Le Maroc et Israël signent de nouveaux accords de coopération

Deux accords et un mémorandum de coopération portant sur l'aviation, la culture et les sports ainsi que sur la création de mécanismes de consultations politiques ont été signés durant la première journée de cette visite qualifiée d'«historique» par le chef de la diplomatie israélienne. (Photo, AFP)
Deux accords et un mémorandum de coopération portant sur l'aviation, la culture et les sports ainsi que sur la création de mécanismes de consultations politiques ont été signés durant la première journée de cette visite qualifiée d'«historique» par le chef de la diplomatie israélienne. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 12 août 2021

Le Maroc et Israël signent de nouveaux accords de coopération

  • La visite de Lapid intervient un peu plus de deux semaines après le lancement des lignes aériennes commerciales directes entre les deux pays
  • Avant la pandémie, de 50 000 à 70 000 touristes israéliens, pour la plupart d'origine marocaine, visitaient chaque année le royaume mais devaient transiter par d'autres pays

RABAT : Les chefs de la diplomatie israélienne et marocaine ont signé mercredi des accords portant notamment sur la coopération politique, l'aviation et la culture, lors de la première visite au Maroc d'un haut responsable israélien, sept mois après la normalisation des relations entre les deux pays.

Ces accords "apporteront à nos pays innovation et opportunités au profit de nos enfants", a déclaré le ministre israélien des Affaires étrangères Yaïr Lapid, saluant "la restauration de la paix et l'amitié" impulsées par le rétablissement des relations diplomatiques entre Israël et le Maroc.

Le royaume a été le quatrième pays arabe -- après les Emirats arabes unis, Bahreïn et le Soudan -- à avoir normalisé ses relations avec Israël en 2020 sous l'impulsion des Etats-Unis de Donald Trump, en contrepartie d'une reconnaissance américaine de sa "souveraineté" sur le territoire disputé du Sahara occidental.

Deux accords et un mémorandum de coopération portant sur l'aviation, la culture et les sports ainsi que sur la création de mécanismes de consultations politiques ont été signés durant la première journée de cette visite qualifiée d'"historique" par le chef de la diplomatie israélienne.

Les deux pays avaient déjà signé des accords dans les domaines de l'eau, de l'aviation et de la finance au moment de la première visite d'une délégation de responsables israéliens arrivés en décembre 2020 à bord d'un premier vol direct entre Rabat et Tel-Aviv.

Liens profonds

Lors de leur rencontre, M. Lapid et son homologue marocain Nasser Bourita ont évoqué la situation au Moyen-Orient et notamment le conflit israélo-palestinien, le ministre marocain soulignant la nécessité de "reprendre les négociations" pour "parvenir à une solution sur la base de deux Etats".

Le chef de la diplomatie israélienne n'a lui pas évoqué la question palestinienne, préférant souligner l'importance de la normalisation des relations entre Israël et des pays arabes, prouvant selon lui que "quelque chose est en train de changer dans la région".

Dans la foulée de l'annonce de normalisation avec l'Etat hébreu, le roi du Maroc, Mohammed VI, avait assuré au président palestinien Mahmoud Abbas la poursuite de "l'engagement permanent et soutenu du  Maroc en faveur de la cause palestinienne juste".

La cause palestinienne continue de mobiliser la société civile, quelques partis d'extrême gauche et des islamistes, qui restent opposés à toute normalisation des relations avec l'Etat hébreu, qualifiée de trahison par les Palestiniens.

Le Maroc et Israël ont entretenu des relations officielles de 1993 à 2000, date du déclenchement de la seconde intifada dans les Territoires palestiniens contre l'occupation israélienne.

Dans sa déclaration, M. Lapid a souligné les liens culturels profonds entre le royaume et les Israéliens d'origine marocaine. Il doit inaugurer jeudi une représentation diplomatique à Rabat et visiter Beth-El, une des synagogues les plus emblématiques de la mégapole Casablanca (ouest), avant de repartir.

La communauté juive du Maroc, présente depuis l'Antiquité, est la plus importante d'Afrique du Nord (environ 3 000 personnes) et a représenté jusqu'à 10% de la population à la fin des années 1940. Et les quelque 700 000 Israéliens d'ascendance marocaine ont souvent gardé des liens forts avec leur pays d'origine.

«Nouvelles opportunités»

La visite de M. Lapid intervient un peu plus de deux semaines après le lancement des lignes aériennes commerciales directes entre les deux pays. Avant la pandémie, de 50 000 à 70 000 touristes israéliens, pour la plupart d'origine marocaine, visitaient chaque année le royaume mais devaient transiter par d'autres pays.

Avant la rencontre entre les deux ministres, des responsables israéliens dont le ministre du Bien-être Meir Cohen et le président de la commission des Affaires étrangères au Parlement Ram Ben Barak ont visité le mausolée royal où sont enterrés les rois Hassan II et Mohammed V.

Dans un communiqué, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a salué la visite de Yaïr Lapid, affirmant que les Etats-Unis, artisans sous Donald Trump du rapprochement israélo-marocain, continueraient d'oeuvrer avec les deux pays à "créer un futur plus pacifique, sûr et prospère pour tous les peuples du Moyen-Orient".

Le Maroc et Israël avaient en outre signé en juillet à Rabat un accord de coopération en matière de cyberdéfense,  portant sur "la coopération opérationnelle, la recherche, le développement et le partage d'informations", avait indiqué sur Facebook la direction nationale israélienne de la cybersécurité.

Récemment, le royaume a été accusé d'avoir eu recours au logiciel d'espionnage Pegasus, conçu par la société israélienne NSO, d'après une enquête d'un consortium de médias internationaux. Rabat a catégoriquement démenti "ces allégations mensongères et infondées" et enclenché des procédures judiciaires.


Centre de coordination militaro-civile pour Gaza: beaucoup de discussions, peu de résultats

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  • "Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore" ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés
  • "Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix"

JERUSALEM: Lancé par les Etats-Unis dans le sillage du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas pour surveiller la trêve et favoriser l'afflux d'aide humanitaire, le Centre de coordination militaro-civile (CMCC) pour Gaza peine à tenir ses promesses.

"Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix, il n'y a aucune autre initiative, c'est ça ou continuer à discuter dans le vent avec des Israéliens".

"Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore", ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés par la campagne militaire israélienne.

Le CMCC doit permettre d'amorcer la suite des étapes du plan de paix pour Gaza après plus de deux ans d'une guerre dévastatrice déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du mouvement palestinien Hamas sur Israël.

"Lorsque nous l'avons ouvert, nous avons clairement indiqué qu'il se concentrait sur deux choses: faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire, logistique et sécuritaire vers Gaza et aider à surveiller en temps réel la mise en oeuvre de l'accord", insiste le capitaine Tim Hawkins, porte-parole du Commandement militaire central américain (Centcom), couvrant notamment le Moyen-Orient.

L'initiative a été présentée aux acteurs (ONG, agences des Nations unies, diplomates...) comme un générateur d'idées totalement inédites.

Frustrés par leurs difficultés avec les autorités israéliennes, de nombreux pays et acteurs humanitaires disent s'être jetés dans le projet, impatients d'avoir un nouvel interlocuteur se disant enclin à trouver des solutions: les Etats-Unis.

"Rien n'a changé" 

"Au début, les Américains nous ont dit qu'ils découvraient qu'Israël interdisaient l'entrée de tout un tas de choses dans Gaza, la fameuse liste des biens à double usage, ils avaient l'air choqués et on se disait qu'enfin on allait franchir cet obstacle", raconte un ingénieur humanitaire, "mais force est de constater que strictement rien n'a changé".

Deux mois après l'ouverture, nombre d'humanitaires et diplomates contactés par l'AFP jugent, sous couvert de l'anonymat, que la capacité ou la volonté américaines à contraindre Israël est limitée.

Les visiteurs réguliers ou occasionnels des lieux ont décrit à l'AFP le grand hangar occupé par le CMCC à Kiryat Gat (sud d'Israël), comme un entrepôt où de nombreux militaires, israéliens et américains principalement, rencontrent des humanitaires, diplomates, et consultants.

Le premier des trois étages du bâtiment est réservé aux Israéliens, et le dernier aux troupes américaines. Tous deux sont interdits d'accès aux visiteurs.

Le deuxième, recouvert de gazon artificiel, sert d'espace de rencontres avec le monde extérieur.

"On dirait un espace de coworking, mais avec des gens en uniforme", s'amuse une diplomate qui raconte y croiser des "GIs qui boivent de la bière" au milieu d'une sorte d'open-space, avec des panneaux récapitulant les principaux points du plan Trump.

Plusieurs personnes ont dit à l'AFP avoir vu un tableau blanc barré de l'inscription "What is Hamas?" ("Qu'est-ce que le Hamas?") en lettres capitales, sans éléments de réponse.

"Il y a des tables rondes sur des sujets qui vont de la distribution d'eau ou de nourriture à la sécurité", raconte un humanitaire, "en gros on nous écoute décrire ce qu'on veut faire, et quels problèmes on a rencontrés depuis deux ans".

"Boussole du droit" 

Mais "ce n'est pas là que les décisions sont prises", tranche un diplomate qui cite des canaux de discussions parallèles, notamment une équipe supervisée par Arieh Lighstone, un collaborateur de l'émissaire américain Steve Witkoff, à Tel-Aviv.

Plusieurs diplomates regrettent l'absence d'officiels palestiniens dans les murs.

Un autre problème réside dans l'émergence de concepts largement rejetés par la communauté internationale, notamment celui des "Alternative Safe Communities" (ASC), visant à regrouper des civils "vérifiés", non affiliés au Hamas, dans des communautés créées ex nihilo dans une zone de la bande de Gaza sous contrôle militaire israélien, et où les services de base seraient dispensés.

"On a perdu la boussole du droit", commente une diplomate.

Mais le reproche qui revient le plus souvent est le fait que les questions politiques (gouvernance, maintien de l'ordre...) sont évacuées au profit de questions techniques.

"Ils discutent d'où mettre les stations d'épuration, pas de qui les exploitera ni de qui paiera les employés", résume un autre.

Concédant "certaines frictions", sans plus de détail, le capitaine Hawkins, du Centcom, met en avant certaines avancées comme l'ouverture de nouveaux points de passage pour l'aide à destination de Gaza. "Nous progressons, assure-t-il, tout en reconnaissant pleinement qu'il reste encore beaucoup à faire."


Le Congrès américain approuve la levée définitive des sanctions contre la Syrie

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
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  • Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar
  • Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis

WASIHNGTON: Le Congrès américain a approuvé mercredi la levée définitive des sanctions imposées par les Etats-Unis contre la Syrie du temps de Bachar al-Assad, devant permettre le retour d'investissements dans ce pays ravagé par des années de guerre civile.

L'abrogation d'une loi dite "Caesar", adoptée en 2019 lors du premier mandat de Donald Trump et qui imposait ces sanctions, figure en effet dans le texte sur la stratégie de défense (NDAA), que le Sénat américain a approuvé mercredi par 77 voix pour et 20 contre.

La Chambre des représentants s'était déjà prononcée la semaine dernière et le texte attend désormais d'être promulgué par le président américain.

Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar. Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis.

Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, a salué sur Telegram le vote du Sénat comme "ouvrant de nouveaux horizons pour la coopération et le partenariat entre notre pays et le reste du monde".

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars.

Bien que son application soit suspendue, de nombreux responsables américains jugeaient qu'elle pouvait nuire à la confiance des investisseurs tant qu'elle n'était pas abrogée.

Le dirigeant syrien Ahmad al-Chareh a été reçu le 10 novembre à la Maison Blanche par le président Trump, une première pour un chef d'Etat syrien depuis l'indépendance du pays en 1946 et une consécration pour l'ancien jihadiste qui, en moins d'un an au pouvoir, a sorti son pays de l'isolement.

Donald Trump l'avait déjà rencontré lors d'un voyage dans le Golfe en mai, annonçant alors la levée des sanctions américaines.

Après 13 ans de guerre civile, la Syrie cherche à garantir des fonds pour sa reconstruction, dont le coût pourrait dépasser 216 milliards de dollars, selon la Banque mondiale.

"L'abrogation aujourd'hui de la loi Caesar est une étape décisive pour donner au peuple syrien une véritable chance de se reconstruire après des décennies de souffrances inimaginables", s'est félicité la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen.


Les principales villes du Soudan privées de courant après des frappes de drones sur une centrale

Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
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  • Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale
  • Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des FSR

PORT-SOUDAN: Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP.

Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale.

Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Le gouvernement de l’État du Nil a confirmé la mort des deux secouristes dans un communiqué officiel.

Cette station est un nœud stratégique du réseau électrique soudanais, recevant l’électricité produite par le barrage de Merowe — la plus grande source d'énergie hydroélectrique du pays — avant sa redistribution vers plusieurs régions.

Des témoins ont également indiqué qu’aux alentours de 02H00 (minuit GMT), les forces de l’armée régulière avaient activé leurs systèmes de défense antiaérienne, rapportant avoir vu des flammes et de la fumée s'élever au-dessus de la ville contrôlée par l'armée en guerre depuis avril 2023 contre les FSR.

Les coupures d’électricité se sont étendues à plusieurs États, notamment ceux du Nil, de la mer Rouge — où se trouve Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement pro-armée — ainsi qu’à la capitale Khartoum, selon des témoins, l'incendie n'étant toujours pas maitrisé.

Les FSR n’ont jusqu'à présent pas commenté l'attaque.

Ces derniers mois, les FSR ont été accusées de lancer des attaques de drones sur de vastes zones contrôlées par l’armée, visant des infrastructures civiles et provoquant des coupures de courant affectant des millions de personnes.

La guerre, qui a éclaté en avril 2023, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué "la pire crise humanitaire au monde", selon l'ONU.