L'eau, parent pauvre du plan de Biden pour les infrastructures?

Les écologistes espèrent que davantage de fonds seront consacrés au sujet dans le programme pharaonique de dépenses sociales et environnementales de 3 500 milliards de dollars voulu par le président Joe Biden. (AFP)
Les écologistes espèrent que davantage de fonds seront consacrés au sujet dans le programme pharaonique de dépenses sociales et environnementales de 3 500 milliards de dollars voulu par le président Joe Biden. (AFP)
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Publié le Mardi 10 août 2021

L'eau, parent pauvre du plan de Biden pour les infrastructures?

  • Les pires incidents ont été enregistrés dans la ville majoritairement noire de Mount Vernon, à une trentaine de kilomètres de New-York,
  • Les écologistes ont salué le plan mais affirment que les fonds destinés aux projets liés à l'eau sont insuffisants étant donné l'étendue du problème

NEW YORK: Loin des yeux, sous la terre: les problèmes engendrés par des canalisations parfois vieilles de plusieurs décennies dans les villes américaines restent souvent cachés et ont tendance à être négligés pendant des années avant d'exploser au grand jour.


Le mois dernier, l'office des eaux de la ville de Clarksburg, en Virginie-Occidentale, a annoncé que des niveaux élevés de plomb avaient été détectés chez des enfants dans trois foyers. Les autorités ont aussitôt remplacé les canalisations et lancé un programme d'évaluation de tout le système.


"Je ne pense pas qu'ils soient conscients de l'étendue du problème", estime James Griffin, président de l'organisation "Festival du patrimoine noir de Virginie-Occidentale", qui a récemment organisé une rencontre de quartier avec un responsable de l'office des eaux.


Cette dernière crise a éclaté alors que le Sénat est sur le point d'adopter un plan d'un montant de 1 200 milliards de dollars pour améliorer les infrastructures et aller vers l'énergie dite propre.


Les écologistes ont salué le plan mais affirment que les fonds destinés aux projets liés à l'eau sont insuffisants étant donné l'étendue du problème.


Ils espèrent que davantage de fonds seront consacrés au sujet dans le programme pharaonique de dépenses sociales et environnementales de 3 500 milliards de dollars voulu par le président Joe Biden, qui pourrait être adopté plus tard cette année malgré l'opposition des républicains.


"C'est un début", dit à propos du plan sur les infrastructures Tracy Brown, directrice régionale pour la protection de l'eau à Save the Sound.

Un système débordé 
Cette organisation, qui se concentre sur le Long Island Sound, un bras de mer, et d'autres cours d'eau dans les Etats de New York et du Connecticut, presse les responsables locaux de s'attaquer aux problèmes d'eaux usées qui forcent régulièrement les plages locales à fermer après de fortes pluies.


Le groupe a recensé 164 débordements d'eaux d'égouts dans le comté de Westchester, près de New York, entre 2010 et 2019, et pointe du doigt la diminution du soutien fédéral comparé aux années 1970, quand la majorité du réseau a été construit.


"Les ruptures sont provoquées par des dégradations dans des canalisations vieillissantes et mal entretenues qui se fissurent ou ne fonctionnent plus", selon un rapport de novembre 2020.


Les pires incidents ont été enregistrés dans la ville majoritairement noire de Mount Vernon, à une trentaine de kilomètres de New-York, où les habitants doivent parfois collecter leurs propres excréments et les vider dans une bouche d’égouts.


Une femme a affirmé à une émission locale que ses petits-enfants appelaient sa maison "la maison à excrément".


La ville, qui a été poursuivie en justice par l'agence fédérale de protection de l'environnement pour ces problèmes d’égouts, estime que le coût des réparations pourrait dépasser les 100 millions de dollars.


"C'est souterrain", explique Mme Brown. "Les gens veulent investir dans des choses qu'ils peuvent voir, comme les routes, les ponts et la police".

Vieilles maisons 
En Virginie-Occidentale, l'office des eaux de Clarksburg a testé 228 maisons et a trouvé six cas de niveaux élevés de plomb, selon le directeur général Jason Myers.


L'office a remplacé les canalisations allant des rues vers les maisons et a fourni de l'eau en bouteille à plus de 500 foyers.


Mais dans cette ville, il pourrait aussi y avoir du plomb dans les tuyaux à l'intérieur des maisons, car la plupart ont été construites des dizaines d'années avant qu'on ne connaisse les dangers du plomb.


"Je soupçonne que ce soit assez répandu", dit Michael McCawley, professeur à l'école de santé publique de l'université de Virginie-Occidentale.


"Il est essentiel d'avoir un programme national, parce que si vous laissez ça aux autorités locales, elles ne vont pas avoir assez d'impôts pour entretenir les infrastructures", ajoute-t-il.


Le Conseil de défense des ressources naturelles estime que s'attaquer au problème du plomb à travers le pays coûtera 45 milliards de dollars. Mais la proposition du Sénat ne prévoit que 15 milliards pour ce sujet.


"C'est un pas dans la bonne direction, mais nous avons besoin de beaucoup plus", affirme Becky Hammer, directrice adjointe du Conseil pour la politique fédérale en matière d'eau.


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
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  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.


Espagne: amende de 64 millions d'euros contre Airbnb pour avoir publié des annonces de logements interdits

Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
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  • L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation
  • "Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux"

MADRID: Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays.

En Espagne, les plateformes de location de courte durée suscitent un vif débat, surtout dans les grandes villes touristiques, où de nombreux habitants leur reprochent de contribuer à la flambée des loyers.

L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation, ajoutant que la plateforme basée aux Etats-Unis devait désormais "corriger les manquements constatés en supprimant les contenus illégaux".

"Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux", a critiqué le ministre de la Consommation, Pablo Bustinduy, cité dans le communiqué.

"Aucune entreprise en Espagne, aussi grande ou puissante soit-elle, n'est au-dessus des lois", a-t-il poursuivi.

L'Espagne a accueilli en 2024 un nombre record de 94 millions de visiteurs, ce qui en fait la deuxième destination touristique dans le monde derrière la France. Ce chiffre pourrait être battu cette année.

Mais si le tourisme est un moteur de l'économie, de nombreux Espagnols dénoncent la congestion des infrastructures, la disparition des commerces traditionnels, remplacés par des boutiques touristiques, et surtout la flambée des loyers, les propriétaires de logements se tournant vers la location touristique, y compris sur Airbnb, nettement plus rentable.

Face à cette poussée de colère, plusieurs régions et municipalités ont annoncé des mesures ces derniers mois, à l'image de la mairie de Barcelone (nord-est), qui a promis de ne pas renouveler les licences de quelque 10.000 appartements touristiques, qui expireront en novembre 2028.

 


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
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  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.