Le réchauffement de la planète s’accélère, des désastres «sans précédent» menacent l'humanité

Que ce soit en Californie, en Grèce, en Turquie ou ailleurs, les flammes qui ravagent les forêts et les zones habitées ne sont qu'une première salve de ce qui attend le monde dans les années à venir. (Photo, AFP)
Que ce soit en Californie, en Grèce, en Turquie ou ailleurs, les flammes qui ravagent les forêts et les zones habitées ne sont qu'une première salve de ce qui attend le monde dans les années à venir. (Photo, AFP)
«C'est à nous d'être courageux et de prendre des décisions basées sur les preuves scientifiques», a plaidé sur Twitter la jeune militante suédoise Greta Thunberg. (Photo, AFP)
«C'est à nous d'être courageux et de prendre des décisions basées sur les preuves scientifiques», a plaidé sur Twitter la jeune militante suédoise Greta Thunberg. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 10 août 2021

Le réchauffement de la planète s’accélère, des désastres «sans précédent» menacent l'humanité

  • A moins de trois mois de la conférence climat COP26 à Glasgow, le premier rapport d'évaluation depuis sept ans du Giec tire la sonnette d’alarme
  • Alors que la planète a gagné pour l'instant +1,1°C, le monde voit de ses propres yeux les conséquences déjà à l’œuvre : incendies, inondations et températures extrêmes

PARIS : Pire et plus vite qu'on le craignait. Le réchauffement de la planète pourrait atteindre le seuil de +1,5°C autour de 2030, dix ans plus tôt qu'estimé, menaçant de nouveaux désastres "sans précédent" l'humanité, déjà frappée par des canicules et inondations en série.

A moins de trois mois de la conférence climat COP26 à Glasgow, le constat choc des experts climat de l'ONU (Giec) publié lundi, sonne comme un branle-bas de combat : les humains sont "indiscutablement" responsables des dérèglements climatiques et n'ont d'autre choix que de réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre, s'ils veulent en limiter les dégâts.

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Peu avant la série noire des incendies, les inondations ont frappé partout, comme ici en Allemagne en juillet. (Photo, AFP)

 

Ce premier rapport d'évaluation depuis sept ans, adopté vendredi par 195 pays, passe en revue cinq scénarios d'émissions de gaz à effet de serre, du plus optimiste - certains diraient utopiste - à l'hypothèse du pire.

Dans tous les scénarios, la planète devrait atteindre le seuil de +1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle "au début des années 2030", soit "dix ans plus tôt" que la précédente estimation du Giec en 2018.

Ensuite, d'ici 2050, la hausse se poursuivrait au-delà de ce seuil - qui est une des limites-clés de l'Accord de Paris - même si le monde parvenait à réduire fortement les émissions de gaz à effet de serre.

Et si ces émissions ne sont pas drastiquement réduites, les +2°C seront dépassés au cours du siècle. Ce qui signerait l'échec de l'Accord de Paris et son objectif de limiter le réchauffement "bien en-deçà" de +2°C, si possible +1,5°C.

De pire en pire: les principaux points du rapport climat

Le nouveau rapport des experts climat de l'ONU (Giec), dévoilé lundi, montre sans équivoque que le climat change plus vite qu'on le craignait et que c'est la faute de l'humanité.

Voici un résumé des principaux points de cette première évaluation complète de la science climatique depuis 2014, réalisée par plus de 230 scientifiques de 66 nationalités en se basant sur 14.000 études publiées.

Bye bye +1,5°C

Dans tous les scénarios envisagés -- du plus optimiste ou plus pessimiste --, la température mondiale devrait atteindre +1,5°C ou +1,6°C par rapport à l'ère pré-industrielle autour de 2030. Soit dix ans plus tôt que la précédente estimation du Giec il y a trois ans.


D'ici la fin du siècle, le seuil de +1,5°C, une des limites clé de l'Accord de Paris, serait dépassé, d'un dixième de degré jusqu'à près de 1°C, selon les scénarios.


Toutefois, dans l'hypothèse la plus ambitieuse, la température pourrait revenir à 1,4°C d'ici la fin du siècle.

Les alliés du climat faiblissent

Depuis 1960, les forêts, sols et océans ont absorbé 56% du CO2 émis dans l'atmosphère par les activités humaines. Sans cette aide de la nature, la planète serait déjà beaucoup plus chaude et inhospitalière. 


Mais ces puits de carbone, alliés cruciaux dans le combat contre le changement climatique, montrent des signes de saturation, et le pourcentage de CO2 qu'ils absorbent devrait diminuer au cours du siècle.

La faute au réchauffement

Le rapport souligne les progrès exceptionnels de la "science de l'attribution", qui permet désormais de quantifier la part de responsabilité du réchauffement dans un événement météo extrême spécifique.


Les scientifiques ont par exemple montré que la canicule extraordinaire au Canada en juin 2021, avec des températures frôlant les 50°C, aurait été "presque impossible" sans le changement climatique. 

La mer monte

Le niveau des océans a augmenté d'environ 20 cm depuis 1900, et le rythme de cette hausse a triplé ces dix dernières années sous l'influence grandissante de la fonte des calottes glaciaires.


Même si le réchauffement est limité à +2°C, les océans pourraient gagner environ 50 cm au XXIe siècle et cette hausse pourrait atteindre près de 2 mètres d'ici 2300 -- deux fois plus qu'estimé par le Giec en 2019.


En raison de l'incertitude liée aux calottes, dans le scénario du pire, les experts ne peuvent pas exclure une augmentation de 2 mètres d'ici 2100.

Retour vers le futur

L'avancée des connaissances sur les climats du passé sert de mise en garde pour le monde d'aujourd'hui.


Par exemple, il y a 125.000 ans, dernière période où l'atmosphère était aussi chaude, le niveau de la mer était probablement 5 à 10 m plus haut qu'aujourd'hui.


Il y a trois millions d'années, quand la concentration de CO2 dans l'atmosphère équivalait à celle d'aujourd'hui et la température était 2,5 à 4°C plus élevée, le niveau de la mer montait jusqu'à 25 mètres plus haut. 

Le méthane sous les projecteurs

Le Giec n'avait jamais autant parlé du méthane, avec cette mise en garde: si les émissions de CH4, deuxième gaz à effet de serre le plus important après le CO2, ne sont pas réduites, cela pourrait saper les objectifs de l'Accord de Paris. 


Les concentrations de CH4 dans l'atmosphère -- auxquelles contribuent les fuites venues de la production de gaz, les mines, le traitement des déchets et le bétail -- dans l'atmosphère sont à leur plus haut depuis 800.000 ans.


Et il a un pouvoir de réchauffement bien plus important que le CO2, même s'il reste bien moins longtemps que lui dans l'atmosphère.

Différences régionales

Océans, terres, atmosphère, toute la planète se réchauffe mais certaines zones plus vite que d'autres.


En Arctique par exemple, la température moyenne des jours les plus froids devrait augmenter trois fois plus vite que le réchauffement mondial. Et si le niveau de la mer monte partout, il pourrait gagner jusqu'à 20% de plus que la moyenne sur de nombreux littoraux.

Points de bascule

Les modifications abruptes du système climatique à "faible probabilité" mais "impact important", appelés "point de ruptures" quand ils deviennent irréversibles, "ne peuvent pas être exclus". 


L'effondrement des calottes glaciaires capable de faire monter la mer de dizaines de mètres, le dégel du permafrost qui renferme des volumes immenses de carbone ou la transformation de l'Amazonie en savane en font partie. 

Courants atlantiques

La "circulation méridienne de retournement atlantique" (AMOC), système complexe de courants océaniques qui permettent de réguler la chaleur entre les tropiques et l'hémisphère nord, se ralentit, une tendance qui va "très probablement" se poursuivre pendant tout le siècle.


Le Giec estime également, avec un niveau de confiance "moyen", que l'AMOC pourrait complètement s'arrêter, ce qui entrainerait notamment des hivers plus durs en Europe et une perturbation des moussons en Afrique et en Asie.

«Ce n'est que la première salve»

Alors que la planète a gagné pour l'instant +1,1°C, le monde voit de ses propres yeux les conséquences déjà à l’œuvre. Encore plus cet été, avec les images de flammes ravageant l'Ouest américain, la Grèce ou la Turquie, des flots submergeant des régions d'Allemagne ou de Chine, ou un thermomètre qui frôle les 50°C au Canada.

"Vous nous parlez depuis plus de 30 ans des dangers de laisser la planète se réchauffer. Le monde a écouté, mais n'a pas entendu", a déclaré Inger Andersen, patronne de l'ONU-Environnement. Résultat: "Personne n'est en sécurité. Et c'est de pire en pire de plus en plus vite".

Même à +1,5°C, les canicules, inondations et autres événements extrêmes vont augmenter de manière "sans précédent" en termes d'ampleur, de fréquence, d'époque de l'année où elles frapperont et de zones touchées, prévient le Giec.

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Hormis le réchauffement climatique, l'activité humaine ne cesse de détruire des écosystèmes et de raréfier les ressources naturelles. (Photos, AFP)
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"Ce rapport devrait faire froid dans le dos à quiconque le lit (...) Il montre où nous en sommes et où nous allons : dans un trou qu'on continue de creuser", a commenté le climatologue Dave Reay.

Face à cet avenir apocalyptique, les appels à agir se multiplient et tous les regards se tournent vers Glasgow où se réuniront en novembre les dirigeants du monde entier.

"Nous savons ce qu'il faut faire pour limiter le réchauffement de la planète: reléguer aux oubliettes le charbon et passer à des sources d'énergie renouvelables, protéger la nature et financer le climat", a réagi le Premier ministre britannique Boris Johnson.

"Nous ne pouvons pas attendre (...) Tous les pays doivent prendre des mesures courageuses", a renchéri l'envoyé spécial américain pour le climat John Kerry, tandis que la Commission européenne assurait qu'il n'est "pas trop tard pour endiguer la tendance".

"Scellons un accord à la hauteur de l'urgence!", a twitté le président français Emmanuel Macron, assurant que le pays "restera du côté de ceux qui agissent".

Alors qu'il faudrait réduire les émissions de CO2 de moitié d'ici 2030 pour tenir le +1,5°C, "ce rapport doit sonner le glas du charbon et des énergies fossiles avant qu'ils ne détruisent notre planète", a de son côté plaidé le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, accusant ces énergies et la déforestation "d'étouffer la planète".

Vers +4° ou +5° au rythme actuel 

"Il n'y a pas le temps d'attendre et pas de place pour les excuses" après cette "alerte rouge pour l'humanité" lancée par le Giec, a-t-il insisté.

Mais à ce stade, seule la moitié des gouvernements ont révisé leurs engagements d'émissions de gaz à effet de serre. La précédente série d'engagements, pris dans la foulée de l'Accord de Paris de 2015, conduirait à un monde à +3°C, s'ils étaient respectés, mais au rythme actuel, le monde se dirige plutôt vers +4°C ou +5°C.

Au milieu de ses sombres projections, le Giec apporte malgré tout un espoir auquel se raccrocher.

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Autre conséquence du dérèglement climatique: la multiplication des catastrophes naturelles, comme les ouragans et les typhons, dont les dégâts se chiffrent en milliards de dollars chaque année. Sur cette photo, une ville aux Philippines réduite à néant après le passage d'un typhon. (Photo, AFP)

Dans le meilleur scénario, la température pourrait revenir sous le seuil de 1,5°C d'ici la fin du siècle, en coupant drastiquement les émissions et en absorbant plus de CO2 qu'on en émet.

La question des solutions au changement climatique sera traitée dans le troisième volet du rapport attendu en mars 2022. Le deuxième volet sur les impacts, prévu en février, montre lui en détails comment la vie sur Terre sera inéluctablement transformée d'ici 30 ans, voire plus tôt, selon une version préliminaire obtenue par l'AFP.

Conséquences irréversibles 

D'ores et déjà le premier volet prévient de certaines conséquences déjà "irréversibles" (augmentation du niveau des océans, fonte de la calotte glaciaire de l'Antarctique,  mort des forêts).

Mais ce n'est pas une raison pour abandonner le combat, au contraire, insistent scientifiques et militants.

"C'est à nous d'être courageux et de prendre des décisions basées sur les preuves scientifiques", a plaidé sur Twitter la jeune militante Greta Thunberg. "Nous pouvons encore éviter les pires conséquences, mais pas si nous continuons comme aujourd'hui et pas sans traiter la crise comme une crise".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.