Contrôleur de pass sanitaire, un nouveau métier en tension

Un employé du centre commercial Beaugrenelle contrôle un pass sanitaire, à Paris, le 16 août 2021. (Photo, AFP)
Un employé du centre commercial Beaugrenelle contrôle un pass sanitaire, à Paris, le 16 août 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 18 août 2021

Contrôleur de pass sanitaire, un nouveau métier en tension

  • Au centre commercial La Part-Dieu à Lyon, 72 agents, hôtes et hôtesses ont été embauchés pour contrôler les 22 entrées du site
  • Pour l'instant, ce nouveau type de contrôle n'engendre pas de nuisance supplémentaire ou une levée de boucliers de la part des clients

PARIS: Ils sont dans les gares, les hôpitaux, à l'entrée des centres commerciaux... Munis d'une tablette ou d'un smartphone pour flasher les QR codes, les contrôleurs de pass sanitaire se sont multipliés depuis une dizaine de jours, au point qu'il est parfois difficile d'en recruter.

Mohamed B. est vigile et a été embauché il y a trois semaines. Sa société de sécurité privée l'a assigné au contrôle des pass sanitaires devant un fast-food près de la gare du Nord à Paris. 

Les clients lui présentent avec bonne volonté leurs QR codes, qu'il flashe avec sa tablette. S'il assure que "tout se passe plutôt bien", il n'a aucune idée pour l'instant de la durée de sa mission. 

Claude Tarlet, le président de la Fédération française de sécurité privée, décrit une situation compliquée à gérer pour le secteur. "Il est déjà sous tension, très fortement, et on ne peut pas, car la loi encadre notre activité, recruter n'importe quelle personne", détaille-t-il. 

Malgré l'explosion de la demande, les sociétés de sécurité privées "hésitent parfois à faire des propositions commerciales car elles ne sont pas certaines de disposer de la ressource nécessaire", déplore M. Tarlet, évoquant "un défi extrêmement important" pour le secteur.

Au centre commercial La Part-Dieu à Lyon, 72 agents, hôtes et hôtesses ont été embauchés pour contrôler les 22 entrées du site. Depuis lundi, les centres commerciaux de plus de 20.000 m2 situés dans les départements où le taux d'incidence dépasse les 200 pour 100 000 habitants sont contraints d'imposer le pass sanitaire.

"Cela n'a pas été simple car on est dans une période où les embauches sont compliquées", explique Jean-Philippe Pelou-Daniel, le directeur du centre.

L'obligation du pass sanitaire dans certains centres commerciaux, très gourmands en vigiles pour contrôler les nombreux accès, a mis "des entreprises en difficulté pour réunir les effectifs suffisants dans un temps très court", explique Cédric Paulin, secrétaire général du Groupement des entreprises de sécurité (GES).

"Structurellement, le secteur de la sécurité privée est déjà en tension d'environ 15 à 20 000 agents", avance-t-il.

Effort financier

La loi Sécurité globale, adoptée en mai, est venue aggraver la situation puisque "les candidats à un métier dans la sécurité doivent désormais avoir un titre de séjour d'au moins cinq ans. Dans le secteur, ça signifie environ 20% de candidats en moins", estime Cédric Paulin.

Pour les clients, l'effort financier est non négligeable. De l'ordre de "300 000 à 350 000 euros de dépenses supplémentaires par mois" à La Part-Dieu, avance Jean-Philippe Pelou-Daniel, évoquant un "coup de massue" pour des commerçants "déjà dans une situation délicate depuis 18 mois".

Pour l'instant, ce nouveau type de contrôle n'engendre pas de nuisance supplémentaire ou une levée de boucliers de la part des clients. "Cela dit, on est dans les deux semaines les plus faibles de l'année en terme d'activité", concède M. Pelou-Daniel.

À l'entrée des immenses Galeries Lafayette à Paris, même constat. La foule est clairsemée et les agents de sécurité disent ne pas constater d'agressivité. Eux travaillent de manière permanente pour les Galeries et n'ont pas été recrutés pour l'occasion.

Gare du Nord, ce sont en revanche des étudiants qui occupent la fonction. Recrutés par le biais d'une société d'intérim, ils ont embauché le 9 août, jour de la mise en place du pass sanitaire dans les gares et les trains. Leurs contrats courent jusqu'au 31 août mais sont renouvelables.

Pour le moment, les professionnels de l'intérim ne dressent pas de constat définitif quant à d'éventuels problèmes de recrutement. Mais "on est en train de rencontrer d'énormes difficultés en général", relève Agnès Bourduge, représentante CFTC chez Adecco. "Alors pour contrôler le pass sanitaire, je ne sais pas qui va s'y coller..." 


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».