Algérie: plus de 65 morts dans les incendies qui ravagent le nord

De la fumée s'échappe d'un incendie de forêt dans les collines avoisinants ce village de haute Kabylie, le 10 août 2021. (Photo fournie)
De la fumée s'échappe d'un incendie de forêt dans les collines avoisinants ce village de haute Kabylie, le 10 août 2021. (Photo fournie)
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Publié le Mercredi 11 août 2021

Algérie: plus de 65 morts dans les incendies qui ravagent le nord

  • Une cinquantaine d'incendies «d'origine criminelle» et attisés par un épisode de canicule
  • Ces incendies surviennent au milieu d'un été caniculaire marqué par une raréfaction de l'eau

ALGER: Au moins 65 personnes parmi lesquelles 28 militaires ont perdu la vie dans les incendies qui ravagent depuis lundi soir le nord de l'Algérie, notamment en Kabylie, selon un nouveau bilan fourni mercredi par la télévision nationale algérienne.

"Le bilan des incendies de forêts est passé à 65 morts (28 militaires et 37 civils), pour la plupart dans la wilaya de Tizi Ouzou", a rapporté la télévision, ajoutant que 12 militaires étaient par ailleurs "hospitalisés dans un état critique".

Ces incendies, pour lesquels les autorités ont évoqué des pistes "criminelles", touchent plusieurs régions de Kabylie, notamment Tizi Ouzou. Des images impressionnantes, accompagnées d'appels à l'aide, circulent sur les réseaux sociaux, avec des troncs calcinés, du bétail agonisant, asphyxié, et des villages assiégés.

Le président Abdelmadjid Tebboune a lui déploré sur Twitter la mort de 25 militaires qui tentaient d'éteindre les incendies, présentant ses condoléances aux familles des victimes. 

"C'est avec une grande tristesse que j'ai appris la mort en martyrs de 25 militaires après qu'ils aient réussi à secourir plus d'une centaine de citoyens des flammes, dans les montagnes de Bejaïa et Tizi Ouzou", a écrit le président. 

De son côté, le Premier ministre a affirmé à la télévision qu'Alger est "à un stade avancé de discussions avec des partenaires européens pour louer des avions anti-incendie", sans citer les pays contactés.

Le ministère de la Défense nationale a précisé que 14 autres militaires souffraient de brûlures à différents degrés.

Leur intervention a "permis de sauver des flammes 110 citoyens: hommes, femmes et enfants", ajoute le ministère dans un communiqué.

Des images impressionnantes des incendies circulent sur les réseaux sociaux, avec des troncs calcinés, du bétail agonisant, asphyxié, et des villages encerclés par la fumée tandis que les collines alentours rougeoient.

 

Près de Tizi Ouzou, un homme blessé, couvert de bandages, marche dans une rue le crâne couvert de cendres, d'autres sont portés sur des brancards, a constaté un photographe de l'AFP.

Des appels circulent sur les réseaux sociaux comme Instagram pour fournir des bandages, du tulle gras ou encore de la crème pour les brûlures à des hôpitaux ou centres de crise à court de matériel.

Des vents propagent les feux et compliquent la tâche des secouristes, a précisé Youcef Ould Mohamed, le conservateur local des forêts, cité par l'APS.

Paysages de désolation en Kabylie

TIZI OUZOU: En haute Kabylie, dans la région de Tizi Ouzou, des dizaines de villages sont encerclés par les feux. De nombreux habitants ont quitté précipitamment leurs habitations pour se réfugier dans des villages moins affectés. 

Partout, dominent des paysages de désolation.

 

« Origine criminelle »

Une cinquantaine d'incendies "d'origine criminelle" et attisés par un épisode de canicule ont débuté lundi soir dans le nord de l'Algérie, notamment en Kabylie, selon le ministre de l'Intérieur Kamel Beldjoud, qui s'est rendu accompagné d'une délégation ministérielle à Tizi Ouzou, l'une des villes les plus peuplées de la région.

"Cinquante départs de feu en même temps, c'est impossible. Ces incendies sont d'origine criminelle ", a affirmé M. Beldjoud.

Selon le Premier ministre, Aïmène Benabderahmane, plus de 70 incendies ont éclaté dans 18 wilayas (préfectures) du nord du pays. La protection civile a elle fait état d'une centaine de feux dans 16 wilayas.

Les villes de Bouira, Sétif, Khenchela, Guelma, Bejaïa, Bordj Bou Arreridj, Boumerdès, Tiaret, Medea, Tébessa, Blida et Skikda sont touchées, a indiqué sur Twitter la direction générale de la protection civile.

La radio publique algérienne a annoncé l'arrestation de trois "pyromanes" à Médéa (nord) où un incendie s'est aussi déclaré. Un quatrième a été arrêté à Annaba, selon l'APS.

L'Algérie connait un été caniculaire marqué par une raréfaction de l'eau dans le pays. Les services météorologiques prévoient mardi des températures allant jusqu'à 46 degrés.

Lors d'un Conseil des ministres tenu le 25 juillet, le président Abdelamdjid Tebboune a ordonné l'élaboration d'un projet de loi punissant sévèrement les auteurs d'incendies criminels de forêts, avec des peines allant jusqu'à 30 ans de prison ferme, voire la perpétuité si l'incendie a causé la mort d'individus.

Début juillet, trois personnes soupçonnées d'être impliquées dans des incendies ayant ravagé 1.500 hectares de forêts dans le massif des Aurès (nord-est de l'Algérie) avaient été arrêtées.

La catastrophe n'a pas empêché la JSK (Jeunesse Sportive de Kabylie), le club de football phare de la région, de jouer et remporter la Coupe d'Algérie mercredi soir à Alger, en présence de hauts responsables, suscitant certaines réactions outrées sur les réseaux sociaux.  

Pays le plus étendu d'Afrique, l'Algérie ne compte que 4,1 millions d'hectares de forêts, avec un maigre taux de reboisement de 1,76%.

Chaque année, le pays est touché par des feux de forêt. En 2020, près de 44.000 hectares de taillis sont partis en fumée. Les autorités avaient annoncé avoir arrêté plusieurs auteurs d'incendies criminels.

Les incendies qui se multiplient à travers le globe sont associés à divers phénomènes anticipés par les scientifiques en raison du réchauffement de la planète.

L'augmentation de la température, la multiplication des canicules et la baisse des précipitations par endroit est une combinaison idéale pour le développement des feux.

La chaleur extrême doit se poursuivre jusqu'en fin de semaine au Maghreb, jusqu'au 15 août selon les services météorologiques algériens, avec des  températures atteignant 46 degrés.


En Tunisie voisine, la capitale Tunis a battu mardi son record absolu, avec 49 degrés. Une quinzaine de départs de feu ont été enregistrés dans le nord et le nord-ouest, sans heureusement faire de victime, selon Moez Triaa, porte-parole de la protection civile.


Sur la rive nord de la Méditerranée, la Grèce et la Turquie ont été les plus touchés ces deux dernières semaines, avec une série d'incendies violents qui ont fait huit morts sur les côtes turques et trois morts en Grèce.

(Avec AFP)


Syrie: neuf morts dans des affrontements entre forces de sécurité et combattants druzes près de Damas

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
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  • Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité "
  • "La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué

DAMAS: Neuf personnes ont été tuées dans des affrontements entre les forces de sécurité syriennes et des combattants de la minorité druze à Jaramana, dans la banlieue de Damas, sur fond de tension confessionnelle, selon un nouveau bilan mardi d'une ONG.

Ces violences interviennent un mois après des massacres qui ont visé la minorité alaouite, faisant des centaines de morts, dans le pays où la coalition islamiste qui a pris le pouvoir en décembre est scrutée par la communauté internationale.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), "les forces de sécurité ont lancé un assaut" contre la banlieue à majorité druze de Jaramana, après la publication sur les réseaux sociaux d'un message vocal attribué à un druze et jugé blasphématoire envers l'islam.

L'OSDH, basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un solide réseau de sources en Syrie, a précisé que six combattants locaux de Jaramana et trois "assaillants" avaient été tués.

Plusieurs habitants de Jaramana joints au téléphone par l'AFP ont indiqué avoir entendu des échanges de tirs dans la nuit.

"Nous ne savons pas ce qui se passe, nous avons peur que Jaramana devienne un théâtre de guerre", a affirmé Riham Waqaf, une employée d'une ONG terrée à la maison avec son mari et ses enfants.

"On devait emmener ma mère à l'hôpital pour un traitement, mais nous n'avons pas pu" sortir, a ajouté cette femme de 33 ans.

Des combattants locaux se sont déployés dans les rues et aux entrées de la localité, demandant aux habitants de rester chez eux, a dit à l'AFP l'un de ces hommes armés, Jamal, qui n'a pas donné son nom de famille.

"Jaramana n'a rien connu de tel depuis des années". La ville est d'habitude bondée, mais elle est morte aujourd'hui, tout le monde est à la maison", a-t-il ajouté.

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants.

 "Respecter l'ordre public" 

Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité de ce qui s'est produit et de toute aggravation de la situation".

"La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué.

Il a dénoncé dans le même temps "toute atteinte au prophète Mahomet" et assuré que le message vocal était fabriqué "pour provoquer la sédition".

Le ministère de l'Intérieur a souligné mardi "l'importance de respecter l'ordre public et de ne pas se laisser entraîner dans des actions qui perturberaient l'ordre public".

Il a ajouté qu'il enquêtait sur le message "blasphématoire à l'égard du prophète" Mahomet pour identifier l'auteur et le traduire en justice.

Les druzes, une minorité ésotérique issue de l'islam, sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël.

Dès la chute du pouvoir de Bachar al-Assad le 8 décembre en Syrie, après plus de 13 ans de guerre civile, Israël multiplié les gestes d'ouverture envers cette communauté.

Début mars, à la suite d'escarmouches à Jaramana, Israël avait menacé d'une intervention militaire si les nouvelles autorités syriennes s'en prenaient aux druzes.

Ces propos ont été immédiatement rejetés par les dignitaires druzes, qui ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie. Leurs représentants sont en négociation avec le pouvoir central à Damas pour parvenir à un accord qui permettrait l'intégration de leurs groupes armés dans la future armée nationale.

Depuis que la coalition islamiste dirigée par Ahmad al-Chareh, qui a été proclamé président intérimaire, a pris le pouvoir, la communauté internationale multiplie les appels à protéger les minorités.

Début mars, les régions du littoral dans l'ouest de la Syrie ont été le théâtre de massacres qui ont fait plus de 1.700 tués civils, en grande majorité des alaouites, selon l'OSDH.


Gaza 2025: 15 journalistes tués, selon le Syndicat des journalistes palestiniens

 Les violences contre les journalistes interviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. (AFP)
Les violences contre les journalistes interviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. (AFP)
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  • Le dernier rapport du syndicat fait état d'une augmentation des arrestations, des menaces et du harcèlement des journalistes par les Israéliens
  • Le syndicat a également enregistré 49 menaces de mort proférées à l'encontre de journalistes

LONDRES: Au moins 15 professionnels des médias ont été tués à Gaza depuis le début de l'année 2025, selon un nouveau rapport publié par le Syndicat des journalistes palestiniens.

Le rapport, publié ce week-end par le comité des libertés du syndicat chargé de surveiller les violations commises par Israël à l’encontre des journalistes, souligne la persistance du ciblage direct des professionnels des médias.

Sept journalistes ont été tués en janvier et huit en mars, selon le rapport.

Par ailleurs, les familles de 17 journalistes ont été endeuillées, tandis que les habitations de 12 autres ont été détruites par des tirs de roquettes et d’obus. De plus, 11 personnes ont été blessées au cours de ces attaques.

Le rapport note que la violence à l'encontre des équipes de journalistes ne se limite pas aux attaques mortelles. Il fait état de l'arrestation de 15 journalistes, à leur domicile ou alors qu'ils étaient en mission. Certains ont été libérés quelques heures ou quelques jours plus tard, tandis que d'autres sont toujours en détention.

Le syndicat a également enregistré 49 menaces de mort proférées à l'encontre de journalistes, dont beaucoup ont été avertis d'évacuer les zones qu'ils couvraient.

Le rapport relève également une intensification du harcèlement judiciaire, avec plus d’une dizaine de cas où des journalistes – en majorité issus du quotidien Al-Quds, basé en Cisjordanie – ont été convoqués pour interrogatoire et se sont vu interdire de couvrir des événements aux abords de la mosquée Al-Aqsa et dans la vieille ville de Jérusalem.

En Cisjordanie occupée, environ 117 journalistes ont été victimes d'agressions physiques, de répression ou d'interdictions de reportage, en particulier à Jénine et à Jérusalem. La commission a également recensé 16 cas de confiscation ou de destruction de matériel de travail.

Les violences à l'encontre des journalistes surviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. Les forces israéliennes ont intensifié leur offensive, coupant les approvisionnements vitaux des 2,3 millions d'habitants de Gaza, laissant l'enclave au bord de la famine.

Les actions d'Israël font désormais l'objet d'audiences à la Cour internationale de justice de La Haye, où Tel-Aviv est accusé de violer le droit international en restreignant l'aide humanitaire à Gaza.

Le bilan humanitaire est catastrophique.

Selon le ministère de la santé de Gaza, plus de 61 700 personnes ont été tuées à Gaza depuis qu'Israël a lancé son offensive le 7 octobre 2023. Plus de 14 000 autres sont portées disparues et présumées mortes, les civils constituant la grande majorité des victimes.

Le Comité pour la protection des journalistes, organisme de surveillance de la liberté de la presse basé à Washington, a également lancé un signal d’alarme face au nombre élevé de journalistes tués, indiquant qu’au moins 176 d’entre eux – en grande majorité des Palestiniens – ont perdu la vie depuis le début de l’offensive israélienne sur les territoires occupés.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'armée israélienne a frappé plus de 50 «cibles terroristes» au Liban au cours du dernier mois

Un homme prend des photos après des frappes israéliennes suite aux ordres d'évacuation, dans la banlieue sud de Beyrouth, le 27 avril 2025. (AFP)
Un homme prend des photos après des frappes israéliennes suite aux ordres d'évacuation, dans la banlieue sud de Beyrouth, le 27 avril 2025. (AFP)
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  • Dimanche, Israël a frappé le sud de Beyrouth pour la troisième fois depuis l'entrée en vigueur du fragile cessez-le-feu du 27 novembre
  • Le Premier ministre israélien Netanyahu a promis d'empêcher le Hezbollah d'utiliser la banlieue sud de Beyrouth comme "refuge"

JERUSALEM : L'armée israélienne a déclaré lundi qu'elle avait frappé plus de 50 "cibles terroristes" au Liban au cours du mois dernier, malgré le cessez-le-feu de novembre qui a mis fin à la guerre entre Israël et les militants du Hezbollah.
Dimanche, Israël a frappé le sud de Beyrouth pour la troisième fois depuis l'entrée en vigueur du fragile cessez-le-feu du 27 novembre, ce qui a incité le président libanais Joseph Aoun à demander à la France et aux États-Unis, qui en sont les garants, d'y mettre fin.
"Au cours du mois dernier, les forces de défense israéliennes ont frappé plus de 50 cibles terroristes au Liban. Ces frappes ont été menées à la suite de violations du cessez-le-feu et des accords entre Israël et le Liban, qui constituaient une menace pour l'État d'Israël et ses citoyens", a déclaré l'armée dans un communiqué.
Le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré que la frappe de dimanche visait un bâtiment utilisé par le Hezbollah pour stocker des "missiles guidés avec précision" et a promis d'empêcher le groupe militant soutenu par l'Iran d'utiliser la banlieue sud de Beyrouth comme "refuge".
Le chef du Hezbollah, Naim Qassem, a déclaré dans un discours lundi que l'attaque "n'a aucune justification" et l'a qualifiée d'"attaque politique visant à changer les règles par la force".
Israël a continué à mener des frappes régulières au Liban malgré la trêve, qui visait à mettre fin à plus d'un an d'hostilités avec le Hezbollah, lesquelles ont culminé avec une campagne de bombardements israéliens intensifs et une incursion terrestre.
En vertu de cet accord, le Hezbollah devait retirer ses combattants au nord du fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres de la frontière israélienne, et démanteler toute infrastructure militaire restante au sud.
Israël devait retirer toutes ses forces du Sud-Liban, mais des troupes restent sur cinq positions jugées "stratégiques".