Afghanistan: la France évacue, Macron va s'exprimer

Sécurisé par les forces américaines, l'aéroport est devenu le seul point de fuite pour les étrangers mais aussi les Afghans. (AFP)
Sécurisé par les forces américaines, l'aéroport est devenu le seul point de fuite pour les étrangers mais aussi les Afghans. (AFP)
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Publié le Lundi 16 août 2021

Afghanistan: la France évacue, Macron va s'exprimer

  • Les citoyens afghans et étrangers voulant fuir l'Afghanistan «doivent être autorisés à le faire», ont plaidé les Etats-Unis et 65 autres pays dans un communiqué commun
  • L'un des objectifs de Paris est de définir une stratégie commune au niveau de l'UE, alors que des divergences sont apparues ces derniers mois sur le dossier des expulsions de migrants afghans vers leur pays d'origine

 

PARIS : La France s'apprête d'ici lundi soir à évacuer ses derniers ressortissants d'Afghanistan, passé sous contrôle des talibans, alors qu'Emmanuel Macron doit s'exprimer à 20H00 pour détailler sa stratégie face à cette crise qui inquiète fortement la communauté internationale.

Depuis le fort de Brégançon, à Bormes-les-Mimosas (Var), où il est en vacances, le chef de l'Etat a fait le point de la situation à la mi-journée au cours d'un Conseil de défense en visioconférence avec les principaux responsables concernés, comme les ministres des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian et des Armées Florence Parly.

Rien n'a filtré de la réunion en attendant l'allocution télévisée au cours de laquelle Emmanuel Macron devrait exprimer "l'extrême préoccupation" de Paris face au retour des talibans, affirmer que la France est "aux côtés des Afghans" et rappeler "les valeurs universelles" qu'elle défend pour "faire front à l'obscurantisme" des fondamentalistes islamistes, selon son entourage.

Il devrait également détailler l'opération militaire d'évacuation baptisée Apagan, qui mobilise notamment deux avions de transport de l'Armée de l'Air, un C130 et un A400M, qui ont décollé dimanche soir et lundi matin de France pour les Emirats arabes unis.

C'est la base aérienne française d'Al Dhafra, à Abou Dhabi, qui accueillera plusieurs dizaines de Français évacués de Kaboul, dont des diplomates, des humanitaires ou des journalistes, avant leur rapatriement jusqu'en France.

Il y aura aussi "des personnes qui sont sous notre protection", a indiqué Florence Parly sur France Info. En expliquant que la priorité était d'"évacuer les personnels (afghans, ndlr) qui ont rendu d'éminents services à notre pays en nous aidant au quotidien, et par ailleurs faire le maximum pour mettre en protection des personnalités qui ont défendu les droits, les droits de l'Homme, des journalistes, des artistes, tous ceux qui sont engagés pour ces valeurs que nous continuons de défendre partout dans le monde".

Quelque 625 Afghans employés dans des organisations françaises sont déjà arrivés en France avec leur famille depuis le mois de mai, selon le gouvernement.

"La France a déjà donné plus de 1.000 visas. Il faudra en donner aux gens qui ont travaillé avec nous. Il ne faut surtout pas abandonner ces familles", a souhaité lundi François Patriat, le patron des sénateurs LREM, sur Cnews.

Les opérations d'évacuation sont notamment gérées par l'ambassade, qui s'est délocalisée dimanche à l'aéroport quelques heures avant que les talibans n'entrent dans la capitale, désertée par le président Ashraf Ghani. L'ambassadeur de France David Martinon a tweeté lundi une photo le montrant en pleine réunion dans une petite salle de l'aéroport qui, sécurisé par les forces américaines, est devenu le seul point de fuite pour les étrangers mais aussi les Afghans.

Air France et plusieurs autres compagnies aériennes ont annoncé éviter "jusqu'à nouvel ordre", le survol de l'Afghanistan, comme l'a demandé l'Autorité afghane de l'aviation civile (ACAA).

Craintes migratoires

Au cours des dernières heures, Emmanuel Macron a été en contact avec des dirigeants de pays partenaires, tout comme Jean-Yves Le Drian qui s'est entretenu dimanche soir avec son homologue américain Antony Blinken.

L'un des objectifs de Paris est de définir une stratégie commune au niveau de l'Union européenne, alors que des divergences sont apparues ces derniers mois sur le dossier des expulsions de migrants afghans vers leur pays d'origine.

Cette question est sensible alors que les Afghans ont constitué en 2020 10,6% des demandeurs d'asile dans l'UE (un peu plus de 44.000 sur quelque 416.600 demandes), le deuxième contingent derrière les Syriens (15,2%), selon l'agence statistique de l'UE Eurostat. 

A l'instar d'autres capitales, Paris a suspendu depuis juillet les expulsions de migrants afghans déboutés de leur demande d'asile.

Tout comme une résurgence du terrorisme, une nouvelle vague migratoire est crainte par de nombreux responsables politiques. Elle interviendra "d'abord dans les pays tout autour de l'Afghanistan" puis "dans le monde entier", selon Jean Leonetti (LR), tandis que le numéro deux du RN, Jordan Bardella, a appelé à "un  sursaut international pour protéger la France et l'Europe d'une déferlante migratoire sans précédent que nos dirigeants semblent encore prendre à la légère".

A la vue des images de dimanche, plusieurs responsables établissent un parallèle entre la chute de Kaboul et celle de Saïgon en 1975, un souvenir douloureux pour les Etats-Unis et les pays occidentaux, qui relance le débat sur le bien-fondé des interventions militaires.

"J'ai applaudi la défaite US au Vietnam. Je suis écœuré par leur déroute en Afghanistan. Il est temps de réfléchir avant de s'engager dans des guerres sans issue", a commenté dimanche le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon.

Intervenant aux côtés des Américains, la France a été présente militairement en Afghanistan de 2001 à 2014 et a compté jusqu'à près de 4.000 soldats dans ce pays au plus fort de l'engagement de l'Otan, au prix de 89 morts et 700 blessés.

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Afghanistan: réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE mardi

Les ministres européens des Affaires étrangères tiendront mardi une réunion par visioconférence pour discuter de la situation en Afghanistan, où les Etats occidentaux tentent d'accélérer leurs opérations d'évacuation, a indiqué Josep Borrell, chef de la diplomatie de l'UE.


Cette réunion intervient alors que plusieurs Etats et la Commission européenne tâchaient lundi d'évacuer en urgence leurs diplomates, ressortissants étrangers et personnels locaux de Kaboul, où les talibans sont en train de reprendre le pouvoir après une offensive militaire éclair qui a balayé les forces armées afghanes.


"Suite aux derniers développements en Afghanistan, et après d'intenses consultations avec nos partenaires ces derniers jours et dernières heures, j'ai décidé de convoquer demain après-midi une réunion extraordinaire par visioconférence, pour une première évaluation" de la situation, a tweeté M. Borrell.


"L'Afghanistan se trouve à la croisée des chemins. La sécurité et le bien-être de ses citoyens, tout comme la sécurité internationale, sont en jeu", a-t-il ajouté.


Selon plusieurs diplomates, des responsables de la Commission européenne ont demandé aux gouvernements des Vingt-Sept d'accorder des visas aux ressortissants afghans ayant travaillé pour la représentation de l'UE dans le pays, ainsi qu'à leurs familles, soit un total estimé à quelque 500 ou 600 personnes.


Le ministre irlandais des Affaires étrangères, Simon Coveney, a indiqué lundi sur la radio nationale RTE que Dublin avait d'ores et déjà approuvé la délivrance de visas à 45 Afghans, et s'apprêtait à en accepter une centaine d'autres.


Les citoyens afghans et étrangers voulant fuir l'Afghanistan "doivent être autorisés à le faire", ont plaidé les Etats-Unis et 65 autres pays dans un communiqué commun, avertissant les talibans qu'ils devaient faire preuve de "responsabilité" en la matière.


La chancelière allemande Angela Merkel projette de déployer jusqu'à "plusieurs centaines de soldats" de la Bundeswehr pour évacuer les derniers Allemands ainsi que des Afghans menacés dans le pays, a appris l'AFP lundi de sources parlementaires.


De son côté, l'armée française prévoit sa première rotation aérienne d'évacuation de Kaboul, entre sa base aux Emirats arabes unis et la capitale afghane, d'ici "la fin de ce lundi", a annoncé la ministre française des Armées Florence Parly.

Il y aura aussi "des personnes qui sont nous notre protection", a indiqué Florence Parly sur France Info. En expliquant que la priorité était d'"évacuer les personnels (afghans, ndlr) qui ont rendu d'éminents services à notre pays en nous aidant au quotidien, et par ailleurs faire le maximum pour mettre en protection des personnalités qui ont défendu les droits, les Droits de l'Homme, des journalistes, des artistes, tous ceux qui sont engagés pour ces valeurs que nous continuons de défendre partout dans le monde".


Quelque 625 Afghans employés dans des organisations françaises sont déjà arrivés en France avec leur famille depuis le mois de mai, selon le gouvernement.


"La France a déjà donné plus de 1.000 visas. Il faudra en donner aux gens qui ont travaillé avec nous. Il ne faut surtout pas abandonner ces familles", a souhaité lundi François Patriat, le patron des sénateurs LREM, sur Cnews.


Les opérations d'évacuation sont notamment gérées par les diplomates toujours présents à Kaboul, dont l'ambassadeur David Martinon, qui se sont délocalisés dimanche à l'aéroport quelques heures avant que les talibans n'entrent dans la capitale, désertée par le président Ashraf Ghani.


Sécurisé par les forces américaines, l'aéroport est devenu le seul point de fuite pour les étrangers mais aussi les Afghans.

Evacuation en urgence de Kaboul des étrangers et d'Afghans menacés 

L'évacuation de diplomates, d'étrangers et de personnels afghans ayant travaillé pour eux s'organisait lundi en urgence dans des conditions très difficiles à Kaboul, tombée aux mains des talibans.


Les citoyens afghans et étrangers voulant fuir l'Afghanistan "doivent être autorisés à le faire", ont plaidé les Etats-Unis et 65 autres pays dans un communiqué commun, avertissant les talibans qu'ils devaient faire preuve de "responsabilité" en la matière.


L'armée américaine a "sécurisé" lundi l'aéroport de Kaboul, où a été regroupé le personnel de son ambassade dans l'attente d'être évacué, a annoncé le département d'Etat.


Mais les vols commerciaux ont été annulés et les troupes américaines ont tiré en l'air pour contrôler la foule d'Afghans qui ont envahi le tarmac dans l'espoir de prendre un vol, dans un climat de chaos total.


Les Américains ont envoyé 6.000 militaires pour évacuer quelque 30.000 diplomates américains et civils afghans ayant coopéré avec les États-Unis.


De nombreux autres pays, dont l'Allemagne, la France, les Pays-Bas, l'Espagne, ont aussi transféré des membres de leur personnel diplomatique à l'aéroport avant une évacuation.


L'Allemagne veut déployer des soldats en Afghanistan pour évacuer leurs derniers ressortissants ainsi que des Afghans menacés dans le pays, selon des sources parlementaires lundi.


Selon le projet de Berlin, un pont aérien doit être mis en place pour permettre l'évacuation de 2.000 Afghans ayant travaillé pour les Allemands, "des femmes particulièrement menacées, des défenseurs des droits de l'Homme et d'autres employés d'ONG", selon les mêmes sources. 


Une partie du personnel de l'ambassade d'Allemagne à Kaboul devait être évacuée vers Doha avec des avions américains. Une équipe d'environ 80 personnes devrait rester dans la capitale afghane pour organiser l'évacuation des autres Allemands.


Madrid a annoncé l'envoi lundi de deux avions militaires à Dubaï pour "la première phase" d'évacuation de son personnel diplomatique, du personnel afghan et de leur famille.


La ministre suédoise des Affaires étrangères Ann Linde a indiqué que l'ensemble du personnel suédois déployé dans le pays (19 personnes au total) a été évacué la nuit dernière vers une base militaire américaine à Doha. La Finlande doit évacuer son personnel diplomatique lundi.


A Prague, c'est un avion militaire transportant 46 Tchèques et Afghans, dont des femmes et des enfants, qui a atterri lundi matin.


Paris a pour sa part déployé des renforts militaires aux Emirats arabes unis pour faciliter l'évacuation des ressortissants français de Kaboul.


La première rotation d'évacuation organisée par l'armée française entre sa base aux Emirats et la capitale afghane est prévue d'ici "la fin de ce lundi", a déclaré la ministre des Armées Florence Parly, précisant qu'il y avait "plusieurs dizaines" de Français à évacuer, ainsi que des "personnes qui sont sous notre protection".


Parmi les Français à évacuer figurent notamment le personnel diplomatique, a déclaré la ministre.

«Conditions très difficiles»
La France a par ailleurs réitéré sa volonté de "continuer de mettre en protection les personnalités de la société civile afghane, les défenseurs des droits, les artistes et les journalistes particulièrement menacés pour leur engagement".


Le Royaume-Uni a déployé 600 soldats pour assurer l'évacuation de ses ressortissants et de son personnel local. Un premier vol est arrivé pendant la nuit sur la base de Brize Norton, dans le centre de l'Angleterre.


"Nous avons évacué 370 employés et citoyens britanniques hier et avant-hier", a indiqué le ministre de la Défense Ben Wallace, ajoutant qu'un groupe de 782 Afghans sera évacué du pays "dans les prochaines 24 à 36 heures". "Notre objectif est d'atteindre 1.200 à 1.500" personnes évacuées par jour, a-t-il affirmé.


L'Irlande est par ailleurs en contact avec 23 de ses ressortissants, dont 15 "pensent à partir", selon le ministre des Affaires étrangères Simon Coveney. Des visas ont été émis pour 45 Afghans ayant travaillé pour eux, d'autres suivront, a-t-il dit.


Le Canada a annoncé dimanche soir la fermeture provisoire de son ambassade, précisant que le personnel canadien était déjà sur le chemin du retour.


L'évacuation de ressortissants danois et norvégiens était aussi en cours. "Je peux vous informer que dimanche soir, dans des conditions très difficiles, la Défense danoise a réussi à évacuer un groupe de Danois et de Norvégiens d'Afghanistan", a indiqué la ministre des Forces armées danoises Trine Bramsen. Selon Mme Bramsen, un "grand groupe" reste encore à évacuer.

«Les Russes restent»
Le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, a indiqué lundi que son gouvernement avait émis 45 visas humanitaires pour des Afghans ayant travaillé pour la Pologne ou une délégation européenne à Kaboul, et leur famille.


Trois expatriés suisses ont été évacués de Kaboul et des efforts sont en cours pour faire sortir du pays une quarantaine de leurs collègues afghans et leurs familles, a indiqué lundi le ministre suisse des Affaires étrangères.


Le drapeau américain a été retiré lundi de l'ambassade des Etats-Unis à Kaboul dont "presque tout" le personnel se trouve à l'aéroport dans l'attente d'être évacué, a annoncé le département d'Etat. Le chargé d'affaires américain en Afghanistan Ross Wilson s'y trouve également, a-t-on précisé.


Pour sa part, la Russie ne prévoyait pas d'évacuer son ambassade.


"Aucune évacuation n'est prévue", a affirmé dimanche Zamir Kaboulov, émissaire du Kremlin pour l'Afghanistan, cité par l'agence de presse Interfax.


La Russie fait partie des pays ayant reçu des garanties de la part des talibans quant à la sécurité de leurs ambassades, a expliqué M. Kaboulov.

Craintes migratoires 
Au cours des dernières heures, Emmanuel Macron a été en contact avec des dirigeants de pays partenaires, tout comme Jean-Yves Le Drian qui s'est entretenu dimanche soir avec son homologue américain Antony Blinken.


L'un des objectifs de Paris est de définir une stratégie commune au niveau de l'Union européenne, alors que des divergences sont apparues ces derniers mois sur le dossier des expulsions de migrants afghans vers leur pays d'origine.


Cette question est sensible alors que les Afghans ont constitué en 2020 10,6% des demandeurs d'asile dans l'UE (un peu plus de 44.000 sur quelque 416.600 demandes), le deuxième contingent derrière les Syriens (15,2%), selon l'agence statistique de l'UE Eurostat. 


A l'instar d'autres capitales, Paris a suspendu depuis juillet les expulsions de migrants afghans déboutés de leur demande d'asile.


Une nouvelle vague migratoire est crainte par de nombreux responsables politiques. Elle interviendra "d'abord dans les pays tout autour de l'Afghanistan" puis "dans le monde entier", selon Jean Leonetti (LR) tandis que le numéro deux du RN, Jordan Bardella, a appelé à "un  sursaut international pour protéger la France et l'Europe d'une déferlante migratoire sans précédent que nos dirigeants semblent encore prendre à la légère".


"L'urgence nous impose d'agir", a par ailleurs réagi Xavier Bertrand, président ex-LR des Hauts-de-France et candidat à l’élection présidentielle de 2022, en demandant à Emmanuel Macron "de prendre l'initiative de réunir nos partenaires européens et internationaux pour discuter des mesures régionales de sécurité et des conséquences de la crise afghane".


A la vue des images de dimanche, plusieurs responsables établissent un parallèle entre la chute de Kaboul et celle de Saïgon en 1975, un souvenir douloureux pour les Etats-Unis et les pays occidentaux, qui relance le débat sur le bien-fondé des interventions militaires. "J'ai applaudi la défaite US au Vietnam. Je suis écœuré par leur déroute en Afghanistan. Il est temps de réfléchir avant de s'engager dans des guerres sans issue", a commenté dimanche le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon.


Intervenant aux côtés des Américains, la France a été présente militairement en Afghanistan de 2001 à 2014 et a compté jusqu'à près de 4.000 soldats dans ce pays au plus fort de l'engagement de l'Otan, au prix de 89 morts et 700 blessés.


Sahel: Washington va retirer des soldats du Tchad, après le Niger

Des milliers de Tchadiens assistent au meeting de Mahamat Idriss Deby Itno, président de la transition et candidat à l'élection présidentielle au Tchad, dans le stade en construction au quartier Dombao, à Moundou, le 25 avril 2024. (AFP)
Des milliers de Tchadiens assistent au meeting de Mahamat Idriss Deby Itno, président de la transition et candidat à l'élection présidentielle au Tchad, dans le stade en construction au quartier Dombao, à Moundou, le 25 avril 2024. (AFP)
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  • Washington a entamé cette semaine des discussions avec Niamey sur le retrait du Niger des plus de 1 000 soldats américains présents dans le pays
  • Dans un courrier au ministre des Armées, le chef d'état-major de l'armée de l'air tchadienne avait réclamé début avril le départ des soldats américains

WASHINGTON: Les Etats-Unis vont retirer temporairement des soldats du Tchad, a annoncé le Pentagone quelques jours après leur accord pour retirer leurs forces du Niger voisin.

Au Tchad, les Etats-Unis disposent d'une centaine de soldats dans le cadre de la lutte antijihadiste au Sahel.

"L'Usafricom envisage actuellement de repositionner certaines forces militaires américaines depuis le Tchad, dont le départ d'une partie était déjà prévu", a déclaré lors d'une conférence de presse jeudi le porte-parole du Pentagone, Pat Ryder, se référant au commandement militaire américain en Afrique.

"Il s'agit d'une étape temporaire dans le cadre d'une révision en cours de notre coopération de sécurité, qui reprendra après l'élection présidentielle du 6 mai au Tchad", a-t-il ajouté.

Dans un courrier au ministre des Armées lu par l'AFP, le chef d'état-major de l'armée de l'air tchadienne avait réclamé début avril le départ des soldats américains, incriminant un défaut de documents sur un accord permettant leur présence.

Selon ce courrier, "l'armée de l'air a demandé à l'attaché de défense américain d'arrêter immédiatement les activités militaires sur la BAK", la base aérienne d'Adji Kossei où les soldats américains entraînent des forces spéciales tchadiennes à lutter contre le groupe jihadiste Boko Haram.

"Nous vous demandons d'intercéder auprès de qui de droit afin de prévenir les Américains que nous avons pris la décision d'arrêter leur activité", ajoute la lettre.

"La présence des forces américaines au Tchad était initialement motivée par l'engagement commun dans la lutte contre le terrorisme, un objectif partagé par les deux nations", a déclaré vendredi à l'AFP le porte-parole du gouvernement tchadien.

Discussions supplémentaires 

"Cependant, des préoccupations ont été exprimées par l'état-major tchadien quant à cette présence" et "en reconnaissance des préoccupations exprimées, le gouvernement américain a décidé de retirer temporairement ses forces du Tchad", a ajouté M. Abderaman Koulamallah.

"Il est important de souligner que ce retrait ne signifie en aucun cas une rupture de la coopération entre les deux pays dans la lutte contre le terrorisme", a-t-il dit.

"Des discussions supplémentaires auront lieu pour explorer la possibilité d'un retour des forces américaines dans le cadre d'un accord bilatéral précis et convenu entre les deux pays", a encore indiqué le porte-parole.

Au Niger, autre pivot de la stratégie des Etats-Unis et de la France pour combattre les jihadistes dans la région, la junte militaire au pouvoir depuis juillet a dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis, estimant que la présence américaine était désormais "illégale".

Washington a entamé cette semaine des discussions avec Niamey sur le retrait du Niger des plus de 1.000 soldats américains présents dans le pays.

Les Etats-Unis disposent notamment au Niger d'une base de drones importante près d'Agadez, construite pour environ 100 millions de dollars.

Washington va "continuer à explorer les options possibles afin d'assurer que nous soyons toujours en mesure de faire face aux potentielles menaces terroristes", avait déclaré lundi Pat Ryder après l'annonce la semaine dernière du retrait américain du Niger.

Au Tchad, le général Mahamat Idriss Deby Itno a annoncé en mars sa candidature à la présidentielle, qu'il est quasi-assuré de remporter après que son régime a violemment réprimé dans la rue et muselé toute opposition et éliminé toute concurrence.

Il avait été proclamé par l'armée président de transition le 20 avril 2021, à la tête d'une junte de 15 généraux, à la mort de son père Idriss Déby Itno, lequel régnait d'une main de fer sur le Tchad depuis 30 ans.

Son principal adversaire, Yaya Dillo, a été tué fin février par des militaires dans l'assaut de son parti, d'une "balle dans la tête à bout portant" selon l'opposition, puis les candidatures de dix autres potentiels rivaux ont été invalidées.


Tim Lenderking à Arab News: «Aidons le Yémen à tracer sa propre voie»

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  • Tim Lenderking souligne que ce serait une «terrible tragédie» de gâcher les progrès réalisés en faveur de la paix au cours des deux années précédentes
  • Une trêve, négociée en avril 2022 entre les parties en présence au Yémen, avait, dans un premier temps, conduit un léger apaisement de la situation humanitaire désastreuse dans le pays

NEW YORK: Les attaques des Houthis contre la navigation internationale en mer Rouge et dans le golfe d’Aden en réponse à l’offensive militaire israélienne contre le Hamas à Gaza ne doivent pas faire dérailler le processus de paix au Yémen, déclare Tim Lenderking, l’envoyé spécial américain pour le Yémen.

Depuis le début de la guerre à Gaza en octobre de l’année dernière, les attaques des Houthis contre des navires commerciaux et militaires dans les voies navigables stratégiques ont fortement perturbé le commerce mondial.

Le groupe politique et religieux armé soutenu par l’Iran, officiellement connu sous le nom «Ansar Allah», se considère comme faisant partie de «l’axe de la résistance» dirigé par l’Iran contre Israël, les États-Unis et l’Occident dans son ensemble.

Il a menacé de poursuivre ses attaques contre les navires jusqu’à ce qu’Israël mette fin à son attaque sur Gaza. Depuis le mois de janvier, le Royaume-Uni et les États-Unis, en coalition avec cinq autres pays, ont répondu par des frappes de représailles contre des cibles houthies au Yémen.

Les États-Unis mettront fin à ces frappes de représailles lorsque la milice houthie cessera ses attaques contre les navires, déclare M. Lenderking dans un entretien accordé à Arab News, plaçant la responsabilité de la désescalade de la situation entre les mains de la milice.

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Les Yéménites organisent une marche propalestinienne à Sanaa, la capitale dirigée par les Houthis. (AFP)

«Il incombe aux Houthis de mettre fin aux attaques en mer Rouge. Cela peut nous inciter à commencer à ralentir, à désamorcer la situation au Yémen, à la ramener à ce qu’elle était au 6 octobre – soit au stade où elle était beaucoup plus prometteuse que ce à quoi nous assistons actuellement. C’est sur cela que nous voulons mettre l’accent.»

Tim Lenderking appelle l’Iran à «cesser d’alimenter le conflit et de faire entrer clandestinement des armes et du matériel de guerre au Yémen, en violation des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU».

Le Yémen n’avait jamais été aussi proche de la paix avant que le processus ne soit interrompu par les derniers troubles régionaux, précise M. Lenderking. La guerre civile yéménite dure depuis trop longtemps. «Elle doit cesser», ajoute-t-il.

«Les Yéménites souffrent de cette guerre depuis maintenant huit ans. Ils veulent récupérer leur pays. Ils veulent qu’il soit en paix. Ils ne veulent pas de combattants étrangers au Yémen. Ils ne veulent pas des Iraniens à Sanaa. Ils ne veulent pas que le Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) erre dans Sanaa.»

«Aidons les Yéménites à reconquérir leur pays et à tracer leur propre voie. Tel est le vœu le plus cher des États-Unis.»

Il poursuit: «Nous nous efforçons de déployer des efforts internationaux pour que l’accent soit mis sur le processus de paix au Yémen et la situation humanitaire très critique.»

«Mais il y a la terrible tragédie qui se déroule à Gaza. La guerre de la Russie en Ukraine. L’Afghanistan. Le Soudan. Il existe de nombreuses crises concurrentes qui détournent l’attention des États-Unis et de la communauté internationale.»

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Le cargo Rubymar a été partiellement submergé au large des côtes du Yémen après avoir été touché par un missile houthi. (AFP)

Alors que la guerre au Yémen est liée à d’autres conflits qui font rage dans la région, l’ONU a récemment déclaré que le monde avait une obligation envers les Yéménites: celle de veiller à ce que la résolution de la guerre au Yémen ne soit pas subordonnée à la résolution d’autres problèmes et que les espoirs de paix du Yémen ne deviennent pas un «dommage collatéral».

«Nous ne pouvons échapper à ce qui se passe à Gaza», renchérit Tim Lenderking. «Pas un jour ne passe sans que les gens à qui je parle du Yémen n’évoquent également Gaza. Nous savons donc qu’il s’agit d’une situation tragique à laquelle il faut absolument remédier.»

«Cette situation freine notre capacité à recentrer l’attention sur le processus de paix au Yémen, à tirer parti d’une feuille de route élaborée par le gouvernement yéménite et les Houthis en décembre et à inciter les Houthis à recentrer leurs priorités non sur les attaques en mer Rouge – qui nuisent d’ailleurs aux Yéménites et au Yémen – mais sur les efforts de paix dans le pays.»

S’exprimant lors d’un point de presse du Conseil de sécurité de l’ONU la semaine dernière, Hans Grundberg, l’envoyé de l’ONU pour le Yémen, soutient que la menace de nouvelles attaques des Houthis contre les navires persiste en l’absence d’un cessez-le-feu à Gaza – dont l’urgente nécessité a été soulignée par la récente escalade des hostilités entre Israël et l’Iran.

M. Lenderking affirme: «Les Houthis continuent de nous dire que ces deux questions sont liées et que les Houthis ne mettront pas fin aux attaques contre les navires de la mer Rouge tant qu’il n’y aura pas de cessez-le-feu à Gaza.»

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Tim Lenderking appelle l’Iran à «cesser d’alimenter le conflit et de faire entrer clandestinement des armes et du matériel de guerre au Yémen, en violation des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU». (AFP)

«Nous pensons que des progrès significatifs peuvent être réalisés dès maintenant. Vingt-cinq membres de l’équipage du Galaxy Leader, le navire qui a été pris par les Houthis le 19 novembre de l’année dernière, sont toujours détenus.»

«Ils sont originaires de cinq pays différents. Il n’y a aucune raison pour que ces individus, qui sont des marins innocents, soient détenus à Hodeïda par les Houthis. Relâchez-les. Libérez le navire. Il y a des mesures qui pourraient être prises. Nous pourrions continuer à œuvrer pour la libération de prisonniers.»

«Ce type d’action démontrera au peuple yéménite qu’il y a encore de l’espoir et que la communauté internationale se préoccupe toujours de sa situation.»

Tim Lenderking souligne que ce serait une «terrible tragédie» de gâcher les progrès réalisés en faveur de la paix au cours des deux années précédentes.

Une trêve, négociée en avril 2022 entre les parties en présence au Yémen, avait, dans un premier temps, conduit à une réduction des violences et à un léger apaisement de la situation humanitaire désastreuse dans le pays. Deux ans plus tard, l’ONU déplore qu’il n’y ait plus grand-chose à célébrer.

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Des enfants yéménites se rassemblent pour recevoir de l’aide humanitaire à la périphérie de Marib. (AFP)

«Les détenus dont nous avions espéré la libération à temps pour passer la fête de l’Aïd avec leurs proches restent en détention», déclare l’envoyé de l’ONU Grundberg. «Les routes que nous espérions voir ouvertes demeurent fermées.»

«Nous avons également été témoins de la mort tragique et des blessures infligées à seize civils, dont des femmes et des enfants, lorsqu’une résidence a été démolie par des Houthis dans le gouvernorat d’Al-Bayda.»

La situation humanitaire au Yémen s’est également nettement aggravée, ces derniers mois, en raison de l’insécurité alimentaire croissante et de la propagation du choléra.

Edem Wosornu, directrice des opérations et du plaidoyer au Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (BCAH), a déclaré au Conseil de sécurité lors du même point de presse que la situation s’était encore détériorée après que le Programme alimentaire mondial (PAM) avait suspendu la distribution de l’aide alimentaire dans les zones contrôlées par les Houthis en décembre 2023.

Cette pause fait suite à des désaccords avec les autorités locales sur la question de savoir qui devrait recevoir une assistance prioritaire et elle a été amplifiée par les effets d’une grave crise de financement concernant les efforts humanitaires du PAM au Yémen.

«Les personnes les plus vulnérables – notamment les femmes et les filles, les groupes marginalisés comme les Mouhamachines, les personnes déplacées à l'intérieur du pays, les migrants, les demandeurs d’asile et les réfugiés, ainsi que les personnes handicapées – dépendent toujours de l’aide humanitaire pour survivre», affirme Mme Wosornu.

Edem Wosornu exprime également son inquiétude face à l’augmentation des cas de choléra au Yémen dans un contexte de détérioration des institutions et des services publics.

«La réémergence du choléra et les niveaux croissants de malnutrition sévère sont des indicateurs révélateurs de la capacité affaiblie des services sociaux», soutient-elle.

«Près d’un enfant de moins de cinq ans sur deux souffre d’un retard de croissance, soit plus du double de la moyenne mondiale: 49% contre 21,3%.»

«Les stocks de fournitures essentielles sont presque épuisés. Et les systèmes de soutien à l’eau, à l’assainissement et à l’hygiène doivent être renforcés de toute urgence.»

Le plan de réponse humanitaire pour le Yémen n’est financé qu’à hauteur de 10%, le financement des programmes de sécurité alimentaire et de nutrition n’atteignant respectivement que 5% et 3%, selon une mise à jour informelle présentée au Conseil de sécurité par le BCAH cette semaine.

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Des partisans de la milice houthie du Yémen participent à un rassemblement pour marquer la commémoration annuelle de la Journée Al-Qods (Jérusalem) à Sanaa. (AFP)

Mme Wosornu appelle la communauté internationale à prendre des mesures urgentes pour contribuer à combler les déficits de financement.

Commentant le manque de financement, M. Lenderking explique: «Lorsqu’il y aura une réelle possibilité d’un processus de paix au Yémen, les donateurs se mobiliseront. Mais le fait que nous soyons dans ce flou, où le processus de paix est suspendu pendant que les Houthis poursuivent leurs attaques en mer Rouge, doit être imputé aux Houthis parce qu’ils font dérailler ce qui était un processus de paix légitime.»

«Mais une fois que nous pourrons y revenir, je pense que nous pourrions appeler la communauté internationale à nous indiquer qu’il y a une lueur d’espoir. Il y a un processus. Il y a un engagement. Les États-Unis soutiennent un effort international. Nous pouvons convaincre les donateurs de revenir au Yémen, malgré toute la concurrence pour ces ressources très limitées.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Mouvement de soutien à Gaza: l'université américaine Columbia ajourne l'évacuation du campus

Des dizaines d'arrestations y ont été effectuées la semaine dernière après le recours à la police effectué par les responsables de l'université pour mettre fin à une occupation accusée par plusieurs personnalités d'attiser l'antisémitisme. (AFP).
Des dizaines d'arrestations y ont été effectuées la semaine dernière après le recours à la police effectué par les responsables de l'université pour mettre fin à une occupation accusée par plusieurs personnalités d'attiser l'antisémitisme. (AFP).
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  • "Ils nous traitent de terroristes, ils nous traitent de violents. Mais le seul outil dont nous disposons ce sont nos voix", a déclaré une des étudiantes présente au rassemblement pro-palestinien
  • Le mouvement d'étudiants américains pro-palestiniens, qui s'est généralisé sur les campus américains, est parti de l'université Columbia à New York

NEW YORK: L'université américaine Columbia a ajourné la date limite de vendredi fixée aux étudiants pro-palestiniens pour évacuer le campus, occupé pour protester contre la guerre à Gaza, un mouvement qui s'est généralisé sur les campus américains.

Le bureau de la présidence de l'université new-yorkaise, d'où est parti le mouvement de soutien à Gaza il y a plus d'une semaine, est revenu sur l'échéance de minuit heure locale (04H00 GMT vendredi), fixée pour démanteler un village de tentes où quelque 200 étudiants pro-palestiniens se sont rassemblés.

"Les négociations ont progressé et se poursuivent comme prévu", a affirmé le bureau de la présidente de l'université, Minouche Shafik, dans un communiqué diffusé à 23H07 (03H07 GMT vendredi).

"Nous avons nos demandes, ils ont les leurs", poursuit le bureau de la présidence, en démentant qu'une intervention de la police ait été réclamée.

"Ils nous traitent de terroristes, ils nous traitent de violents. Mais le seul outil dont nous disposons ce sont nos voix", a déclaré une des étudiantes présente au rassemblement pro-palestinien, se présentant sous le nom de Mimi.

Le mouvement d'étudiants américains pro-palestiniens, qui s'est généralisé sur les campus américains, est parti de l'université Columbia à New York.

Des dizaines d'arrestations y ont été effectuées la semaine dernière après le recours à la police effectué par les responsables de l'université pour mettre fin à une occupation accusée par plusieurs personnalités d'attiser l'antisémitisme. Les manifestations pro-palestiniennes se sont ensuite poursuivies mercredi sur le campus.

Certaines des universités les plus prestigieuses au monde sont concernées par ce mouvement d'étudiants américains, telles Harvard, Yale ou encore Princeton.

Centaines d'arrestations

Plus de 200 manifestants ont été arrêtés mercredi et jeudi dans des universités de Los Angeles, de Boston et d'Austin, au Texas, où quelque 2.000 personnes se sont à nouveau rassemblées jeudi.

Les scènes à travers le pays se suivent et se ressemblent: des élèves installent des tentes sur leurs campus, pour dénoncer le soutien militaire des Etats-Unis à Israël et la catastrophe humanitaire dans la bande de Gaza.

Puis ils sont délogés, souvent de façon musclée, par des policiers en tenue anti-émeute, à la demande de la direction des universités.

Sur le campus de l'université Emory d'Atlanta, dans le sud-est des Etats-Unis, des manifestants ont été évacués manu militari par la police, certains projetés au sol pour être arrêtés, selon des images d'un photojournaliste de l'AFP.

La police d'Atlanta a reconnu avoir utilisé des agents "chimiques irritants" sur les manifestants, face à la "violence" de certains.

Tôt jeudi, un nouveau campement a été installé sur le campus de l'université George Washington dans la capitale.

Sur celui de l'université UCLA, à Los Angeles, plus de 200 étudiants ont installé un mini-village d'une trentaine de tentes, barricadés par des palettes et des pancartes.

Kaia Shah, une étudiante en sciences politiques de 23 ans, s'enthousiasme de l'élargissement du mouvement. "C'est formidable ce que nous voyons dans d'autres campus", estime-t-elle, "cela montre combien de personnes soutiennent cette cause".

Pour Kit Belgium, une professeure de l'université d'Austin, le campus a besoin de voir "la libre expression et le libre échange des idées". Et si l'université ne peut pas tolérer cela, alors elle n'est pas digne de ce nom", ajoute-t-elle à l'AFP.

Près du rassemblement pro-palestinien, une trentaine d'étudiants ont organisé une contre-manifestation. Jasmine Rad, une étudiante juive à l'université du Texas, estime que les manifestations de soutien à Gaza sont "dangereuses pour les étudiants juifs".

"Cela nuit aux étudiants juifs et aux étudiants qui ne se sentent pas en sécurité à cause de la violence sur notre campus", explique cette étudiante en journalisme de 19 ans.

L'université USC à Los Angeles, où 93 personnes ont été interpellées mercredi, a annoncé jeudi l'annulation de sa principale cérémonie de diplôme cette année, officiellement en raison de "nouvelles mesures de sécurité".

Jason Miller, un conseiller de Donald Trump, s'est emparé de l'annonce, affirmant sur X, que "sous Joe Biden, votre cérémonie de diplôme ne sera pas assurée" de se dérouler.

La Maison Blanche assure de son côté que Joe Biden, qui espère être réélu en novembre, "soutient la liberté d'expression, le débat et la non discrimination" dans les universités.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent menée depuis Gaza contre Israël par des commandos du Hamas, et qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

En représailles, Israël a promis de détruire le mouvement islamiste, et sa vaste opération militaire dans la bande de Gaza a fait jusqu'à présent 34.305 morts, majoritairement des civils, selon le Hamas.