Afghanistan: la France évacue, Macron va s'exprimer

Sécurisé par les forces américaines, l'aéroport est devenu le seul point de fuite pour les étrangers mais aussi les Afghans. (AFP)
Sécurisé par les forces américaines, l'aéroport est devenu le seul point de fuite pour les étrangers mais aussi les Afghans. (AFP)
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Publié le Lundi 16 août 2021

Afghanistan: la France évacue, Macron va s'exprimer

  • Les citoyens afghans et étrangers voulant fuir l'Afghanistan «doivent être autorisés à le faire», ont plaidé les Etats-Unis et 65 autres pays dans un communiqué commun
  • L'un des objectifs de Paris est de définir une stratégie commune au niveau de l'UE, alors que des divergences sont apparues ces derniers mois sur le dossier des expulsions de migrants afghans vers leur pays d'origine

 

PARIS : La France s'apprête d'ici lundi soir à évacuer ses derniers ressortissants d'Afghanistan, passé sous contrôle des talibans, alors qu'Emmanuel Macron doit s'exprimer à 20H00 pour détailler sa stratégie face à cette crise qui inquiète fortement la communauté internationale.

Depuis le fort de Brégançon, à Bormes-les-Mimosas (Var), où il est en vacances, le chef de l'Etat a fait le point de la situation à la mi-journée au cours d'un Conseil de défense en visioconférence avec les principaux responsables concernés, comme les ministres des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian et des Armées Florence Parly.

Rien n'a filtré de la réunion en attendant l'allocution télévisée au cours de laquelle Emmanuel Macron devrait exprimer "l'extrême préoccupation" de Paris face au retour des talibans, affirmer que la France est "aux côtés des Afghans" et rappeler "les valeurs universelles" qu'elle défend pour "faire front à l'obscurantisme" des fondamentalistes islamistes, selon son entourage.

Il devrait également détailler l'opération militaire d'évacuation baptisée Apagan, qui mobilise notamment deux avions de transport de l'Armée de l'Air, un C130 et un A400M, qui ont décollé dimanche soir et lundi matin de France pour les Emirats arabes unis.

C'est la base aérienne française d'Al Dhafra, à Abou Dhabi, qui accueillera plusieurs dizaines de Français évacués de Kaboul, dont des diplomates, des humanitaires ou des journalistes, avant leur rapatriement jusqu'en France.

Il y aura aussi "des personnes qui sont sous notre protection", a indiqué Florence Parly sur France Info. En expliquant que la priorité était d'"évacuer les personnels (afghans, ndlr) qui ont rendu d'éminents services à notre pays en nous aidant au quotidien, et par ailleurs faire le maximum pour mettre en protection des personnalités qui ont défendu les droits, les droits de l'Homme, des journalistes, des artistes, tous ceux qui sont engagés pour ces valeurs que nous continuons de défendre partout dans le monde".

Quelque 625 Afghans employés dans des organisations françaises sont déjà arrivés en France avec leur famille depuis le mois de mai, selon le gouvernement.

"La France a déjà donné plus de 1.000 visas. Il faudra en donner aux gens qui ont travaillé avec nous. Il ne faut surtout pas abandonner ces familles", a souhaité lundi François Patriat, le patron des sénateurs LREM, sur Cnews.

Les opérations d'évacuation sont notamment gérées par l'ambassade, qui s'est délocalisée dimanche à l'aéroport quelques heures avant que les talibans n'entrent dans la capitale, désertée par le président Ashraf Ghani. L'ambassadeur de France David Martinon a tweeté lundi une photo le montrant en pleine réunion dans une petite salle de l'aéroport qui, sécurisé par les forces américaines, est devenu le seul point de fuite pour les étrangers mais aussi les Afghans.

Air France et plusieurs autres compagnies aériennes ont annoncé éviter "jusqu'à nouvel ordre", le survol de l'Afghanistan, comme l'a demandé l'Autorité afghane de l'aviation civile (ACAA).

Craintes migratoires

Au cours des dernières heures, Emmanuel Macron a été en contact avec des dirigeants de pays partenaires, tout comme Jean-Yves Le Drian qui s'est entretenu dimanche soir avec son homologue américain Antony Blinken.

L'un des objectifs de Paris est de définir une stratégie commune au niveau de l'Union européenne, alors que des divergences sont apparues ces derniers mois sur le dossier des expulsions de migrants afghans vers leur pays d'origine.

Cette question est sensible alors que les Afghans ont constitué en 2020 10,6% des demandeurs d'asile dans l'UE (un peu plus de 44.000 sur quelque 416.600 demandes), le deuxième contingent derrière les Syriens (15,2%), selon l'agence statistique de l'UE Eurostat. 

A l'instar d'autres capitales, Paris a suspendu depuis juillet les expulsions de migrants afghans déboutés de leur demande d'asile.

Tout comme une résurgence du terrorisme, une nouvelle vague migratoire est crainte par de nombreux responsables politiques. Elle interviendra "d'abord dans les pays tout autour de l'Afghanistan" puis "dans le monde entier", selon Jean Leonetti (LR), tandis que le numéro deux du RN, Jordan Bardella, a appelé à "un  sursaut international pour protéger la France et l'Europe d'une déferlante migratoire sans précédent que nos dirigeants semblent encore prendre à la légère".

A la vue des images de dimanche, plusieurs responsables établissent un parallèle entre la chute de Kaboul et celle de Saïgon en 1975, un souvenir douloureux pour les Etats-Unis et les pays occidentaux, qui relance le débat sur le bien-fondé des interventions militaires.

"J'ai applaudi la défaite US au Vietnam. Je suis écœuré par leur déroute en Afghanistan. Il est temps de réfléchir avant de s'engager dans des guerres sans issue", a commenté dimanche le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon.

Intervenant aux côtés des Américains, la France a été présente militairement en Afghanistan de 2001 à 2014 et a compté jusqu'à près de 4.000 soldats dans ce pays au plus fort de l'engagement de l'Otan, au prix de 89 morts et 700 blessés.

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Afghanistan: réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE mardi

Les ministres européens des Affaires étrangères tiendront mardi une réunion par visioconférence pour discuter de la situation en Afghanistan, où les Etats occidentaux tentent d'accélérer leurs opérations d'évacuation, a indiqué Josep Borrell, chef de la diplomatie de l'UE.


Cette réunion intervient alors que plusieurs Etats et la Commission européenne tâchaient lundi d'évacuer en urgence leurs diplomates, ressortissants étrangers et personnels locaux de Kaboul, où les talibans sont en train de reprendre le pouvoir après une offensive militaire éclair qui a balayé les forces armées afghanes.


"Suite aux derniers développements en Afghanistan, et après d'intenses consultations avec nos partenaires ces derniers jours et dernières heures, j'ai décidé de convoquer demain après-midi une réunion extraordinaire par visioconférence, pour une première évaluation" de la situation, a tweeté M. Borrell.


"L'Afghanistan se trouve à la croisée des chemins. La sécurité et le bien-être de ses citoyens, tout comme la sécurité internationale, sont en jeu", a-t-il ajouté.


Selon plusieurs diplomates, des responsables de la Commission européenne ont demandé aux gouvernements des Vingt-Sept d'accorder des visas aux ressortissants afghans ayant travaillé pour la représentation de l'UE dans le pays, ainsi qu'à leurs familles, soit un total estimé à quelque 500 ou 600 personnes.


Le ministre irlandais des Affaires étrangères, Simon Coveney, a indiqué lundi sur la radio nationale RTE que Dublin avait d'ores et déjà approuvé la délivrance de visas à 45 Afghans, et s'apprêtait à en accepter une centaine d'autres.


Les citoyens afghans et étrangers voulant fuir l'Afghanistan "doivent être autorisés à le faire", ont plaidé les Etats-Unis et 65 autres pays dans un communiqué commun, avertissant les talibans qu'ils devaient faire preuve de "responsabilité" en la matière.


La chancelière allemande Angela Merkel projette de déployer jusqu'à "plusieurs centaines de soldats" de la Bundeswehr pour évacuer les derniers Allemands ainsi que des Afghans menacés dans le pays, a appris l'AFP lundi de sources parlementaires.


De son côté, l'armée française prévoit sa première rotation aérienne d'évacuation de Kaboul, entre sa base aux Emirats arabes unis et la capitale afghane, d'ici "la fin de ce lundi", a annoncé la ministre française des Armées Florence Parly.

Il y aura aussi "des personnes qui sont nous notre protection", a indiqué Florence Parly sur France Info. En expliquant que la priorité était d'"évacuer les personnels (afghans, ndlr) qui ont rendu d'éminents services à notre pays en nous aidant au quotidien, et par ailleurs faire le maximum pour mettre en protection des personnalités qui ont défendu les droits, les Droits de l'Homme, des journalistes, des artistes, tous ceux qui sont engagés pour ces valeurs que nous continuons de défendre partout dans le monde".


Quelque 625 Afghans employés dans des organisations françaises sont déjà arrivés en France avec leur famille depuis le mois de mai, selon le gouvernement.


"La France a déjà donné plus de 1.000 visas. Il faudra en donner aux gens qui ont travaillé avec nous. Il ne faut surtout pas abandonner ces familles", a souhaité lundi François Patriat, le patron des sénateurs LREM, sur Cnews.


Les opérations d'évacuation sont notamment gérées par les diplomates toujours présents à Kaboul, dont l'ambassadeur David Martinon, qui se sont délocalisés dimanche à l'aéroport quelques heures avant que les talibans n'entrent dans la capitale, désertée par le président Ashraf Ghani.


Sécurisé par les forces américaines, l'aéroport est devenu le seul point de fuite pour les étrangers mais aussi les Afghans.

Evacuation en urgence de Kaboul des étrangers et d'Afghans menacés 

L'évacuation de diplomates, d'étrangers et de personnels afghans ayant travaillé pour eux s'organisait lundi en urgence dans des conditions très difficiles à Kaboul, tombée aux mains des talibans.


Les citoyens afghans et étrangers voulant fuir l'Afghanistan "doivent être autorisés à le faire", ont plaidé les Etats-Unis et 65 autres pays dans un communiqué commun, avertissant les talibans qu'ils devaient faire preuve de "responsabilité" en la matière.


L'armée américaine a "sécurisé" lundi l'aéroport de Kaboul, où a été regroupé le personnel de son ambassade dans l'attente d'être évacué, a annoncé le département d'Etat.


Mais les vols commerciaux ont été annulés et les troupes américaines ont tiré en l'air pour contrôler la foule d'Afghans qui ont envahi le tarmac dans l'espoir de prendre un vol, dans un climat de chaos total.


Les Américains ont envoyé 6.000 militaires pour évacuer quelque 30.000 diplomates américains et civils afghans ayant coopéré avec les États-Unis.


De nombreux autres pays, dont l'Allemagne, la France, les Pays-Bas, l'Espagne, ont aussi transféré des membres de leur personnel diplomatique à l'aéroport avant une évacuation.


L'Allemagne veut déployer des soldats en Afghanistan pour évacuer leurs derniers ressortissants ainsi que des Afghans menacés dans le pays, selon des sources parlementaires lundi.


Selon le projet de Berlin, un pont aérien doit être mis en place pour permettre l'évacuation de 2.000 Afghans ayant travaillé pour les Allemands, "des femmes particulièrement menacées, des défenseurs des droits de l'Homme et d'autres employés d'ONG", selon les mêmes sources. 


Une partie du personnel de l'ambassade d'Allemagne à Kaboul devait être évacuée vers Doha avec des avions américains. Une équipe d'environ 80 personnes devrait rester dans la capitale afghane pour organiser l'évacuation des autres Allemands.


Madrid a annoncé l'envoi lundi de deux avions militaires à Dubaï pour "la première phase" d'évacuation de son personnel diplomatique, du personnel afghan et de leur famille.


La ministre suédoise des Affaires étrangères Ann Linde a indiqué que l'ensemble du personnel suédois déployé dans le pays (19 personnes au total) a été évacué la nuit dernière vers une base militaire américaine à Doha. La Finlande doit évacuer son personnel diplomatique lundi.


A Prague, c'est un avion militaire transportant 46 Tchèques et Afghans, dont des femmes et des enfants, qui a atterri lundi matin.


Paris a pour sa part déployé des renforts militaires aux Emirats arabes unis pour faciliter l'évacuation des ressortissants français de Kaboul.


La première rotation d'évacuation organisée par l'armée française entre sa base aux Emirats et la capitale afghane est prévue d'ici "la fin de ce lundi", a déclaré la ministre des Armées Florence Parly, précisant qu'il y avait "plusieurs dizaines" de Français à évacuer, ainsi que des "personnes qui sont sous notre protection".


Parmi les Français à évacuer figurent notamment le personnel diplomatique, a déclaré la ministre.

«Conditions très difficiles»
La France a par ailleurs réitéré sa volonté de "continuer de mettre en protection les personnalités de la société civile afghane, les défenseurs des droits, les artistes et les journalistes particulièrement menacés pour leur engagement".


Le Royaume-Uni a déployé 600 soldats pour assurer l'évacuation de ses ressortissants et de son personnel local. Un premier vol est arrivé pendant la nuit sur la base de Brize Norton, dans le centre de l'Angleterre.


"Nous avons évacué 370 employés et citoyens britanniques hier et avant-hier", a indiqué le ministre de la Défense Ben Wallace, ajoutant qu'un groupe de 782 Afghans sera évacué du pays "dans les prochaines 24 à 36 heures". "Notre objectif est d'atteindre 1.200 à 1.500" personnes évacuées par jour, a-t-il affirmé.


L'Irlande est par ailleurs en contact avec 23 de ses ressortissants, dont 15 "pensent à partir", selon le ministre des Affaires étrangères Simon Coveney. Des visas ont été émis pour 45 Afghans ayant travaillé pour eux, d'autres suivront, a-t-il dit.


Le Canada a annoncé dimanche soir la fermeture provisoire de son ambassade, précisant que le personnel canadien était déjà sur le chemin du retour.


L'évacuation de ressortissants danois et norvégiens était aussi en cours. "Je peux vous informer que dimanche soir, dans des conditions très difficiles, la Défense danoise a réussi à évacuer un groupe de Danois et de Norvégiens d'Afghanistan", a indiqué la ministre des Forces armées danoises Trine Bramsen. Selon Mme Bramsen, un "grand groupe" reste encore à évacuer.

«Les Russes restent»
Le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, a indiqué lundi que son gouvernement avait émis 45 visas humanitaires pour des Afghans ayant travaillé pour la Pologne ou une délégation européenne à Kaboul, et leur famille.


Trois expatriés suisses ont été évacués de Kaboul et des efforts sont en cours pour faire sortir du pays une quarantaine de leurs collègues afghans et leurs familles, a indiqué lundi le ministre suisse des Affaires étrangères.


Le drapeau américain a été retiré lundi de l'ambassade des Etats-Unis à Kaboul dont "presque tout" le personnel se trouve à l'aéroport dans l'attente d'être évacué, a annoncé le département d'Etat. Le chargé d'affaires américain en Afghanistan Ross Wilson s'y trouve également, a-t-on précisé.


Pour sa part, la Russie ne prévoyait pas d'évacuer son ambassade.


"Aucune évacuation n'est prévue", a affirmé dimanche Zamir Kaboulov, émissaire du Kremlin pour l'Afghanistan, cité par l'agence de presse Interfax.


La Russie fait partie des pays ayant reçu des garanties de la part des talibans quant à la sécurité de leurs ambassades, a expliqué M. Kaboulov.

Craintes migratoires 
Au cours des dernières heures, Emmanuel Macron a été en contact avec des dirigeants de pays partenaires, tout comme Jean-Yves Le Drian qui s'est entretenu dimanche soir avec son homologue américain Antony Blinken.


L'un des objectifs de Paris est de définir une stratégie commune au niveau de l'Union européenne, alors que des divergences sont apparues ces derniers mois sur le dossier des expulsions de migrants afghans vers leur pays d'origine.


Cette question est sensible alors que les Afghans ont constitué en 2020 10,6% des demandeurs d'asile dans l'UE (un peu plus de 44.000 sur quelque 416.600 demandes), le deuxième contingent derrière les Syriens (15,2%), selon l'agence statistique de l'UE Eurostat. 


A l'instar d'autres capitales, Paris a suspendu depuis juillet les expulsions de migrants afghans déboutés de leur demande d'asile.


Une nouvelle vague migratoire est crainte par de nombreux responsables politiques. Elle interviendra "d'abord dans les pays tout autour de l'Afghanistan" puis "dans le monde entier", selon Jean Leonetti (LR) tandis que le numéro deux du RN, Jordan Bardella, a appelé à "un  sursaut international pour protéger la France et l'Europe d'une déferlante migratoire sans précédent que nos dirigeants semblent encore prendre à la légère".


"L'urgence nous impose d'agir", a par ailleurs réagi Xavier Bertrand, président ex-LR des Hauts-de-France et candidat à l’élection présidentielle de 2022, en demandant à Emmanuel Macron "de prendre l'initiative de réunir nos partenaires européens et internationaux pour discuter des mesures régionales de sécurité et des conséquences de la crise afghane".


A la vue des images de dimanche, plusieurs responsables établissent un parallèle entre la chute de Kaboul et celle de Saïgon en 1975, un souvenir douloureux pour les Etats-Unis et les pays occidentaux, qui relance le débat sur le bien-fondé des interventions militaires. "J'ai applaudi la défaite US au Vietnam. Je suis écœuré par leur déroute en Afghanistan. Il est temps de réfléchir avant de s'engager dans des guerres sans issue", a commenté dimanche le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon.


Intervenant aux côtés des Américains, la France a été présente militairement en Afghanistan de 2001 à 2014 et a compté jusqu'à près de 4.000 soldats dans ce pays au plus fort de l'engagement de l'Otan, au prix de 89 morts et 700 blessés.


Un médecin syrien condamné à perpétuité en Allemagne pour crimes contre l'humanité sous Assad

L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle. (AFP)
L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle. (AFP)
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  • Agé de 40 ans, il réfutait toutes les accusations, parmi lesquelles celles d'avoir mis le feu aux parties génitales d'un adolescent et d'avoir administré une injection létale à un détenu qui avait résisté aux coups
  • "Il a tué deux personnes et blessé grièvement neuf autres", a affirmé en rendant son verdict le juge Christoph Koller, soulignant que ces actes commis en 2011 et 2012 "s'inscrivaient dans la réaction brutale du régime dictatorial et injuste d'Assad"

FRANCFORT: Un médecin syrien, accusé de tortures d'opposants au régime de Bachar al-Assad, a été condamné à la prison à vie lundi par la justice allemande, après un procès fleuve de plus de trois ans à Francfort.

Arrivé en Allemagne en 2015, où il a exercé comme chirurgien orthopédique jusqu'à son arrestation en 2020 après avoir été reconnu par d'autres réfugiés syriens, Alaa Moussa était jugé pour de multiples crimes sur des détenus dans des hôpitaux militaires de Damas et de Homs durant la guerre civile en Syrie.

Agé de 40 ans, il réfutait toutes les accusations, parmi lesquelles celles d'avoir mis le feu aux parties génitales d'un adolescent et d'avoir administré une injection létale à un détenu qui avait résisté aux coups.

"Il a tué deux personnes et blessé grièvement neuf autres", a affirmé en rendant son verdict le juge Christoph Koller, soulignant que ces actes commis en 2011 et 2012 "s'inscrivaient dans la réaction brutale du régime dictatorial et injuste d'Assad" aux manifestations des opposants.

Dénonçant "une violation massive des droits de l'Homme" par l'accusé, le juge a souligné que le verdict était aussi une façon de montrer "que la souffrance des victimes n'est pas oubliée".

"Outre les difficultés inhérentes à un délai de 12 ans, le régime syrien a tenté jusqu'à sa chute (en décembre 2024, ndlr) d'exercer une influence sur la procédure" allemande, a-t-il poursuivi, évoquant des menaces sur des proches des témoins.

Etant donné la gravité des faits, la condamnation à la perpétuité d'Alaa Moussa a été assortie d'une peine de sûreté pour une durée non encore définie (qui sera décidée au bout de quinze ans d'incarcération).

Lors de son procès commencé le 19 janvier 2022, entouré de hautes mesures de sécurité, Alaa Moussa avait été confronté à plus d'une cinquantaine de témoins et d'anciennes victimes.

Certains avaient témoigné masqués et beaucoup avaient fait état de menaces et d'intimidation à l'encontre de leur famille restée au pays alors que l'ombre des services secrets syriens planait sur les audiences.

Une situation qui s'est détendue après la chute, durant le procès, du dictateur Bachar al-Assad, renversé en décembre 2024 et désormais réfugié en Russie.

Parmi les témoins, un ancien lieutenant d'Alep, âgé aujourd'hui d'une quarantaine d'années, emprisonné après avoir refusé de tirer sur des manifestants en novembre 2011.

"Puni pour ses actes" 

Il avait affirmé avoir vu Alaa Moussa infliger des injections à des malades allongés sur le sol, qui sont décédés peu après, dans l'hôpital militaire où il sévissait.

"Aucun tortionnaire, quel que soit le lieu où il a commis son crime, ne peut être certain d'échapper à la justice. Il devra toujours s'attendre à être puni pour ses actes", a asséné le juge Christoph Koller lors de son verdict.

L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle.

Il y a deux semaines, la justice allemande avait ainsi condamné à la prison à vie un ancien chef d'une milice syrienne soutenant l'ex-président Bachar al-Assad, reconnu coupable notamment de meurtre, d'actes de torture et de séquestration entre 2012 et 2014.

Lors du premier procès au monde sur des exactions du régime de Bachar al-Assad tenu en Allemagne, Anwar Raslan, un ex-gradé des services de renseignement syriens, avait été condamné en janvier 2022 à la prison à vie pour le meurtre de 27 prisonniers et des faits de torture sur au moins 4.000 autres, en 2011 et 2012, dans la prison Al-Khatib.

Des procès sur les crimes commis en Syrie ont également eu lieu ailleurs en Europe, notamment en France et en Suède.

Le conflit en Syrie, déclenché par des protestations pacifiques violemment réprimées en 2011, a fait plus d'un demi-million de morts, déplacé des millions de personnes et ravagé l'économie et les infrastructures du pays.


Ukraine: l'aide européenne compense le désengagement américain, selon le Kiel Institute

Gabriel Felbermayr, économiste autrichien et président de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, participe à une conférence de presse le 11 mars 2020 à Berlin afin de commenter l'impact économique et politique de l'épidémie du nouveau coronavirus. (Photo de Tobias SCHWARZ / AFP)
Gabriel Felbermayr, économiste autrichien et président de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, participe à une conférence de presse le 11 mars 2020 à Berlin afin de commenter l'impact économique et politique de l'épidémie du nouveau coronavirus. (Photo de Tobias SCHWARZ / AFP)
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  • « L'Europe comble largement le retrait de l'aide américaine », écrit l'institut dans un communiqué, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février 2022.
  • Début 2025, les données du Kiel Institute montrent que « la récente augmentation de l'aide européenne a été tirée par un petit groupe de pays », au premier rang desquels se trouvent « les pays nordiques et le Royaume-Uni ».

PARIS : Selon l'institut de recherche allemand Kiel Institute, une hausse de l'aide des pays européens à l'Ukraine a permis début 2025 de combler le vide laissé par le désengagement de la nouvelle administration américaine de Donald Trump.

« L'Europe comble largement le retrait de l'aide américaine », écrit l'institut dans un communiqué, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février 2022.

Alors que « les États-Unis, qui étaient auparavant le plus gros donateur à l'Ukraine, n'ont pas annoncé de nouvelle enveloppe depuis début janvier », l'Ukraine a tout de même reçu plus d'aide de janvier à avril 2025 qu'en moyenne les années précédentes sur la même période. 

« Reste à savoir s'il s'agit d'une hausse temporaire ou du début d'une évolution plus durable du rôle de l'Europe en tant que principal soutien de l'Ukraine », a déclaré Christoph Trebesch, qui dirige l'équipe du Kiel Institute chargée de suivre les engagements en faveur de l'Ukraine, cité dans le communiqué.

Début 2025, les données du Kiel Institute montrent que « la récente augmentation de l'aide européenne a été tirée par un petit groupe de pays », au premier rang desquels se trouvent « les pays nordiques et le Royaume-Uni ».

En revanche, « il est frappant de constater le peu d'aide allemande allouée ces derniers mois », a-t-il commenté. « Au lieu d'augmenter son soutien après l'arrivée de Trump au pouvoir, nous observons une forte baisse de l'aide allemande par rapport aux années précédentes. »

« La tendance est la même pour l'Italie et l'Espagne », a-t-il précisé. 

Au 30 avril 2025, 294 milliards d'euros au total ont été alloués à des dépenses précises en faveur de l'Ukraine (sur 405 milliards promis), selon les derniers chiffres du Kiel Institute. Les 111 milliards restants ont été promis à long terme, mais pas encore alloués.

Sur la somme déjà donnée, 140 milliards d'euros correspondent à de l'aide militaire, 133 milliards à de l'aide financière et 21 milliards à de l'aide humanitaire.

Les principaux donateurs sont l'Union européenne et ses membres (131 milliards d'euros donnés ou alloués), les États-Unis (115 milliards) et le Royaume-Uni (19 milliards).

En matière d'aide militaire, l'Europe, le Royaume-Uni compris, « dépasse pour la première fois depuis juin 2022 les États-Unis », selon le Kiel Institute. Les Européens ont déjà donné ou alloué 72 milliards d'euros d'aide militaire à l'Ukraine depuis le début de la guerre, contre 65 milliards pour les États-Unis. 


Les dirigeants du G7, dont Trump, se rejoignent au Canada tandis qu'un conflit oppose l'Iran et Israël

Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
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  • Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël.
  • La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

KANANASKIS, CANADA : Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël, alors que leurs dirigeants, dont le président américain, se retrouvent pour un sommet sous tension dans les Rocheuses canadiennes.

Il s'agit du premier grand sommet depuis que Donald Trump est revenu au pouvoir en janvier, ce qui a fragilisé l'unité du club des grandes démocraties industrialisées (Allemagne, Royaume-Uni, Canada, États-Unis, France, Italie et Japon).

Le président américain, qui n'a cessé de menacer le Canada ces derniers mois, est arrivé en fin de journée dans ce pays, avec sur la tête une casquette blanche portant son slogan « Make America Great Again » (« Rendre sa grandeur à l'Amérique »).

Pour cette réunion qui se déroule à Kananaskis, dans le parc national de Banff, dans l'ouest du Canada, il retrouvera ses alliés du G7 ainsi que les dirigeants de nombreux autres pays invités : l'Inde, l'Ukraine, le Mexique, l'Afrique du Sud et l'Australie seront notamment présents.

La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

Mais parviendront-ils à parler d'une voix commune, notamment sur cette région du monde ?

Israël a stupéfié le monde vendredi en ouvrant un nouveau front avec une campagne militaire surprise et massive contre l'Iran.

Selon une source gouvernementale citée par l'AFP, les dirigeants du G7 travaillent à une déclaration commune. Reste à décider s'il s'agit d'appeler à la désescalade ou simplement de soutenir Israël en affirmant que le pays a le droit de se défendre. 

Mais cette guerre n'est pas le seule enjeu des discussions à Kananaskis. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est parmi les invités et doit s'entretenir avec Donald Trump

Le président américain, qui s'est rapproché de façon spectaculaire de Moscou, a de nouveau eu un entretien téléphonique samedi avec le président russe Vladimir Poutine. Ce dernier lui a dit être prêt à un nouveau round de négociations.

De leur côté, les Européens tentent de convaincre Donald Trump de promulguer de nouvelles sanctions contre Moscou, ciblant plus précisément les ventes de pétrole russe. 

Tous les pays souhaitent par ailleurs aborder l'aspect commercial avec le président Trump. En imposant des taxes douanières d'au moins 10 % sur la plupart des produits entrant aux États-Unis, ce dernier a dévié le cours de la mondialisation et menacé l'économie mondiale d'un ralentissement général. 

Ce sommet du G7 est la première visite du président américain sur le sol canadien depuis qu'il a menacé son voisin du nord, estimant qu'il serait préférable qu'il devienne le 51^e État américain.

Le Premier ministre canadien, Mark Carney, et Donald Trump se rencontreront lundi matin lors d'un tête-à-tête. Outre MM. Carney et Zelensky, le dirigeant américain doit aussi rencontrer la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum.