Avec la pandémie, l'appétit pour le « pourri » grandit sur les marchés financiers

Les rues de Wall Street presque vides, le 8 mai 2020 à New York. (Spencer PLATT/Getty Images/AFP)
Les rues de Wall Street presque vides, le 8 mai 2020 à New York. (Spencer PLATT/Getty Images/AFP)
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Publié le Mardi 08 septembre 2020

Avec la pandémie, l'appétit pour le « pourri » grandit sur les marchés financiers

  • Les emprunts d'entreprise dits « pourris » ont été dopés ces derniers mois par le déversement d'énormes quantités de liquidités pour faire face à la crise
  • « Les entreprises qui étaient un peu en difficulté avant le sont encore plus aujourd'hui »

PARIS : Ils rapportent plus car ils sont jugés risqués, mais leur succès auprès des investisseurs interroge en pleine pandémie: les emprunts d'entreprise dits « pourris » ont été dopés ces derniers mois par le déversement d'énormes quantités de liquidités pour faire face à la crise.

Peu glorieux, le surnom de ces titres vient de l'anglais « junk bonds », soit « obligations pourries » - appelées aussi à « haut rendement » -, lorsque la note de qualité qui leur est attribuée par les agences de notation est inférieure à un certain niveau.

A la mi-août, les émissions de cette dette à risque aux Etats-Unis culminaient à 274 milliards de dollars, soit déjà plus que sur l'ensemble de 2019, selon les données de l'agence Bloomberg.

L'Europe a de son côté connu une « accélération » en fin de premier semestre d'après l'agence Fitch Ratings, les émissions de « junk bonds » atteignant en juin 108 milliards d'euros en glissement annuel dans un marché traditionnellement moins développé qu'outre-Atlantique.

« L'appétit des investisseurs pour ces obligations vient de la recherche de rendement », explique Frédéric Rollin, senior investment advisor pour Pictet AM, insistant sur la difficulté d'en trouver aujourd'hui, alors que les marchés sont abreuvés abondamment par les grandes banques centrales. 

Le rendement, les obligations « junk » sont parmi les rares à en proposer, dans l'actuel environnement de taux d'intérêt très bas.

Banques centrales

La Fed soutient les entreprises dégradées récemment par les agences de notation, comme Ford ou Occidental Petroleum, en rachetant directement leur dette. La BCE achète de son côté de la dette d'entreprises bien notées, mais autorise les banques à lui déposer des titres devenus « pourris » en garantie lorsqu'elles viennent emprunter.

Au coeur de l'été, la presse financière avait fait ses choux gras de l'entreprise américaine d'emballage Ball Corporation, empruntant à 2,875% sur dix ans, du jamais-vu pour une société dont la qualité d'endettement est considérée comme « pourrie ».

A titre de comparaison, l'entreprise pharmaceutique Johnson & Johnson, qui détient la meilleure note possible (AAA), a emprunté sur une échéance similaire en août à 1,3%.

La forte progression des emprunts « pourris » est aussi liée à l'arrivée dans cette catégorie d'entreprises dont l'activité, et par effet d'entraînement la note, ont été dégradées en raison du Covid-19. Elles sont surnommées les « fallen angels », ou les « anges déchus ». 

Dans leurs rangs, le français Accor qui est arrivé en catégorie « junk » en août lorsque l'agence S&P l'a dégradé. 

Le groupe hôtelier fait toutefois encore partie des « stars » du secteur de la dette pourrie. Mais, alors que les conséquences économiques de la pandémie sont encore très floues, que dire des entreprises dont la dette continue à se vendre mais qui glissent vers des dégradations successives ?

« Les entreprises qui étaient un peu en difficulté avant le sont encore plus aujourd'hui », reconnaît Alain Krief, responsable de la gestion obligataire pour Edmond de Rothschild AM. 

« C'est là ou l'on doit faire notre métier, les identifier et ne pas forcément investir à tout-va », ajoute-t-il, citant pour l'Europe certaines entreprises de location de voitures, ou des équipementiers automobiles allemands.

Faillites

Dans son pire scénario de crise, l'agence S&P Global Ratings anticipe la faillite de 11,5% des entreprises mal notées en Europe d'ici juin 2021, soit le pire niveau depuis le début des années 2000, et 8,5% dans son scénario de base. 

C'est le risque spécifique à cette crise qui a vu les autorités se mobiliser très rapidement: au lieu de mener à une vague immédiate de faillites, il faut s'attendre à « un étalement dans le temps des défauts », anticipe Marina Cohen, à la tête de la division High Yield Europe pour Amundi AM. 

« Il y a de la liquidité à court terme, mais des entreprises qui n'ont pas la bonne structure de capital pourraient logiquement faire défaut » ensuite.

Dans l'intervalle, certaines pourraient se muer en entreprises « zombies », des groupes maintenus en vie à fonds perdus par les plans d'aide gouvernementaux et les largesses des banques centrales.

Le patron de Deutsche Bank Christian Sewing s'en est inquiété mercredi: « Si une entreprise sur six en Allemagne devenait +zombie+ grâce à des fonds de sauvetage et à la suspension des dépôts de bilan (...), cela aurait un impact sérieux sur la productivité de notre économie ».


CMA CGM annonce la reprise de la compagnie aérienne cargo en faillite Air Belgium

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
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  • Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium
  • L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable

PARIS: Le transporteur maritime français CMA CGM a annoncé mercredi qu'il reprenait la compagnie aérienne belge Air Belgium qui était placée en liquidation en raison d'un passif important accumulé pendant la pandémie de Covid, en promettant de sauvegarder 124 emplois sur 401.

Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium. Il totalisera dès lors neuf appareils effectuant plusieurs liaisons depuis la France, la Belgique et les Etats-Unis. Sa flotte doit doubler d'ici 2027.

L'ajout des quatre appareils d'Air Belgium - deux Airbus A330F et deux Boeing B747F - "permet de renforcer immédiatement nos capacités aériennes tout en répondant aux défis logistiques actuels", s'est réjoui le vice-président exécutif de la division aérienne de CMA CGM, Damien Mazaudier.

L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable.

Les liens entre Air Belgium et CMA CGM sont anciens puisque la compagnie belge était chargée de l'exploitation de quatre Airbus A330F appartenant à CMA CGM Air Cargo basés à Liège, avant que la compagnie n'obtienne son certificat de transporteur aérien français et ne rapatrie ses appareils à l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle.

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. Deux d'entre eux effectuent une liaison régulière entre Bruxelles et la Chine, tandis que les deux autres sont exploités pour le compte de tiers, a indiqué Damien Mazaudier.

Parallèlement, le groupe marseillais a annoncé son intention de renforcer sa flotte basée à Chicago, où stationnent déjà deux Boeing B777F, "auxquels viendront s'ajouter trois autres appareils" du même modèle.

Ce hub permet d'effectuer des liaisons entre les Etats-Unis, la Chine et l'Asie du Sud-Est. CMA CGM n'a pas souhaité commenter l'impact de la guerre commerciale en cours entre Pékin et Washington sur cette activité.

"Ces avions renforceront la présence du groupe sur les routes transpacifiques et soutiendront l'expansion de ses activités cargo sur le marché américain", a expliqué CMA CGM.

En Europe, CMA CGM Air Cargo dispose déjà de liaisons régulières depuis Paris vers Hong Kong, Shanghai et Zhengzhou.


L’autorité portuaire saoudienne renforce l’attractivité de Dammam avec une zone logistique ambitieuse

La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
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  • L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam
  • Le projet renfore l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique

RIYAD : L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam, renforçant ainsi l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique.

Le projet, lancé en partenariat avec Alissa International Motors - une filiale du groupe Abdullatif Alissa Holding - couvrira 382 000 mètres carrés. La nouvelle installation servira de plaque tournante pour l'importation et la réexportation de véhicules et de pièces détachées, a indiqué l'autorité dans un communiqué.

Cette initiative s'aligne sur les objectifs de la stratégie nationale de l'Arabie saoudite en matière de transport et de logistique, qui vise à améliorer l'efficacité de la chaîne d'approvisionnement et à attirer les investissements étrangers et nationaux. La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de RS visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume sous la supervision de l'autorité.

La nouvelle installation comprendra un entrepôt de 7 000 mètres carrés consacré au stockage des pièces détachées et conçu pour accueillir plus de 13 000 véhicules.

"Ce développement renforcera l'avantage concurrentiel du port et sa position en tant que centre logistique régional en fournissant des services logistiques de haute qualité", selon Mawani.

L'autorité a également souligné que le projet contribuerait à la diversification de l'économie et renforcerait la participation du secteur privé à la croissance du Royaume.

Le port Roi Abdulaziz, qui constitue déjà un lien vital entre l'Arabie saoudite et les marchés internationaux, offre des infrastructures et des capacités logistiques de pointe, ce qui en fait une destination attrayante pour les entreprises de commerce international.

Par ailleurs, Mawani a signé un autre contrat avec Sultan Logistics pour l'établissement d'une zone logistique supplémentaire dans le port du roi Abdulaziz, d'une valeur de 200 millions de RS. D'une superficie de 197 000 mètres carrés, l'installation comprendra 35 000 mètres carrés d'espace d'entreposage, des bureaux administratifs, des parcs de stockage pour les conteneurs secs et réfrigérés, ainsi qu'une zone de réexportation dédiée.

"Ces installations amélioreront la qualité des services logistiques offerts dans le port et soutiendront le commerce grâce à une efficacité opérationnelle accrue", a ajouté Mawani.

La création de ces nouvelles zones devrait considérablement renforcer la capacité opérationnelle et la compétitivité du port Roi Abdulaziz.

En 2024, l'Arabie saoudite a lancé, développé et inauguré huit zones et centres logistiques, soutenus par environ 2,9 milliards de RS d'investissements du secteur privé. Ces efforts s'inscrivent dans le cadre d'une stratégie plus large visant à consolider la position du Royaume en tant que puissance logistique mondiale de premier plan.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Moody’s et Fitch attribuent des notes de qualité à AviLease, société du PIF

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
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  • Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance
  •  Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030

RIYAD: La société saoudienne AviLease a reçu des notations de crédit de premier ordre de la part des agences Moody’s et Fitch Ratings, alors qu’elle poursuit l’expansion de son portefeuille et renforce son rôle stratégique dans le secteur aéronautique du Royaume.

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable.

Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie avec une forte combinaison de crédit, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance.

Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030.

«Les notations ouvrent la voie à une flexibilité financière encore plus grande, car nous pourrons accéder aux marchés des capitaux de la dette non garantie», a déclaré Edward O'Byrne, PDG d'AviLease, dans un communiqué de presse.

Il poursuit: «L'obtention d'une notation de qualité en moins de trois ans depuis notre création est un exploit remarquable, et nous pensons qu'elle positionne AviLease dans un groupe restreint de bailleurs de l'industrie en un temps record.»

Les notations reconnaissent également le rôle stratégique d'AviLease dans le soutien des initiatives du secteur de l'aviation du PIF dans le cadre de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite.

«Ces notations permettront à AviLease d'accéder aux marchés de capitaux mondiaux pour financer ses stratégies commerciales, en se positionnant à l'avant-garde de l'industrie du leasing d'avions, en parfaite adéquation avec la stratégie nationale de l'aviation et la Vision 2030 de l'Arabie saoudite», a déclaré Fahad al-Saif, président d'AviLease.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com