Il y a 30 ans, le putsch raté qui précipita la dislocation de l'URSS

Dans cette photo d'archive prise le 21 août 1991, le président soviétique Mikhaïl Gorbatchev fait sa première apparition depuis le coup d'État militaire s'adressant à des journalistes dans sa maison de campagne peu de temps avant son retour à Moscou après l'échec du coup d'État. (AFP)
Dans cette photo d'archive prise le 21 août 1991, le président soviétique Mikhaïl Gorbatchev fait sa première apparition depuis le coup d'État militaire s'adressant à des journalistes dans sa maison de campagne peu de temps avant son retour à Moscou après l'échec du coup d'État. (AFP)
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Publié le Mercredi 18 août 2021

Il y a 30 ans, le putsch raté qui précipita la dislocation de l'URSS

  • Une folle journée commence le mercredi 21 août avec la décision du parlement russe de chercher Mikhaïl Gorbatchev dans sa datcha de Foros
  • Autour de la Maison blanche, quelques milliers de Moscovites érigent des barricades de fortune pour protéger le bâtiment

PARIS: En août 1991, des communistes conservateurs opposés à la réforme d'une Union soviétique en crise tentent un putsch contre le président Mikhaïl Gorbatchev, alors en vacances en Crimée.


Mais leur tentative est mise en échec grâce à la résistance menée par le président de la Fédération de Russie Boris Eltsine. Et elle porte le dernier coup à 70 ans de communisme. Le sort de l'URSS est alors scellé.

Les blindés dans Moscou 

Le lundi 19 août 1991 à 06H20, l'agence TASS, organe officiel de l'URSS, annonce que Mikhaïl Gorbatchev, "incapable d'assumer ses fonctions pour raisons de santé", est remplacé par le vice-président Guennadi Ianaïev.


Le père de la Perestroïka et la Glasnost est en vacances en Crimée, sur les bords de la mer Noire.


Les conjurés prennent la tête d'un "Comité pour l'état d'urgence" investi de tous les pouvoirs. Déjà, les premières colonnes de blindés et des camions de troupes convergent vers la capitale.

Août 1991, les premières heures de liberté de Mikhaïl Gorbatchev à Foros

Le 21 août 1991, alors que se profile l'échec du putsch de communistes conservateurs contre Mikhaïl Gorbatchev, les dirigeants russes organisent une opération de sauvetage pour ramener à Moscou le président soviétique, isolé depuis 72 heures dans sa résidence balnéaire de Foros.


Profitant de la confusion sur le tarmac de l'aéroport moscovite où se presse la délégation menée par les Russes, une poignée de journalistes parviennent à se faufiler à bord du TU-134 de l'Aeroflot en partance pour la Crimée.


Parmi eux, l'envoyé spécial de l'AFP Stéphane BENTURA, dont voici le reportage.

FOROS 22 août -  "Je vous souhaite la bienvenue à tous": c'est par ces quelques mots, agrémentés d'un large sourire sur son visage hâlé, que le président Gorbatchev a accueilli, dans la nuit de mercredi à jeudi, dans sa villa de Foros sur les bords de la mer Noire, la délégation de la Fédération de Russie venue le délivrer.


M. Gorbatchev, officiellement "destitué pour raisons de santé" lundi dernier, a regagné le Kremlin jeudi matin, mettant fin à un coup d'Etat de trois jours durant lequel il a été "assiégé" dans sa résidence d'été, sans jamais avoir été en danger grâce à la protection de ses gardes du corps.


En bras de chemise, le col ouvert, M. Gorbatchev a reçu la délégation conduite par le vice-président russe Alexandre Routskoï et le premier ministre Ivan Silaïev, dans un salon richement décoré de sa luxueuse résidence d'été, perdue dans les bois de cyprès des collines de la presqu'île de Saritch. 


La délégation a dû passer deux grilles gardées par un important dispositif de sécurité pour accéder à la résidence, constituée de plusieurs bâtiments. Les journalistes, les députés et le diplomate français présents ont dû se soumettre à une fouille personnelle minutieuse, effectuée dans l'immeuble de quatre étages ou vivent les gardes du corps.


Le petit groupe est ensuite emmené vers la villa de deux étages, surplombant une superbe piscine avec vue sur la mer. Les invités pénètrent dans un salon du deuxième étage, à l'entrée duquel se tient Irina, la fille du président. M. Gorbatchev s'est d'abord entretenu en tête-à-tête avec MM. Silaïev et Routskoï. 


C'est dans ce cadre doré, où les murs sont de marbre blanc et les parquets de bois précieux, que Mikhaïl Gorbatchev a dû vivre "coupé du monde" avec toute sa famille.


Visiblement en bonne santé mais aussi les traits marqués par l'épreuve, M. Gorbatchev explique à ses invités -- les premiers à le rencontrer depuis le coup d'Etat -- que ses gardes ne l'avaient jamais abandonné durant ces jours dramatiques.


M. Gorbatchev raconte rapidement son épopée et insiste sur la fidélité de ses hommes, qui lui a permis de rester libre de ses mouvements dans l'enceinte de sa résidence. "Le président s'est baigné moins souvent", ironise l'un de ses gardes du corps. 

"Aucun marchandage" 
Le président soviétique n'a ainsi jamais été entre les mains des comploteurs pendant les quatre jours de putsch qui l'ont mis à rude épreuve. Politique délibérée des putschistes pour éviter un bain de sang ou impossible assaut, M. Gorbatchev et ses proches ont simplement été "coupés du monde", dans l'îlot balnéaire où les Gorbatchev ont l'habitude de passer leurs vacances. 


Les hommes du service de sécurité, en tenue de sport, équipés de talkie-walkie et d'armes automatiques, font les cent pas dans la cour devant la maison et dans les allées bordées de cyprès. Aucune tension n'est cependant perceptible. 


Le "coup d'Etat" a commencé dimanche soir pour le président, selon ses gardes du corps interrogés dans un des avions présidentiels lors du retour vers Moscou. Quatre membres de la junte, conduits par le vice-président Guennadi Ianaïev, sont venus dimanche en fin d'après-midi pour lui faire signer une lettre de démission. M. Gorbatchev a refusé et "toutes les communications avec l'extérieur ont été coupées" dès leur départ. 


La voix un peu cassée, le président explique que "pendant presque quatre jours, la garde est restée de mon côté jusqu'au bout et est restée loyale, en prenant la datcha sous son contrôle", a expliqué le président. "On a formé une famille et on a fait front", ajoute-t-il. 


La garde avait ordre "d'ouvrir le feu sur quiconque tentait de pénétrer ici", selon M. Gorbatchev. "La mer était pleine de navires de guerre et les environs pleins de soldats", indique le président que ces événements ont visiblement marqué. 


A ses côtés, se tiennent MM. Routskoï et Silaïev, alors que MM. Evgueni Primakov et Vadim Bakatine, deux de ses fidèles, se tiennent à l'écart dans la pièce ornée de miroirs. "Je peux dire une chose: je n'ai fait aucun marchandage et j'ai tenu bon sur ma position de fermeté", ajoute M. Gorbatchev. 


Consécration pour les autorités russes, Mikhaïl Gorbatchev monte dans l'avion de MM. Routskoï et Silaïev, avec sa femme Raïssa, sa fille Irina et sa petite-fille Xenia. M. Gorbatchev a tenu à ce que le chef du KGB Vladimir Krioutchkov, qui sera arrêté à l'arrivée à Vnoukovo, voyage avec lui. 


A 00h20 jeudi (23H20 mercredi à Paris), le Tupolev 134 dans lequel se trouve le président décolle de Belbek, l'aéroport militaire de Sébastopol, suivi immédiatement de l'avion présidentiel qui transporte, lui, le président du parlement Anatoli Loukianov. 

Eltsine sur un char 

Dès la première heure, le président Boris Eltsine prend la tête de la résistance. Peu avant midi, retranché dans la "Maison blanche", le Parlement russe désormais bloqué par les chars, il dénonce un "coup d'Etat de droite, réactionnaire et anticonstitutionnel". 


Défiant les nouveaux chefs du pays, le très populaire dirigeant russe exige que Gorbatchev "puisse s'exprimer devant le peuple".


Alors que la population afflue vers la place du Manège, au pied du Kremlin, Eltsine debout sur la tourelle d'un char, lance un vibrant appel à la grève générale et à la désobéissance civile. Les images du tribun galvanisant la foule font le tour du monde. 

Ralliements 

Autour de la Maison blanche, quelques milliers de Moscovites érigent des barricades de fortune pour protéger le bâtiment. 


A la tombée de la nuit, les manifestants restent rassemblés devant le siège du pouvoir russe. Des habitants du quartier apportent des sandwichs et du thé.


Au matin du mardi 20 août, gilets pare-balles, casques et masques à gaz sont distribués parmi ceux qui sont à l'intérieur du Parlement: députés, ministres, artistes ou musiciens, dont le violoncelliste Mstislav Rostropovitch, arrivé de Paris. Des coups de feu sporadiques retentissent aux alentours.


Sur le terrain, trois unités militaires prennent le parti de Boris Eltsine, et exhibent le drapeau tricolore de la Fédération de Russie, devenu le symbole de la rébellion.


Des groupes de députés sillonnent les casernes de la région de Moscou pour convaincre les officiers de rejoindre la cause de Boris Eltsine. La manifestation, à l'appel d'Eltsine, rassemble plus de 50.000 personnes sous les murs du Parlement russe.

Folle journée 

Vers deux heures du matin, Boris Eltsine est rejoint par l'ancien ministre soviétique des Affaires étrangères Edouard Chevarnadze, sous les applaudissements frénétiques de la foule. 


Si l'assaut tant redouté ne s'est pas produit, trois jeunes hommes ont toutefois péri dans un accrochage avec une colonne de blindés qu'ils essayaient de bloquer. 


Une folle journée commence le mercredi 21 août avec la décision du parlement russe de chercher Mikhaïl Gorbatchev dans sa datcha de Foros.


Le ministère de la Défense ordonne le retour des troupes dans les casernes. Le dispositif militaire établi autour des points névralgiques de Moscou est allégé, la censure et le couvre-feu sont levés, les décrets des putschistes annulés. La télévision recommence à émettre et diffuse la session du parlement de Russie.

Retour de Gorbatchev 

Dans la nuit, Gorbatchev regagne le Kremlin. Mais il se trouve affaibli de toutes parts: les collaborateurs qu'il avait choisis l'ont trahi ou abandonné, l'armée a vacillé et le parti a hésité.


Boris Eltsine devient le véritable maître du pouvoir. Le 8 décembre, la Russie, l'Ukraine et le Bélarus proclament que l'Union soviétique "n'existe plus". Gorbatchev, lui, démissionne le 25 décembre.


CIJ: l'impartialité de l'UNRWA suscite de «sérieux doutes» selon les Etats-Unis

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
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  • La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre
  • Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ

LA HAYE: Un représentant des Etats-Unis a fait part mercredi à la Cour internationale de Justice de "sérieux doutes" concernant l'impartialité de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) lors d'audiences consacrées aux obligations humanitaires d'Israël envers les Palestiniens.

"L'impartialité de l'UNRWA suscite de sérieux doutes, du fait d'informations selon lesquelles le Hamas a utilisé les installations de l'UNRWA et que le personnel de l'UNRWA a participé à l'attentat terroriste du 7 octobre contre Israël", a déclaré Josh Simmons, de l'équipe juridique du département d'État américain.

La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre.

Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ.

M. Simmons a déclaré aux juges qu'Israël avait "de nombreuses raisons" de mettre en doute l'impartialité de l'UNRWA.

"Il est clair qu'Israël n'a aucune obligation d'autoriser l'UNRWA à fournir une assistance humanitaire", a-t-il déclaré.

Israël a promulgué une loi interdisant à l'UNRWA, d'opérer sur le sol israélien, après avoir accusé certains membres du personnel d'avoir participé aux attaques du Hamas le 7 octobre 2023, qui a déclenché le conflit.

Une série d'enquêtes, dont l'une menée par l'ancienne ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, a révélé des "problèmes de neutralité" à l'UNRWA, mais a souligné qu'Israël n'avait pas fourni de preuves de son allégation principale.

Philippe Lazzarini, directeur de l'UNRWA, a déclaré mardi que plus de 50 membres de son personnel à Gaza avaient été maltraités et utilisés comme boucliers humains alors qu'ils étaient détenus par l'armée israélienne.

Lors de sa déposition face à la Cour, Diégo Colas, représentant la France, a appelé Israël à lever "sans délai" son blocage de l'aide vers la bande de Gaza".

"L'ensemble des points de passage doivent être ouverts, le travail des acteurs humanitaires doit être facilité, et le personnel doit être protégé conformément aux droits internationaux", a-t-il déclaré .

"Conséquences mortelles" 

Israël contrôle tous les flux d'aide internationale, vitale pour les 2,4 millions de Palestiniens de la bande de Gaza frappés par une crise humanitaire sans précédent, et les a interrompus le 2 mars dernier, quelques jours avant l'effondrement d'un fragile cessez-le-feu après 15 mois de combats incessants.

"L'interdiction totale de l'aide et des fournitures humanitaires décrétée par les autorités israéliennes depuis le 2 mars a des conséquences mortelles pour les civils de Gaza", a déclaré dans un communiqué Claire Nicolet, responsable de la réponse d'urgence de l'ONG Médecins sans Frontières dans la bande de Gaza.

"Les autorités israéliennes utilisent l'aide non seulement comme une monnaie d'échange, mais aussi comme une arme de guerre et un moyen de punition collective pour plus de 2 millions de personnes vivant dans la bande de Gaza," a-t-elle ajouté.

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence".

La résolution demande à la CIJ de clarifier les obligations d'Israël concernant la présence de l'ONU, de ses agences, d'organisations internationales ou d'États tiers pour "assurer et faciliter l'acheminement sans entrave des fournitures urgentes essentielles à la survie de la population civile palestinienne".

Les avis consultatifs de la CIJ ne sont pas juridiquement contraignants, mais celui-ci devrait accroître la pression diplomatique sur Israël.

En juillet dernier, la CIJ avait aussi rendu un avis consultatif jugeant "illégale" l'occupation israélienne des Territoires palestiniens, exigeant qu'elle cesse dès que possible.


Après la panne géante, les énergies renouvelables sur le banc des accusés en Espagne

Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
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  • Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne.
  • Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez.

MADRID : L'essor des énergies renouvelables a-t-il fragilisé le réseau électrique espagnol ? Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne, malgré les messages rassurants des autorités.

« Le manque de centrales nucléaires et la multiplication par dix des énergies renouvelables ont mis à terre le réseau électrique », assure en une le quotidien conservateur ABC mercredi matin. « Les alertes sur les renouvelables depuis cinq ans » ont été « ignorées », regrette de son côté El Mundo, également classé à droite.

Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, qui a fait de l'Espagne l'un des champions européens de la transition verte.

Selon le gestionnaire du réseau électrique espagnol REE, le solaire et l'éolien ont représenté en 2024 près de 40 % du mix électrique espagnol. C'est près de deux fois plus qu'en 2014, et près du double également de la part du nucléaire, tombée l'an dernier à 20 %. 

Cette évolution est défendue par l'exécutif, qui s'est engagé à fermer toutes les centrales nucléaires d'ici dix ans, mais elle est source de tensions dans le pays, plusieurs rapports ayant pointé ces derniers mois de possibles risques en l'absence de mesures fortes pour adapter le réseau.

- Une énergie « sûre » ?

Dans son document financier annuel publié fin février, Redeia, la maison-mère de REE, avait ainsi mis en garde contre « la forte pénétration de la production renouvelable sans les capacités techniques nécessaires à un comportement adéquat face aux perturbations ».

Cela pourrait « provoquer des coupures de production », qui « pourraient devenir sévères, allant jusqu'à entraîner un déséquilibre entre la production et la demande, ce qui affecterait significativement l'approvisionnement en électricité » de l'Espagne, avait-elle écrit. 

Un message relayé par l'organisme espagnol de la concurrence (CNMC) dans un rapport de janvier. « À certains moments, les tensions du réseau de transport d'électricité ont atteint des valeurs maximales proches des seuils autorisés, dépassant même ces seuils à certains moments », avait écrit l'organisme.

Après la coupure de lundi, certains experts du secteur se sont interrogés sur un éventuel déséquilibre entre production et demande (difficile à corriger dans un réseau où l'éolien et le solaire ont une place prépondérante) qui aurait pu contribuer à l'effondrement du système électrique espagnol.

Dans un entretien accordé mercredi matin à la radio Cadena Ser, Beatriz Corredor, la présidente de Redeia et REE (l'ex-députée socialiste) a cependant assuré que la production d'énergies renouvelables était « sûre ».

« Relier l'incident si grave de lundi à une pénétration des énergies renouvelables n'est pas vrai, ce n'est pas correct », a-t-elle insisté, en assurant que le rapport de février ne faisait que dresser la liste de risques potentiels, comme l'y oblige la législation. 

- « Ignorance » -

Mardi déjà, Pedro Sánchez avait lui aussi défendu le modèle énergétique mis en œuvre par son gouvernement, rappelant que la cause précise de la panne qui a provoqué le chaos au Portugal et en Espagne durant de longues heures lundi n'était toujours pas connue à ce stade.

« Ceux qui lient cet incident au manque de nucléaire mentent franchement ou démontrent leur ignorance », a assuré le dirigeant socialiste.

« Les centrales nucléaires, loin d'être une solution, ont été un problème » durant la panne, car « il a été nécessaire de rediriger vers elles de grandes quantités d'énergie pour maintenir leurs réacteurs stables », a insisté le chef du gouvernement. 

Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer la panne depuis deux jours, dont celle d'une cyberattaque. Mardi, la justice espagnole a ouvert une enquête pour déterminer si la panne avait été provoquée par un « sabotage informatique » susceptible d'être qualifié de « délit terroriste ».

REE estime cependant que cette hypothèse est peu crédible. « Au vu des analyses que nous avons pu réaliser avec l'aide notamment du Centre national du renseignement espagnol (CNI), nous pouvons écarter un incident de cybersécurité », a ainsi assuré le gestionnaire.

D'après REE, l'équivalent de 60 % de la consommation électrique de l'Espagne, soit 15 gigawatts, a disparu en l'espace de cinq secondes seulement lors de la panne survenue lundi à 12 h 33 (11 h 33 GMT), un phénomène qualifié d'« inédit » et « totalement extraordinaire ».


Des rapports internes concluent à un climat antisémite et anti-musulman à Harvard

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
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  • Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël
  • Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants

NEW YORK: Deux rapports distincts sur Harvard publiés mardi par l'université ont établi qu'un climat antisémite et anti-musulman s'était installé sur le campus de la prestigieuse université américaine, dans le viseur de Donald Trump, et la pressent d'agir pour y remédier.

Ces deux rapports de plusieurs centaines de pages, construits notamment à partir de questionnaires et de centaines de témoignages d'étudiants et d'encadrants menés depuis janvier 2024, sont rendus au moment où l'université implantée près de Boston (nord-est) s'est attiré les foudres de Donald Trump, qui l'a dernièrement dépeinte en "institution antisémite d'extrême gauche", "foutoir progressiste" et "menace pour la démocratie".

Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël après l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023.

Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants, a établi que les deux phénomènes "ont été alimentés, pratiqués et tolérés, non seulement à Harvard, mais aussi plus largement dans le monde universitaire".

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël".

Un autre groupe de travail distinct, lui consacré aux positions anti-musulmans, anti-arabes et anti-Palestiniens, a conclu à "un sentiment profondément ancré de peur parmi les étudiants, les enseignants et le personnel". Les personnes interrogées décrivent "un sentiment de précarité, d'abandon, de menace et d'isolement, ainsi qu'un climat d'intolérance omniprésent", écrivent ses auteurs.

"Harvard ne peut pas - et ne va pas - tolérer l'intolérance. Nous continuerons à protéger tous les membres de notre communauté et à les préserver du harcèlement", s'engage dans une lettre accompagnant les deux rapports le président de Harvard, Alan Garber, à l'initiative des deux rapports, en promettant de "superviser la mise en oeuvre des recommandations" préconisées.

Harvard, l'université la plus ancienne des Etats-Unis et une des mieux classées au monde, s'est distinguée en étant la première à attaquer en justice l'administration Trump contre un gel de plus de deux milliards de dollars de subventions fédérales, décidé après que la célèbre institution a refusé de se plier à une série d'exigences du président.

Donald Trump, qui reproche aux universités d'être des foyers de contestation progressiste, veut avoir un droit de regard sur les procédures d'admission des étudiants, les embauches d'enseignants ou encore les programmes.

L'accusation d'antisémitisme est fréquemment employée par son administration pour justifier ses mesures contre les établissements d'enseignement supérieur, ainsi que contre certains étudiants étrangers liés aux manifestations contre la guerre à Gaza.