme la Syrie, l'Irak ou l'Afghanistan sont entrées en Europe l'année dernière dans ce que l'on a appelé la plus grande migration vers le continent depuis la Seconde Guerre mondiale. (Armend Nimani/AFP)
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Publié le Vendredi 06 août 2021

« Plaies béantes »: 20 ans après la guerre, le retour difficile des Serbes du Kosovo

  • Les Albanais ne peuvent oublier les "plaies béantes" d'un conflit qui empoisonne les relations interethniques
  • Selon des témoignages de survivants, des civils serbes servirent d'auxiliaires aux troupes de Slobodan Milosevic, l'ex-homme fort de Belgrade

GJAKOVA, Kosovo: La ville de Gjakova, au Kosovo, est-elle interdite aux Serbes? Depuis qu'elle est rentrée, plus de 20 ans après la guerre, Dragica Gasic se heurte à l'hostilité des habitants albanais. Ils ne peuvent oublier les "plaies béantes" d'un conflit qui empoisonne les relations interethniques.

En 1999, après une longue campagne de bombardements de l'Otan, des dizaines de milliers de Serbes avaient fui le Kosovo en même temps que les troupes serbes qui battaient en retraite à l'issue d'un conflit meurtrier contre la guérilla indépendantiste.

Dragica Gasic, ses deux enfants de sept et neuf ans dans les bagages, était parmi eux. 

Elle est devenue début juin la première et unique "revenante" serbe de Gjakova, ville de 40.000 habitants en majorité Albanais du sud-ouest du territoire, appelée Djakovica par les Serbes.

"C'était mon grand rêve de rentrer" dit à l'AFP la retraitée de 59 ans dans son deux pièces modeste à peine meublé, dont la porte présente des traces d'effraction.

Car cette ancienne femme de ménage raconte être harcelée par des habitants hostiles qui lui lancent des insultes quand ce n'est pas des pierres et qui tambourinent sans cesse à sa porte.

Son retour ne passe pas dans une ville qui a subi "les violences les plus intenses commises contre des civils de toutes les grandes villes du Kosovo", ainsi que le décrivait Human Rights Watch au sortir du conflit qui fit 13.000 victimes en grande majorité albanaises.

- "Tombes ouvertes" -

Elle est "persona non grata", lance à l'AFP Ilir Juniku, réparateur de 56 ans.

"Les Serbes qui reviennent sont des criminels car tout le monde a commis des crimes", assène Avni Ajdini, 46 ans, agent de sécurité dans une banque.

Selon des témoignages de survivants, des civils serbes servirent d'auxiliaires aux troupes de Slobodan Milosevic, l'ex-homme fort de Belgrade. Gjakova fut le théâtre de massacres "tels que les meurtres dans une seule maison de vingt personnes âgées de deux à 73 ans", d'après HRW.

Onze ONG nées du conflit exigent "l'expulsion" de la retraitée car les "tombes ouvertes attendent toujours les dépouilles" des disparus. "Tant que nous n'aurons pas récupéré les restes de nos êtres chers, Gjakova ne sera pas prête au retour des Serbes".

D'après l'ONG Humanitarian Law Center, environ 1.500 personnes ont été tuées et 200 sont disparues, soit 12% des victimes de la guerre du Kosovo, dont l'indépendance proclamée en 2008 n'est toujours pas reconnue par Belgrade.

Pour Nusrete Kumnova, de l'association "Les pleurs des mères", "il n'y a pas de Serbe innocent". Son salon est rempli de photos de son fils disparu, Albion.

"Dans cette ville minée par les meurtres et les disparitions, ils ne méritent pas de vivre au milieu des plaies des mères", dit-elle d'un ton glacial.

- "Mains sales" -

Dragica Gasic explique son retour par des difficiles conditions en Serbie avec ses "petits revenus de femme de ménage".

Mais elle doit vivre sous protection constante de la police kosovare. Son appartement a été forcé récemment et dit-elle, on lui a volé ses médicaments contre le diabète.

Une journaliste de l'AFP a constaté les tensions quand un épicier a interdit à la revenante de rentrer dans son magasin.

"Les clients ont commencé à me boycotter à cause de vous", lui a-t-il dit. "Je suis obligé de faire ça".

Ferdonije Qerkezi, 68 ans, dont le mari et les quatre fils furent tués par les forces serbes, vit rue des Martyrs, dans le même quartier que Dragica Gasic.

"Elle aussi a les mains sales", lance-t-elle, l'accusant d'avoir travaillé "pour le ministère serbe de l'Intérieur".

Le visage creusé par les soucis, l'intéressée dément, expliquant que son seul emploi pour la police était le nettoyage. "Je sais que je n'ai fait de mal à personne".

Selon Belgrade, environ 200.000 Serbes ont quitté le Kosovo après la guerre, un chiffre évalué par Pristina à 70.000. Les deux anciens ennemis s'accordent sur le fait que seuls 13.000 Serbes sont revenus mais la plupart d'entre eux vivent autour de monastères orthodoxes dans les enclaves serbes du territoire.

- "Cible sur le front" -

La municipalité a entamé une procédure judiciaire pour tenter de confisquer l'appartement de la retraitée mais en attendant, le maire Ardian Gjini tente d'apaiser les esprits.

"On n'a pas besoin de politiser la situation à l'extrême", a-t-il dit aux médias locaux, expliquant veiller avec la police à "ce qu'il n'y ait aucun incident".

Mais Belgrade accuse les autorités locales de se livrer à une "persécution systématique de la seule revenante serbe" et d'avoir "dessiné une cible sur son front".

Gjakova "est une ville interdite aux Serbes", s'est plaint Goran Rakic, seul ministre serbe du gouvernement kosovar, auprès des ambassades occidentales.

Pristina s'est abstenu pour l'heure de commentaire.

Arianit Koci, avocat kosovar renommé, est l'un des rares à soutenir la retraitée qui n'est "une menace pour personne" même si nul ne peut nier les crimes "monstrueux" commis à Gjakova.

Nusrete Kumnova prévient cependant: elle doit partir "avant que quelque chose de pire ne se produise".

"Ils ne pourront me renvoyer que morte", répond Dragica Gasic.


Les Etats-Unis prennent de nouvelles sanctions contre le Venezuela qui dénonce un acte de «piraterie»

Le gouvernement américain a annoncé jeudi de nouvelles sanctions contre des compagnies maritimes opérant au Venezuela et des proches du président Nicolas Maduro, qui a dénoncé un acte de "piraterie maritime" après l'arraisonnement spectaculaire d'un pétrolier par les Etats-Unis au large de son pays. (AFP)
Le gouvernement américain a annoncé jeudi de nouvelles sanctions contre des compagnies maritimes opérant au Venezuela et des proches du président Nicolas Maduro, qui a dénoncé un acte de "piraterie maritime" après l'arraisonnement spectaculaire d'un pétrolier par les Etats-Unis au large de son pays. (AFP)
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  • L'administration du président américain Donald Trump accuse Nicolas Maduro d'être à la tête d'un vaste réseau de narcotrafic, ce que l'intéressé dément catégoriquement, affirmant que Washington cherche à le renverser pour s'emparer du pétrole de son pays
  • L'annonce de ces nouvelles sanctions intervient après la saisie par les forces américaines mercredi en mer des Caraïbes d'un pétrolier, le Skipper, qui selon des responsables américains transportait du pétrole en provenance du Venezuela et d'Iran

WASHINGTON: Le gouvernement américain a annoncé jeudi de nouvelles sanctions contre des compagnies maritimes opérant au Venezuela et des proches du président Nicolas Maduro, qui a dénoncé un acte de "piraterie maritime" après l'arraisonnement spectaculaire d'un pétrolier par les Etats-Unis au large de son pays.

Ces sanctions contre "le régime illégitime de Nicolas Maduro au Venezuela" visent trois neveux de l'épouse du président que Washington accuse d'être des narcotrafiquants, un homme d'affaires panaméen soupçonné d'avoir facilité les transactions pétrolières de Caracas, et six compagnies maritimes accusées d'avoir transporté du pétrole vénézuélien, a annoncé le Trésor américain dans un communiqué.

Ces personnes et entreprises se voient interdire toute transaction avec une société ou individu américains et leurs avoirs aux Etats-Unis sont gelés.

L'administration du président américain Donald Trump accuse Nicolas Maduro d'être à la tête d'un vaste réseau de narcotrafic, ce que l'intéressé dément catégoriquement, affirmant que Washington cherche à le renverser pour s'emparer du pétrole de son pays.

L'annonce de ces nouvelles sanctions intervient après la saisie par les forces américaines mercredi en mer des Caraïbes d'un pétrolier, le Skipper, qui selon des responsables américains transportait du pétrole en provenance du Venezuela et d'Iran à destination de Cuba.

"Ils ont enlevé les membres d'équipage, volé le navire et inauguré une nouvelle ère, l'ère de la piraterie navale criminelle dans les Caraïbes", a protesté jeudi soir M. Maduro à la télévision publique.

Résumant la stratégie américaine, la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, a déclaré que le président Donald Trump n'entendait pas "rester les bras croisés à regarder des navires sanctionnés naviguer sur les mers avec du pétrole provenant du marché noir, dont les profits alimenteront le narcoterrorisme de régimes voyous et illégitimes".

Elle a précisé que le navire serait dirigé vers un port américain et que les Etats-Unis avaient "l'intention d'en saisir le pétrole", reconnaissant cependant que cela posait des questions légales.

Washington a déployé un important dispositif militaire dans les Caraïbes depuis cet été, et bombardé des embarcations suspectées de narcotrafic en provenance du Venezuela. Mais c'est la première fois que le président américain ordonne la saisie d'un pétrolier, visant à priver Caracas de sa principale source de revenus.

Soumis à un embargo depuis 2019, Caracas est obligé d'écouler sa production pétrolière sur le marché noir à des prix nettement plus bas, à destination en particulier de la Chine. La saisie du pétrolier pourrait peser sur ces exportations, en dissuadant les acheteurs potentiels.

Soutien de Moscou 

M. Maduro a indiqué que Caracas allait lancer "les actions juridiques et diplomatiques appropriées". Sans dire que quelle nationalité était le navire, il a précisé qu'il transportait "vers les marchés internationaux 1.900.000 barils de pétrole — pétrole qui a été payé au Venezuela, car quiconque importe du pétrole le paie d’abord".

La ministre américaine de la Justice, Pam Bondi, a publié sur son compte X une vidéo de 45 secondes montrant l'assaut de soldats américains armés débarquant sur le pont d'un navire depuis un hélicoptère.

Selon les données du site Vesselfinder vendredi à 05H30 GMT, le Skipper se trouvait dans les eaux internationales au sud-est de l'archipel français de la Guadeloupe, et se dirigeait vers le nord.

Le navire en question a été sanctionné par le Trésor américain en 2022 pour des liens présumés avec le Corps des gardiens de la révolution islamique iranien et le Hezbollah.

Lors d'un échange téléphonique avec M. Maduro, le président russe, Vladimir Poutine, lui "a exprimé sa solidarité" et a "confirmé son soutien" à sa politique "visant à protéger ses intérêts nationaux et sa souveraineté dans un contexte de pressions extérieures croissantes", a expliqué le Kremlin dans un communiqué.

Aux Etats-Unis, l'opposition démocrate s'est inquiétée de cette escalade et des intentions réelles du président Trump.

Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a affirmé jeudi avoir mis en garde son homologue américain lors d'un appel téléphonique le 2 décembre.

"Je lui ai dit: Trump, nous ne voulons pas d'une guerre en Amérique latine", a déclaré Lula, selon qui le président américain a alors répondu: "mais moi j'ai plus d'armes, plus de bateaux, plus de bombes".


Japon: séisme de magnitude 6,7 au nord du pays, fin de l'alerte au tsunami

Un séisme de magnitude 6,7 s'est produit vendredi au large du nord du Japon, quelques jours après une secousse de niveau 7,5 dans la même zone, qui avait fait au moins 50 blessés. (AFP)
Un séisme de magnitude 6,7 s'est produit vendredi au large du nord du Japon, quelques jours après une secousse de niveau 7,5 dans la même zone, qui avait fait au moins 50 blessés. (AFP)
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  • La chaîne de télévision publique NHK a précisé qu'aucun changement notable du niveau de l'eau n'avait été observé dans les deux ports
  • L'Institut d'études géologiques américain USGS avait également mesuré à une magnitude de 6,7 cette secousse survenue à 11h44 (02H44 GMT), précisant qu'elle s'est produite à 130 kilomètres au large de Kuji, dans le département d'Iwate

TOKYO: Un séisme de magnitude 6,7 s'est produit vendredi au large du nord du Japon, quelques jours après une secousse de niveau 7,5 dans la même zone, qui avait fait au moins 50 blessés.

L'agence météorologique japonaise (JMA) avait dans un premier temps mis en garde contre des vagues de tsunami pouvant atteindre un mètre sur la côte Pacifique au nord.

Au final, des vagues atteignant 20 centimètres ont été enregistrées à deux endroits, sur l'île septentrionale d'Hokkaido et au nord de l'île principale de Honshu, a annoncé l'agence, qui a ensuite indiqué qu'il n'y avait plus de risque de tsunami.

La chaîne de télévision publique NHK a précisé qu'aucun changement notable du niveau de l'eau n'avait été observé dans les deux ports.

L'Institut d'études géologiques américain USGS avait également mesuré à une magnitude de 6,7 cette secousse survenue à 11h44 (02H44 GMT), précisant qu'elle s'est produite à 130 kilomètres au large de Kuji, dans le département d'Iwate, sur l'île principale de Honshu.

La NHK a précisé que l'intensité des secousses était inférieure à celle du tremblement de terre de lundi soir, qui avait fait tomber des objets des étagères, endommagé des routes, brisé des vitres et déclenché des vagues de tsunami atteignant 70 centimètres.

À la suite de ce premier séisme, un ordre d'évacuation a été émis jeudi pour les habitants vivant près d'une tour métallique de 70 mètres endommagée à Aomori (nord), ont rapporté des médias locaux, les autorités évoquant un risque d'effondrement.

L'Autorité de régulation nucléaire a de son côté indiqué qu'aucune anomalie n'avait été détectée dans les installations nucléaires de la région.

Après la secousse de lundi, la JMA avait adressé une rare mise en garde contre un éventuel nouveau tremblement de terre pour les sept jours suivants, d'une magnitude supérieure ou égale.

L'alerte concerne la zone de Sanriku - la pointe nord-est de la grande île de Honshu - ainsi que l'île septentrionale de Hokkaido.

La région est toujours traumatisée par le séisme de magnitude 9,0 de mars 2011, qui avait déclenché un tsunami, à l'origine de quelque 18.500 morts ou disparus.

En août 2024, la JMA avait émis son tout premier avertissement spécial, cette fois-ci pour la partie sud de la côte pacifique du Japon, face à l'éventualité d'une secousse de forte ampleur le long de la fosse de Nankai, au large du pays.

Cette fosse sous-marine de 800 kilomètres est la zone où la plaque océanique de la mer des Philippines "s'enfonce" lentement sous la plaque continentale sur laquelle repose le Japon.

Le gouvernement estime qu'un séisme dans la fosse de Nankai, suivi d'un tsunami, pourrait tuer jusqu'à 298.000 personnes et causer jusqu'à 2.000 milliards de dollars de dégâts.

L'avis de l'an dernier avait été levé une semaine plus tard, mais il avait provoqué des achats massifs de produits de base comme du riz et poussé des vacanciers à annuler leurs réservations.

Le Japon se trouve à la jonction de quatre grandes plaques tectoniques, sur la bordure occidentale de la "ceinture de feu" du Pacifique, et figure parmi les pays les plus actifs sismiquement au monde.

L'archipel, qui compte environ 125 millions d'habitants, subit quelque 1.500 secousses chaque année. La grande majorité sont légères, bien que les dégâts varient selon leur localisation et leur profondeur sous la surface terrestre.


Le Soudan du Sud annonce un accord avec les belligérants soudanais sur un champ pétrolier frontalier

Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé mercredi avoir conclu un accord avec les belligérants du conflit au Soudan voisin, chargeant l'armée sud-soudanaise de sécuriser un champ pétrolier-clé situé sur une zone frontalière, dont les paramilitaires soudanais se sont emparés lundi. (AFP)
Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé mercredi avoir conclu un accord avec les belligérants du conflit au Soudan voisin, chargeant l'armée sud-soudanaise de sécuriser un champ pétrolier-clé situé sur une zone frontalière, dont les paramilitaires soudanais se sont emparés lundi. (AFP)
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  • Le Kordofan est devenue l'épicentre actuel des combats, après la prise de contrôle en octobre de la totalité de celle du Darfour, dans l'ouest du pays, par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) qui affrontent les Forces armées soudanaises
  • "Un accord tripartite a été conclu entre les SSPDF (Forces armées sud-soudanaises), les SAF et les FSR, accordant aux SSPDF la responsabilité principale de la sécurité du champ pétrolier de Heglig (...) dans un contexte de tensions croissantes"

JUBA: Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé mercredi avoir conclu un accord avec les belligérants du conflit au Soudan voisin, chargeant l'armée sud-soudanaise de sécuriser un champ pétrolier-clé situé sur une zone frontalière, dont les paramilitaires soudanais se sont emparés lundi.

Le site de Heglig, qui abrite la principale installation de traitement du pétrole sud-soudanais destiné à l'exportation via Port-Soudan, est situé à l'extrême sud de la région soudanaise méridionale du Kordofan, frontalière du Soudan du Sud.

Le Kordofan est devenue l'épicentre actuel des combats, après la prise de contrôle en octobre de la totalité de celle du Darfour, dans l'ouest du pays, par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) qui affrontent les Forces armées soudanaises (SAF) depuis 2023.

"Un accord tripartite a été conclu entre les SSPDF (Forces armées sud-soudanaises), les SAF et les FSR, accordant aux SSPDF la responsabilité principale de la sécurité du champ pétrolier de Heglig (...) dans un contexte de tensions croissantes", a déclaré le porte-parole du gouvernement du Soudan du Sud, Ateny Wek Ateny.

Le Soudan du Sud, préoccupé par l'insécurité croissante le long du champ pétrolier, a "toujours plaidé en faveur d'une solution pacifique et diplomatique", a souligné M. Ateny lors d'une conférence de presse, sans donner de détails supplémentaires sur le contenu de l'accord.

Importantes réserves pétrolières 

"La production pétrolière se poursuit", a assuré le porte-parole, assurant ne pas avoir d'informations sur des "dégâts importants ayant pu faire cesser la production".

L'AFP n'a pas pu vérifier ces informations.

Contactés par l'AFP, le RSF et l'armée soudanaise n'ont pas réagi dans l'immédiat sur l'accord.

Les FSR ont annoncé en début de semaine avoir pris le contrôle de Heglig "après la fuite de l'armée" soudanaise.

Selon Juba, quelque 1.650 sous-officiers et 60 officiers ayant abandonné leurs positions sur le site pétrolier et déposé leurs armes au Soudan du Sud devraient être rapatriés vers le Soudan.

Les FSR ont cette semaine accusé l'armée soudanaise d'avoir mené une attaque de drone contre le champ pétrolier, qui aurait tué "des dizaines" de personnes, dont des ouvriers et des ingénieurs.

Lors de son indépendance du Soudan en 2011, le Soudan du Sud a hérité de 75% des réserves pétrolières du Soudan pré-sécession, mais, enclavé, continue de dépendre des infrastructures soudanaises pour l'exporter.

Malgré l'exploitation de ce pétrole, le plus jeune pays du monde connaît depuis des années une grande instabilité et un très fort taux de pauvreté.

Au Soudan, la guerre entre l'armée et les paramilitaires a tué depuis deux ans et demi des dizaines de milliers de personnes et provoqué le déplacement de douze millions d'habitants, mais aussi dévasté les infrastructures du pays.