Aux abois, Bolsonaro assiste à un défilé militaire inédit à Brasilia

Flanqué des chefs de l'Armée de Terre, de l'Air et de la Marine et de plusieurs ministres dont celui de la Défense, Jair Bolsonaro a suivi le défilé d'un convoi de chars d'assaut et de blindés devant le Palais de Planalto, siège de la présidence. (Photo, AFP)
Flanqué des chefs de l'Armée de Terre, de l'Air et de la Marine et de plusieurs ministres dont celui de la Défense, Jair Bolsonaro a suivi le défilé d'un convoi de chars d'assaut et de blindés devant le Palais de Planalto, siège de la présidence. (Photo, AFP)
Un groupe d'opposants à Bolsonaro ont fait irruption dans le défilé pour protester contre les politiques du président, avant d'être arrêtés par les militaires. (Photo, AFP)
Un groupe d'opposants à Bolsonaro ont fait irruption dans le défilé pour protester contre les politiques du président, avant d'être arrêtés par les militaires. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 11 août 2021

Aux abois, Bolsonaro assiste à un défilé militaire inédit à Brasilia

  • Le président tente une démonstration de force et d'intimidation alors qu’il est visé par plusieurs enquêtes et dont la popularité a fondu
  • L'ancien capitaine de l'Armée utiliserait le défilé de blindés pour montrer que les militaires sont de son côté et soutiennent ses demandes

BRASILIA : Jair Bolsonaro a assisté mardi à un défilé militaire inédit à Brasilia, une tentative de démonstration de force et d'intimidation de la part d'un président visé par plusieurs enquêtes et dont la popularité a fondu, estiment les analystes.

Le président d'extrême droite a assisté à ce défilé dans un climat de crise aiguë, la Cour suprême et le Tribunal supérieur électoral (TSE) ayant ont ouvert des enquêtes à son encontre après ses attaques répétées contre le système électoral.

Flanqué des chefs de l'Armée de Terre, de l'Air et de la Marine et de plusieurs ministres dont celui de la Défense, Jair Bolsonaro a suivi le défilé d'un convoi de chars d'assaut et de blindés devant le Palais de Planalto, siège de la présidence.

Officiellement, la cérémonie était destinée à la remise au chef de l'Etat d'une invitation à un exercice militaire annuel ayant lieu depuis 1988 à 80 km de la capitale, à Formosa, dans l'Etat de Goias.

Mais les analystes ont souligné que c'était la première fois qu'un défilé de blindés et autres véhicules militaires avait lieu devant le siège des trois pouvoirs dans la capitale depuis le retour de la démocratie au Brésil en 1985.

Cette initiative a été interprétée comme une tentative de démonstration de force à l'heure où la popularité de l'ancien capitaine de l'Armée est en chute prononcée et où il est l'objet d'enquêtes notamment pour "diffusion de fausses informations" autour du système électoral.

Pour Mauricio Santoro, professeur en sciences politiques de l'Université d'Etat de Rio (UERJ), Bolsonaro "utilise ce défilé de blindés pour intimider la Cour suprême et le Parlement".

Il veut "montrer que les forces armées sont de son côté et soutiennent ses demandes, même les plus controversées, comme le retour au vote papier", explique-t-il à l'AFP.

La participation des forces armées aux "manoeuvres politiques" de Bolsonaro est inédite depuis la fin de la dictature, ajoute-t-il, "personne ne les avait utilisées de cette manière jusqu'ici".

Lors du défilé qui a duré une dizaine de minutes, une petite foule de ses partisans s'est réunie devant la présidence, certains exhibant des pancartes réclamant une intervention militaire pour "sauver le Brésil".

"Bolsonaro gouverne très bien et les militaires font partie de son gouvernement", a déclaré à l'AFP Marissa Soares Gil, une retraitée. "Je ne ressens ni effroi, ni panique, au contraire je soutiens les forces armées, elles nous protègent contre les forces ennemies".

Mais ce défilé a lieu au moment où les députés doivent se pencher sur une proposition de révision constitutionnelle qui modifierait le système électoral, dont Bolsonaro assure qu'il a entraîné des fraudes et l'a privé d'une victoire dès le premier tour en 2018.

Bolsonaro, comme la Marine, ont nié tout lien entre le défilé, organisé par cette dernière, et ces débats.

De plus en plus discrédité en raison notamment de sa gestion de la pandémie de coronavirus, Bolsonaro veut se représenter en 2022 mais les sondages lui promettent une cinglante défaite face à son ennemi juré, l'ancien président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva.

Le chef de l'Etat a contre-attaqué ces dernières semaines en multipliant les allégations de fraude électorale avec l'actuel système de vote électronique. Il s'en est pris aux juges de la Cour suprême et du TSE.

Sans réclamer la remise en cause du vote électronique en vigueur depuis 1996 au Brésil, il exige l'impression sur papier d'une preuve de vote afin de permettre un recomptage des bulletins en cas de contestation.

C'est sur ce thème qu'il a mobilisé des milliers de manifestants ces derniers week-ends dans les rues de grandes villes brésiliennes. Tout en menaçant d'agir "en dehors de la Constitution".

Le gouvernement de Bolsonaro est aussi sur le grill d'une commission d'enquête sénatoriale (CPI) pour sa gestion de la tragique pandémie de coronavirus (564000 morts), et est soupçonné de corruption.

Le chef de la CPI, le sénateur Omar Aziz, a vu dans le défilé de mardi "une scène pathétique" qui "met en évidence la fragilité d'un président cerné par les enquêtes anticorruption".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.