Niger: la réserve des girafes menacée, après une attaque jihadiste

Vue aérienne des girafes à Kouré, le 25 février 2020. (Souleymane AG ANARA / AFP)
Vue aérienne des girafes à Kouré, le 25 février 2020. (Souleymane AG ANARA / AFP)
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Publié le Mardi 08 septembre 2020

Niger: la réserve des girafes menacée, après une attaque jihadiste

  • « Si les Blancs ne viennent plus voir les girafes, nos familles vont également en souffrir car les girafes sont notre seul moyen de survie »
  • L'insécurité et le manque de ressources peuvent aussi influer sur la survie des girafes

KOURE : « Quel est l'avenir de la réserve ? » de Kouré et ses célèbres girafes, s'inquiète Aïcha Idé, qui habite Kanaré, un village voisin, dans le sud du Niger, un mois après l'assassinat par des jihadistes présumés de 8 personnes, dont 6 humanitaires français. 

« Nous sommes profondément tristes après la mort de notre collègue et des sept travailleurs d'Acted, nous sommes tous des frères parce que nous vivons grâce aux girafes », explique à l'AFP Ousseini Idrissa, un des onze guides désormais au chômage, qui s'interroge sur l'avenir.

« Si les Blancs ne viennent plus voir les girafes, nos familles vont également en souffrir car les girafes sont notre seul moyen de survie », explique M. Ousseini, vêtu de l'uniforme vert des guides, cigarette coincée entre les doigts.

Les jeunes humanitaires français, deux hommes et quatre femmes, ont été assassinés avec leur chauffeur et leur guide nigériens par des hommes armés à moto le 9 août alors qu'ils visitaient la réserve de girafes de Kouré, à 60 km au sud-est de la capitale Niamey où ils étaient basés.

Après l'attaque, le gouvernement nigérien a fermé la réserve tandis que la France a placé le site dans la « zone rouge », tout comme le reste du pays, excepté la capitale.

Le Niger, pays sahélien très pauvre, est en proie à des attaques jihadistes récurrentes qui ont fait des centaines de morts.

Projets à l'arrêt

Dans ce contexte d'insécurité, les girafes peralta, une espèce menacée, étaient une des rares attractions accessibles pour les habitants expatriés de Niamey qui s'y rendaient souvent le week-end. 

Traversée par la route nationale, la réserve est une zone semi-désertique avec des arbustes poussant sur un sol caillouteux sous un ciel chargé de gros nuages noirs en cette saison des pluies.

Les girafes avaient trouvé un havre de paix, bénéficiant de l'indulgence des paysans... même lorsqu'elles détruisent les maigres récoltes de céréales.

De 50 en 1996, les effectifs des girafes étaient estimés à 664 en 2019, d'après le ministère de l'Environnement. 

Pour encourager les populations à les protéger davantage, des partenaires, européens, américains, turcs et des ONG internationales financent des projets communautaires.

« Si la mesure de fermeture perdure, cela suppose l'arrêt de toutes les activités sur la réserve, y compris des projets de développement financés à coût de millions au profit des villageois », alerte Omer Dovi, un membre de l'Association de sauvegarde des girafes du Niger (ASGN).

Des villages ont bénéficié de forages d'eau potable, de dispensaires, d'écoles, de moulins à grains, de semences et d'engrais.

« Ce forage d'eau potable que vous voyez est financé par une ONG de protection des girafes, si la réserve ne marche plus, nous serons de grands perdants », explique Aïssa Issa, aux côtés d'autres villageoises venues pour la corvée d'eau.

Les femmes reçoivent des prêts sans intérêt pour monter de petits commerces.

Autodéfense

Sani Ayouba, un responsable de l'ONG Jeunes volontaires pour l'environnement (JVE) redoute que « le choc » de l'attaque ne sonne « la fin de toutes les activités qui concourent à maintenir les girafes dans cette réserve ».

« Il faut équiper d'avantage les forestiers et songer à former des +rangers+ à l'image des parcs d'autres pays », propose-t-il.

Les guides comptent eux sur une présence militaire et une sécurisation de la zone. 

« Il n'y a pas de miracle pour faire revenir les Blancs: il suffit d'imposer des mesures drastiques de sécurité sur tout le site », tranche Ousseini Idrissa, qui se dit même prêt à combattre.

« Nous avons aussi besoin d'apprendre à nous servir d'une arme pour l'autodéfense », assure-t-il.

Lors d'une visite sur les lieux, le Premier ministre Brigi Rafini a promis « plus de sécurité » et « d'entreprendre toutes les actions de nature à recréer l'espoir à Kouré », sans énoncer de mesures.

« C'est tout de suite que le gouvernement doit installer une base militaire ici! », crie Ramatou Issa, une vendeuse de fruits près d'un poste de contrôle à l'entrée de la réserve. "Si la zone est délaissée, elle se transformera en un repaire de bandits", prédit-elle.

Depuis l'attaque, des patrouilles militaires lourdement armées sillonnent la réserve de plus de 116.000 hectares, a constaté un correspondant de l'AFP.

« Nous expliquons aux riverains que la sécurité est désormais une priorité et de signaler tout individu ou mouvement suspect », souligne le commandant Lamine Saïdou, responsable de la réserve.

L'insécurité et le manque de ressources peuvent aussi influer sur la survie des girafes.

S'exprimant sous couvert d'anonymat, un expert met en garde: « Il faut tout faire pour maintenir les girafes à Kouré, si elles migrent définitivement vers des zones des conflit, l'espèce peralta s'éteindra ».

Omer Dovi craint le développement du braconnage: « Si les riverains ne tirent plus profit de la présence des girafes, alors ils attaqueront une girafe, puis deux, puis trois... ».


Le traité sur la pollution plastique n'est pas mort, affirme la cheffe de l'environnement de l'ONU

Un homme marche sur un pont près de la vallée de Vjosa, récemment désignée comme site de l'UNESCO, à Tepelene, en Albanie. (Reuters)
Un homme marche sur un pont près de la vallée de Vjosa, récemment désignée comme site de l'UNESCO, à Tepelene, en Albanie. (Reuters)
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  • Malgré l’échec de deux cycles de négociations et la démission du président du comité, la cheffe du PNUE Inger Andersen reste optimiste : un traité mondial contre la pollution plastique est encore possible
  • Alors que la production de plastique pourrait tripler d’ici 2060, les négociations patinent entre pays favorables à une réduction de la production et ceux qui préfèrent miser sur la gestion des déchets

GENEVE: Un traité mondial historique sur la lutte contre la pollution plastique reste à portée de main, assure la cheffe de l'agence de l'ONU pour l'environnement, malgré l'échec cuisant de deux rounds de négociations successifs et la démission soudaine du président du comité des négociations cette semaine.

Dans un entretien exclusif accordé à l'AFP, la directrice exécutive du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), Inger Andersen, estime que les pays ne feront pas marche arrière, malgré leurs profondes divergences sur la lutte contre ce problème croissant, notamment dans les océans.

Un grand bloc de pays souhaite des mesures audacieuses, comme la réduction de la production de plastique, tandis qu'un groupe plus restreint de pays producteurs de pétrole souhaite se concentrer davantage sur la gestion des déchets.

Les négociations censées se terminer en 2024 en Corée du Sud se sont soldées par un échec, et les efforts repris à Genève en août ont également échoué.

Beaucoup de pays ont exprimé leur colère et leur frustration face à l'échec des discussions, mais ont affirmé souhaiter de nouvelles négociations, dans la foulée de six cycles déjà tenus en trois ans sous l'égide du PNUE.

"Le résultat était-il glorieux ? Non. Mais était-ce la fin ? Non", martèle Mme Andersen.

"Nous sommes repartis avec une plus grande lucidité. Et personne n'a quitté la table. Personne n'est reparti en disant: +C'est trop désespéré, on abandonne+. Personne. Et tout cela me donne du courage", assure l'économiste danoise.

Le problème de la pollution plastique est si omniprésent que des microplastiques ont été retrouvés sur les plus hauts sommets, dans les fosses océaniques les plus profondes et dispersés dans presque toutes les parties du corps humain.

Le sujet est d'autant plus urgent que la planète a produit plus de plastique depuis 2000 que durant les 50 années précédentes. Et la tendance s'accélère: si rien n'est fait, la production actuelle, de quelque 450 millions de tonnes par an, devrait tripler d'ici 2060, selon les prévisions de l'OCDE. Moins de 10% est recyclé.

- "Tout à fait faisable" -

À l'heure actuelle, aucun calendrier n'a été fixé pour la tenue de nouvelles négociations, et aucun pays n'a proposé officiellement de les accueillir. Mais Mme Andersen est "absolument" convaincue qu'un accord est à portée de main.

"C'est tout à fait faisable. Il faut juste persévérer", avance-t-elle. "Nous sommes si proches".

Selon elle, l'état d'esprit général est le suivant: "Nous sommes toujours en négociation. Nous ne nous éloignons pas. Nous avons nos lignes rouges, mais nous comprenons mieux celles des autres. Et nous voulons tous" un accord.

La Norvège et le Kenya ont organisé une réunion très suivie lors de l'Assemblée générale des Nations unies à New York le mois dernier, souligne Mme Andersen.

La COP30, qui se tiendra au Brésil en novembre, offrira une nouvelle occasion de sonder les esprits avant l'Assemblée des Nations unies pour l'environnement à Nairobi en décembre.

Mais Luis Vayas Valdivieso, ambassadeur d'Équateur en Grande-Bretagne et président du comité des trois derniers des six cycles de négociations, a jeté l'éponge en annonçant cette semaine sa démission.

"Il a essayé d'écouter attentivement toutes les parties et de proposer des textes", rappelle la cheffe du PNUE, manifestant une "profonde gratitude (...) car il a travaillé d'arrache-pied et a tout donné".

- "Grave allégation" -

Le journal britannique The Guardian a rapporté mardi que des employés du PNUE avaient tenu une réunion secrète la veille à Genève, afin de convaincre des membres de la société civile de faire pression sur M. Vayas pour qu'il démissionne.

"Il s'agit d'une allégation extrêmement grave", a réagi Mme Andersen. "Je n'étais pas au courant et, de toute évidence, je n'avais demandé à personne de faire une telle chose".

Elle a précisé que ce dossier avait été transmis au Bureau des services de contrôle interne des Nations unies.

Quant à la question de savoir si un nouveau président pourrait insuffler un nouvel élan, elle a déclaré : "Comme toujours, lorsqu'il y a un changement, l'ambiance change légèrement", mais, souligne-t-elle "les enjeux resteront les mêmes".


Des militaires américains vont «superviser » la mise en oeuvre de l'accord sur Gaza

Les drapeaux des États-Unis et d'Israël sont projetés sur les murs de la vieille ville de Jérusalem le 9 octobre 2025, pour célébrer l'accord conclu entre Israël et le Hamas sur la première phase du plan du président américain Donald Trump visant à mettre fin à la guerre à Gaza. (REUTERS)
Les drapeaux des États-Unis et d'Israël sont projetés sur les murs de la vieille ville de Jérusalem le 9 octobre 2025, pour célébrer l'accord conclu entre Israël et le Hamas sur la première phase du plan du président américain Donald Trump visant à mettre fin à la guerre à Gaza. (REUTERS)
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  • Le nouveau chef du Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom), l'amiral Brad Cooper, "aura au départ 200 hommes sur le terrain"
  • Un second haut responsable a précisé qu'il n'y aurait pas de militaires américains déployés "dans Gaza"

WASHINGTON: Deux cents militaires américains seront mobilisés pour "superviser" et "observer" la mise en oeuvre de l'accord sur Gaza, a fait savoir jeudi un haut responsable américain sous le couvert de l'anonymat.

Le nouveau chef du Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom), l'amiral Brad Cooper, "aura au départ 200 hommes sur le terrain", a dit cette source pendant un échange avec la presse, sans préciser de quel "terrain" il s'agissait.

Un second haut responsable a précisé qu'il n'y aurait pas de militaires américains déployés "dans Gaza".

Leur rôle sera de "superviser, observer, de s'assurer qu'il n'y a pas de violations, pas d'incursions", a expliqué le premier haut responsable.

"Ce sera surtout de la supervision", a-t-il ajouté.

"Dans cette équipe de 200 personnes seront intégrés probablement un groupe de membres de l'armée égyptienne qui vont aider, des membres de l'armée qatarie qui vont aider, également des Turcs et probablement des Emiratis", a-t-il encore dit.

Selon ce premier haut responsable, "l'idée est d'être collégial. Et les Israéliens seront évidemment en relation constante avec eux".

"Impliquer l'amiral Cooper a apporté beaucoup de confiance et de sécurité pour les pays arabes et de cette manière, il a été communiqué au Hamas que nous prenons un rôle très important, que le président américain prend une position très forte d'engagement derrière ses garanties", a-t-il aussi déclaré.

Le deuxième haut responsable a, lui, expliqué qu'après l'accord du gouvernement israélien s'ouvrait une fenêtre de "72 heures" pendant laquelle l'armée israélienne doit se retirer sur des positions convenues à l'avance et pendant laquelle doit s'effectuer un échange d'otages israéliens et de prisonniers palestiniens.

Ensuite l'objectif sera, avec le soutien donc de l'armée américaine, de poser les bases d'une "force de stabilisation internationale", a-t-il dit.

"Il n'est pas prévu d'envoyer des militaires américains dans Gaza. Il s'agit vraiment seulement de créer un centre de contrôle commun et d'intégrer les autres forces de sécurité", a insisté cette même source.


Trump dit qu'il «essaiera» d'aller en Egypte pour la signature de l'accord sur Gaza

Le président américain Donald Trump a déclaré jeudi qu'il "essaierait" de se rendre en Egypte pour la signature de l'accord de cessez-le-feu et de libération des otages retenus par le Hamas dans la bande de Gaza. (AFP)
Le président américain Donald Trump a déclaré jeudi qu'il "essaierait" de se rendre en Egypte pour la signature de l'accord de cessez-le-feu et de libération des otages retenus par le Hamas dans la bande de Gaza. (AFP)
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  • "Nous allons essayer de nous y rendre, et nous travaillons sur le timing, le timing exact. Nous allons aller en Egypte, où nous (...) allons avoir une signature officielle" de l'accord, a-t-il affirmé pendant un conseil des ministres à la Maison Blanche
  • Il a indiqué que les autorités israéliennes lui "avaient demandé de parler à la Knesset", le parlement israélien, et ajouté: "J'ai donné mon accord."

WASHINGTON: Le président américain Donald Trump a déclaré jeudi qu'il "essaierait" de se rendre en Egypte pour la signature de l'accord de cessez-le-feu et de libération des otages retenus par le Hamas dans la bande de Gaza.

"Nous allons essayer de nous y rendre, et nous travaillons sur le timing, le timing exact. Nous allons aller en Egypte, où nous (...) allons avoir une signature officielle" de l'accord, a-t-il affirmé pendant un conseil des ministres à la Maison Blanche.

Il a indiqué que les autorités israéliennes lui "avaient demandé de parler à la Knesset", le parlement israélien, et ajouté: "J'ai donné mon accord."

"C'est la première fois qu'un président le fait, ce qui rend la chose très intéressante", a-t-il affirmé.

Trois présidents américains ont en réalité déjà parlé devant une session plénière de la Knesset: Jimmy Carter en 1979, Bill Clinton en 1994 et George W. Bush en 2008.

Donald Trump a par ailleurs assuré qu'il y aurait "un désarmement" et un "retrait" de troupes dans une prochaine phase de l'accord sur Gaza, tout en déclarant que la priorité était le retour des derniers otages, qui devrait selon lui survenir "lundi ou mardi".

A ce sujet, le président américain a reconnu que les corps de certains otages seraient "un peu difficiles à trouver".