Dans les cortège parisiens, l'angoisse montante d'une vie de "paria" non vacciné

Une pancarte brandie lors d'une manifestation anti pass sanitaire à Neuilly-sur-Seine le 7 août 2021. AFP
Une pancarte brandie lors d'une manifestation anti pass sanitaire à Neuilly-sur-Seine le 7 août 2021. AFP
Short Url
Publié le Samedi 07 août 2021

Dans les cortège parisiens, l'angoisse montante d'une vie de "paria" non vacciné

  • «Moi je bosse dans une mairie et mon élu va me faire la guerre», confie un manifestant non vacciné à un autre
  • «Moi, j'ai un ami qui a fait un AVC (accident vasculaire cérébral, ndlr) après sa deuxième dose, donc c'est non», lui soutient en réponse l'inconnu, dans une foule bruissant de rumeurs et d'inquiétudes

PARIS : Dans la mobilisation parisienne contre le pass sanitaire, derrière des profils très variés, la même angoisse sourde: celle de devenir du jour au lendemain, par refus du vaccin, un "citoyen de seconde zone". 

"Moi je bosse dans une mairie et mon élu va me faire la guerre", confie un manifestant non vacciné à un autre. "Moi, j'ai un ami qui a fait un AVC (accident vasculaire cérébral, ndlr) après sa deuxième dose, donc c'est non", lui soutient en réponse l'inconnu, dans une foule bruissant de rumeurs et d'inquiétudes. 

Aux pieds des Invalides, en attendant que le cortège organisé par les Patriotes de Florian Philippot (ancien numéro 2 du FN) ne s'ébranle, une marée de manifestants brandit des drapeaux tricolores et des pancartes "Libérons la France", sur une playlist allant de France Gall (Résiste) à Bella Ciao.

Les badges vendus sur un stand "Non au passe de la honte", "liberté vaccinale" et ceux à l'effigie du "King", le professeur Raoult, sont pris d'assaut. Cette manifestation rassemble au total 11.000 manifestants, selon le ministère de l'Intérieur. Plutôt que de grandes diatribes anti-Macron ou de débats politiques ou sociétaux, chacun y va de son anecdote personnelle, avec le besoin de témoigner des conséquences sur sa vie quotidienne que pourrait entraîner le refus du pass sanitaire, et très majoritairement de la vaccination elle-même.

Suzanne Petit, 30 ans de militantisme au Front National, évoque son "ras le bol de devoir montrer patte blanche" et embraie sur ses craintes pour la santé de son petit fils vacciné récemment. Puis sur les querelles de famille, avec "les vaccinés qui veulent nous obliger alors que nous on les oblige à rien du tout", dit la retraitée, son masque "Liberté" sur le visage.  

Enchantée par la foule compacte qui lui fait sentir "qu'elle n'est pas tant que ça une minorité", la retraitée revendique le respect des mesures barrières, qu'elle privilégie à "l'expérimentation", comme elle a renommé le vaccin. L'idée de pouvoir être sanctionnée pour son choix de la non-vaccination, un droit inaliénable pour elle, a aussi poussé pour la première fois dans la rue Flavie Dupont, 27 ans, ouvrière viticole en Bourgogne. "Demain si mon patron me demande ce vaccin, je perds mon travail", explique la jeune femme, arborant dreadlocks et barrette tricolore.

Dans le cortège qui scande "liberté, liberté" entrecoupés de Marseillaises solennelles, on appelle les soignants, les pompiers et les policiers à rejoindre le mouvement. "Depuis quelques jours on est devenus des parias de la société, des irresponsables. Mais ce que je dis est pourtant évident : je ne veux pas imposer à mon enfant de se faire vacciner pour aller au cinéma", harangue à la tribune, le sapeur-pompier Geoffrey Denis, qui a fait partie du mouvement des "gilets jaunes" avant de rejoindre la liste de Florian Philippot.

«Gentils», «méchants»

Dans l'autre principale manifestation parisienne du jour, celle qui refuse chaque week-end de défiler avec l'extrême droite, on trouve de nombreux "gilets jaunes", des infirmières en blouse blanche, des militants de la France Insoumise, réunis par leur opposition au pass sanitaire.

Dans ce cortège pluriel de plusieurs milliers de manifestants - 4.500 selon le ministère de l'Intérieur -, certains relaient des thèses complotistes. Telle une retraitée de 74 ans persuadée que "le Covid a été créé pour éliminer des gens parce qu'on est trop sur Terre, et permettre aux labos pharmaceutiques de faire du fric". D'autres qualifient le Conseil constitutionnel de "caverne des brigands". 

Mais on rencontre aussi beaucoup d'opposants modérés et de néophytes, qui n'ont jamais pris part aux mouvements sociaux du dernier quinquennat.  Comme Frédérique Baron, venue de l'Essonne avec sa pancarte : "Obligation vaccinale, serment d'Hippocrite". "Ce qui m'inquiète, c'est qu'on est en train de créer deux sociétés, avec d'un côté les gentils, de l'autre les méchants (..) Ceux qui se posent des questions n'ont même pas le droit de réfléchir", dit-elle. 

Y aurait-il, en chien de faïence, une France pour qui la vaccination est une évidence et une France pour qui son rejet en est une autre ? L'obligation de présenter un pass sanitaire - preuve de vaccination, de test négatif ou de maladie récente - dans certains lieux ou pour certaines activités publiques, met en tout cas au jour une fracture. 

Au milieu du cortège, Christophe Caproni manifeste même après avoir été vacciné. "Pour moi, on ne peut pas combattre une épidémie sans solidarité et dire aux non-vaccinés qu'ils sont irresponsables ou en faire des boucs émissaires, ça ne peut pas marcher", juge ce trentenaire, venu des Yvelines, qui dénonce une "mesure disproportionnée"

A Paris, 17.000 personnes ont participé aux manifestations, selon l'Intérieur.            


Budget, rentrée politique: Bayrou tiendra une conférence de presse lundi

Le Premier ministre français, François Bayrou, visite un poste de commandement de terrain à Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse, dans le sud de la France, où un incendie de forêt a ravagé une vaste zone, le 6 août 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, visite un poste de commandement de terrain à Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse, dans le sud de la France, où un incendie de forêt a ravagé une vaste zone, le 6 août 2025. (AFP)
Short Url
  • Le Premier ministre François Bayrou fait face à une rentrée politique tendue : un budget 2026 très critiqué et une opposition menaçant de renverser son gouvernement via une motion de censure
  • Malgré les tensions, Emmanuel Macron lui réaffirme son soutien, tandis que le gouvernement entame une série de concertations sociales et politiques pour tenter d’apaiser la situation

PARIS: Le premier ministre François Bayrou tiendra une conférence de presse lundi à 16H00, a annoncé samedi Matignon, alors que le chef du gouvernement aborde une rentrée politique très délicate, marquée par la préparation du budget 2026 et les appels à bloquer le pays le 10 septembre.

François Bayrou est notamment menacé d'une motion de censure depuis la présentation à la mi-juillet d'orientations budgétaires prévoyant près de 44 milliards d'euros d'économies l'an prochain.

"A la rentrée, il y aura forcément une confrontation entre le réel et les idéologies", a-t-il déclaré cette semaine à l'AFP après avoir passé un été studieux à Paris.

Le Premier ministre a préparé cette rentrée politique lors d'un dîner avec Emmanuel Macron, jeudi dernier dans la résidence présidentielle de vacances du fort de Brégançon.

Le chef de l'Etat lui a publiquement exprimé son soutien, dans une interview publiée par Paris Match.

François Bayrou "est mon ami... mon compagnon de route. Il a les capacités pour tenir ce gouvernement qui n'est pas habituel", a-t-il expliqué, jugeant son plan d'économies budgétaires "lucide et courageux".

Mais la France insoumise (LFI) a fait savoir qu'elle déposerait une motion de censure dès le 23 septembre, à reprise des débats à l'Asemblée nationale. Les autres partis de gauche, en particulier les socialistes, semblent prêt à la voter si les propositions de François Bayrou n'évoluent pas, et le Rassemblement national en fait aussi planer la menace.

Le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon a appelé vendredi à transformer en "grève générale" les appels à bloquer le pays le 10 septembre, lancés au départ sur les réseaux sociaux.

"Il nous faut la grève générale le 10 septembre parce que le 23 septembre, nous déposerons la motion de censure pour faire tomber le gouvernement de M.Bayrou", a-t-il lancé.

Le gouvernement de son côté va relancer les concertations lundi avec les partenaires sociaux, dans un premier temps, puis avec les forces politiques représentées au Parlement.

La ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet recevra à partir de lundi les organisations syndicales et patronales avant l'ouverture d'une négociation sur la "modernisation du marché du travail" et la "qualité du travail", selon son ministère.

Cette négociation est la troisième à laquelle François Bayrou veut inviter les partenaires sociaux, après celle sur une nouvelle réforme de l'assurance chômage et une autre sur la suppression de deux jours fériés, l'une de ses propositions budgétaires les plus contestées.

Par ailleurs, plusieurs ministres reprendront les discussions avec les groupes parlementaires de la coalition soutenant le gouvernement et ceux de l'opposition "au cours des deux semaines qui viennent", a indiqué à l’AFP le ministre des Relations avec le Parlement Patrick Mignola.


La rentrée de Radio France lundi menacée par une grève illimitée

Vue du siège de Radio France à Paris, le 8 juillet 2025. (AFP)
Vue du siège de Radio France à Paris, le 8 juillet 2025. (AFP)
Short Url
  • Les syndicats de Radio France ont déposé un préavis de grève illimitée à partir de lundi, protestant contre plusieurs réformes
  • Malgré des négociations, aucune concession majeure n’a été faite, mais la direction et les syndicats souhaitent trouver un accord rapidement pour préserver les programmes

PARIS: A Radio France, la rentrée s'annonce agitée: vent debout contre des projets de réorganisation, les syndicats appellent à une grève illimitée à partir de lundi, qui pourrait perturber les antennes du groupe public, dont la matinale de France Inter, la première du pays.

A la radio, les grilles de rentrée reprennent dès lundi, après la parenthèse estivale et avant celles des télévisions. La matinale d'Inter doit accueillir ce jour-là les premiers pas de sa recrue vedette, Benjamin Duhamel.

Le transfuge de BFMTV rejoint la voix principale de la matinale, Nicolas Demorand, après le départ de Léa Salamé pour le 20h00 de France 2.

Le préavis de grève illimitée a été déposé le 11 juillet par les syndicats CFDT, CGT, FO, SNJ, SUD et UNSA.

Ils rejettent plusieurs réformes voulues par la patronne du groupe, Sibyle Veil. Parmi elles, l'arrêt de la radio Mouv' sur la FM, des changements éditoriaux au sein d'Ici (ex-France Bleu, le réseau des radios locales publiques) et l'arrêt d'émissions d'investigation et de reportage.

"Madame la présidente (...), pour la première fois de notre histoire récente, la rentrée radiophonique pourrait ne pas avoir lieu", ont menacé les syndicats dans un communiqué commun jeudi.

Des discussions menées vendredi avec la direction n'ont pas abouti à la levée du préavis.

"Pour l'heure, la direction refuse la moindre concession ou de revenir sur les projets les plus néfastes pour les équipes et les antennes", ont déploré les syndicats dans un communiqué vendredi soir.

La direction du groupe a de son côté assuré samedi avoir "fait des propositions sur les différents sujets en cours de discussion, dans l'objectif d'une levée du préavis".

"Ceci n'ayant pas abouti ce jour, la direction se tient prête à la poursuite des négociations au plus vite: rendez-vous a été conjointement fixé lundi. Il y a, des deux côtés, une volonté de sortir de la situation au plus vite, dans l'intérêt des auditeurs", a-t-elle poursuivi.

Une première grève, très suivie, avait eu lieu du 26 au 29 juin.

Elle avait immédiatement été suivie d'une deuxième, mais pour un motif différent. Il s'agissait de protester contre le projet de réforme de l'audiovisuel public porté par la ministre de la Culture, Rachida Dati. Il prévoit de créer une holding, France Médias, qui chapeauterait France Télévisions, Radio France et l'INA (Institut national de l'audiovisuel).

Après un parcours parlementaire heurté, ce texte devrait revenir à l'Assemblée nationale à l'automne. Il a été adopté en juillet par le Sénat, où les débats ont été écourtés par le choix de la ministre d'employer l'arme constitutionnelle du vote bloqué.

Selon les dernières mesures d'audience de Médiamétrie, publiées début juillet, Radio France a enregistré une saison 2024-2025 record sur plusieurs antennes et France Inter a augmenté son avance comme première radio du pays.


Paris convoque l'ambassadrice d'Italie après des propos "inacceptables" de Matteo Salvini

Short Url
  • La France a convoqué l’ambassadrice d’Italie, Emanuela D’Alessandro, pour dénoncer les propos du vice-Premier ministre italien Matteo Salvini, jugés contraires au climat de confiance entre les deux pays
  • Salvini avait suggéré qu’Emmanuel Macron "y aille lui-même" en Ukraine, casque et fusil, provoquant un tollé diplomatique

PARIS: La France a convoqué l'ambassadrice d'Italie en France, Emanuela D'Alessandro, "à la suite des propos inacceptables" tenus par le vice-Premier ministre italien Matteo Salvini à l'encontre du président Emmanuel Macron pour son soutien à l'envoi de troupes en Ukraine, a-t-on appris vendredi de source diplomatique.

"Il a été rappelé à l’ambassadrice [convoquée jeudi, NDLR] que ces propos allaient à l’encontre du climat de confiance et de la relation historique entre nos deux pays mais aussi des récents développements bilatéraux, qui ont mis en évidence des convergences fortes entre les deux pays, notamment s’agissant du soutien sans faille à l’Ukraine", a-t-on précisé de source diplomatique, confirmant une information de la radio France Inter.

Interrogé lors d'un déplacement à Milan sur un éventuel déploiement de soldats italiens en Ukraine après un arrêt des hostilités, comme la France et le Royaume-Uni envisagent de le faire, Matteo Salvini avait suggéré qu'Emmanuel Macron "y aille lui-même" en mettant un casque et prenant un fusil.

Le chef du parti antimigrants Lega, proche de la cheffe de l'extrême droite française Marine Le Pen, avait déjà qualifié en mars le président français de "fou", l'accusant de pousser l'Europe à la guerre avec la Russie.

La France et le Royaume-Uni, qui ont pris la tête d'une "coalition des volontaires", envisagent de déployer des contingents en Ukraine comme garantie de sécurité pour prévenir une reprise des hostilités une fois qu'un cessez-le-feu ou un accord de paix aura été conclu entre Kiev et Moscou.

La Première ministre italienne Giorgia Meloni de son côté s'y refuse.